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29/04/2009

pétris d’illusions, mais avec une fortune honnête et une femme plus honnête encore,

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Dans un demi-sommeil ou demi-réveil, ce matin, j'ai eu la vision de la conversation d'un cochon et d'une vache dite folle ! Ils évoquaient les morts de cette grippe mexicaine ( ou plus exactement nord américaine, selon un spécialiste ) et la vache disait, avec tout le sérieux d'un bovin de bonne souche, que "ma foi, s'il y a une bête malade dans le troupeau, par précaution il faut abattre tout le troupeau !". Réveil en sursaut ...Non , ça va, j'ai la truffe fraiche et point de courbature . Le perfide virus n'a pas trouvé le chemin de mes belles bronches et mes petits poumons.

 

Oh les beaux soucis de ceux qui peuvent s'offrir des voyages ! Oh les belles préoccupations de ceux qui craignent pour leur santé ; l'épidémie, la pandémie (le pan dans le mille) : quelles horreurs !

 

Oublions vite que nous avons sous la main des médecins , des hopitaux et des médicaments à volonté ! Oublions plus vite encore que des milliards d'humains n'ont pas celà à disposition !

 

Oublions que le temps qu'on écrive l'article relatant la mort de quelques grippés, des humains, dix, vingt, cent, je ne sais, sont morts de faim ou d'une de ces maladies si fréquentes dans les pays dits "émergents". Emergents de quoi, j'aimerais bien le savoir et croire que c'est vrai ; j'ai cru voir, il y a quelque temps dans le lointain, un tuba qui dépassait d'une mer de "gros soucis".

 

 

 

"Je prends la vie et la mort avec patience. Traitez de même, mon cher ami, les petites épines que vous avez trouvées dans le commencement de votre carrière." Volti dixit

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 « A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d’Hornoy

 

 

                            Je vous crois à présent, mon cher neveu, à votre terre d’Hornoy. Vous ne faites que d’entrer dans le monde que je vais bientôt quitter. Votre avenir ne peut être qu’heureux, et il n’en est point pour moi. Vous n’avez essuyé que quelques petits malheurs honorables,[il est conseiller au parlement de Paris qui vient d’être dissout] et j’ai perdu la santé et la vue. Je prends la vie et la mort avec patience. Traitez de même, mon cher ami, les petites épines que vous avez trouvées dans le commencement de votre carrière.
                           

                            Convenez, entre nous, que votre corps avait été trop loin. Convenez que s’obstiner à vouloir entacher un pair du royaume dont le roi approuvait toute la conduite,[le duc d’Aiguillon, blanchi par le roi en juin 1770 et que le parlement déclare « coupable de faits qui entachent son honneur » en juillet ; le parlement après avoir fait remontrances sur remontrances s’était mis en grève] c’était vouloir entacher le roi lui-même.

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Convenez qu’on a pu dire de certaines compagnies, comme dans Les Plaideurs :

L’esprit de contumace est dans cette famille.

Voilà l’origine de cette grande fermentation qui dans Paris et dans les provinces [remplacements des parlements de province solidaires de celui de Paris ]. Mon cher ami, cette maladie passera, car tout passe.

 

                            Voulez-vous que je vous parle franchement ? Nous ne sommes pas dignes d’être libres. Lisez attentivement l’histoire de France, et vous verrez que les compagnies, à commencer par la Sorbonne, et à finir par les jésuites, n’ont jamais fait que des sottises. Nous sommes de jolis enfants qui avons besoin d’être menés. Je ne crois point que le roi puisse reculer après les démarches qu’il a faites. Une telle mollesse et une telle inconséquence lui oteraient pour jamais l’estime de l’Europe.

 

                            Donnez vous la peine de lire l’écrit de la main de Louis XIV qui est dans la bibliothèque du roi, et que j’ai rapporté dans l’Histoire du Siècle : On peut demeurer sans se déterminer, mais dès que l’on se fixe l’esprit à quelque chose, et qu’on croit voir le meilleur parti, il le faut prendre et s’y tenir ; c’est ce qui m’a fait réussir dans tout ce que j’ai entrepris.

 

                            Il est donc très vraisemblable, mon cher neveu, que le roi persistera dans ses mesures, car si le gouvernement molissait il serait perdu.

