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16/09/2020

Il ne dépend pas de moi de rendre les fanatiques sages, et les fripons honnêtes gens . Mais il dépend de moi de les fuir

... Tant il y a de ces gens là, les fuir devient un travail à temps plein et une attention de tous les instants . Réjouissons-nous qu'il existe quand même des tolérants calmes et des gens honnêtes estimables ; en majorité ? Je crois, j'espère que oui .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

A Genève 22 mai 1765

Mes divins anges, on vient de me dire tout ce que vous aviez donné charge de dire, et je suis demeuré confondu de la demi-feuille copiée 1 et de cette question  quel est donc ce Damilaville  ? Hélas ! mes chers anges, plût à Dieu qu’il y eût beaucoup de citoyens comme ce Damilaville ! Je ne ferai point de remarques sur tout cela, parce qu’il n’y en a point à faire . Je vous demanderai seulement si cette demi-feuille est si méchante. Je crois que cette lettre vous parviendra sûrement, puisque je l’adresse à Lyon, sous l’enveloppe de M. de Chauvelin. Cette voie déroutera les curieux, et vous pourrez m’écrire en toute sûreté sous l’enveloppe de M. Camp, banquier à Lyon, en ne cachetant point avec vos armes, et en mettant sur la lettre, à M. Wagnière, chez M. Souchay, à Genève.

Je vois bien que la persécution des jansénistes est forte. On a renvoyé le ballot de la Destruction jésuitique de notre philosophe d’Alembert, parce qu’il y a quatre lignes contre les convulsionnaires 2. On taxe à présent d’irréligion un savant livre d’un théologien 3 qui témoigne à chaque page son respect pour la religion, et qui ne dit que des vérités qu’il faut être aveugle pour ne pas reconnaître. On m’impute ce livre sans le moindre prétexte, comme si j’étais un rabbin, et comme si l’auteur de Mérope et d’Alzire était enfariné des sciences orientales. Il ne dépend pas de moi de rendre les fanatiques sages, et les fripons honnêtes gens . Mais il dépend de moi de les fuir. Je vous demande en grâce de me dire si vous me le conseillez. Je suis, quoi qu’on en dise, dans ma soixante-douzième année, je me vois chargé d’une famille assez nombreuse dont la moitié est la mienne, et dont l’autre moitié est une famille que je me suis faite.

J’ai commencé des entreprises utiles et chères, et le petit canton que j’habite commençait à devenir heureux et florissant par mes soins. S’il faut abandonner tout cela, je m’y résoudrai, j’irai mourir ailleurs ; il est arrivé pis à Socrate. Je sais qu’il y a certaines armes contre lesquelles il n’y a guère de boucliers.

Ayez la bonté, je vous en prie, de me dire à quel point ces armes sont affilées. Je vous avoue que je serais curieux de voir cette demi-feuille. Il est minuit . Il y a trois heures que je dicte . Je n’en puis plus ; pardonnez-moi de finir sitôt, c’est bien à mon grand regret. »

1 Le contenu de cette feuille n'est pas connu, mais voir la lettre du 22 mai 1765 à Damilaville dont un paragraphe semble faire allusion au même événement, ainsi que la lettre du 27 mai 1765 à Damilaville . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/09/correspondance-annee-1765-partie-18.html

Il peut s'agir ici de quelques passages d’une lettre à M. Damilaville, interceptée à la poste, et peut-être falsifiée ; car on sait que les lettres montrées au gouvernement ne sont pas toujours d’exactes copies des lettres ouvertes. (K.)

2 « La folie des convulsions… avait achevé d’avilir les jansénistes en les rendant ridicules. » (Georges Avenel.)

3 La Philosophie de l'histoire . Voir lettre du 20 mai 1765 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/09/08/faites-beau-bruit-vous-et-les-freres-6261991.html

15/09/2020

Il est bien cruel,... , qu'on veuille gouverner des êtres pensants comme on gouverne des chevaux et des ânes ; et que dans les pays sortis à peine de la barbarie on ose interdire à l’âme sa nourriture

... Entendez-vous, abrutis religieux islamistes qui trouvez impurs les écrits de Voltaire , des Lumières et même de Molière . Je n'ai aucune patience devant ces abrutis, -au sens premier-, pseudo-religieux . Qu'ils restent avec leurs oeillères, mais surtout qu'ils se taisent . Mahomet les détesterait s'il avait son mot à dire .

