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11/10/2012

si ce n'est pas jeudi qu'on prêche, ce sera assurément cette semaine

... Et j'ai intérêt à me dépécher, car avec la semaine de trente cinq heures, il ne me reste que peu de temps pour vous apporter la bonne parole .

Allez ! j'appelle un copain à l'aide, il est un peu fâché avec les liaisons (mal-t-à-propos), mais par contre il apprécie le wihsky, ce qui peu compenser , à mes yeux en tout cas .

http://www.jukebo.fr/eddy-mitchell/clip,pas-de-boogie-woogie,vlmsz.html

 

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 Ceci est un boogie woogie et non une partie carrée, bande de malotrus !

 

 

« A M. Jacques-Abram-Elie-Daniel de BRENLES.

Ce dimanche [6 mars 1757].

On prétend que monsieur votre beau-frère 1, le prêtre, voudrait voir une pièce tirée du Nouveau Testament. Nous prêchons peut-être l'Enfant prodigue jeudi, après quoi on a pour le dessert un opéra-buffa 2. Prenez vos mesures là-dessus, mon cher philosophe si ce n'est pas jeudi qu'on prêche, ce sera assurément cette semaine. Bonsoir je vous serai attaché, à vous et à la philosophe votre compagne, toutes les semaines de ma vie.

V. »

1 La femme de Clavel , Étiennette Chavannes avait trois frères pasteurs : Emmanuel-Louis (1715-1800), Alexandre-César (1731-1800), François (1727-1803)

 

le vent du nord, mon respect pour les housards, et les beaux secours qu'un voyageur trouve en Pologne, ont détruit ma chimère

... Brrrr !! Le vent du Ch'nord !

http://www.deezer.com/track/2297048 

... Re Brrr !! avec un housard de hasard :

http://www.deezer.com/track/14443736

...Au secours !! vive la fuite ! avec le plombier polonais, and Co ! http://www.challenges.fr/economie/20121011.CHA1911/l-education-nationale-va-t-elle-recruter-des-professeurs-roumains-dans-les-colleges-et-lycees.html

 

vent du ch nord1140.JPG

 

 

« A Madame Sophie-Frédérique-Wilhelmine de Prusse, margravine de Baireuth

A Monrion, 5 mars 1757.

Madame, que Votre Altesse royale daigne me conserver ses bontés; que Dieu la préserve des Russes, et moi chétif des glaces de Pétersbourg! J'ai été tenté, un jour qu'il faisait un beau soleil, d'aller voir, l'été prochain, cette capitale d'un empire nouveau dont on veut que j'écrive l'histoire. Je me disais: J'irai à Baireuth me mettre aux pieds de ma protectrice, j'aurai des passe-ports du roi son frère, que je devrai à la protection de sa bienfaisante sœur. Mais le vent du nord, mon respect pour les housards, et les beaux secours qu'un voyageur trouve en Pologne, ont détruit ma chimère, et je me suis réduit à jouer le bonhomme Lusignan dans Zaïre, devant une grave assemblée suisse. Notre troupe, en vérité, n'aurait pas été indigne de paraître devant Votre Altesse royale.
Il y a, madame, une fille d'esprit à Genève, qui chante à peu près comme MIle Astrua 1, et qui est surtout inimitable dans les opéras-buffa. Ce n'est pas qu'on joue des opéras à Genève on n'y chante que des psaumes. J'ai vu autrefois Votre Altesse royale dans le goût de s'attacher une personne d'esprit et à talents. Cette demoiselle, très-bien née, serait plus faite pour la cour de Baireuth que pour Genève. Mais il ne faut pas parler d'amusements quand tout se prépare pour une guerre si sérieuse. La cour de Versailles vient de créer huit maréchaux de France, et cinquante mille hommes défilent actuellement pour la Flandre. Du moins les maréchaux des logis sont déjà partis. Le roi votre frère sera à portée de faire de plus grandes choses qu'il n'en a fait encore. De là il retournera à la philosophie, pour laquelle il est né aussi bien que pour l'héroïsme, et il se souviendra d'un homme qui avait quitté pour lui sa patrie. Il ne sait pas combien j'étais attaché à sa personne. Votre chambellan 2, madame, qui revient d'Italie, sait qu'on peut vivre heureux dans ma petite retraite auprès de Genève, appelée les Délices; mais il sait aussi qu'un homme qui a fait sa cour à Votre Altesse royale ne peut vivre heureux ailleurs. Qu'elle me permette de faire mille vœux pour sa santé la nature lui a donné tout le reste. Mais à quoi servent la beauté, la grandeur, l'esprit et les grâces, quand le corps souffre ?
Que Son Altesse royale et monseigneur agréent le profond respect et les ferventes prières de
Frère Voltaire.3 »

