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14/03/2012

Vous serez assurément, monsieur, le très-bien venu, le très- bien reçu, et le très-mal logé

 Très tonique "Bienvenue à bord" de Soldat Louis :  http://www.youtube.com/watch?v=4BCBYwMikvY 

 

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Très lamentable constat : http://ministeredelacrise.blogs.liberation.fr/logement/20...

 

 

 

« A M. Gabriel SENAC DE MEILHAN 1

au PARC ROYAL, A LYON.

Aux Délices, route de Lyon,

à Genève, 12 août [1755]

Vous serez assurément, monsieur, le très-bien venu, le très- bien reçu, et le très-mal logé dans mon petit ermitage. Je ferai mon possible pour loger aussi l'officier qui veut avoir aussi la bonté de venir 2. Je serai charmé de voir le digne fils d'un homme que j'estime depuis si longtemps, et de pouvoir vous marquer, monsieur, tous les sentiments que vous m'avez inspirés. Je suis bien malade et bien faible, mais j'oublierai tous mes maux avec vous.
Votre très-humble et obéissant serviteur,

Le Suisse V. »

 

1 Fils du premier médecin du roi : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gabriel_S%C3%A9nac_de_Meilhan

Et voir : Les Autographes en France et à l'étranger, par M. de Lescure; Paris, 1865, page 336. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109194k/f347.image

2 Comme avait fait Guyot de Merville dans les premiers jours de mai précédent.

 

13/03/2012

Voilà pourtant ce qu'on ose m'attribuer

... dit l'ex-président/candidat ! Et il fallut alors sur TF1 voir sa mine de faux jeton et son rappel hautain et méprisant envers l'outrecuidante journaliste .

A quel propos ? 

http://www.melty.fr/nicolas-sarkozy-clash-avec-laurence-f...

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/sarkozy-finance-par-kadhafi-en-2007-mediapart-insiste_1092481.html

Qu'en est-il vraiment ?

Je n'en sais rien, mais le mensonge est tellement rituel dans ces grosses foires d'empoigne que sont les élections présidentielles, qu'il se pourrait que N. S. ( Nos Sous ) soit mouillé à l'insu de son plein gré  ? Non ?

La soif de pouvoir fait oublier souvent de quelle main vient l'eau du verre . Qu'importe le flacon , pourvu que ...

D'autre part, sa "franchise" a permis d'avoir un florilège de lieux communs et enfonçages de portes-ouvertes ; remarquable (et lamentable) exercice de représentant de commerce avec, entre autres trucs,  cette exécrable et imbécile répétition du prénom de l'interlocuteur.

Coin coin coin coin ! Cause toujours , tu m'intéresses !

coin coin canard-barbarie-blanc.jpeg

 

J'arrête ici, sinon je sens que je vais devenir grossier .

 

 

 

« A M. Jean-Robert TRONCHIN, de LYON 1

8 août 1755.

Les La Beaumelle et autres ont eu la barbarie de me poursuivre jusqu'au pied des Alpes. Ils ont fait courir partout un manuscrit digne de la plus vile canaille, sous le nom de la Pucelle d'Orléans. Voici ce qu'on y trouve. C'est de Charles VII, roi de France, dont il s'agit. Le laquais qui a composé ces vers n'est pas obligé de savoir que Charles VII n'est point de la branche des Bourbons.

Charle amoureux d'une gueuse fanée

Dort en Bourbon la grasse matinée.

Et saint Louis, le saint et bon apôtre,

A ses Bourbons en pardonne bien d'autre.

Les Richelieu l'ont nommé m...


