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08/03/2009

.Je veux que vous soyez heureuse(s)

8 mars : Journée mondiale de LA FEMME : qu’elle en profite bien ! Demain elle devra se retrouver en concurrence avec la journée de l’astronomie, la journée de la fin de la guerre de 39-45, la journée de la fin de la guerre d’Algérie, la fête du travail (qui peut me dire que le travail est une fête, si ce n’est un chômeur ou un malade cloué sur son lit !!), la fête du fox à poils durs (à poil dur me semblait un peu restrictif-tif ! ) et la fête du chat-huant !

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Messieurs, rassurons-nous, il nous reste les Droits de l’HOMME !

http://www.linternaute.com/nature-animaux/fauve/photo/les...

Messieurs, vous avez le droit d’écrire à l’élue de votre cœur (oh ! comme c’est bien dit !!). Voici, ci-après,  un modèle…Enfin ... c’est vous qui voyez … !

 

 

 

« A Marie-Louise Denis

 

 

                                   Jaco Tronchin [=Tronchin-Calandrini, qui stoppera se activités politiques, frère de Tronchin-Boissier], qui de son coté a été quelquefois houspillé par le peuple, est celui qui veut acheter Ferney. Il balance entre votre terre et celle d’Alamoigne [Allemogne,- tout près de chez moi- ]. Je crois que vous devez saisir cette occasion qui ne se présentera plus. Il faudra baisser un peu le prix, car on peut avoir  Alamoigne pour 250 000 livres. Elle est affermée 9 000 livres et vous ne trouveriez pas un fermier qui donnât mille écus de Ferney. Je pense que si vous pouvez vendre Ferney avec les meubles pour 200 000 livres vous ne devez pas manquer ce marché. Si même on n’en voulait donner que 180 000, je vous dirais encore : donnez la terre à ce prix. Vous aurez dix mille livres de rente viagère et 80 000 livres d’argent comptant. Votre santé, vos goûts, la douceur de la vie de Paris, vos parents, vos amis, tout vous fixe à Paris, et je compte venir vous y voir dès que j’aurai arrangé mes affaires et les vôtres avec M. le duc de Virtemberg [à qui V* a prêté ]. Je compte avoir au mois de juillet les délégations en bonne forme qui assureront le payement exact de vos rentes et des miennes. Ce paiement ne commencera probablement qu’au mois de janvier 1769. Pour moi, j’ai à payer actuellement plus de seize mille livres tant à Genève qu’à Lyon et aux domestiques [Mme Denis a laissé « pour environ quinze mille livres de dettes criardes à payer », et le petit-neveu d’Hornoy en a pour « cinq mille livres de sa part »]. C’est à vous de tirer de M. le maréchal de Richelieu environ vingt-cinq mille francs que nous partagerons .Je crois que la maison de Guise [prêt de V* au défunt duc de Guise lors du mariage de sa fille avec le duc de Richelieu] en doit presque autant. Votre neveu et votre beau-frère [d’Hornoy et Florian] seront de bons intendants. Si vous vendez Ferney 200 000 livres vous vous trouverez d’un coup fort au-dessus de vos affaires .Il faudrait m’envoyer une procuration spéciale pour vendre Ferney et je vous donne ma parole d’honneur de ne la vendre jamais au-dessous de 180 000 livres. Je sais bien qu’en tout elle me revient à près de 500 000 livres, mais on ne revend point ses fantaisies et le prix d’une terre se règle sur ce qu’elle rapporte et non sur sa beauté. Encore une fois un fermier savoyard ne vous en rendrait pas 3 000 livres par an et il ne vous paierait pas. Il s’agit, entre nous, ou de n’en avoir rien ou de vous en faire tout d’un coup dix à douze mille livres de rente.

