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19/03/2009

Ce qu’il y a de désespérant pour la nature humaine

Manque de temps - doit être partout à la fois - pousserai ma goualante demain ....

Brut de décoffrage, Volti ci-après :

« A Jean Le Rond d’Alembert

 

 

                   Mon très digne et ferme philosophe, vrai savant, vrai bel esprit ; homme nécessaire au siècle ; voyez, je vous prie dans mon Épître à Mme Denis une partie de mes réponses à votre énergique lettre.

                   Mon cher archidiacre et archi-ennuyeux Trublet est donc de l’Académie ! Il compilera un beau discours des phrases de La Motte. Je voudrais que vous lui répondissiez : cela ferait un beau contraste. Je crois que vous accusez à tort Cicéron d’Olivet ; il n’est pas homme à donner sa voix à l’aumônier d’Houdar et de Fontenelle. Imputez tout au surintendant de la reine.

 

                   Ce qu’il y a de désespérant pour la nature humaine c’est que ce Trublet est athée comme le cardinal Tencin, et que ce malheureux a travaillé au Journal chrétien pour entrer à l’Académie par la protection de la reine.

 

                   Les philosophes sont désunis. Le petit troupeau se mange réciproquement quand les loups viennent le dévorer. C’est contre votre Jean-Jacques que je suis le plus en colère. Cet archifou qui aurait pu être quelque chose, s’il s’était laissé conduire par vous, s’avise de faire bande à part, il écrit contre les spectacles, après avoir fait une mauvaise comédie, il écrit contre la France qui le nourrit, il trouve quatre ou cinq douves pourries au tonneau de Diogène ; il se met dedans pour aboyer , il abandonne ses amis, il m’écrit à moi la plus impertinente lettre que jamais fanatique ait griffonnée . Il me mande en propres mots : vous avez corrompu Genève pour prix de l’asile qu’elle vous a donné. Comme si je me souciais d’adoucir les mœurs de Genève, comme si j’avais besoin d’un asile, comme si j’en avais pris un dans cette ville de prédicants sociniens, comme si j’avais quelque obligation à cette ville. Je n’ai point fait de réponse à sa lettre, M. de Chimène a répondu pour moi, et a écrasé son misérable roman .Si Rousseau avait été un homme raisonnable à qui on ne pût reprocher qu’un mauvais livre il n’aurait pas été traité ainsi.

 

                   Venons à Pancrace Colardeau ; c’est un courtisan de Pompignan et de Fréron. Il n’est pas mal de plonger le museau de ces gens là dans le bourbier de leurs maîtres.

 

                   Mon digne philosophe que deviendra la vérité ? que deviendra la philosophie ? Si les sages veulent être fermes, s’ils sont hardis, s’ils sont liés, je me dévoue pour eux. Mais s’ils sont divisés, s’ils abandonnent la cause commune, je ne songe plus qu’à ma charrue, à mes bœufs et à mes moutons ; mais en cultivant la terre, je prierai Dieu que vous l’éclairiez toujours ; et vous me tiendrez lieu du public. Que dites-vous du bonnet carré de Midas Omer ? Je vous embrasse très tendrement.

 

                            V.

                            A Ferney pays de Gex 19 mars 1761

                   Ne m’écrivez plus avec de l’Académie ni à Genève. »

17/03/2009

mais le travail est une jouissance

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental et à Jeanne –Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

 

 

                                   Divins anges, la protection que vous avez donnée aux Calas n’a pas été inutile. Vous avez goûté une joie bien pure en voyant le succès de vos bontés [réhabilitation de Jean Calas le 9 mars 1765 et demande de pension en faveur de Calas]. Un petit Calas [Donat Calas] était avec moi quand je reçus votre lettre, et celle de Mme Calas, et celle d’Elie, et tant d’autres ; nous versions des larmes d’attendrissement, le petit Calas et moi. Mes vieux yeux en fournissaient autant que les siens ; nous étouffions, mes chers anges. C’est pourtant la philosophie toute seule qui a remporté cette victoire. Quand pourra-t-elle écraser toutes les têtes de l’hydre du fanatisme ?

 fanatisme.jpg

                                   Vous me parlez des Roués [Octave ou Le Triumvirat], mais le roué Calas est le seul qui me remue .Seriez-vous capable de descendre à lire de la prose au milieu de la foule des vers dont vous êtes entourés ? Voici le commencement d’une espèce d'histoire ancienne qui me parait curieuse [sa Philosophie de l’Histoire]. Si elle vous fait plaisir, je tâcherai d’en avoir la suite pour vous amuser ; elle a l’air d’être vraie, et cependant la religion y est respectée .N’engagerez-vous pas frère Martin à en favoriser le débit ? Je crois que les bons entendeurs pourront profiter à cette lecture ; il y a en vérité des chapitres fort scientifiques, et le scientifique n’est jamais scandaleux.