 

                            Je suis sur que l’amitié de mes deux neveux ne sera point altérée.[l’abbé Mignot rentre au parlement nouveau que d’Hornoy a quitté ; il y sera « doyen des conseillers clercs » le 14 avril 1771 et veillera aux opérations de la caisse d’amortissement dès le 20 mai]. Vous savez que l’abbé Mignot a toujours pensé d’une manière uniforme. On ne peut lui reprocher d’avoir persisté dans une opinion qu’il croit bonne. Vous êtes tous deux très vertueux chacun dans votre système ; ainsi vous serez toujours unis.

 

                            Quand l’envie vous prendra d’avoir ce qu’on appelle en France un office, qui ne procure au bout du compte qu’un dessus de lettre, cela ne sera pas difficile. C’est selon moi, et je crois selon vous, un médiocre  avantage de se faire annoncer dans une maison : Monsieur le grand audiencier, Monsieur le grand maître des Eaux et Forêts. Les Anglais sont plus sages que nous, on ne leur écrit pas même « à M. Jackson, membre du parlement ». Nous sommes pétris d’illusions, mais avec une fortune honnête et une femme plus honnête encore, qui vous aime de tout son cœur, on peut être aussi heureux que la chétive nature humaine le comporte.

 

                            Pardonnez au radotage d’un vieillard. Votre tante Mme Denis pense tout comme moi et ne radote point. Nous vous embrassons tous deux très tendrement, durate et vosmet rebus servate secundis.[restez fermes et gardez-vous pour les jours de bonheur]

 

                            Voltaire

                            29 avril à Ferney. »                        

28/04/2009

Ce sera une consolation pour moi que mon dernier travail soit pour la défense de la vérité

Je satisfais à la fois mon goût pour le chocolat et celui pour la vie de Volti. Preuve illustrée :

 

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Faute de vous régaler du chocolat, régalez-vous du texte ci-dessous ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Au chevalier Trophime-Gérard de Lally-Tollendal

[fils naturel de Lally-Tollendal condamné]

 

                            J’avais eu l’honneur, Monsieur, de connaitre particulièrement M. de Lally, et de travailler avec lui sous les yeux de M. le maréchal de Richelieu à une entreprise dans laquelle il déployait tout son zèle pour le Roi et pour la France [V* et Lally-Tollendal de 1744 à 1746 militaient pour Charles-Edouard Stuart et étaient favorables à un débarquement en Angleterre avec richelieu] .Je lus avec attention tous les mémoires qui parurent au temps de sa malheureuse catastrophe [Lally-Tollendal est exécuté le 9 mai 1766]. Son innocence me parut démontrée . On ne pouvait lui reprocher que son humeur aigrie par tous les contretemps qu’on lui fit essuyer. Il fut persécuté par plusieurs membres de la Compagnie des Indes, et sacrifié par le parlement.

 

                            Ces deux compagnies ne subsistent plus. Ainsi le temps parait favorable. Mais il me parait absolument nécessaire de ne faire aucune démarche sans l’aveu, et sans la protection de M. le Chancelier.

 

                            Peut-être ne vous sera-t-il pas difficile, Monsieur, de produire des pièces qui exigeront la révision du procès. Peut-être obtiendrez-vous d’ailleurs la communication de la procédure. Une permission secrète au greffier criminel pourrait suffire. Il me semble que M. de Saint-Priest, conseiller d’État, peut vous aider beaucoup dans cette affaire. Ce fut lui qui ayant examiné les papiers de M. de Lally, et étant convaincu non seulement de son innocence, mais de la réalité de ses services, lui conseilla de se remettre entre les mains de l’ancien parlement. Ainsi la cause de M. de Lally est la sienne, aussi bien que la vôtre. Il doit se joindre à vous dans cette affaire si juste et si délicate.