 

 

« A Gabriel Cramer

à Tournay

ou

à Genève

Il est bien cruel, mon cher Caro, qu'on veuille gouverner des êtres pensants comme on gouverne des chevaux et des ânes ; et que dans les pays sortis à peine de la barbarie on ose interdire à l’âme sa nourriture, et faire ce que n'ont jamais fait ni les Grecs ni les Romains nos maîtres . Il est plus difficile actuellement de faire entrer un bon ouvrage en France, que d'y avoir de bonnes troupes et une bonne marine .

Les jésuites ont flatté les hommes pour les gouverner, et les jansénistes veulent les abrutir .

Avez-vous envoyé en droiture deux exemplaires de la Réfutation théologique à M. le duc de Praslin, un à M. Suard au bureau de la Gazette littéraire ? Avez-vous donné ordre qu'on remit un exemplaire de Corneille à M. Suard ? Avez-vous envoyé par un correspondant de Lyon un exemplaire de la Réfutation théologique à M. Damilaville sous l'enveloppe de M. Gaudet, directeur général des bureaux des vingtièmes ? On dit que tout cela est essentiel, et que vous n'y devez pas manquer, et on demande la plus grande promptitude .

Quand vous aurez un moment de loisir tâchez de venir à Ferney . J’eus hier une étrange attaque, dont je ne suis pas trop bien revenu, cependant, il faut s'amuser à faire rouler la presse jusqu'au dernier moment de sa vie .

Je vous embrasse de tout mon cœur.

Mardi matin [21 mai 1765].1 »

1 L'édition Gagnebin place la lettre en février 1764 ; mais la mention de la réfutation et l'allusion au malaise permettent de fixer la date .

14/09/2020

le révérend père Malagrida s'amusait tout seul dans son lit à 75 ans, à ce que dit la sainte inquisition, qui l'a fait brûler comme un porc ; je n'en demande pas tant à Dieu

... https://fr.wikipedia.org/wiki/Gabriel_Malagrida

Cartas e Escritos (Portuguese Edition) eBook: Malagrida, Gabriel, Govoni  S.J., Pe. Ilário: Amazon.fr

 

 

 

« A Cosimo Alessandro Collini, Historiographe

et secrétaire intime de S.A.E. Monseigneur l’Électeur

Palatin

à Manheim

A Ferney, 21 Mai 1765.

Mon ami, que Son Altesse Électorale  me dise : Prends ton lit, et marche1, je vole à Schwetzingen. Il y a plus de huit mois que je ne suis sorti de ma chambre ; je meurs en détail, et nous ne sommes plus au temps des miracles. Je sais bien qu’il y a des gens qui ont encore de la force à soixante-douze ans ; les patriarches étaient des enfants à cet âge ;2 et même le révérend père Malagrida s'amusait tout seul dans son lit à 75 ans, à ce que dit la sainte inquisition, qui l'a fait brûler comme un porc ; je n'en demande pas tant à Dieu, je sais me borner dans mes désirs, et je vous jure que je ne lui demande un peu de santé que pour venir sur les bords du Rhin .

Ceux qui ont dit que je quittais mon petit château de Ferney ont été bien mal informés . Il est vrai que je me suis défait des Délices ; mais c’est que je ne me suis pas trouvé assez riche pour les garder, et que l’état de ma santé, qui exige la retraite la plus profonde, était incompatible avec l’affluence de monde que m’attirait le voisinage de Genève. J’ai jugé d’ailleurs que, n’ayant qu’un corps, je ne devais pas avoir deux maisons. Qu’il serait doux pour moi, mon cher ami, de passer quelques-uns de mes derniers jours auprès d’un prince tel que monseigneur l’électeur ! quel plaisir j’aurais, après lui avoir fait ma cour, de m’enfermer dans ma chambre avec quelques volumes de sa belle bibliothèque ! Dans quelque triste état que je sois, je ne veux pas désespérer de ma destinée ; je me flatte toujours de la plus douce de mes espérances. Mettez-moi à ses pieds, aimez-moi, et soyez bien sûr que je ne vous oublierai jamais.