 

                                   Je crois qu’on tousse dans tout le royaume, nous toussons beaucoup sur la frontière, c’est une épidémie. Nous espérons bien que M. Fournier empêchera l’une de mes anges de tousser .Tout Ferney qui est sans dessus dessous est à vos pieds. Et pourquoi est-il sans dessus dessous ? C’est que je suis maçon ; je bâtis comme si j’étais jeune ; mais le travail est une jouissance.

 

                                   Me sera-t-il permis de vous présenter encore un placet pour un passeport ? Les Genevois m’accablent parce que vous m’aimez, mais je serai sobre sur l’usage que je ferai de vos bontés. Encore ce petit passeport, je vous en conjure, et puis plus ; vous me ferez un plaisir bien sensible, vous ne vous lassez jamais d’en faire.

 

 

                                   Voltaire

                                   18 mars 1765. »

Mme Denis et moi, nous baisons plus que jamais

baiser cochon.jpg

Qui s'est laissé tenter par le titre de cette note ?? Lachez votre mulot et reconnaissez humblement votre curiosité , battez votre coulpe (et lachez cette pieuvre qui ne vous a rien fait, je n'ai pas dit "votre poulpe !")!

Oui, vous comme moi, nous sommes tentés par les titres bien avant tout . Poids des mots, choc des photos, vous connaissez la pub . D'où ce baiser cochon ci dessus !

Reconnaissez aussi qu'on peut faire battre des montagnes et abuser l'auditeur en extrayant une phrase ou un extrait de phrase de son contexte, tout en restant fidèle au dire ou écrit originel. Des journalistes et autres, politiciens mal embouchés et gens de mauvaise foi, sont passés rois dans l'art de l'extrait qui ment. Que la langue leur pèle !!!

 

Pour un peu ( ou plutot pour beaucoup, si j'étais tenté ) je proposerais mes services à un journal (-papier imprimé sensé apporter de l'information-) people (in french : pipole)! Vendre du vent est une activité qui "ne connait pas la crise" (comme chantait le regretté Bashung).Qui sème le vent récolte des pépètes : proverbe du XXIème siècle après celui-qui-est-qui-était-qui sera ..... déçu ....!

http://www.youtube.com/watch?v=jGqHgV5SOFA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental et à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

 

                            Divins anges,

 

                            Vraiment vous avez raison, j’aime mieux Que servirait de naître ? parce que cela nous regarde tous tant que nous sommes, et Qu’eût-il servit de naître ne regarde que Pandore. Le vivre au lieu de naître m’avait terriblement embarrassé. La main du charmant secrétaire s’était méprise, et ce ne sera jamais qu’à sa main qu’on pourra reprocher des erreurs.

 

                            J’ai reçu la Gazette littéraire, et j’en suis fort content : l’intérêt que je prenais à cet ouvrage, et la sagesse à laquelle il est condamné me faisaient trembler ; mais malgré sa sagesse il me plait beaucoup. Il me parait que les auteurs entendent toutes les langues ; ainsi ce ne sera pas la peine que je fisse venir des livres d’Angleterre [il en faisait des comptes-rendus]. Paris est plus près de Londres que Genève, mais Genève est plus près de l’Italie ; je pourrais donc avoir le département de l’Italie et de l’Espagne, si on voulait. J’entends l’espagnol beaucoup plus que l’allemand, et les caractères tudesques me font un mal horrible aux yeux qui ne sont que trop faibles .Je pense donc que pour l’économie et la célérité, il ne serait pas mal que j’eusse ces deux départements, et que je renonçasse à celui d’Angleterre. C’est à M. le duc de Praslin [patron de la « Gazette Littéraire de l’Europe » ]à décider. Je n’enverrai jamais que des matériaux qu’on mettra en ordre de la manière la plus convenable ; ce n’est pas à moi, qui ne suis pas sur les lieux, à savoir précisément dans quel point de vue on doit présenter les objets au public .Je ne veux que servir et être ignoré.

