Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/01/2021

cher soutien des spectacles et des plaisirs des Welches et des Français

... Ô chère Roselyne Bachelot, que faites-vous ? Vous a-t-on remisée dans les réserves de nos musées ? Etes-vous en cours de restauration après analyse par vos confrères ministres qui vous ont sortie du catalogue d'exposition ? Ou jouez-vous le rôle de la potiche ébrèchée, mais qu'on garde, pour ranger ses clés, pièces jaunes et masques ?

https://cdn-s-www.leprogres.fr/images/66BD35D8-78EC-439E-A0A0-1CF7563DA108/NW_raw/title-1597859745.jpg

 

 

 

« A Henri-Louis Lekain

[vers le 20 septembre 1765]1

Mon cher grand acteur, vous voyez comme ce public approuve aujourd’hui ce qu’il condamnait hier, et condamne ce qu’il approuvait. Il n’appartient qu’au temps de fixer nos têtes de girouette. J’ai chez moi deux leçons d’Adélaïde fort différentes l’une de l’autre ; je soupçonne que la pièce, telle qu’on l’a jouée en dernier lieu, diffère encore de mes deux exemplaires. Je vous prie de m’envoyer l’exemplaire sur lequel vous vous êtes déterminé, afin qu’ayant confronté le tout, je puisse en former une pièce passable, que je vous ferai parvenir, avec une petite préface à la louange des Welches qui ne changent jamais d’opinion. J’ai grand’peur que vous ne les ayez séduits, et qu’ils n’aient pris vos talents pour de beaux vers.

Je vous remercie du petit relevé de la reprise d’Oreste que vous m’avez envoyé. Pourriez-vous pousser vos recherches et votre amitié pour moi jusqu’à m’instruire du nombre de représentations qu’Oreste a eues depuis cette reprise, et de la recette de ces représentations ? car on dit que c’est la recette qui est le thermomètre du succès. Je voudrais bien obtenir aussi que vous me fissiez la même grâce

Sur l’Electre française 2 à la mode soumise,

Pour le galant Itys si galamment éprise.3

 Je suis curieux de savoir l’histoire de mon siècle.

Vous pourriez mettre le tout dans une enveloppe de toile cirée, ficelée, à la diligence de Lyon, à l’adresse de votre serviteur :

par la diligence de Lyon pour la messagerie de Genève.

Je vous embrasse bien tendrement, cher soutien des spectacles et des plaisirs des Welches et des Français. »

1 Le manuscrit est daté par l'éditeur « Commencement septembre 1765 » ; Moland , lui, précise « 24 septembre ». On se base notamment sur la mention de la représentation d'Adélaïde .

2 L'Électre de Crébillon .

3 Épître à Mlle Clairon , vers 21-22 .

Vous ne faites que de bonnes actions, monsieur

... A qui pourrais-je dire cela aujourd'hui ?

A qui pourriez-vous le dire ?

Depuis l'abbé Pierre, je ne vois personne d'aussi bon, et c'est triste . Heureusement, son oeuvre perdure .

Treize ans après sa disparition, un hommage à l'Abbé Pierre à Esteville, où  il repose

Une bonté et un sourire vrais

 

 

« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence

Brigadier des armées du roi

au château de Dirac

près d'Angoulême

20è septembre 1765 à Ferney

Vous ne faites que de bonnes actions, monsieur, vous protégez l’innocence des Calas contre un scélérat ; et vous mariez mademoiselle votre fille 1 à un bon gentilhomme. J’espère que vous aurez des petits-fils qui seront bons serviteurs du roi, et bons philosophes comme vous. C’est bien dommage que nos terres soient si loin des vôtres : nous vous donnerions la comédie pour les noces. Permettez-moi de présenter mes respects à madame votre femme et à monsieur votre frère. Tout ce qui a eu le bonheur de vous voir à Ferney vous fait les plus tendres compliments. »

1 Louise va épouser Louis-Honoré Froger de l'Équille le 24 octobre 1765 (20 novembre 1765 selon Besterman : note adaptée par F. Deloffre) ; voir : https://gw.geneanet.org/wailly?lang=en&p=louise&n=joumard+tison+d+argence

18/01/2021

Ceux qui perdent ont possédé. Pour moi, il y a longtemps que j’ai le malheur de n’avoir rien à perdre...

... fors la vie !

Les PME suisses ont-elles le moral en berne ?

 

 

 

« Au marquis Francesco Albergati Capacelli

20 septembre 1765 à Ferney

Vous auriez bien dû, monsieur, venir passer vos trois mois de retraite chez moi ; vous m’auriez consolé de ma vieillesse et de mes souffrances, et j’aurais fait mon possible pour vous consoler de vos chagrins. Mais vous avez trouvé dans vous-même, dans votre philosophie, dans votre goût pour la littérature, des ressources plus sûres qu’on ne pourrait vous en présenter. Le sujet de votre peine n’était d’ailleurs qu’un malheur très commun aux gens heureux, et c’est un malheur que vous avez peut-être déjà réparé. Ceux qui perdent ont possédé. Pour moi, il y a longtemps que j’ai le malheur de n’avoir rien à perdre.

