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07/03/2009

les grands doivent protéger les petits

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Un petit air de Tatie Danielle, non ?!

« A  Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand

 

             Vous dites des bons mots, Madame, et moi je fais de mauvais contes ; mais votre imagination doit avoir de l’indulgence pour la mienne, attendu que les grands doivent protéger les petits. Vous m’avez ordonné expressément de vous envoyer quelquefois des rogatons, j’obéis ; mais je vous avertis qu’il faut aimer passionnément les vers pour goûter ces bagatelles[son conte en vers « Macare et Thélème » critiqué par Mme du Deffand ; V* dira : « Vous savez d’ailleurs que dans la société on dit du bien et du mal du même individu vingt fois par jour… »]. Si ce pauvre Formont vivait encore il me favoriserait auprès de vous, il vous ferait souvenir de votre ancienne indulgence pour moi ; il vous dirait qu’un demi Quinze-Vingt a droit à vos bontés. Il faut bien que j’y compte encore un peu, puisque j’ose vous envoyer de telles fadaises [« Les Trois Manières »]. J’ose même me flatter que vous n’en direz du mal qu’à moi ; c’est là le comble de la vertu pour une femme d’esprit. Vous me direz que la chose est bien difficile, et que la société serait perdue si l’on ne se moquait pas un peu de ceux qui nous sont le plus attachés. C’est le train du monde, mais ce n’est plus le vôtre, et nous n’avons dans l’état où nous sommes, vous et moi, de plus grand besoin que de nous consoler l’un l’autre . Je voudrais vous amuser davantage, et plus souvent . Mais songez que vous êtes dans le tourbillon de Paris, et que je suis au milieu de quatre rangs de montagnes couvertes de neige. Les jésuites, les remontrances, les réquisitoires, l’histoire du jour servent à vous distraire, et moi je suis dans la Sibérie. Cependant, vous avez voulu que ce fût moi qui me chargeas[se] quelquefois de vos amusements ; pardonnez-moi donc quand je ne réussis pas dans l’emploi que vous m’avez donné ; c’est à vous que je prêche la tolérance. Un de vos plus anciens serviteurs, et assurément un des plus attachés en mérite un peu.

 

             Voltaire

Aux Délices 7 mars 1764. »

 

 

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