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25/03/2019

nous prenons donc à présent nos tragédies chez les Anglais . Quand prendrons-nous ce qu’ils ont de bon ?

... Mais la première question est de se demander s'il y a vraiment quelque chose de bon chez ces britanniques qui après avoir voté pour le Brexit, ne savent plus comment faire pour retarder l'échéance et pour bon nombre voudraient réintégrer l'Europe .

https://www.liberation.fr/planete/2019/03/24/may-ne-sait-...

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« A Etienne-Noël Damilaville

1er mars 1764

Mon cher frère, avez-vous reçu un petit mot de lettre pour M. d'Alembert ? En voici encore un autre . Je tremble toujours que mes paquets ne vous parviennent pas, attendu le nombre de curieux . Cependant, je me flatte d'avoir reçu tous les vôtres .

J'ai lu Blanche 1, nous prenons donc à présent nos tragédies chez les Anglais . Quand prendrons-nous ce qu’ils ont de bon ?

Il y a un petit volume du doux Caveyrac 2, intitulé, Il est temps de parler 3. On ne devrait pas avoir le temps de le lire, mais je suis curieux . J'ai à peu près tout ce qui s'est fait pour et contre les jésuites . Envoyez-moi, je vous prie, le doux Caveyrac .

Savez-vous de qui est la critique judicieuse qu'on a faite dans le Journal encyclopédique de l'insolent ouvrage du lourd Crevier ? »

2 Voir : https://data.bnf.fr/fr/12089922/jean_novi_de_caveirac/

Novi de Caveyrac figure en bonne place parmi les mauvais sur le tableau intitulé Le triomphe de Voltaire au château de Ferney-Voltaire .

24/03/2019

si j’avais des citoyens à persuader de la nécessité des lois, je leur ferais voir qu’il y en a partout, même au jeu qui est un commerce de fripon, même chez les voleurs : Hanno lor legg'i malandrini ancora

... et ce cas particulier des casseurs/ black blocs n'y échappe pas, évidemment . C'est clair , comme on dit chez mes voisins suisses .

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

1 de mars [1764] 1

Je dois vous dire, mon très cher philosophe, que si j’avais des citoyens à persuader de la nécessité des lois, je leur ferais voir qu’il y en a partout, même au jeu qui est un commerce de fripon, même chez les voleurs :

Hanno lor legg'i malandrini ancora 2

C’est ainsi que le bon prêtre, auteur de la Tolérance, a dit aux Velches , nommés Francs et Français 3 : Mes amis, soyez tolérants , car César, qui vous donna sur les oreilles et qui fit pendre tout votre parlement de Bretagne, était tolérant. Les Anglais, qui vous ont toujours battus, reconnaissent depuis cent ans la nécessité de la tolérance. Vous prétendez que votre religion doit être cruelle autant qu’absurde, parce qu’elle est fondée, je ne sais comment, sur la religion du petit peuple juif, le plus absurde et le plus barbare de tous les peuples ; mais je vous prouve, mes chers Velches, que tout abominable qu’était ce peuple, tout atroce, tout sot qu’il était, il a cependant donné cent exemples de la tolérance la plus grande. Or, si les tigres et les loups de la Palestine se sont adoucis quelquefois, je propose aux singes, mes compatriotes, de ne pas toujours mordre, et de se contenter de danser.

Voilà, mon cher philosophe, tout le système 4 de ce bon prêtre. Il voulait dans son texte inspirer de l’indulgence, et rendre dans ses notes les Juifs exécrables. Il voulait forcer ses lecteurs à respecter l’humanité, et à détester le fanatisme. Six personnes des plus considérables  de votre royaume ont approuvé ces maximes, et c’est beaucoup.

On n’aurait pas, il y a soixante ans, trouvé un seul homme d’État, à commencer par le chancelier d’Aguesseau, qui n’eût fait brûler le livre et l’auteur. Aujourd’hui on est très disposé à permettre que ce livre perce dans le public avec quelque discrétion, et je voudrais que frère Damilaville vous en fit avoir une demi-douzaine d’exemplaires, que vous donneriez à d’honnêtes gens qui les feraient lire à d’autres gens honnêtes 5; ces sages missionnaires disposeraient les esprits, et la vigne du Seigneur serait cultivée.

Je sais bien, mon cher maître, qu’on pouvait s’y prendre d’une autre façon pour prêcher la tolérance : eh bien ! que ne le faites-vous ? qui peut mieux que vous faire entendre raison aux hommes ? qui les connaît mieux que vous ? qui écrit comme vous d’un style mâle et nerveux ? qui sait mieux orner la raison ? Mais venons au fait. Cette tolérance est une affaire d’État, et il est certain que ceux qui sont à la tête du royaume sont plus tolérants qu’on ne l’a jamais été ; il s’élève une génération nouvelle qui a le fanatisme en horreur. Les premières places seront un jour occupées par des philosophes ; le règne de la raison se prépare ; il ne tient qu’à vous d’avancer ces beaux jours, et de faire mûrir les fruits des arbres que vous avez plantés.