1 Jeanne Astrua ou Astroa, née à Turin en 1725, cantatrice dont parle Collini dans Mon Séjour chez Voltaire ; elle mourra en 1758 . V* parle d'elle dans sa lettre du 22 août 1750 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/22/l...

et du 26 décembre 1750 : page 217 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113533/f220.image....

et fin 1751 au comte Algarotti : page 326 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113533/f329.image....

2 Le marquis Alexandre d'Adhémar de Monteil de Brunier , ami de Voltaire, chambellan à partir de 1752 de la margravine de Bayreuth .

3 V* appelle la margravine « soeur Guillemette » .

 

10/10/2012

embarrassée peut-être entre le danger de prendre un parti et celui de n'en prendre aucun ?

... Telles semblent être la France, et bien d'autres nations, en ce moment . Comment s'engager, ou se dégager, de conflits plus ou moins lointains sans envenimer la situation  ? Toujours est-il qu'il ne faut pas prendre pour modèles la Russie, la Chine ou les USA, pour ne citer que les plus gros .

Idées brumeuses

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« A Madame Louise Dorothée Von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

A Monrion, près de Lausanne, 5 mars [1757].

Madame,

 

Quoi Votre Altesse sérénissime a la bonté de s'excuser de ne m'avoir pas honoré assez tôt d'une de ses lettres ! Elle sent de quel prix elles sont pour moi. Mais est-il possible qu'elle daigne être occupée de mon attachement pour elle, et du respectueux, du tendre intérêt que je prends à sa prospérité, tandis qu'elle se trouve au milieu des alarmes publiques et particulières, entourée d'armées, et embarrassée peut-être entre le danger de prendre un parti et celui de n'en prendre aucun? Sa sagesse et celle de monseigneur le duc me rassurent contre les craintes que m'inspire la situation violente de l'Allemagne il se peut même, madame, que vos États trouvent quelque avantage dans le besoin que les deux partis auront des denrées de votre territoire. Les princes sages et modérés gagnent quelquefois au malheur de leurs voisins.
Je n'ai point ici la lettre du roi de Prusse 1 elle est dans ma retraite, auprès de Genève. Je passe tous les hivers auprès de Lausanne, ne pouvant être assez heureux pour les passer à vos pieds, et ne pouvant quitter une nièce qui s'est sacrifiée pour moi, et qui a quelque raison de n'oser voyager en Allemagne 2. J'ai perdu, madame, le correspondant 3 qui me fournissait les nouvelles dont je faisais part à Votre Altesse sérénissime; il est parti avant l'armée que la France envoie en Allemagne.
Puisse cette armée contribuer à établir un nouveau traité de Westphalie, qui assure la paix et la liberté, le plus précieux de tous les biens . Mais qui peut savoir ce qui résultera de tous ces grands mouvements ? On prétend que le roi de Pologne a contre lui un violent parti dans la Pologne même, et que les Turcs pourraient bien empêcher les Russes de se mêler des affaires de l'Allemagne. Le comte d'Éstrées vient d'être fait maréchal de France, avec sept autres. Le scélérat Damiens n'est pas encore jugé. Les malheurs de la Saxe produisent des banqueroutes dans toute l'Europe j'en ai essuyé une violente, les petits souffrent des querelles des grands. Recevez, madame, mon profond respect, et pardonnez au papier. »

1 « Une lettre toute pleine de bontés » comme il écrivit à Cideville le 9 février 1757 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/09/30/l-histoire-ce-n-est-apres-tout-qu-un-ramas-de-tracasseries-q.html

2 Allusion aux « avanies de Francfort » lorsque V* et Mme Denis revenaient en France après le séjour prussien de V* .

3 Le comte d'Argenson tombé en disgrâce et retiré en province .

 

09/10/2012

Si on ne souhaite pas ma personne, je veux au moins qu'on souhaite mes ouvrages

... Dit  Dieu le père à Diderot, qui fit la sourde oreille et écrivit les misères et malheurs de La Religieuse .