Voilà pourtant ce qu'on ose m'attribuer. Un nommé Grasset, qui est d'ailleurs un voleur public, est venu me proposer de me vendre ce beau manuscrit cinquante louis d'or. Je l'ai sur-le-champ déféré à la justice, lui et son manuscrit. Il a été flétri et banni. On dit qu'il s'est retiré à Lyon, et qu'il va passer à Trévoux.
Je vous supplie, monsieur, de faire lire cet écrit ou la substance à monseigneur le cardinal de Tencin et à M. de Rochebaron, s'il est possible, afin de prévenir de grandes calomnies et de grands malheurs. Pardonnez au trouble où ma douleur me plonge. Quelque absurde, quelque impertinente que soit la calomnie, elle est toujours très à craindre. M. l'abbé Pernetti m'a mandé que ces horreurs couraient dans Lyon. Il me mande aussi qu'il est constant que le roi demandera mon éloignement de Genève. Je crois le roi trop juste pour m'imputer des vers que les laquais de Paris rougiraient d'avoir faits. Je crois le cardinal de Tencin trop juste pour m'en accuser, pour persécuter un innocent dont il n'a pas assurément à se plaindre. »

 

Le dessein de m'escamoter est le moindre de ses crimes

... se disait in petto une certaine Marine Le P* en évoquant le grand chef de l'UMP, N. S* ( Notre Sauveur autoproclamé ), qui se serait trouvé bien de ne l'avoir plus dans les pattes ( qu'il a fort petites au demeurant ) !

 Retrouvons le sourire avec Dany le Marron (mélange de rouge et de vert) :

http://sarkozynews.canalblog.com/archives/2010/04/18/17617922.htmlcohn bendit pronostics.jpg

A sa décharge, c'était en avril 2010 ! Quel visionnaire !! 

 

 

 

 

« A M. POLIER de BOTTENS

Aux Délices, 8 août [1755]

Vous verrez, mon cher monsieur, quel homme est ce Grasset par la copie 1 ci-jointe. Le dessein de m'escamoter est le moindre de ses crimes; mais quiconque a inséré, dans le manuscrit qu'il voulait me vendre, les morceaux aussi plats qu'abominables dont je me suis plaint, est cent fois plus criminel que lui. Bousquet se plaint qu'on a mis en prison son associé; qu'il juge à quel associé il a affaire . Il l'envoie à Marseille . Dieu veuille que ceux qui s'intéressent au commerce de Bousquet n'aient pas à s'en repentir!
Voilà un tissu d'horreurs qui me ferait croire que J.-J. Rousseau a raison. Si les belles-lettres ne corrompent pas les mœurs, elles n'ont pas, au moins, rectifié celles des misérables qui ont voulu me perdre par de si infâmes imputations. On dit que La Beaumelle, et un nommé Tinois, ont fabriqué toutes les plates indignités qui sont dans l'ouvrage que vous avez vu. Faut-il que je sois la victime de ces canailles! Quand pourrai-je avoir le bonheur de vous voir? »

1 C'était sans doute quelque certificat, relatif à Grasset.

comment les hommes peuvent être si méchants

Par exemple : http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/03/13/robert-badinter-denonce-le-permis-de-tuer-de-moscou-et-pekin-en-syrie_1667079_3218.html#xtor=AL-32280308 

 

 

la-colombe-de-la-paix.jpg

 

« A M. de BRENLES.

Aux Délices, 5 août [1755]

Mais dites-moi donc, mon cher philosophe, comment les hommes peuvent être si méchants, comment on a pu faire un tissu de tant de bêtises et de tant d'horreurs, et comment Maubert a pu s'unir avec Grasset pour un aussi affreux scandale. Dès que Grasset vint me montrer l'échantillon de la pièce, tous mes amis me conseillèrent de déférer cette plate infamie à la justice. Grasset ne s'est tiré d'affaire qu'en disant qu'il tenait la feuille de Maubert, et Maubert a répondu qu'il la tenait de Lausanne. Si tout le reste est comme ce que j'ai vu, c'est l'ouvrage d'un laquais. J'ai rempli mon devoir en me plaignant juridiquement; mais je ne goûte de consolations qu'en déposant mes plaintes dans le sein de votre amitié. Je vous embrasse de tout mon cœur. Quand pourrai-je vous voir à Monrion?  

V. »

 

12/03/2012

il y jouit d'un loisir qui serait encore plus philosophique s'il était moins homme d'État

 

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Il y a un après ... campagne présidentielle .