Confondez donc ce maraud de Crevier ; fessez cet âne qui brait et qui rue.

Vraiment je sais très bien à quoi m’en tenir depuis longtemps sur la personne dont vous me parlez 6 ; mais entre quinze-vingts, il faut se pardonner bien des choses. Vous avez-vous-même à lui pardonner plus que moi ; vous savez d’ailleurs que dans la société on dit du bien et du mal du même individu vingt fois par jour. Pourvu que la vigne du Seigneur aille bien, je suis indulgent pour les pécheurs et les pécheresses. Je ne connais rien de sérieux que la culture de la vigne ; je vous la recommande : provignez, mon cher philosophe, provignez.

Je suis bien aise que les contes de feu Guillaume Vadé vous amusent. Mademoiselle Catherine Vadé, sa cousine en a beaucoup de cette espèce ; mais elle n’ose les donner au public 7. Son cousin Vadé les faisait pour amuser sa famille pendant l’hiver au coin du feu ; mais le public est plus difficile que sa famille. Elle craint beaucoup que quelque libraire ne s’empare de ce précieux dépôt, comparable au chapitre des torche-culs de Gargantua 8. Ce sont de petits amusements qu’il faut permettre aux sages : on ne peut pas toujours lire les Pères de l’Église, il faut se délasser . Riez, mon cher philosophe, et instruisez les hommes. Conservez-moi votre amitié. Ecr. l’inf. »

1 V* répond à une lettre du 22 février 1764 dans laquelle d'Alembert lui livre ses réflexions sur le fanatisme et l'intolérance, et lui apprend qu'il vient de « faire entrer dans l'académie de Berlin Helvétius et le chevalier de Jaucourt » ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/01/correspondance-avec-d-alembert-partie-30.html

2 Même les brigands ont encore leurs lois , d'après La Mérope de Maffei, ac. IV, 3 : https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9rope_(Scipione_Maffei)

4 Mot remplacé par mystère dans les éditions modernes .

5 Ces neuf mots manquent dans les éditions modernes .

6 D'Alembert sans citer de nom a fait allusion aux critiques de certaines personnes à qui V* adresse « prose et vers » à l'égard de ses contes . V* comprend, et sans doute ne se trompe pas en pensant à Mme du Deffand .

7 Il serait intéressant de savoir ce que sont ces contes ; on peut songer au Pot Pourri et peut-être à des ébauches des Lettres d'Amabad, voire à La Princesse de Babylone . On se souviendra aussi des contes plus anciens, et qui ne parurent que posthumes, tels Cosi-Sancta et les charmant Crocheteur borgne .

23/03/2019

On rédige actuellement le contrat

... entre le gouvernement et l'armée qui doit définir l'attitude de celle-ci face aux Gilets jaunes et consorts . A ce propos, Mélenchon donne sa version, sans énervement inutile pour une fois, et fait appel enfin au bon sens des protagonistes : https://www.youtube.com/watch?v=nSO7jAqKGRE

Nous saurons ce soir s'il a été exaucé .

 

 

« A Gabriel Cramer

[février-mars 1764]

M. de Voltaire désire instamment de savoir ces nouvelles de la santé de monsieur Cramer . On rédige actuellement le contrat de Mlle Dupuits 1, par conséquent on a un besoin extrême du petit mot que M. de Voltaire a demandé à monsieur Cramer à qui on fait les plus tendres compliments . »

22/03/2019

je ne croyais pas qu'il l'eût si grosse

... La tête, bien sûr ! what else ?

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Selon moi : non ! on a la grosse tête avant de prendre le pouvoir, et celui-ci ne fait que permettre de gonfler l'ego .

 

 

« A Gabriel Cramer

[février-mars 1764]

Je savais bien que mon cher Caro avait une bonne tête, mais je ne croyais pas qu'il l'eût si grosse . Je me flatte que le beau temps dissipera sa fluxion . Je le remercie de toutes ses peines . Je trouve qu'il a raison en tout, et on suivra entièrement ses idées . »

 

 

« A Gabriel Cramer

Nous ne pûmes pas aller hier à Tournay voir la joue et le pied enflés . Nous espérons y aller aujourd'hui . Nous envoyons savoir comment se portent les deux malades . J'ai bien des choses à dire à monsieur Caro . 

Lundi [février-mars 1764]1

 

 

« A Gabriel Cramer

[février-mars 1764]

Comment va votre face, mon cher Caro ?

Je vous envoie les premières feuilles de cet insipide ouvrage que vous voulez imprimer à toute force .

Je crois que nos allons marier Paté 2. Corneille sera sa dot . Qui l'eût cru !... dans le pays de Gex !