 

                            Pour moi, je m’offre à être votre secrétaire malgré mon âge de quatre-vingts ans et malgré les suites très douloureuses d’une maladie qui m’a mis au bord du tombeau. Ce sera une consolation pour moi que mon dernier travail soit pour la défense de la vérité.[sans doute la dernière lettre connue actuellement de V* est un billet au chevalier]

 

                            Je ne sais s’il est convenable de faire imprimer le manuscrit que vous m’avez envoyé ; je doute qu’il puisse servir, et je crains qu’il ne puisse nuire. Il ne faut dans une pareille affaire que des démonstrations fondées sur les procédures mêmes. Une réponse à un petit libelle inconnu ne ferait aucune sensation dans Paris. De plus, on serait en droit de vous demander des preuves des discours que vous faites tenir à un président du parlement, à un avocat général, au rapporteur, à des officiers ; et si ces discours n’étaient pas avoués par ceux à qui vous les attribuez, on vous ferai les mêmes reproches que vous faites à l’auteur du libelle . Cette observation me parait très essentielle.

 

                            D’ailleurs, ce libelle m’est absolument inconnu, et aucun de mes amis ne m’en a jamais parlé. Il serait bon, Monsieur, que vous eussiez la bonté de me l’envoyer par M. Marin qui voudrait bien s’en charger.

 

                            Souffrez que ma lettre soit pour Mme la comtesse de Laheuze [cousine du chevalier] comme pour vous. Ma faiblesse et mes souffrances présentes ne me permettent pas d’entrer dans de grands détails. Je lui écris simplement pour l’assurer de l’intérêt que je prends à la mémoire de M. de Lally. Je vous prie l’un et l’autre d’en être persuadés.

 

                            J’ai l’honneur d’être avec tous les sentiments que je vous dois, Monsieur, votre très …

 

 

                            Voltaire

                            A Ferney 28 avril 1773. »

27/04/2009

Quel chien de train que cette vie

Hier, belle journée pour un archer à Poncharra : de gris à menaçant, de menaçant à pluviotant, de pluviotant à petite brise, de petite brise à ensoleillé (malheureusement pour les gauchers!), de frais à tiède, de tiède à assez chaud, d'assez chaud à frais. Bilan : peut mieux faire, élève distrait, fort potentiel de progression ! Traduisez : encore trop de volées tirées à la va-comme-je-te-pousse ! Espoir, le même que pour tout sportif, d'abord effacer les défauts (heureusement) repèrés... et puis ce n'est que le début de la saison.

Pour des archers joueurs et un peu torturés des méninges : http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://www.ac-nice....

 

Rendez-vous sur les pas de tir pour la solution, prise de tête ! De toute façon un bon archer ne doit pas penser pendant son tir. Laisser parler l'inconscient et s'exprimer le corps, ça suffit largement et c'est ça le plus difficile à réaliser ... je suis bien placé pour le savoir...

 

 

 

 

 

 

 

Passons à une flèche de notre histoire avec Volti qui n'est pas sans me faire penser à mon copain Jacques qui lui aussi connait des terribles problèmes "d'entrailles" révoltées.

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Allez, Jacquot, reviens vite qu'on puisse manger ensemble (et péter, ne vous déplaise à vous les culs-pincés !).Oui, j'ose le dire et l'écrire, et je ne vois pas pourquoi je me génerais quand n(v)otre président national déblatère si aisément !

 

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E viva la "hypocrisia"  et embrassons nous Folleville... Ole !!!

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

 