Beaucoup vont connaître un grand moment de solitude .

Marche et rêve !

 

 

 

« DE M. DARGET 1

6 septembre 1755.

J'ai malheureusement une trop bonne excuse, mon ancien ami, de n'avoir pas encore répondu à la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 5 du mois dernier. J'ai toujours été malade, et pendant plus de quinze jours assez considérablement d'un mal de gorge. Je n'ai pu ni m'occuper ni sortir, et cela est vrai au point que je ne verrai que demain pour la première fois votre belle tragédie de l'Orphelin de la Chine. Je vous fais bien sincèrement mon compliment sur ces nouveaux lauriers, et je vous prie d'être persuadé que personne n'en voit orner votre front avec plus de plaisir que moi.
Je n'ai rien vu des manuscrits tronqués qui courent presque publiquement de votre poème de la Pucelle, vous savez que je connais la bonne édition 2, et je verrai bientôt les endroits où l'on a voulu si méchamment introduire des choses qui ne sont pas de vous. Et qui pourrait s'y tromper, mon cher ami ? il n'appartient qu'à vous seul de retoucher vos ouvrages. Il faut bien prendre votre parti sur la publication de ce poème , tous vos amis craignent à Paris qu'il ne soit bientôt imprimé, surtout en Hollande ou en Angleterre; et j'en tremble avec eux, je suis même surpris que cet événement-là ne soit pas arrivé plus tôt; il est très-certain que du Puget, ce Provençal attaché très-peu de temps à la maison du prince Henri, en avait une copie fournie par l'infidélité de Tinois. Il l'avait emportée dans le temps qu'il disparut de Berlin; et peut-être les espérances qu'il avait fondées sur le profit de ce manuscrit entrèrent-elles dans le projet de sa retraite. J'ai su depuis qu'il avait passé en Russie, où il a rentré dans l'obscurité. C'est peut-être à cette copie que vous devez la filiation de toutes celles qui se sont répandues depuis. Grasset, qui vous porte à vous-même votre ouvrage, mais gâté et falsifié, et qui veut vous le vendre cinquante louis, est quelque chose de tout à fait singulier, et qui a dû vous faire rire vous-même. Enfin vous savez à qui vous en prendre de tout cela , vous ne soupçonnerez plus vos admirateurs et vos amis; vous en avez envoyé des copies ici, qui pourront servir de pièces de comparaison. M. Thieriot en a une que je dois entendre ces jours-ci. Les honnêtes gens ne se tromperont pas aux différences et s'il y a des choses que l'on trouve que vous deviez changer, vous le ferez avec cette supériorité qui rend toujours les éditions faites sous vos yeux préférables aux autres.
M. Duverney a été enchanté, monsieur, de recevoir des témoignages de votre souvenir. Sa santé est assez bonne. Il ne passe plus que les étés seulement à Plaisance, et il y jouit d'un loisir qui serait encore plus philosophique s'il était moins homme d'État. Il vous enverra volontiers des ognons de tulipe, marquez-moi la manière de vous les faire parvenir; il ne faut pas qu'il manque rien à un lieu dont vous faites vos délices.
Vous m'avez promis anciennement, et dans les moments heureux de ma liaison avec vous, que vous me procureriez mes entrées à la Comédie française par la présentation d'une de vos tragédies. Je vous rappelle cet engagement, et j'en prends acte pour la première que vous enverrez; vous savez que je sais les lire.
M. de Croismare vous fait mille compliments, il est du comité secret de vos amis à Paris, et mérite assurément à tous égards d'y tenir sa place. Ma mauvaise santé salue vos incommodités; elle s'y intéresse, elle vous plaint. Je vous embrasse de tout mon cœur, et je vous renouvelle toujours avec un nouveau plaisir, mon cher ami, les aveux de mon attachement bien tendre et bien sincère. »

Il faut savoir jouir et savoir se passer; j'ai tâté de l'un et de l'autre

 

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Où donc a-t-on tâté  le plus?