 

                            A l’égard des Roués, je n’ai pas encore dit mon dernier mot et je vois avec plaisir que j’aurai tout le temps de le dire

 le-baiser-klimt.jpg

                            Mme Denis et moi, nous baisons plus que jamais les ailes de nos anges. Nous remercions M. le duc de Praslin de tout notre cœur. Les dîmes [qu’il sera dispensé de payer au curé de Ferney] nous feront supporter nos neiges.

 

                            Je suis enchanté que l’idée des exemplaires royaux au profit de Pierre, neveu de Pierre, rie à mes anges. Je suis persuadé que M. de Laborde, un des bienfaiteurs, l’approuvera [ le roi avait acheté 200 exemplaires des Commentaires sur Corneille, V*suggère d’en donner 150 au père de Marie-Françoise Corneille ] .

 

                            Nous nous amusons toujours à marier des filles, nous allons marier avantageusement la belle-sœur de la nièce à Pierre [Marie-Jeanne Dupuits, sœur du mari de Marie –Françoise , qui épouse Pajot de Vaux ] .Tout le monde se marie chez nous, on y bâtit des maisons de tous côtés, on défriche des terres qui n’ont rien porté depuis le déluge, nous nous égayons, et nous engraissons un pays barbare, et si nous étions absolument les maîtres nous ferions bien mieux. Je déteste l’anarchie féodale, mais je suis convaincu par mon expérience, que si les pauvres seigneurs châtelains étaient moins dépendants de nosseigneurs les intendants, ils pourraient faire autant de bien à la France que nosseigneurs les intendants font quelquefois de mal, attendu qu’il est tout naturel que le seigneur châtelain regarde ses vassaux comme ses enfants.

 

                            Je demande pardon de ce bavardage ; mais quelquefois je raisonne comme Lubin [personnage d’opéra comique], je demande pourquoi il ne fait pas jour la nuit. Mes anges, je radote quelquefois ; il faut me pardonner, mais je ne radote point quand je vous adore

 

 

                            Voltaire

14 mars 1764. »

14/03/2009

C’est de mon fumier que j’ai l’honneur de vous écrire

Le titre exagère un peu sur ma situation réelle ; je suis en réalité sur un fauteuil gris-bleu décoré de poils de chien blanc qui ne demandent qu'à se coller sur le velours noir de mon pantalon ; la brosse va chauffer ! Que dire ce jour qui ne soit pas du réchauffé ? Si ce n'est de souhaiter une bonne route au Grand Jacques et à Luna .Et pour rester éveillé, un extrait de Black cat,White cat qui parle d'un chien plus mordant que la gentille Luna : http://www.youtube.com/watch?v=Wkzg4EIvdIA&feature=re... . Decoiffant , non ?!

Et maintenant sans transition ...dans la veine du roi du coq à l'âne ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

choiseul duchesse.jpg« A Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul

 

 

                            Job à Madame de Barmécide, [les Barmécides, persans très influents et très généreux tombèrent en disgrâce en 803, et V* a écrit en janvier à la duchesse « Épitre : Benaldaki à Caramouflée femme de Giafar le Barmécide », après la disgrâce de Choiseul]

 

 

                            Le diable avait oublié de crever les yeux à l’autre Job, il s’est perfectionné depuis. Ainsi, Madame, vous avez actuellement une petite-fille [Mme du Deffand] et un vieux serviteur aux Quinze-Vingts.

 

                           

 

 

job et sa femme.jpg C’est de mon fumier que j’ai l’honneur de vous écrire avec un têt de pot cassé. Madame votre petite-fille est la plus heureuse aveugle qui soit au monde ; elle court, elle soupe, elle veille dans Babylone, elle compte même aller à Chanteloup [propriété des Choiseul, exilés ], ce qui est, dit-on, la suprême félicité. Job n’y prétend point, il compte mourir incessamment dans ses neiges, et voici ce qu’il dit de la part du Seigneur à l’illustre Barmécide :

                            Votre nom répandra toujours une odeur de suavité dans les nations ; car vous faisiez le bien au point du jour, et au coucher du soleil ; vous n’avez point fait de pacte avec le diable, mais vous avez fait un pacte de famille [alliance entre les Bourbons de France et d’Espagne en 1761] qui est de Dieu .Vous avez une fois donné la paix à Babylone [terminé la Guerre de Sept ans en 1763], et vous avez une autre fois empêché la guerre, et une autre fois pour vous amuser vous avez donné une île au commandeur des croyants [la Corse pour le roi de France en 1768]; aussi je vous ai écrit dans le Livre de vie, très petit livre où n’a pas de place qui veut .

