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25/07/2025

pour mettre la paix dans cette sage république, on pendra demain les parents et amis de ceux qui ont été massacrés

... Ferais-je ici allusion à Israël ou à la Palestine, ou à ces deux sanguinaires , à l'heure où notre président fait le forcing pour être suivi dans la reconnaissance de l'Etat Palestinien au plus tôt ?

Sans compter sur Israël expansionniste, qui n'y voit rien de bon, le Hamas et les corrompus de l'Autorité palestinienne dont Mahmoud Abbas en sont les plus violents opposants, ils ne veulent pas lâcher le pactole des aides en sous-main de tous bords : 

https://www.omsac.org/post/mahmoud-abbas-et-la-corruption-en-palestine-les-v%C3%A9ritables-obstacles-%C3%A0-la-d%C3%A9mocratie-et-%C3%A0-la-bonne

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https://www.lunion.fr/id605388/article/2024-05-29/lactual...

 

 

« Au chevalier Jacques de Rochefort d'Ally

A Ferney 16 février 1770

Le vieux malade, qui n’écrit plus, n’en est pas moins attaché à M. et à Mme de Rochefort. Il craint qu’ils n’aient pas reçu un paquet 1 semblable à celui-ci, accompagné d’un petit mot de lettre. Il se flatte que les couches seront heureuses. Il salue le père, la mère et l’enfant. Mme Denis se joint à lui.

On s’égorge actuellement à Genève ; trois hommes furent tués hier, quatre aujourd’hui ; et pour mettre la paix dans cette sage république, on pendra demain les parents et amis de ceux qui ont été massacrés. J’espère que M. d’Alembert voudra bien ajouter ce petit fleuron à la couronne de roses et d’épines dont il a décoré cette métropole socinienne 2. »

J’ai vu Genève pendant quatre ou cinq ans une ville très agréable. Les choses sont bien changées

... Et c'est encore pire en Pays de Gex . L'argent rend fou et l'immobilier est ravageur . Heureusement le château du Patriarche est accueillant et agréable à visiter .

 

 

« A Pierre-Michel Hennin

16è février 1770

Ne l’avais-je pas toujours bien dit, monsieur, que vous êtes le plus aimable homme du monde ? Je vois plus que jamais la bonté de votre cœur ; le mien vous remercie bien tendrement.

Il se peut très bien faire qu’il y ait des lettres de mon ami Wagnière entre les mains des assassins 1. Mais je ne crois pas qu’il y en ait de moi. Je me souviens très bien que, lorsque vous arrivâtes dans le séjour de la discorde, et quelques mois après, les natifs s’adressèrent à moi, et que je les renvoyai à vous, comme de raison.

Lorsqu’on parla de bâtir Versoix, dix-huit natifs vinrent m’apporter leurs signatures, et s’engagèrent à y bâtir des maisons. J’envoyai leurs propositions à M. le duc de Choiseul, et je leur dis de s’adresser à vous uniquement.

Voilà la seule correspondance que j’ai eue avec eux.

Auzière, d’ailleurs, est un philosophe qui a une petite bibliothèque composée de livres suspects, hérétiques, sentant l’hérésie, remplis de propositions malsonnantes, et offensant les oreilles chastes. Il sera sans doute brûlé comme Servet avec ses livres.

Sérieusement je crains pour cet homme. Comme il est le premier qui ait voulu se retirer à Versoix, il mérite la protection de M. le duc de Choiseul. Je suis persuadé qu’il trouvera très bon que vous le favorisiez autant qu’il pourra être en vous, sans vous compromettre.

J’ai vu Genève pendant quatre ou cinq ans une ville très agréable. Les choses sont bien changées. Je ne crois pas que rien doive vous empêcher de causer avec Mme Denis, qui vous fait les plus tendres compliments.

En vous remerciant mille fois. »

1 Voltaire désigne ainsi les habitants de Genève, à cause des meurtres commis dans cette ville ; voir lettre à Jardin du 15 février :

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/07/22/m-6556305.html

et celles à d'Argental du 19 février et à Mme Du Deffand du 21 février : https://www.monsieurdevoltaire.com/2015/11/correspondance-annee-1770-partie-6.html

Ce n’est pas leur faute si, au lieu de bâtir des maisons nécessaires, on a fait une galère dont on pouvait se passer...Je vois avec horreur tout ce qui se passe

... On peut attribuer cette réflexion aux sans abris et mal logés quand on a un ministre qui dépense tant de millions pour bâtir des prisons et garder des forbans mieux entourés d'attentions que les miséreux . Je me souviens d'un vieux clochard nantais qui , pour se faire mettre en prison au début de l'hiver, détruisait une ou deux vitrines, assez régulièrement . Faut-il en arriver là pour tous ceux qui crèvent de misère ? Combien de logements peut-on faire avec les millions gaspillés pour améliorer les taules ?