... Dit Jésus, Dieu le fils à Voltaire qui botta en touche et écrivit le Traité sur la Tolérance et une prière qui vaut bien le Pater noster .

... Dit le Saint Esprit à James qui  alors remercia les deux humains précédents d'avoir eu l'esprit assez ouvert pour douter et le courage de s'engager pour la liberté et la fraternité .

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« A M. le comte d'ARGENTAL.
Conseiller du Parlement

rue de la Sourdière

à Paris

 
A Monrion près de Lausanne , 3 mars [1757].

Mon cher ange, on peut mal servir Mlle Clairon 1 sans la rater absolument. On peut être de communi martyrum, sans être de frigidis et maleficiatis 2. Ce sera à peu près le rôle que je jouerai avec elle. Je lui donnerai, quand vous voudrez, cette Zulime bien changée et sous un autre nom. Vous déciderez du temps le plus favorable quand vous serez quitte de la mauvaise tragédie de Robert-François Damiens, quand les querelles qui anéantissent le goût des arts seront apaisées, quand Paris respirera. Pour l'autre pièce, ce n'est pas une affaire prête il ne faut pas d'ailleurs être toujours ce Voltaire qui,
Volume sur volume incessamment desserre .3
Si on ne souhaite pas ma personne, je veux au moins qu'on souhaite mes ouvrages.
Béni soit Dieu qui vous donne la persévérance dans le goût des beaux-arts, et surtout du tripot de la comédie, tandis qu'on n'entend parler que des querelles des parlements et des prêtres, qu'on ne rend point la justice, que la secte des margouillistes fait de petits progrès, et qu'on assassine des rois ! Vous m'approuverez de passer mes hivers dans un petit pays où on ne vit que pour son plaisir, et où Zaïre a été mieux jouée, à tout prendre, qu'à Paris. J'ai fait couler des larmes de tous les yeux suisses. Mme Denis n'a pas les beaux yeux 4 de Gaussin, mais elle joue infiniment mieux qu'elle. On vient de trente lieues pour nous entendre. Nous mangeons des gelinottes, des coqs de bruyère, des truites de vingt livres; et, dès que les arbres auront remis leur livrée verte, nous allons à cet ermitage des Délices, qui mérite son nom.
Ne sommes-nous pas fort à plaindre? Oui, mon cher et respectable ami, nous le sommes, puisque nous vivons loin de vous.
J'ai une extrême curiosité de savoir si on envoie cent mille hommes en Allemagne 5; mais vous ne vous en souciez guère, et vous ne m'en direz rien. J'aimerais encore mieux que votre parlement se mit à rendre enfin la justice, et me fit payer de cinquante mille francs dont ce fat de Bernard 6, fils de Samuel Bernard, et fat de dix millions, m'a fait banqueroute en mourant.
Adieu, mon divin ange; jugez Damiens, et portez-vous bien. »

1 Allusion à la mésaventure de Ximenès, dont il est parlé , note 1 et 2 , page 533 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113533/f536.image....

2 Du commun des martyrs , …, impuissants et frappés de maléfice .

4 Marie-Louise Denis avait du strabisme.

5 On les envoya .

6 Voir lettre à Mme de Fontaine du 12 septembre 1754 et notes page 259 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411354g/f261.image

Si vous n'aviez été enchaîné, selon votre louable coutume, au char des jeunes et belles dames

 ...Au XVIIIè siècle ... Le pied menu et de beaux atours ,

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 ... Au XXIè ...

Thieriot, je t'ai reconnu !

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« A M. THIERIOT.