 

                            J’encadrerai avec vous la sultane Barmécide, ma philosophe, dont l’éternel s’est complu à former la belle âme, et je mettrai dans le même cadre votre sœur de la grande montagne [la duchesse de Gramont (jeu de mot Grand mont)] en qui mérite abonde. Et j’ai dit : Ils seront bien partout où ils seront, parce qu’ils seront bien avec eux-mêmes, et que les cœurs généreux sont toujours en paix.

 

                            Et si vous voulez vous amuser de rogatons par A,B,C,D,E [premiers articles des Questions sur l’Encyclopédie ], comme Abbaye, Abraham, Adam, Alcoran, Alexandre, Anciens et modernes, Âne, Ange, Anguilles, Apocalypse, Apôtre, Apostat, on vous fera parvenir ces facéties honnêtes par la voie que vous aurez la bonté d’indiquer .Facéties d’ailleurs pédantesques et très instructives pour ceux qui veulent savoir des choses inutiles .

 

                            Si Job pouvait occuper un moment le loisir de la maison Barmécide, il serait trop heureux, mais que peut-il venir de bon des précipices et des neiges du mont Jura ? C’est dans les belles campagnes de Chanteloup que se trouvent l’esprit, la raison et le génie ; ainsi je me tais et je m’endors sur mon fumier en me recommandant au néant.

 

                            En attendant, je supplie madame Barmécide de me conserver se bontés qui font ma consolation pour le moment qui me reste à vivre, et d’agréer mon profond respect.

 

 

                            Le vieil ermite

                            13 mars 1771. »

 

 

 

 

 

Et pour revenir sur des choses plus actuelles qui me tiennent à coeur : http://www.rhonealpes.dondusang.net/donami/sang.php

Qui n'a pas donné va donner, qui a donné ..."les cœurs généreux sont toujours en paix." Toujours valable !!!

 

12/03/2009

je ne sais quand nous pourrons manger du jésuite

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Merci, Mme Boutin ! Vous êtes à l'origine d'une nouvelle qui me sied (c'est quand même beau la langue française !). On a ri de vos pleurs, on a jasé sur vos fleurs, aujourd'hui on doit se réjouir que la loi sur les expropriations laisse une issue moins désastreuse à "l'éjection" -parfois musclée- de locataires en difficulté. Si j'ai bien compris, seuls les relogeables pourront être délogés ; on ne viendra pas grossir les rangs des SDF qui sont déjà assez fournis. Ouf ! Encore merci Madame.

 

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

 

 

                            Mon cher correspondant est supplié de vouloir bien affranchir cette lettre pour mon avocat au Conseil, lequel plaide contre un curé [Philippe Ancian, curé de Moëns qui  fait mourir de faim les « pauvres »de Ferney], et lequel perdra probablement son procès ; je n’ai point de nouvelles de Lisbonne [attentat contre le roi du Portugal le 4 septembre 1758 où l’on avait soupçonné une responsabilité des jésuites ], et je ne sais quand nous pourrons manger du jésuite ; l’abbé Pernetti soutient toujours que j’ai fait voyager le philosophe Pangloss et Candide [ V* attribuera la paternité de Candide à son « frère M. Demad » dans une lettre au Journal Encyclopédique, après l’avoir attribué au chevalier de Mouhy, dans une lettre à S. Dupont], mais comme il trouve cet ouvrage très contraire aux décisions de la Sorbonne et aux décrétales je soutiens que je n’y ai aucune part ; et s’il le faut je l’écrirai au révérend père Malagrada [Gabriel Malagrida, jésuite impliqué dans l’attentat cité, il sera relaché puis brûlé en 1761] ; je fais toujours bâtir un château plus beau que celui de M. le baron de Thunder-ten-trunckh . Il me ruine, mais j’espère que les Bulgares n’y viendront point ; j’embrasse mon très cher correspondant de tout mon cœur.

 

                            V.

                            12 mars 1759, aux Délices. »

 

 

 

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Contrairement à Volti, autres temps, autres moeurs, nous espérons que les bulgares et bien d'autres viendront le visiter (le château, pas Volti, bandes de mal-embouchés! ) à partir du 8 mai. Petit appel à candidatures spontanées pour places de guides de visites commentées cette saison ; qu'on se le dise : ref : ferney-voltaire@monuments-nationaux.fr  La photo ci-jointe n'est pas contractuelle , isn'it !!