                            Mon cher ange, j’apprends que vous avez perdu Mlle Guichard. Vous ne m’en dites rien, vous ne me confiez jamais ni vos plaisirs ni vos peines, comme si je ne les partageais pas, comme si trois cent lieues étaient quelque chose pour le cœur et pouvaient affaiblir les sentiments. Voilà donc  cette pauvre petite fleur si souvent battue par la grêle, à la  fin coupée pour jamais ! Mon cher ange, conservez bien Mme d’Argental, c’est une fleur d’une plus belle espèce et plus forte, mais elle a été exposée bien des années à un mauvais vent. Mandez-moi donc comment elle se porte. Aurez-vous votre Porte -Maillot cette année ? Vous me direz que je devrais bien y venir vous y voir. Sans doute je le devrais et je le voudrais, mais ma Porte-Maillot est à Potsdam, et à Sans- Souci. J’ai toutes mes paperasses, il faut finir ce que l’on a commencé. J’ai regardé le caractère d’historiographe comme indélébile [bien que son départ en Prusse l’ait déchargé de ce titre]. Mon Siècle de Louis XIV avance. Je profite du peu de temps que ma mauvaise santé peut me laisser encore, pour achever ce grand bâtiment dont j’ai tous les matériaux. Ne suis-je pas un bon Français ? et n’est-il pas bien honnête à moi de faire ma charge quand je ne l’ai plus ? Potsdam est plus que jamais un mélange de Sparte et d’Athènes. On y fait tous les jours des revues et des vers. Les Algarotti et les Maupertuis y sont. On travaille, on soupe ensuite gaiement avec un roi qui est un grand homme de bonne compagnie. Tout cela serait charmant ; mais la santé ! Ah ! la santé et vous, mon cher ange, vous me manquez absolument. Quel chien de train que cette vie ! Les uns souffrent, les autres meurent à la fleur de leur âge ; et pour un Fontenelle [mort centenaire en 1757] cent Guichard. Allons toujours pourtant, on ne laisse pas d’avoir quelques roses à cueillir dans ce champ d’épines. Monsieur sort tous les jours, sans doute à quatre heures ; Monsieur va aux spectacles, et porte ensuite à souper sa joie douce et son humeur égale ; et moi, tel j’étais, tel je suis, tenant mon ventre à deux mains, et ensuite ma plume, souffrant, travaillant, soupant, espérant toujours un lendemain moins tourmenté de maux d’entrailles et trompé dans mon lendemain. Je vous le dis encore, sans ces maux d’entrailles, sans votre absence, le pays où je suis serait mon paradis. Être dans le palais d’un roi parfaitement libre du matin au soir, avoir abjuré les diners trop brillants, trop considérables, trop malsains, souper quand les entrailles le trouvent bon avec ce roi philosophe [V* s’est réconcilié avec Frédéric II lors d’un tête à tête le 5 ou 6 mars]; aller travailler à son Siècle dans une maison de campagne [au Marquisat] dont une belle rivière baigne les murs ; tout cela serait délicieux, mais vous me gâtez tout. On dit que je n’ai pas grand-chose à regretter à Paris en fait de littérature, de beaux-arts, de spectacles et de goût. Quand vous ne me croirez pas de trop à Paris, avertissez-moi et j’y ferai un petit tour, mais après la clôture de mon Siècle, s’il vous plait. C’est un préliminaire indispensable.

 

                            Adieu, je vous écris en souffrant comme un diable, et en vous aimant de tout mon cœur. Adieu, mille tendres respects et autant de regrets pour tout ce qui vos entoure.

 

                            Voltaire

                            A Potsdam, 27 avril 1751. »

25/04/2009

les sottises de Paris : elles me paraissent se multiplier tous les jours

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Volti aurait pu être un personnage d'Hergé à l'égal du disciple de Confucius :"il faut trouver la voie", "si vous ne trouvez pas la voie, je vous coupe la tête" ! Louis XVI et quelques milliers d'autres n'ont pas su trouver la voie, bains de sang offerts au peuple effrayé donc en colère. Très effrayé donc meurtrier.

Volti a l'art et la manière de proposer la destruction des entêtés religieux :"quand on étranglerait deux ou trois jésuites, avec les boyaux de deux ou trois jansénistes, le monde s’en trouverait-il plus mal ?" Présenté comme ça, on trouverait presque que c'est normal ; non? Mais il est vrai que forcer le trait est parfois nécessaire . Humour, toujours l'humour ! il va jusqu'à prêter des motifs de réjouissance aux calvinistes genevois. J'appelle ça du billard à trois bandes ! Beau coup (de queue, pour les praticants )!

 

 

« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d’Esclavelles d’Épinay

 

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                            Je ne vous ai point encore remerciée, ma belle philosophe, de votre jolie lettre, et de votre pierre philosophale ; car c’est la vraie pierre philosophale que la multiplication du blé, dont vous m’avez envoyé le secret [à la demande de V*, par l’entremise de Mme d’Epinay, M. d’Epinay, fermier général est intervenu pour aider V* à récupérer un chargement de blé saisi par des commis de Saconnex et empêchaient la libre circulation de son blé]; j’irai présenter la première gerbe devant votre portrait, au temple d’Esculape [= Théodore Tronchin qui possède un portrait de Mme d’Epinay par Liotard] à Genève ; ce portrait sera mon tableau d’autel ; j’en fais bien plus de cas que de l’image de mon ami Confucius ; ce Confucius est, à la vérité, un très bon homme, ami de la raison, ennemi de l’enthousiasme, respirant la douceur et la paix, et ne mêlant point le mensonge avec la vérité ; mais vous avez tout cela comme lui, et vous possédez de plus deux grands yeux, très préférables à ses yeux de chat et à sa barbe en pointe .