Envoyez-moi je vous prie un pauvre Voltaire complet en feuilles . Si vous voulez le faire déposer chez Souchay je vous serai très obligé .

Combien pouvez-vous donner pour la dot ? Dites-le moi tout naturellement . Je vous embrasse de tout mon cœur . »

1 Datée non sans incertitude d’après la maladie de Cramer ; il est en effet curieux que Cramer soit allé en hiver à Tournay avec une fluxion .

2 Il s'agit de la sœur de Dupuits ( époux de Mlle Corneille ), Marie-Jeanne Dupuits dont le contrat fut signé le 21 mars 1764 pour épouser Pajot de Vaux ; voir : https://gw.geneanet.org/wikifrat?lang=en&pz=honore+gabriel&nz=de+riqueti+de+mirabeau&p=claude+ignace&n=de+pajot+de+vaux+de+gevingey

j'ai grand- peur que l'aventure de l'archevêque ne nous fasse du tort

... Dit en loucedé, Fanfoué Ier pape de son état, en confession, à propos de Barbarin . Il va s'en tirer avec quelques Pater noster et Ave Maria, et puis la nave va sur l'eau bénite, comme avant , comme toujours .

 

 

« A Gabriel Cramer

[février-mars 1764]

C'est aujourd’hui samedi, on enverra copie lundi matin . Je suis très fâché que tout le ballot soit chez M. de Sartine 1; je n'ai pas autant de confiance que monsieur Gabriel, et j'ai grand- peur que l'aventure de l'archevêque ne nous fasse du tort . »

21/03/2019

Il faut laisser passer l'orage jésuitique qui grossit tous les jours, après quoi le calme reviendra, et avec le calme la liberté

... François, le pape jésuite qui se conduit comme un pharisien, est bien peu digne de sa fonction qui est de vouloir le bien et éradiquer le mal, protecteur de ses prêtres mal à propos . Le brouillard qu'il répand ne fait pas oublier l'orage qui gronde encore sur le monde catholique .

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« A Gabriel Cramer

[février-mars 1764]

Il faut laisser passer l'orage jésuitique qui grossit tous les jours, après quoi le calme reviendra, et avec le calme la liberté . J'adoucirai avec grand plaisir tous les traits de M. Clocpitre qui paraîtront un peu trop forts 1.

À l'égard de ces petits sommaires des pièces de Molière 2, cet ouvrage qui n'est rien par lui-même, n'était convenable qu'à la tête d'une édition de Molière ; il ne fut composé en effet que pour l'édition in-4° que M. de Chauvelin faisait faire, mais on préféra l'ouvrage de M. de Lasserre, si bien connu de vous et de toute la terre . Cependant , mon cher Caro, si vous avez la rage d'imprimer cette bagatelle pédantesque envoyez-la-moi , nous verrons si on peut la rendre intéressante ; il faudra nécessairement une petite préface . La conversation du menu et de l'abbé Brisel a été très corrigée, très adoucie, et on a retranché les dernières pages qui sentaient un peu le fagot .

J'attends les épreuves qu'on doit me renvoyer et qu'on ne renvoie point .

J'embrasse tendrement monsieur Cramer . »

1 Lettre de M. Clocpitre à M. Eratou sur la question « si les juifs ont mangé de la chair humaine et comment ils l’apprêtaient » parut dans les Contes de Guillaume Vadé . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-satire-lettre-de-m-clocpitre-a-m-eratou-120133109.html

2 Ces Petits sommaires des pièces de Molière sont aussi insérés dans les Contes de Guillaume Vadé à la suite d'une « Vie de Molière » ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Vie_de_Moli%C3%A8re

Je tremble toujours pour La Tolérance, quoi qu'on die, quoi qu'on die

... Elle semble bien être la chose du monde la moins bien partagée , la moins bien comprise et de ce fait la moins bien appliquée . Ce serait si simple pourtant .

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Comme ces migrants mexicains, la tolérance est en cage .

 

« A Gabriel Cramer

[février-mars 1764] 1

Voici copie . Que Dieu répande ses bénédictions sur ce petit recueil de Guillaume Vadé et de Jérôme Carré . Ce sont mes deux bons amis ; monsieur Gabriel et moi nous leur servons de père . Tout Paris donne la préférence aux Trois Manières de Jérôme sur La Reine Berthe de Guillaume . Pour moi, je ne décide point, je ne veux point faire de jaloux .

Je tremble toujours pour La Tolérance, quoi qu'on die, quoi qu'on die 2; et je conseille à monsieur Gabriel de glisser Jérôme et Guillaume dans Pierre . »

1 L'édition Gagnebin place cette lettre dans la seconde moitié d'avril . C'est au milieu d'avril au plus tard que les exemplaires des Contes de Guillaume Vadé imprimés parvinrent à Paris, d'où la date proposée .

2 Rappel des Femmes savantes, III, 2 : http://www.toutmoliere.net/acte-3,405429.html#nhi