11/03/2009

Dans l’état déplorable où je suis

 "Dans l'état déplorable où je suis" : moi aussi, je pourrais le dire si je n'étais pas un Jacques le fataliste doublé d'un Candide. Comment donc concilier la rentabilité d'un monument historique national -le château de Voltaire, pour ne rien cacher- avec une politique de restriction des heures d'ouverture ? Hein ? Comment ?! J'espère que ce n'est qu'une possibilité à forte improbabilité, sinon, continuons à faire des lois, à grand renfort de commissions d'experts bien payées, pour par exemple , limiter le "piratage" via internet. Je vous le donne en mille,- non en cent , non pour rien,- qui sont les plaignants ? d'abord les compagnies de production, pour autant que je sache, et les artistes en second plan. J'ose dire et écrire que selon moi le "piratage" diminuerait notablement si les fameux CD (pour certains, en grand nombre, fumeux) étaient moins chers . Qui se gave le plus dans leur production ?

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Les "pirates" dûment pendus par leurs raccordements au Net (enfin, ceux qui n'ont pas la WiFi) deviendront-ils de fidèles acheteurs de CD-DVD ? Les dollars vont-ils affluer vers ceux qui réclament ? Je n'y crois pas . En tout cas, pour l'instant je plaide non-coupable (facile : la bécane dont je dispose ne me permet pas le téléchargement !), et quand bien même je reviendrais à la bonne vieille technique que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître : enregistrer sur cassette audio via la radio, et puis transfert sur le support désiré . Un peu long, un gros peu d'attention, de bons réflexes -appuyer sur le bon bouton au bon moment-, mais non répréhensible j'ose encore espérer . A moins que le flicage forcené n'amène un espion dans chaque foyer, plus un flic pour surveiller l'espion, etc., etc. Est-ce vraiment le bon moyen pour diminuer le chomage ? Pour les payer ne devra-t-on pas augmenter les taxes sur l'audio-visuel ? Ce qui entrainera automatiquement une baisse de consommation , et puis ... J'arrête mon délire, un chien qui court après sa queue , ça ne m'amuse qu'un temps. Je suppose que vous connaissez le nom du chien et l'adresse de son maître . Pour une fois , je le ferais piquer (le chien ou le maître, c'est vous qui choisissez ! ).

 "Je porterai jusqu’au tombeau le tendre triste souvenir de toutes vos bontés bétises passées, mon respectueux attachement mon irrespectueuse indépendance, mon admiration humour, et ma profonde douleur." Excuse me, Volti !!

 

 

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

 

 

                                   Sire,

 

                                    Dans l’état déplorable où je suis, il ne me reste qu’à obtenir de Vôtre Majesté la triste grâce de partir, et d’aller chercher aux bains de Plombières une guérison dont je me flatte peu, ou la mort qui mettra fin à mon étrange et douloureuse situation. Ma famille [=Mme Denis] que j’avais abandonnée, ainsi que tout le reste, pour vous consacrer une vie devenue si malheureuse, va m’attendre à Plombières ; et elle espère que Votre Majesté daignera  accorder à elle et à moi la consolation que nous vous demandons.

 

                                   Si par un bonheur inespéré je pouvais recouvrer un peu de santé, et si par bonheur plus grand Votre Majesté voulait jamais m’avoir avant ma mort pour témoin de ses nouveaux progrès dans les arts qui ont fait jusqu’ici ses nobles amusements, je me trainerais encore auprès d’Elle.

 

                                   Si Votre Majesté veut permettre que je me jette à ses pieds à Potsdam avant mon départ, et que je lui renouvelle les sentiments d’un cœur qui sera toujours à Elle, ce sera le dernier moment agréable que j’aurai eu en ma vie.