 

 

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                            Confucius est un bavard qui dit toujours la même chose, et vous êtes pleine d’imagination et de grâce .Vous êtes probablement , Madame, aujourd’hui dans votre belle terre [La Chevrette], où vous faites les délices de ceux qui ont l’honneur de vivre avec vous, et où vous ne voyez point les sottises de Paris ; elles me paraissent se multiplier tous les jours ; on m’a parlé d’une comédie contre les philosophes [Les philosophes, de Palissot, 2 mai 1760] dans laquelle Préville doit représenter Jean-Jacques marchant à quatre pattes . Il est vrai que Jean-Jacques a un peu mérité ces coups d’étrivières par sa bizarrerie, par son affectation de s’emparer du tonneau et des haillons de Diogène, et encore plus par son ingratitude envers la plus aimable des bienfaitrices ; mais il ne faut pas accoutumer les singes d’Aristophane à rendre les singes de Socrate méprisables [allusion aux « Nuées » d’Aristophane qui raillaient Socrate], et à préparer de loin la ciguë que Me Joly de Fleury voudrait faire broyer pour eux, par les mains de Me Abraham Chaumeix [Joly de Fleury (réquisitoire) et Chaumeix (mémoire) ont fait condamner l’Encyclopédie par le parlement en janvier-février 1759].

 

                            On dit que Diderot, dont le caractère et la science méritent tant d’égards, est violemment attaqué dans cette farce. La petite coterie dévote de Versailles la trouve admirable [d’Alembert écrira :  « Les protecteurs femelles (déclarés) de cette pièce sont Mmes de Villeroy, de Robecq, et du deffand votre amie…. En hommes il n’y a …que … Fréron elle ne peut avoir été jouée sans protecteurs puissants… »] ; tous les honnêtes gens de Paris devraient se réunir au moins pour la siffler ; mais les honnêtes gens sont bien peu honnêtes ; ils voient tranquillement assassiner les gens qu’ils estiment ; et en disent seulement leur avis à souper ; les philosophes sont dispersés et désunis, tandis que les fanatiques forment des escadrons et des bataillons.

 

                            Les serpents appelés jésuites, et les tigres appelés convulsionnaires, se réunissent tous contre la raison, et ne se battent que pour partager entre eux ses dépouilles. Il n’y a pas jusqu’au sieur Lefranc de Pompignan, qui n’ait l’insolence de faire l’apôtre [dans son discours d’entrée à l’Académie française le 10 mars 1760], après avoir fait le Pradon [Pradon avec Racine sont identiques à V* avec Lefranc : V* a écrit « Alzire » et Lefranc « Zoraïde » en même temps, on se demande laquelle a inspiré l’autre ].

 

                            Vous m’avouerez, ma belle philosophe, que voilà bien des raisons pour aimer la retraite. Nos frères du bord du lac ont reçu une douce consolation, par les nouvelles qui sont venues de la bataille donnée au Paraguay entre les troupes du roi de Portugal, et celles des révérends pères jésuites [depuis mai 1758, les jésuites refusaient de cesser leurs commerces]. On parle de sept jésuites prisonniers de guerre, et de cinq tués dans le combat, cela fait douze martyrs, de compte fait. Je souhaite pour l’honneur de la sainte Église que la chose soit véritable. Je me crois né très humain, mais quand on étranglerait deux ou trois jésuites, avec les boyaux de deux ou trois jansénistes, le monde s’en trouverait-il plus mal ?

 

                            Je ne vous écris point de ma main, ma belle philosophe, parce que Dieu m’afflige de quelques indispositions dans ma machine corporelle. Je ne suis précisément pas mort comme on l’a dit, mais je ne me porte pas trop bien [le 14 avril, on parlait déjà de lui trouver un successeur à l’Académie]. Comment aurais-je le front d’avoir de la santé quand Esculape a la goutte ?