gravure façade chateau.jpg Vous me demandez ce que je deviendrai. Je vous répondrai que Ferney m’est odieux sans vous, et que je le regarde comme le palais d’Armide qui n’a jamais valu douze mille livres de rente. Si je vends Ferney, je me retirerai l’été à Tournay. Je songe plus à vous qu’à moi .Je veux que vous soyez heureuse, et je compte avoir vécu. J’ai gardé jusqu’à présent tous les domestiques et je ne suis pas sorti de ma chambre. Le thermomètre a été six degrés au-dessous de la glace .Tous les arbres nouvellement plantés périront. Je ne les regretterai pas .Je regretterai encore moins le voisinage de Genève. Ce sera toujours l’antre de la discorde .Le Conseil a presque tout cédé au peuple qui a fait la paix en victorieux. Ce n’était pas la peine d’envoyer un ambassadeur et des troupes pour laisser les maîtres ceux qu’on voulait punir [ambassadeur français : Beauteville ; les natifs pourront faire négoce des ouvrages fabriqués par eux, de plus il pourront être médecins, chirurgiens, apothicaires, et avoir accès aux jurandes ]. Mais la situation de Genève m’importe fort peu. La vôtre seule me touche. Je vous conseillerais de prendre une maison avec votre frère et l’enfant [l’abbé Mignot et Mme Dupuits née Corneille]. Je me logerais dans le voisinage, quand je pourrais revenir d’une manière convenable et à ma façon de penser et à mon âge, car vous savez que je ne présenterai jamais requête pour être mangé des vers dans une paroisse de Paris plutôt qu’ailleurs. Solitude pour solitude, tombeau pour tombeau, qu’importe ? Vivez, je saurai bien mourir très honnêtement. Il y a plus de dix-huit cents ans que Lucrèce a dit avant La Fontaine :

 

            Je voudrais qu’à cet âge

            On sortit de la vie ainsi que d’un banquet

            Remerciant son hôte et faisant son paquet.

 

J’aurais eu la consolation de mourir entre vos bras sans ce funeste La Harpe.

 

            Les vainqueurs viennent d’envoyer chez moi. Vous voyez bien qu’on vous avait trompée et que je ne méritais pas que vous me dissiez que je ne savais plaire ni à Dieu ni au diable. J’aurais voulu au moins ne pas vous déplaire. Ma douleur égalera toujours mon amitié.

 

                        Voltaire

                        Mardi au soir 8 mars 1768 »

 

http://www.dailymotion.com/video/x66sfh_serge-lama-et-gre...

 

07/03/2009

je ne blâme que ceux qui m’ennuient

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« A François-Louis-Claude Marin

 

 

                   Vingt personnes m’ont envoyé ce même arrêt [Beaumarchais  « noté d’infamie »]. Je suis bien surpris, mon cher ami, qu’on ne vous ait pas fait une réparation particulière . Je l’aurais condamné à vous demander pardon [Beaumarchais mettait en cause Marin ; V* écrira : « Pour moi, je ne blâme que ceux qui m’ennuient, et en ce sens il est impossible de blâmer Beaumarchais. Il faut qu’il fasse jouer son Barbier de Séville, et qu’il rie en nous faisant rire. »] . Mais enfin la brûlure est quelque chose  [« Mémoires Goësmann »  de Beaumarchais, condamnés à être brûlés par le bourreau, cas exceptionnel pour un ouvrage qui met en cause un particulier ]. Tout est fini . Cela vous a donné bien de la peine, et cela ne la valait pas. Le beau-frère de L’Epine est fou [ Beaumarchais ; L’Epine est horloger et son beau-frère].

 

                   Voudriez-vous avoir la bonté de faire parvenir ce petit paquet à M. d’Alembert ?

 

                   Mille tendres amitiés .

 

 

                   Voltaire

                   7 mars 1774 »

 

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Louis_Claude_Marin

 

 

 

Temps superbe, neige de rêve et de l'optimisme après avoir vu les Enfoirés. Sans nul doute, Beaumarchais aurait écrit pour eux et mis le rire au service des sans-logis, des sans-papiers, des sans-vies-décentes, des sans-ce-qui-est-nécessaire...

 

 

http://www.dailymotion.com/video/76447

 

les grands doivent protéger les petits

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Un petit air de Tatie Danielle, non ?!

« A  Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand

 

             Vous dites des bons mots, Madame, et moi je fais de mauvais contes ; mais votre imagination doit avoir de l’indulgence pour la mienne, attendu que les grands doivent protéger les petits. Vous m’avez ordonné expressément de vous envoyer quelquefois des rogatons, j’obéis ; mais je vous avertis qu’il faut aimer passionnément les vers pour goûter ces bagatelles[son conte en vers « Macare et Thélème » critiqué par Mme du Deffand ; V* dira : « Vous savez d’ailleurs que dans la société on dit du bien et du mal du même individu vingt fois par jour… »]. Si ce pauvre Formont vivait encore il me favoriserait auprès de vous, il vous ferait souvenir de votre ancienne indulgence pour moi ; il vous dirait qu’un demi Quinze-Vingt a droit à vos bontés. Il faut bien que j’y compte encore un peu, puisque j’ose vous envoyer de telles fadaises [« Les Trois Manières »]. J’ose même me flatter que vous n’en direz du mal qu’à moi ; c’est là le comble de la vertu pour une femme d’esprit. Vous me direz que la chose est bien difficile, et que la société serait perdue si l’on ne se moquait pas un peu de ceux qui nous sont le plus attachés. C’est le train du monde, mais ce n’est plus le vôtre, et nous n’avons dans l’état où nous sommes, vous et moi, de plus grand besoin que de nous consoler l’un l’autre . Je voudrais vous amuser davantage, et plus souvent . Mais songez que vous êtes dans le tourbillon de Paris, et que je suis au milieu de quatre rangs de montagnes couvertes de neige. Les jésuites, les remontrances, les réquisitoires, l’histoire du jour servent à vous distraire, et moi je suis dans la Sibérie. Cependant, vous avez voulu que ce fût moi qui me chargeas[se] quelquefois de vos amusements ; pardonnez-moi donc quand je ne réussis pas dans l’emploi que vous m’avez donné ; c’est à vous que je prêche la tolérance. Un de vos plus anciens serviteurs, et assurément un des plus attachés en mérite un peu.