J’ai été bien mal après ma lettre. »

 

 

1 Évangile selon Jean , V, 8 : https://www.aelf.org/bible/Jn/5

2 La seconde partie de ce paragraphe depuis et même a été biffée par l'éditeur sur le manuscrit original et manque dans les éditions .

La dernière ligne de la lettre est autographe .

13/09/2020

Mon cher Esculape, vous êtes entouré de vos dévots et dévotes qui accourent dans votre temple d'Epidaure

... Cher Pr Raoult , je ne vous aime pas , mais vous n'êtes pas seul, il faut le reconnaitre !

A juste titre ? Peut-être . Avez-vous bien respecté le commandement "d'abord ne pas nuire " ? Je l'espère .

En forme pour comparaitre devant la commission d'enquête du Sénat (concentré de personnes à risque, faut-il le souligner  ) ?

Portrait de Didier Raoult par ROTH sur Stars Portraits

 

 

 

« A Théodore Tronchin

Lundi soir 20è mai 1765 1

Mon cher Esculape, vous êtes entouré de vos dévots et dévotes qui accourent dans votre temple d'Epidaure . Je mêle mes vœux aux leurs , mais je vous importune le moins que je peux . Je souffre sans me plaindre toutes les misères attachées à la décadence de mon âge, et à la faiblesse de ma constitution . La résignation vaut mieux que la prière .

Mme la duchesse d'Anville arrive 2. Je vous supplie de lui présenter ma lettre, et de faire valoir auprès d'elle tous les sentiments d'attachement et de respect que je lui conserverai tant que je serai en vie . Mon extrême faiblesse ne me permet pas d'aller à Genève . Si je pouvais y aller , ce serait assurément pour elle et pour vous .

Tâchez d'avoir le temps de m'instruire en deux mots si Mme la duchesse de Châtillon 3 vient dans votre temple . Toute ma petite famille vous encense avec moi, mon cher Esculape .

V.

 

J’apprends dans le 4 moment qu'un homme qui était chargé de deux grands ministères 5, les va quitter 6. Il restera toujours très grand seigneur . Je vous demande en grâce de me dire si vous croyez cette nouvelle . Je vous garderai le secret .

Il vient de m'arriver quelque chose de fort plaisant . Je vous ai écrit mon billet à plusieurs reprises 7 . Je venais de me promener au grand soleil, la tête m'a tourné, j'ai été demi-heure sans savoir ce que je faisais . Je me suis fait vomir un peu , j'avais pris de la casse le matin . Je me suis trouvé sans idée . J'ai voulu achever le dernier article de ma lettre et je n'ai pu en venir à bout . Mon pouls était fort élevé, j'avais une petite sueur, et ma vue était fort affaiblie .

Remarquez bien l'endroit de ma lettre que j'ai souligné ; j’avais mis deux mots qui ne signi[fi]aient 8 rien du tout ; c'était Énolph, alnorph 9. Je voulais absolument continuer ma phrase, et je n'en pouvais venir à bout . J'ai pris le parti de me mettre dans mon lit, j'ai bu quelques gouttes d'eau fraîche . Enfin , je suis revenu à moi, j'ai été fort étonné de mon Énolph alnorph . Je l'ai fait effacer proprement , et j'ai mis quelque chose de raisonnable à la place ; mais ça n'a pas été sans peine . Cela m'a fait voir combien l'homme est peu de chose et que nos idées ne dépendant pas plus de nous que notre digestion . Mais il y a longtemps que j'en étais convaincu .

Crescere sentimus pariterque senescere mentem. »

1 L'édition Tronchin B. est incomplète ; ici, version de André Delattre « Lettres à Théodore Tronchin » dans le Mercure de France du 1er octobre 1950 .

2 Le registre du Conseil de Genève mentionne en date du 27 mai 1765 que les syndics ont reçu la visite « de mesdames les duchesses d'Anville, de La Rochefoucauld, et la comtesse de Chabot et celle de M. le duc de La Rochefoucauld. »

3 Adrienne-Emilie-Félicité de La Baume Le Blanc de La Vallière, duchesse de Châtillon

4 V* a biffé mont écrit avant dans le .

5 Ces mots soulignés sont écrits d'une main plus large sur une première graphie qui a été effacée . On notera que V* devait avoir écrit plus que Enolph alnorph qui n'auraient pas rempli plus de la moitié de l'espace .