 

                            Adieu, ma belle philosophe, vous êtes adorée aux Délices, vous êtes adorée à Paris, vous êtes adorée présente et absente. Mes hommages à tout ce qui vous appartient, à tout ce qui vous entoure.

 

                            Voltaire

                            25 avril 1760. »

Je ne peux faire la moindre attention aux tracasseries .Pour moi je suis rempli d’autres idées

De l'avantage d'être au travail 10 heures d'affilée ... blog à tout va ! Comme disait l'autre, -"à la recherche du temps perdu"-, Proust Marcel, je tente de fournir aux curieux quelques lettres qui ont boudé le clavier ces derniers jours . En parlant de Marcel, je dois vous dire que celui que je préfère c'est celui qui accompagne le Grand Jacques . Allez, chauffe Marcel !!  http://www.dailymotion.com/video/x5jkld_jacques-brel-veso...

Actuellement, même si Volti embrassait l'impératrice Catherine II en 1765, un projet de magnifique exposition pour 2010 au château de Voltaire (basée sur les relations de Volti avec Catherine en particulier et la France et la Russie en général) est en train de passer -(seulement peut-être, je le souhaite )- à la trappe. Un administrateur et un directeur ont uni leurs talents pour ce projet. Et devinez ce qui arrive ? Non, pas Zorro, bande d'enfants attardés !! Madame le Courriel n'a tout simplement pas fait le nécessaire auprès du ministère de tutelle (celui qui tient les cordons de la bourse ); que le diable la patafiole !! Mon côté fataliste avec tendance optimiste me pousse à croire que tout n'est pas perdu . Inch allah, mais attache bien le chameau !!

Volti écrit :"La bonne cause triomphe sourdement", je dirait plutôt, au jour d'aujourd'hui, "on écrase les bonnes causes sourdement".

 Plus que jamais : Ecr. l'Inf.

 

 

 

« A Etienne –Noël Damilaville

 

                            En réponse à votre lettre du 18, mon cher frère, j’embrasse tendrement Platon Diderot. Par ma foi j’embrasse aussi l’impératrice de toute Russie. Aurait-on soupçonné il y a cinquante ans qu’un jour les Scythes récompenseraient si noblement dans Paris la vertu, la science, la philosophie, si indignement traitées parmi nous ! [Catherine II a acheté la bibliothèque de Diderot qui garde l’usage des livres et reçoit cent pistoles par an pour leur entretien]. Illustre Diderot, recevez les transports de ma joie.

 

                            Je ne peux faire la  moindre attention aux tracasseries de la Comédie. Cela peut amuser Paris. Pour moi je suis rempli d’autres idées. La générosité russe, la justice rendue aux Calas, celle qu’on va rendre aux Sirven, saisissent toutes les puissances de mon âme. On travaille à force à la condamnation du cuistre théologien dénonciateur, sot, et fripon [V* fait imprimer les Observations sur une dénonciation de la Gazette littéraire faite à M. l’archevêque de Paris, de l’abbé Morellet]. La bonne cause triomphe sourdement. Nouvelle édition du Portatif en Hollande, à Berlin, à Londres, réfutations de théologiens qu’on bafoue ; tout concourt à établir le règne de la vérité.

 

                            Vous aurez l’abbé Bazin avant qu’il soit peu [La philosophie de l’Histoire], n’en doutez pas. Vous deviez envoyer un ruban à Mme du Deff*** ; vraiment il ne faut lui envoyer rien du tout si elle trahit les frères. De quoi s’avise-t-elle à son âge, et aveugle, de forcer des hommes de mérite à la haïr !

 

Sans concourir au bien, prôner la bienfaisance !

 

                            Hélas ! Elle ne sait pas que sans les philosophes le sang de Calas n’aurait jamais été vengé.

 

                            Mandez-moi si M. Gaudet [directeur général des vingtièmes, supérieur hiérarchique de Damilaville] vous aura remis par cette poste un paquet assez gros touchant nos vingtièmes.

 

                            La voie de Saint Claude est longue, on ne peut y envoyer des paquets que par des exprès.