Je n’ai jamais reçu les traductions de M. de Cesarotti ; mais son nom m’est fort connu, et je sais que c’est un homme digne de votre amitié. Si vous voulez bien, monsieur, l’assurer de ma respectueuse estime, lorsque vous lui écrirez 1, ce sera une nouvelle obligation que je vous aurai. Vous savez combien je vous suis tendrement attaché pour le reste de ma vie.

V. »

1 Selon le manuscrit ; l'édition Cayrol porte désirez, que Besterman adpote aussi sans justification raisonnable .

17/01/2021

J'ai reçu de mon mieux vos deux conseillers, mon cher Président

... Et j'attends avec impatience le jour et l'heure de mon rendez-vous vaccinal . Comme dit le dicton espagnol "si tu es pressé , tu es déjà mort !", et c'est donc la seule consolation que j'ai en comptant  les jours me séparant de la salvatrice piqure (si c'était des moutons , j'en aurais assez pour m'endormir !).

Ave Caesar ! morituri te salutant !

Astérix et le smiley de César

 

 

 

« Au Président

Germain-Gilles-Richard de Ruffey etc.

à Dijon

18è septembre 1765, à Ferney

J'ai reçu de mon mieux vos deux conseillers, mon cher Président, tout malade que je suis . Je m'intéresse vivement aux progrès de votre Académie ; vous l'avez établie, et vous la perfectionnerez . Je ne peux que vous applaudir de loin . Si vos magistrats avaient pu rester quelque temps dans nos cantons ils auraient vu chez moi une assez bonne comédie, qui se soutient malgré le départ de Mlle Clairon . Il faut avouer que cette Mlle Clairon est bien étonnante . En vérité je n'avais point d'idée d'un jeu si supérieur . Toutes les actrices que j'avais vues jusqu'à présent, excepté Mlle Dumesnil, n'étaient que de froides marionnettes .

J'aurais bien voulu vous tenir à Ferney avec M. l'ancien premier président de La Marche votre ami . Je fais bâtir deux ailes pour vous mieux recevoir si jamais vous revenez dans nos déserts . Conservez-moi des bontés qui seules peuvent me consoler de votre absence .

18è septembre 1765 à Ferney »

16/01/2021

il est avec l'attachement le plus respectueux votre très humble et très obéissant serviteur et il en dit autant à vos deux maris

... En tout bien tout honneur .

 

 

« A Marie-Jeanne Pajot de Vaux, Maîtresse

des comptes

à Lons-le Saulnier

Franche-Comté

18è septembre 1765 à Ferney

M. de Gondreville , madame, est aussi aimable que vous le dites . Je vois bien que vous vous y connaissez ; qui est plus faite que vous pour décider de ce qui doit plaire ?

Je demande bien pardon à monsieur François ; je compte bien lui écrire un jour pour l’assurer de tout mon attachement . Je prie madame sa mère en attendant de lui faire mes compliments très sincères .

On répète actuellement chez moi des comédies ; nous n'avons pas besoin de cela pour vous regretter ; vous auriez été une de nos meilleurs actrices ; mais vous êtes encore plus faite pour être le charme de la société que celui du théâtre . Si votre vieux serviteur vous écrivait de sa main il prendrait encore la liberté de vous appeler Pâté 1; mais comme il vous écrit de la main d'un autre il est avec l'attachement le plus respectueux votre très humble et très obéissant serviteur et il en dit autant à vos deux maris .

V. »

15/01/2021

On ne peut rien ajouter à la promptitude et à la bonne grâce qu'on a mises dans cette affaire

... La vaccination anti-Covid , en France,  évidemment ! Réputé et auto-proclamé pays de la raison cartésienne ? Bordélique , oui !

Gaston Lagaffe GLDP-7021 Carte double avec enveloppe Diplôme de  l'incorrigible Bordélique - Bazar organisé: Amazon.fr: Fournitures de bureau 

Je ne sais pas si l'imprimeur aura assez de papier pour fournir tous les diplômes mérités par nos instances politiques et administratives .

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

18 de septembre [1765]

Mon cher et digne philosophe, vous avez donc enfin votre pension . Vous avez sans doute bien remercié de la manière galante dont on vous l'a donnée . On ne peut rien ajouter à la promptitude et à la bonne grâce qu'on a mises dans cette affaire .

M. le marquis d'Argence d’Angoulême m'a envoyé une lettre que vous lui aviez écrite ; c'est un homme plein de zèle pour la bonne cause, et qui a pris avec zèle le parti des Calas contre Fréron . J'ai bien de la peine à décider quel est le plus misérable d'Aliboron ou de Jean-Jacques ; je crois seulement Jean-Jacques plus fou et non moins coquin . Promettre d'écrire contre Helvétius pour être reçu à la communion, est d'un bassesse incroyable .