6 V* pense à Choiseul que la comtesse d'Esparbès de Lussan (qui prétend succéder à la marquise de Pompadour comme favorite) tente de faire disgracier ; ce sera sans succès .

7 Effectivement la dernière ligne semble avoir été écrite après coup et d'une main tremblante .

8 Lapsus de la part de Wagnière .

9Nous sentons notre esprit croître et vieillir en même temps ; Lucrèce, De natura rerum, III, 446 .

12/09/2020

La raison a établi son empire . Il est assez aisé de lui fermer les portes, mais quand elle les a ouvertes une fois on ne la chasse plus

... Ah ! j'aimerais que ce que dit Votaire en 1765 soit aussi vrai en 2020 . Hélas non . La déraison pullule . La chasse au raisonnable est encore ouverte et n'a pas de morte saison .

 

« A Paul-Claude Moultou

20è mai 1765

Mon cher philosophe, j'ai fait en partie ce que votre prieur carme a désiré, j'ai rassemblé le plus de volumes que j'ai pu . J'en ai fait faire un petit ballot que j'ai envoyé par le coche de Lyon, à l'adresse de M. le vicomte de Saint-Priest à Montpellier 1 . Il faudra que le prieur ait l'attention d'en avertir M. de Saint-Priest . L'adresse porte , À monsieur Camp à Lyon, pour faire tenir à M. le vicomte de Saint-Priest à Montpellier . Je n'écris point au prieur, je suis trop malade, et d'ailleurs, je n'aurais à lui mander autre chose , sinon que je n'ai pu exécuter entièrement sa commission , n'ayant pas un seul exemplaire complet . Je donnerais tous les livres du monde pour l'ouvrage que vous m'avez fait espérer 2, et auquel je voudrais bien que vous puissiez travailler dans les moments de votre loisir . Vous tirerez de l'or du fumier des pères . Ces pauvres gens ont donné contre eux de terribles armes dont on n'a pas encore su se servir . Il fallait que le siècle de la philosophie fût arrivé pour qu'on discernât combien peu ils étaient philosophes, car avant ce siècle on raisonnait à peu près comme eux . La lumière s'étend à présent de tous cotés, et avec tant d'éclat que les jansénistes font tout ce qu'ils peuvent pour l'éteindre . Ils ont fait défendre l'excellent livre de d'Alembert sur la destruction des jésuites , parce que la leur y est annoncée, et que l'intrépide d'Alembert ne fait pas plus de cas des uns que des autres .

Il y a actuellement à Paris une inquisition très sévère sur les livres . On s'y prend trop tard . La raison a établi son empire . Il est assez aisé de lui fermer les portes, mais quand elle les a ouvertes une fois on ne la chasse plus .

On attend Mme la duchesse d'Anville ces jours-ci ; elle prend bien mal son temps, vous n'êtes pas à Genève . Adieu mon cher philosophe . Quand vous reviendrez nous parlerons de Tertullien et d'Irénée ; ils étaient de maîtres fous, et leurs prédécesseurs aussi . »

11/09/2020

Si vous voulez avoir des informations, je crois qu'il les faut juridiques ...vous auriez une réponse satisfaisante qui vous mettrait en état de rendre à vos concitoyens le service qu'ils semblent attendre de vous

... Consigne raisonnable à tous élus et fonctionnaires , et tous dirigeants de tout poil .