 

                            Mon cher frère, faut-il que je meure sans vous avoir vu de mes yeux, que le printemps guérit un peu ? Je vous vois de mon cœur. Ecr[asez] l’Inf[âme].

 

Voltaire

                            24 avril 1765. »

 

 

Amis du bel accordéon, bienvenue ! Laissez-le vous souffler dans les esgourdes et réjouir ce qu'il y a entre elles ! http://www.marcelazzola.com/images.php

Talents, coeurs gros comme des cathédrales ! OK ? OUI ... J'ai un faible pour Take Bach .

être reçu comme on l’est chez ses amis

Bien avant la création de jeux mettant en action des Sylphes et autres personnages bizarroïdes, au XVIIIème on les mettait sur scène ; je vous présente le "sylphe" académicien à qui Volti fait sa cour.

 

 

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« A François-Augustin Paradis de Moncrif

 

                            Mon céleste sylphe, [Zelindor, roi des Silphes, de Moncrif] mon ancien ami, je compte sur vos bontés. Je vous ai cherché à Versailles et à Paris. Je me mets entre vos mains [pour l’élection à l’Académie Française ; V* élu le 25 avril par 28 voix sur 29, reçu le 9 mai], et aux pieds de sainte de Villars [la duchesse est devenue dévote]. Je vous recommande M. Hardion [académicien peu favorable à Voltaire]. C’est peu de chose d’entrer dans une compagnie, il faut y être reçu comme on l’est chez ses amis, voilà ce qui rend une telle place infiniment désirable. Un lien de plus qui m’unira à vous me sera bien cher et bien précieux, et pour entrer avec agrément, je veux être conduit par vous. J’attends tout de la bonté de votre cœur et de l’ancienne amitié dont vous m’avez toujours donné les marques. Comptez sur le tendre et éternel attachement de V.

 

                            23 avril 1746. »

 

 

 

 

 

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Spectacles commandités par Mme la marquise de Pompadour : http://www.madamedepompadour.com/_eng_pomp/galleria/teatr...

 

il y griffonne son innocence et la barbarie visigothe

Un p'tit beurre, des tous yous !! Yeah !! Happy birthday to me !!

 

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Merci à Babeth qui m'a gâté gentiment en flattant mon goût de screwy squirrel (écureuil fou) avec une énorme tablette de chocolat aux noisettes . Le pied, mes amis ...

 

 

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Ne vous laissez pas prendre par le langage codé de Volti ! Rubans, petits rubans, Volti se lancerait-il dans la haute couture, lui qui jouait si bien au représentant de commerce de luxe en ventant et vendant des bas de soie (faits de ses blanches mimines, bien sûr !) ?

 

Non point, traduisez, petits rubans=petits formats de livres , in-octavo, et étoffes larges=in quarto.

 

 

 

 

« A Etienne –Noël Damilaville

 

 

                   A Monsieur Joaquim D’Eguia Marquès de Marros, à Ascoitia par Bayonne en Espagne

 

                   C’est mon cher frère, l’adresse d’un adepte de beaucoup d’esprit qui s’est adressé à moi et qui brûlerait le grand inquisiteur s’il en était le maître [comme dans La Princesse de Babylone, 1768]. Je vous prie de lui envoyer par la poste un des rubans d’Angleterre qu’un fermier général vous a apportés [Le Catéchisme de l’Honnête Homme, apporté par Delahaye]. Cette fabrique prend faveur de jour en jour malgré les oppositions des autres fabricants qui craignent pour leur boutique. Ces petits rubans sont bien plus commodes et d’un débit plus aisé que des étoffes plus larges. On en donne à ceux qui savent les placer. Envoyez-en un à Mme la marquise du Deffand à St Joseph, deux à Mme la marquise de Coaslin, [= de Coislin] à l’hôtel Coaslin, rue St Honoré.

 

                   Sirven est chez moi, il y griffonne son innocence et la barbarie visigothe. Nous achevons, le temps presse ; voici un mot pour le véritable Élie [avocat Élie de Beaumont qui a déjà défendu les Calas] avec les pièces. Nous  les adressons à vous mon cher frère, dont la philosophie consiste dans la vertu autant que dans la sagesse. Ecr[asez] l’Inf[âme].

 

                   Voltaire

                   22 avril 1765. »