A Monrion, 3 mars [1757]

Je n'entends point parler de vous, mon ancien ami, depuis que vous lisez l'histoire des sottises humaines depuis Charlemagne. Je voudrais bien savoir aussi ce que c'est qu'un Portefeuille trouvé 1. On me met en pièces, on se divise mes vêtements, et on jette le sort sur ma robe.
Je voudrais que vous eussiez passé l'hiver avec moi à Lausanne. Si vous n'aviez été enchaîné, selon votre louable coutume, au char des jeunes et belles dames, vous auriez vu jouer Zaïre 2 en Suisse mieux qu'on ne la joue à Paris; vous auriez entendu la Serva padrona 3 sur un joli théâtre; vous y verriez des pièces nouvelles exécutées par des acteurs excellents; les étrangers accourir de trente lieues à la ronde, et mon pays romand, mes beaux rivages du lac Léman, devenus l'asile des arts, des plaisirs, et du goût; tandis qu'à Paris la secte des margouillistes 4 occupe les esprits, que le parlement et l'archevêque bataillent pour une place à l'hôpital et pour des billets de confession, qu'on ne rend point la justice, et qu'enfin on assassine un roi. Jouissez de tant de charmes et de tant de gloire, messieurs les Parisiens, et applaudissez encore au Catilina 5 de Crébillon. »

4 Terme employé dans sa lettre à J.-R. Tronchin du 19 février 1575 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/10/06/il-n-y-a-rien-dont-le-fanatisme-ne-soit-capable.html

5 Petit coup de griffe très voltairien .

Voir : http://www.mediterranees.net/histoire_romaine/catilina/crebillon/index.html

V* après avoir critiqué Crébillon ( à juste titre ) a fait jouer son Rome sauvée ou Catilina en 1756 : http://www.mediterranees.net/histoire_romaine/catilina/voltaire/avertissement.html

 

08/10/2012

Quel ouvrage plus digne de vous et quelle plume plus digne de ce héros, pour transmettre sa gloire à la postérité ?

 ... Un film documentaire, par exemple, pour toi petit Zorro Poutine !

http://www.rfi.fr/europe/20120217-russie-poutine-storytelling-russia-2012

 Attention ! méfiance, mafia .

 

le cas poutine 0630.JPG

 

 

« A Monsieur de Voltaire [de la part de Fedor Pavlovitch Veselovsky] 1

 Genève le 16 février 1757

 Monsieur,

Je n'ignore pas combien un éloge de la part d'un particulier, quelque juste qu'il soit, doit peu toucher un goût aussi délicat qu'est le vôtre, particulièrement après ceux dont toute l'Europe éclairée vous a comblé ; mais quand j'aurai l'honneur de vous apprendre qu'il n'y a point de pays où votre mérite , vos talents et votre rare génie soient mieux reconnus, plus honorés et admirés qu'en Russie, ma patrie, je me flatte que cette nouvelle connaissance ne vous sera pas indifférente . J'y ajouterai encore que parmi tous vos admirateurs, il est une personne de la cour des plus distinguées par ses vertus, ses lumières et son haut rang qui en est le plus pénétré : c'est monsieur le comte Jean de Schouvaloff, chambellan et lieutenant-général de Sa Majesté impériale . Ce seigneur, zélé pour l'honneur de sa patrie et pour la gloire de Pierre le Grand, est persuadé comme moi qu'on ne pourrait rendre un service plus signalé à la Russie qu'en vous engageant, monsieur, à écrire l'histoire du règne de ce grand monarque. Quel ouvrage plus digne de vous et quelle plume plus digne de ce héros, pour transmettre sa gloire à la postérité ?

Ce seigneur ne pouvant se flatter de vous attirer dans sa patrie pour mettre la main à un tel ouvrage, espère que dans votre retraite ici vous n'aurez aucune répugnance d'entreprendre cette histoire qui ne fera qu'ajouter un nouveau lustre à votre brillante réputation et qui vous sera d'autant plus facile à exécuter que ce seigneur pourra vous envoyer tous les mémoires et tous les matériaux nécessaires ; il y a d'ailleurs une collection de médailles en or des principaux évènements du règne de Pierre le Grand qui pourrait vous aider dans cet ouvrage et qu'il m'a chargé de vous offrir , monsieur, comme une marque d'amitié et d'estime qu'il a pour vous . En vous les faisant parvenir, il serait flatté que vous les agréassiez . Je ne saurais, monsieur, vous exprimer la satisfaction que je ressens de m’acquitter d'une commission aussi flatteuse pour moi ; rien ne peut l'égaler que l'espérance que j'ai de pouvoir réussir dans ma négociation ; vous voudrez bien me faire la faveur de me marquer votre intention, et celle d'agréer les assurances des sentiments de la plus haute estime avec lesquels , j'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant » etc.