 

 

« A M. DARGET 1

Le 5 août 1755.

Je vous dois, mon ancien ami, un compte exact de ce qui s'est passé en dernier lieu au sujet de ce poème de la Pucelle d'Orléans, dont on pourra dire comme de celle de Chapelain

Depuis trente ans on parle d'elle,
Et bientôt on n'en dira rien.


C'est peu qu'on ait déshonoré la littérature jusqu'à imprimer le Siècle de Louis XIV avec des notes aussi absurdes que calomnieuses, et qu'on se soit avisé de faire un libelle scandaleux d'un ouvrage approuvé de tous les honnêtes gens de l'Europe; c'est peu qu'on ait donné sous mon nom une prétendue Histoire universelle, dont il n'y avait pas dix chapitres qui fussent de moi, et dont l'ignorance a rempli tous les vides, les mêmes gens qui me persécutent depuis si longtemps ont mis le comble à ces malversations inouïes jusqu'à nos jours parmi les gens de lettres. Ils ont déterré quelques fragments de cet ancien poème de la Pucelle d'Orléans, qui était assurément un badinage très-innocent; quand ils ont su que j'étais en France, ils ont ajouté à cet ouvrage des vers aussi plats qu'offensants contre les amis que j'ai en France 2, et contre les personnes 3 et les choses les plus respectables. Quand on a vu que j'avais choisi un petit asile auprès de Genève, où ma mauvaise santé m'a forcé de chercher des secours auprès d'un des plus célèbres médecins de l'Europe, il ont glissé au plus vite dans l'ouvrage des vers contre Calvin4, ils vivent du fruit de leurs manœuvres, ils vendent chèrement leurs manuscrits ridicules aux dupes qui les achètent, et se font ainsi un revenu fondé sur la calomnie. En vérité, mon cher ami, si ces malheureux pouvaient être appelés des gens de lettres, je serais presque de l'avis de ce citoyen de Genève 5 qui a soutenu avec tant d'esprit que les belles-lettres ont servi à corrompre les mœurs. On a député dans le pays où je suis un homme qui se mêle de vendre des livres, il se nomme Grasset; il vint dans ma maison le 26 juillet, et me proposa de me vendre cinquante louis d'or un de ces manuscrits; il m'en fit voir un échantillon, c'était une page remplie de tout ce que la sottise et l'impudence peuvent rassembler de plus méprisable et de plus atroce; voilà ce que cet homme vendait sous mon nom, et ce qu'il voulait me vendre à moi-même. Il me dit, en présence de plusieurs personnes, que le manuscrit venait d'un Allemand qui l'avait vendu cent ducats, ensuite il dit qu'il venait d'un ancien secrétaire de monseigneur le prince Henri il entend sans doute le secrétaire à qui votre beau-frère a succédé, et qui était avec cet autre fripon de Tinois, mais ni le roi de Prusse, ni le prince Henri, n'ont jamais eu entre leurs mains des choses si indignes d'eux. Il nomma plusieurs personnes, il assura que La Beaumelle en avait un exemplaire à Amsterdam , je pris le parti de porter sur-le-champ au résident de France la feuille scandaleuse que cet homme m'avait apportée écrite de sa main. On mit Grasset en prison; il dit alors qu'il la tenait d'un nommé Maubert, ci-devant capucin, auteur de je ne sais quel Testament politique du cardinal Albéroni 6, dans lequel le ministère de France et M. le maréchal de Belle-Isle sont calomniés avec cette impudence qu'on punissait autrefois et qu'on méprise aujourd'hui; enfin on a banni de Genève le nommé Grasset. On a interrogé le sieur Maubert, et on lui a signifié que, si l'ouvrage paraissait, on s'en prendrait à lui. Voilà tout ce que j'ai pu faire, dans un pays où la justice n'est pas rigoureuse, j'attends de votre amitié que vous voudrez bien m'instruire de ce que vous pourrez apprendre sur cette misère. Si vous voyez M. de Croismare et M. Duverney, je vous prie de leur faire mes très-humbles compliments; mes Délices me font souvenir de Plaisance 7. Je n'ose demander des ognons de tulipe à M. Duverney, c'est la seule chose qui me manque dans ma retraite trop belle pour un philosophe. Il faut savoir jouir et savoir se passer; j'ai tâté de l'un et de l'autre. Je vous souhaite fortune, agréments; et j'aurais voulu que ma maison eût été sur le chemin de Vesel.
P. S. Pourrez-vous avoir la bonté de me dire le nom de ce Provençal 8 qui était ci-devant secrétaire du prince Henri? Je vous embrasse. Je suis bien malade. »