Voir : https://www.creditnews.fr/cout-des-prisons-en-france-une-facture-salee-de-4-milliards-deuros-par-an/

 

 

« A Pierre-Michel Hennin

Ceci devient sérieux, monsieur . Je regarde Auzière et tous ceux qui ont signé comme des sujets du roi. Ils se sont soumis à venir à Versoix au premier ordre de M. le duc de Choiseul. Ce n’est pas leur faute si, au lieu de bâtir des maisons nécessaires, on a fait une galère 1 dont on pouvait se passer.

J’imagine que vous pourriez écrire sur-le-champ à  M. le duc de Choiseul, et lui demander ses ordres. Il y a parmi les prisonniers un parent de mon ami Wagnière que vous protégez : je n’ai pas besoin de vous le recommander. Pour moi, je donne hardiment asile à tous ceux qui viennent m’en demander ; et fussent-ils Turcs échappés des mains des Russes, je leur donnerai le couvert.

Je n’écris point à M. le duc de Choiseul. Je n’entre point dans les querelles de Genève ; je ne ferai rien que par votre avis. Je vois avec horreur tout ce qui se passe.

Ne viendrez-vous pas voir Mme Denis, qui ne se porte pas trop bien ?

Recevez les assurances de ma tendre amitié. 

16è février 1770, à une heure.»

1 Il s'agit en fait d'une frégate à l'usage sur le lac Léman construite par les Français . V* la racheta plus tard pour qu'elle ne tombât pas aux mains des Genevois .

Les battus payent l’amende

... Qu'on se le dise !

 

« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont

16 février [1770]

J’ignore, mon cher Cicéron, si les désordres de Genève permettront que ma lettre aille jusqu’à la poste. Les bourgeois tuèrent hier trois habitants, et l’on dit, dans le moment, qu’ils en ont tué quatre ce matin 1. Les battus payent l’amende dans la coutume de Lorry 2 ; mais, dans la coutume de Genève, les battus sont pendus, et l’on assure qu’on pendra trois ou quatre habitants dont les compagnons ont été tués. Toute la ville est en armes, tout est en combustion dans cette sage république . Il y a quatre ans qu’on s’y dévore.

Nos philosophes ont vraiment bien pris leur temps pour faire l’éloge de ce beau gouvernement ! Cela ne m’empêche pas de prendre un vif intérêt à l’horrible aventure des Perra 3. Vous pouvez, mon cher Cicéron, m’envoyer votre mémoire en deux ou trois paquets, par la poste, adressés à Ferney par Lyon et Versoix.

Je n’entends pas plus parler de ce pauvre entêté de Sirven que s’il n’avait jamais eu de procès criminel.

À l’égard de l’interdit démarié, j’ai écrit à M. de Jardin 4, greffier en chef du Châtelet, son tuteur, que je ne me chargerais des deux mille écus qu’a condition que toutes les dettes criardes qu’il a faites dans ce pays-ci, et toutes les dettes de bienséance et d’honneur, seraient préalablement acquittées ; que je lui ferais acheter un lit et quelques meubles, afin qu’il pût reparaître d’une manière décente et honorable dans le pays de Neuchâtel, et que le frère de madame l’intendante de Paris ne fit point de honte à sa famille dans les pays étrangers. J’ai laissé en dépôt, chez M. de Laleu, les deux mille écus, et je ne ferai rien sans être autorisé de son tuteur. Je crois devoir cette attention à sa famille. J’espère que, moyennant les arrangements que je prendrai, et moyennant les cinq cents francs qu’il touchera par mois dorénavant, somme qui augmentera toutes les années, il pourra se donner la considération que doit avoir un homme si bien allié. Il ne peut réparer ses fautes passées que par la plus grande sagesse.

Je vous supplie, monsieur, de parler à MM. les avocats de la commission, si vous les rencontrez, et à M. Boudot, en conformité de ce que j’ai l’honneur de vous mander.

Permettez que je vous donne ma bénédiction en qualité de capucin. J’ai non-seulement l’honneur d’être nommé père temporel des capucins de Gex, mais je suis associé, affilié à l’ordre, par un décret du révérend père général. Jeanne la Pucelle, et la tendre Agnès Sorel, sont tout ébaubies de ma nouvelle dignité.

Mille respects et mille bénédictions à Mme de Beaumont. »

1 Cette rumeur est fausse .

2 C'est peut-être un jeu de mots . Le proverbe est habituellement sous la forme : »Dans la coutume de Paris, les battus paient l'amende. » Il est possible que V* fasse allusion à un ouvrage connu de Paul-Charles Lorry qu'il a dans sa bibliothèque : Essai sur l'esprit et les motifs de la procédure criminelle, qui fait partie de la seconde à la quatrième édition du Code Pénal de Charles-Clément-François de Laverdy, 1755 .

3 En 1768, une femme de Lyon dont la fille avait disparu accusa sa voisine, Mme Perra . Ses accusations furent confirmées par le fils de cette dernière âgé de cinq ans et demi, qui décrivit en détail des scènes de violence et de débauche . Or toute l'accusation se révéla fausse . Voir : https://books.google.fr/books?id=attQIwmjd8cC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

Voir les Questions sur l'Encyclpopédie « Des crimes » : https://artflsrv03.uchicago.edu/philologic4/toutvoltaire/navigate/939/1/46/

ou https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome18.djvu/286