 

je dirais que tout cela est d'une création nouvelle, et j'entrerais en matière par faire connaître le créateur de tous ces prodiges

... Et si j'ajoute que l'on parle ici de la Russie, vous devinez aisément que le crateur de prodiges ne peut être que Vlad (pour les intimes, s'il en reste ) Poutine pour le reste du monde dit civilisé . 

On peut le voir en belle compagnie, le pope étant le confident/confesseur/informateur du KGB de notre Tartufe moderne .

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 A tout prendre, la poutine canadienne n'a pas le même pouvoir de nuisance, même si certains me trouvent optimiste à ce sujet .

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« A M. Fedor Pavlovitch VESELOVSKY 1

A Monrion, février [1757].

Monsieur, j'ai reçu une lettre 2 que j'ai crue d'abord écrite à Versailles ou dans notre Académie, et c'est vous, monsieur, qui me faites l'honneur de me l'adresser. Vous me proposez ce que je désirais depuis trente ans; je ne pouvais mieux finir ma carrière qu'en consacrant mes derniers travaux et mes derniers jours à un tel ouvrage.
Je ferais le voyage de Pétersbourg si ma santé pouvait le permettre mais, dans l'état où je suis, je vois que je serai réduit à attendre dans ma retraite les matériaux que vous voulez bien me promettre.
Voici quel serait mon plan. Je commencerais par une description de l'état florissant où est aujourd'hui l'empire de Russie, de ce qui rend Pétersbourg recommandable aux étrangers, des changements faits à Moscou, des armées de l'empire, du commerce, des arts, et de tout ce qui a rendu le gouvernement respectable.
Ensuite je dirais que tout cela est d'une création nouvelle, et j'entrerais en matière par faire connaître le créateur de tous ces prodiges. Mon dessein serait de donner ensuite une idée précise de tout ce que l'empereur Pierre le Grand a fait depuis son avénement à l'empire, année par année.
Si M. le comte de Schouvalow a la bonté, monsieur, comme vous m'en flattez, de me faire parvenir des mémoires sur ces deux objets, c'est-à-dire sur l'état présent de l'empire et sur tout ce qu'a fait Pierre le Grand, avec une carte géographique de Pétersbourg, une de l'empire, l'histoire de la découverte du Kamtchatka, et enfin des renseignements sur tout ce qui peut contribuer à la gloire de votre pays, je ne perdrai pas un instant, et je regarderai ce travail comme la consolation et la gloire de ma vieillesse.
La suite des médailles est inutile; elles se trouvent dans plusieurs recueils, et la matière de ces médailles est d'un prix que je ne puis accepter. Je souhaiterais seulement que M. le comte de Schouvalow voulût bien m'assurer que Sa Majesté l'impératrice désire que ce monument soit élevé à la gloire de l'empereur son père, et qu'elle agrée mes soins.
Voilà, monsieur, quelles sont mes dispositions. Je me tiendrai très-honoré et très-heureux si elles s'accordent avec les vôtres j'attendrai vos ordres et ceux de M. le comte de Schouvalow, à qui vous me permettrez de présenter ici mes respects en recevant les miens.
J'ai l'honneur d'être, monsieur, avec tous les sentiments que je vous dois, etc. »

1 Cette lettre est une réponse à une lettre de Veselovsky de Genève du 16 février 1757 . Les deux frères Veselovsky, Fedor et Avram avaient été impliqués dans l'affaire du prince-héritier Alexis , fils de Pierre 1er . Avram s'était établi à Genève et Fédor avait retrouvé la faveur impériale .

On considèra aussi, au XIXè , par erreur, que le destinataire était Michel, comte de Bestucheff-Riumin, né vers 1686, ambassadeur de l'impératrice Elisabeth à Paris de 1756 à 1760, année où il mourut .