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                                    A l’égard de la clef et de la croix [clé de chambellan et croix du mérite] dont Votre Majesté m’a honoré, vous savez, Sire, que je ne suis qu’un homme de lettres. Ces décorations étrangères à mon état ne me sont chères que par la main qui me les a données. Je les conserverai avec la plus tendre reconnaissance si vous me les conservez, et je vous les rendrai avec la résignation la plus soumise si vous les reprenez.Medaille_pour_le_Merite prussien.jpg

 

                                   Pour les dix mois de la pension de trois mille écus, que vous aviez, Sire, la générosité de me faire, il n’est pas juste que je la touche, vous ayant été inutile depuis longtemps. La moindre marque de vos bontés à mon départ me tiendrait lieu des plus grandes récompenses ; mais soyez sûr que rien ne me tiendra jamais lieu de vous. J’ai perdu ma patrie, ma santé, mes emplois [historiographe ], une partie de ma fortune. J’ai tout sacrifié pour vous. Mais j’ai été comblé près de trois ans de vos bienfaits .Je vous ai vu, je vous ai entendu. Je porterai jusqu’au tombeau le tendre souvenir de toutes vos bontés passées, mon respectueux attachement, mon admiration, et ma profonde douleur.[Fredéric II répondra le 16 : « Vous pouvez quitter mon service quand vous voudrez ; mais avant de partir, faites moi remettre le contrat de votre engagement, la clef, la croix , et le volume de poésies que je vous ai confié » . V* quitte Potsdam le 26 mars et arrive à Leipzig le 27. ]

 

 

                                   Voltaire

                                   A Berlin au Belvédère 11 mars 1753. »

 

 

 

09/03/2009

Ce n’est pas le moyen de plaire au peuple

« A Anne-Louise-Bénédicte de Bourbon-Condé, duchesse du Maine

 

 

                                   Ma protectrice,

 

                                   En arrivant de Versailles, et non pas de la cour [il n’habitait pas, cette fois, le château et passait une grande partie de son temps à travailler dans sa chambre], j’ai appris que V.A.S. voulait me donner de nouveaux ordres, et de nouveaux conseils lundi [pour la représentation qui doit avoir lieu chez elle]. Elle est la maîtresse de tous les jours de ma vie, et j’ai assurément pour elle autant de respect que La Motte [Houdar de La Motte, mort en 1731, qui avait participé aux fêtes littéraires à la cour de Sceaux]. J’attendrai demain les Pégases qui doivent me mener au seul Parnasse que je connaisse, et aux pieds de ma protectrice.

 

                                   A Paris ce dimanche [vers mars 1750]

 

                                   Si Votre Altesse Sérénissime le permet, je coucherai à Sceaux. »

 

 

 

 

 

 

 

« A Jean Vasserot de Châteauvieux

 

 

             Voici le fait.

             Le nommé Bourgeois, engagé à Lausanne pour jardinier sous la convention expresse que je le renverrais si je n’étais pas content de lui, convention dont je peux faire serment, a été non seulement surpris par Mlle Mathon [Marie-Thérèse,femme de chambre de Mme Denis] vendant les légumes de mon jardin, mais a causé mille scandales dans ma maison, n’a jamais travaillé, et a bu le vin de Bourgogne qu’on a volé à M. le professeur Pictet. On l’a chassé. Il mérite punition, et c’est une très mauvaise politique à MM. les magistrats de Genève de souffrir que les domestiques leur fassent la loi. Ce n’est pas le moyen de plaire au peuple ; mais d’être écrasé par le peuple. Cette ville est peut-être la seule au monde où les domestiques soient les maîtres. Si le nommé Bourgeois s’était conduit ainsi à Tournay ou à Ferney, je l’aurais fait mettre au cachot. Je déteste le despotisme, mais il faut subordination et justice. Voila mon code.

 

             Maintenant, je vous supplie mon cher Monsieur, de vouloir bien me dire comment il faut [   ] un jardinier [   ][manques dus au manuscrit endommagé] qui est huit jours sans travailler. Peut-on alors présenter requête contre lui ? et demander permission de le renvoyer poliment ?

        

             Au reste, Monsieur, mademoiselle Mathon non seulement a pris le jardinier en question en flagrant délit de vol domestique, mais Mlle Genou, étrangère, y était présente. Elle est à Paris. Nous ferons venir sa déposition par-devant notaire.

 

             Il est d’une extrême conséquence, dans une grosse maison, de n’être pas l’esclave de ceux qui sont à nos gages.

 

             J’attends vos ordres et vos avis submisse.

 

                                  

                                   A l’égard de Chouet [fils de syndic, devenu fermier chez De Brosses et chassé par Voltaire à Tournay ; « dans quel état noble ivrogne Chouet a mis votre terre » écrivit-il a De Brosses] il a le vin fripon.

 

 

                                   Voltaire

                                   Mars 1759. »

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