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17/03/2024

Et en cas que vous me condamnassiez à ne recevoir aucun des adoucissements que je demande, je me croirais très-bien condamné

... J'aime trop l'imparfait du subjonctif pour vous en priver, ô vous qui massacrez le français sur les réseaux dits sociaux, et si vous criez haro sur moi, faites-le en respectant l'orthographe et la grammaire si vous pouvez, ça me consolerait !

 

 

« A Jean-Philippe Fyot de La Marche fils, premier président

26è auguste 1768, au château de Ferney.

Monsieur,

Après avoir perdu monsieur votre père 1, dont j’étais le contemporain, et ayant des organes bien moins forts que les siens, ne devant penser qu’à le suivre et à mettre quelque arrangement dans les affaires de ma famille, je prends la liberté de soumettre à votre opinion et à vos bontés la dernière lettre que j’ai été forcé d’écrire à M. le président de Brosses après dix années de vexations et de chagrins 2. Je me soumettrais sans aucune difficulté à tout ce que vous ordonneriez, s’il voulait vous prendre pour arbitre. Et en cas que vous me condamnassiez à ne recevoir aucun des adoucissements que je demande, je me croirais très-bien condamné.

M. de Brosses me réduit à manquer d’asile sur la fin de ma vie, en cas que je vende la terre de Ferney pour l’avantage de ma famille. Cette situation serait douloureuse, et en me faisant du mal il y perdrait lui-même, puisqu’en me retirant à Tournay il faudrait nécessairement que j’y fisse des dépenses qui tourneraient toutes à son profit. Son intérêt s’accorde visiblement avec l’humanité et la justice que je réclame, et qui sont si convenables à sa place.

Tous ces motifs semblent justifier, monsieur, la liberté que je prends auprès de vous ; j’espère que vous la pardonnerez aux sentiments qui m’ont attaché toute ma vie à vos parents, à vos amis, et surtout à votre personne, et que vous agréerez le profond respect avec lequel j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire. »

1 Mort le 3 juin 1768 .

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