Je crois que vous aurez Mlle Clairon au mois d'octobre, mais je ne crois pas qu'elle reparaisse sur le théâtre des Welches . J'aime tous les jours de plus en plus mon philosophe Damilaville ; Tronchin lui a donné la fièvre pour le guérir . Je souhaite qu'il soit longtemps entre ses mains , et je voudrais bien vous tenir avec lui . Vous trouveriez Genève bien changée ; la raison y a fait des progrès dont on ne se doutait pas . Calvin n'y sera bientôt regardé que comme un cuistre intolérant .

Conservez bien votre santé ; jouissez de l'étonnante révolution qui se fait partout dans les esprits, et vivez pour éclairer les hommes . »

14/01/2021

je ne connaissais pas encore ce public inconstant que je croyais connaître. Je ne me doutais pas qu’il dût approuver avec tant de transports ce qu’il avait condamné avec tant de mépris

... Peut-être entendra-t-on cette réflexion, dans un avenir que je souhaite proche, à propos de ces foutus Français qui vont râler pour avoir eu trop tard un vaccin qu'il rejetaient trois mois plus tôt .

Sélection de dessins humoristiques médicaux

C'est malheureusement à peine exagéré, on entend même parfois pire .

Une remise au point : https://www.youtube.com/watch?v=SI6Q1XZ5AVw

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

17 septembre 1765 1

Mes divins anges, je vois bien que je ne connaissais pas encore ce public inconstant que je croyais connaître. Je ne me doutais pas qu’il dût approuver avec tant de transports ce qu’il avait condamné avec tant de mépris. Vous souvenez-vous qu’autrefois, lorsque Vendôme disait à la dernière scène : Es-tu content, Coucy ? les plaisants répondaient : couci-couci ! J’ai retrouvé ici, dans mes paperasses, deux tragédies d’Adélaïde ; elles sont toutes deux fort différentes, et probablement la troisième, qu’on a jouée à la Comédie, diffère beaucoup des deux autres. Je fais toujours mon thème en plusieurs façons. Il est à croire que Lekain fera imprimer à son profit cette Adélaïde qu’on vient de représenter ; mais je pense qu’il conviendrait qu’il m’envoyât une copie bien exacte, afin qu’en la conférant avec les autres, je pusse en faire un ouvrage supportable à la lecture, et dont le succès fût indépendant du mérite des acteurs. C’est sur quoi je vous demande vos bons offices auprès de Lekain, car je vous demande toujours des grâces.

A l’égard des Roués, j’attends toujours votre paquet et vos ordres ; le petit jésuite a sa préface toute prête ; mais il dit qu’il ne faut pas s’attendre à de grands mouvements de passions dans un triumvir, et que cette pièce est plus faite pour des lecteurs qui réfléchissent, que pour des spectateurs qu’il faut animer. Il sait de plus que le pardon d’Octave à Pompée ne peut jamais faire l’effet du pardon d’Auguste à Cinna, parce que Pompée a raison et que Cinna a tort, et surtout parce que ceux qui sont venus les premiers ne laissent point de place à ceux qui viennent les seconds.

Je sais bien que j’ai été un peu trop loin avec mademoiselle Clairon ; mais j’ai cru qu’il fallait un tel baume sur les blessures qu’elle avait reçues au Fort-l'Evêque. Elle m’a paru d’ailleurs aussi changée dans ses mœurs que dans son talent ; et plus on a voulu l’avilir, et plus j’ai voulu l’élever.

J’espère qu’on me pardonnera un peu d’enthousiasme pour les beaux-arts ; j’en ai dans l’amitié, j’en ai dans la reconnaissance.

 Je vous fais , mes divins anges, les plus sincères remerciements de la bonté que vous avez eue de me procurer des éclaircissements de la part de M. de Sainte-Foix . Je n'ose l'en remercier lui-même, de peur de l'engager à une réponse qui lui ferait perdre un temps précieux ; mais je me flatte que quand vous le verrez vous voudrez bien l'assurer des sentiments que je lui dois . Je me doutais bien que ce M. de Barrau 2 était un homme nécessaire au ministère par ses connaissances .

Je soupçonne que la place de résident à Genève est actuellement donnée in petto, par M. le duc de Praslin . Je ne vous avais proposé M. Astier qu'en supposant que M. le duc de Praslin le favorisait, mais je ne serai pas assez effronté pour demander à M. le duc de Choiseul qu'il force la main au ministre des Affaires étrangères ; je dois être modeste dans mes sollicitations, et tout ce que j'ose demander actuellement pour M. Fabry, maire de la ville de Gex, c'est que je puisse l'assurer de votre protection . »

1 L'édition de Kehl supprime les deux derniers paragraphes, biffés sur la copie Beaumarchais et suivie par les éditions .