5 Jean-Jacques Rousseau.

7 Château de Pâris-Duverney, près de Nogent-sur-Marne.

8 Il s'appelait du Puget; voyez lettre de Darget du 6 septembre .
 

 

11/03/2012

mon pauvre Orphelin. Je vous conjure qu'on le joue tel que je l'ai fait.

 

 

 

 

« A M. le comte d'ARGENTAL.

4 août [1755]

Mon cher ange, je voudrais encore vernir mes magots 1; mais tout ce qui arrive à Jeanne 2 gâte mes pinceaux chinois. C'est ma destinée que la calomnie me poursuive au bout du monde. Elle vient me tourmenter au pied des Alpes. Vous ai-je mandé que ce coquin de Grasset était venu dans ce pays-ci, chargé de cet impertinent ouvrage, avec des vers contre la France, contre la maison régnante, contre M. de Richelieu ?3 Ceux qui l'ont envoyé, sachant que j'étais auprès de Genève, n'ont pas manqué de faire paraître Calvin dans cette rapsodie, cela fait un bel effet, du temps de Charles VII. Il est très-certain que ce Chévrier, qui avait annoncé l'ouvrage dans les feuilles de Fréron, y a travaillé et il est très- probable que Grasset s'entend toujours avec Corbi.
Vous voyez combien il est nécessaire que les cinq magots soient joués vite et bien, mais comment Sarrasin peut-il se charger de Zamti ? est-ce là le rôle d'un vieillard ? On n'entendra pas Lekain. Sarrasin joue en capucin. Serai-je la victime de l'orgueil de Grandval, qui ne veut pas s'abaisser à jouer Zamti ? Mon divin ange, je m'en remets à vous mais, si mes magots tombent, je suis enterré.
Je vois enfin que vous avez perdu ces malheureux soupçons que vous aviez de moi sur un pucelage 4; Dieu soit béni , Thieriot-Trompette me mande qu'il y avait, dans le seul premier chant qui court à Paris, cent vingt-quatre vers falsifiés. Tout ce qu'on m'en a envoyé est de la plus grande platitude. Gare que ces sottes horreurs ne paraissent sous mon nom. Ce manant de Fréron en fera un bel extrait.
Je vous demande en grâce, au moins, qu'on ne falsifie pas mon pauvre Orphelin. Je vous conjure qu'on le joue tel que je l'ai fait. Nous venons d'en faire une répétition. Un Tronchin,5 conseiller d'État de Genève, auteur d'une certaine Marie Stuart, a joué, ou plutôt lu, sur notre petit théâtre, le rôle de Gengis passablement, il a fort bien dit : Vos vertus 6; et tout le monde a conclu que c'était un solécisme épouvantable de dire quelque chose après ce mot. Ce serait tout gâter; la seule idée m'en fait frémir. La scène du poignard a bien réussi , des cœurs durs ont été attendris.
Je vous embrasse; je me recommande à vos bontés. »

1 La pièce L'Orphelin de la Chine .

2 La Pucelle d'Orléans dont circulent des versions scabreuses.

4 Allusion au chant de l'âne. Voyez les variantes du chant XXI : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-orleans-chant-vingt-et-unieme-86642161.html

5 François Tronchin, qui travaillait alors à une tragédie dont Nicéphore III (ou Botoniate) était le principal personnage. Marie Stuart avait été imprimée à Paris en 1735. (CL.)

6 Derniers mots de l'Orphelin de la Chine.