 

 

« A Gian-Francesco Marengo à Paris

Au château de Ferney, 20 mai 1765 1

La confiance que vous voulez bien me témoigner, monsieur, me flatte et m'honore . La retraite profonde où je vis, mon âge avancé, et les maladies dont je suis accablé , mettent hors d'état de faire les recherches qui seraient nécessaires pour le dessein que vous avez . J'avoue que vous avez raison de penser que le sieur Jean-Jacques Rousseau, ne s'étant guère occupé à Paris qu'à exciter des troubles dans le parterre de l'Opéra, étant chassé de France, de Genève et de Berne , n'est guère propre à concilier les esprits d'une République . Mais, monsieur, je ne puis vous rendre un compte bien exact de ses livres que je n'ai presque point lus, ni de sa personne que je ne connais point du tout . Si vous voulez avoir des informations, je crois qu'il les faut juridiques ; je pense que si vous écriviez à messieurs du Conseil d’État de Genève, ou du mons à M. le procureur général, vous auriez une réponse satisfaisante qui vous mettrait en état de rendre à vos concitoyens le service qu'ils semblent attendre de vous . La voix d'un particulier est trop peu de chose dans une pareille affaire .

J'ai l'honneur d'être, bien respectueusement, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire

gentilhomme ordinaire du roi. »

10/09/2020

Faites beau bruit, vous et les frères

... de Charlie Hebdo !

Trop de silence tue : https://www.francetvinfo.fr/economie/medias/charlie-hebdo...

Il faut persévérer contre l'infâme et non simplement l'oublier : https://www.francetvinfo.fr/economie/medias/charlie-hebdo...

Où en est l'enquête sur les attentats de « Charlie Hebdo » et de l'Hyper  Cacher ?

Disparus mais vivifiants

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

20è mai 1765

Voici, mon cher frère, deux petits croquis de Donat Calas. J’aurais désiré qu’on l’eût fait un peu plus ressemblant, et qu’on n’eût pas sacrifié une chose si importante à l’idée de le représenter dans une attitude douloureuse qui défigure son joli visage. Si vous voulez vous servir de ce dessin, recommandez au peintre de faire Donat le plus joli qu’il pourra. Vous saurez d’ailleurs, mon cher frère, que vous avez carte blanche pour mettre votre frère au rang de ceux qui contribuent à la façon de cette estampe. Ce monument éternisera la plus horrible des injustices, la plus belle réparation, et la générosité de votre zèle vertueux.

Il semble que plus les philosophes font de bien, plus on s’efforce de les persécuter. On a saisi le ballot qui contenait le bel ouvrage de notre cher Archimède . L’autre aura le même sort . La Philosophie de l’Histoire, que tous les gens sensés trouvent très sage, ne sera pas épargnée. Tout est suspect de la part de ceux qui rendent à la nation de vrais services. Je crains bien de n’avoir jamais l’Encyclopédie . Mon âge, ma mauvaise santé, et la fureur des jansénistes, me priveront de la consolation de lire ce grand ouvrage. Ne pourrais-je pas, par votre crédit, obtenir qu’on m’en fît parvenir trois tomes ? je garderais religieusement le secret.

Si vous voyez le véritable prophète Élie, dites-lui, je vous en prie, que nous sommes réduits à faire signer dans Gex une procuration aux filles de Sirven, pour sommer le greffier du parlement toulousain de délivrer copie de l’arrêt qui confirme l’injuste sentence ; et si le greffier refuse, nous enverrons acte de son refus.

Je trouve que cette cause peut faire au moins autant d’honneur à l’éloquence de M. de Beaumont que la cause des Calas. Cette fureur épidémique, qui a persuadé tous les tribunaux d’une province que la loi des protestants est parricide, est un sujet digne d’un citoyen tel que lui. Quiconque arrache une branche du fanatisme fait une plaie à l’arbre dont il se sent jusque dans ses racines.

Rendons encore ce service à l’humanité dans l’affaire des Sirven, et demeurons inébranlables dans celle d’écr. l’inf.

Je pense que désormais il est à propos que vous m’écriviez à Lyon, sous l’enveloppe de  M. Camp, banquier ; la curiosité des méchants sera trompée. Dites à frère Archimède qu’il en fasse autant. Nous pourrons jouir de la consolation de nous ouvrir nos cœurs ; le mien est à vous jusqu’au dernier moment de ma languissante vie.

Ècr l'inf. 

N.B. – Soutenez constamment que l’abbé Bazin est le véritable auteur de la Philosophie de l’Histoire. Comment n’en pas croire son neveu ? quelle fureur de m’imputer jusqu’à l’ouvrage d’un théologien antiquaire ! persécutera-t-on toujours l’auteur de la chrétienne Zaïre ? Faites beau bruit, vous et les frères. »