 

             Voltaire

Aux Délices 7 mars 1764. »

 

 

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06/03/2009

Sur toutes les oppressions que le peuple souffre

 

Yes, we can’t !! La boite à images a encore une fois montré une vérité qui dérange, qui doit déranger !! Hier, jeudi 5 mars, immersion dans la vie de pauvres gens qui, très agés, ont encore à subir l’imbécilité d’un système de retraite inadéquat. Je ne dis pas pauvre vie car ils sont touchants et exemplaires de modestie. Notre monde est encore capable de balancer des millions en foutaises (vins d’honneur pour inaugurations de pissotières, déplacements lointains pour arroser des pots de fleurs –pardon, dépôts de gerbes-, meetings pour brasseurs d’air, personnalisation de bagnoles ministérielles, remue-ménages à grand renfort de flics –touche pas à mon pote le bronzé-corse -, etc.), mais pas un fifrelin pour une aide de proximité . Le sacro-saint budget ne l’a pas prévu . Pourtant, on trouvera l’argent pour payer des escrocs patentés , loueurs de chambres à la petite semaine, dans des hôtels sordides le plus souvent . Décideurs, décidez une fois pour toute que ça a assez duré. Que les rois des ministères et des deux assemblées daignent enfin regarder et aider les sans grade. Bien sûr, ceux-ci ne seront pas capables d’ériger des barricades, sinon de leurs matelas et leur valise quand on est assez inhumain pour les exproprier. Proprios sans coeur, je vous déteste ; je vous souhaite mille tourments et mourir seuls et sans secours.expropriation.jpg

 

 

http://www.linternaute.com/photo_numerique/photographe/ph...

 

 

 

 

 

 

 

Volti, heureusement, quoique chicanier en diable (vieil emmerdeur !), a utilisé son argent et son génie, pour lui-même bien sûr, et aussi pour les nécessiteux. On ne pourra pas lui enlever ses bonnes actions.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Marie-Jean-Antoine-Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, etc.

 

 

                            Mon illustre ami, vous voyez que les monstres noirs [les membres de l’ancien Parlement de Paris, rappelés après la mort de Louis XV et le départ de Maupéou ] mordent hardiment le sein qui les a réchauffés. Notre Rosny [= Sully = Turgot] a contribué à les établir, et ils veulent le perdre, cela est dans l’ordre. Ils viennent de faire brûler par leur bourreau le livre le plus sage et le plus patriotique que j’ai lu sur les corvées, sur toutes les oppressions que le peuple souffre, et que notre grand homme veut détruire. Ils pensent brûler sa barbe en brûlant cet ouvrage [« Les inconvénients des droits féodaux » de Pierre-François Boncerf, commis de Turgot]. Il faut espérer qu’ils en feront tant qu’ils obligeront la main qui les a tirés de l’abîme à les y laisser retomber.

 

                            En attendant, il n'y a sorte d’horreurs que la secte des convulsionnaires ne prépare. Il faut que Panckoucke ait perdu le sens commun, s’il ne renvoie pas sur le champ l’infâme édition qui va le perdre [les Œuvres de Voltaire ]. Je conçois encore moins le silence de sa sœur [ Mme Suard]. Il y a dans tout cela un esprit de vertige .  Je suis très instruit, et je leur prédis malheur . Je souffre de leurs peines et des miennes .

 

                            Envoyez-moi, je vous prie, par M. de Vaines, la feuille que vous savez [ un écrit anonyme attribué à Condorcet, sur l’abolition de la corvée] .

 

                            Voltaire

                            6 mars 1776. »