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03/01/2022

Je ne crois pas m’être servi d’expressions si plates et si ridicules

... Et pourtant si : votre mémoire est défaillante sur commande mon cher Zemmour, ou alors vous n'êtes pas le vrai auteur de votre livre "La France n'a pas dit son dernier mot" : https://www.lci.fr/politique/presidentielle-2022-comment-eric-zemmour-parle-t-il-des-femmes-dans-son-dernier-livre-2198430.html

et rappelez vous de vos déclarations https://www.franceinter.fr/politique/articles-livres-disc...

Je ne vous salue pas .

 

 

« A Jacques Lacombe

À Ferney, 26è septembre 1766

Je suis obligé, monsieur, de recourir à votre témoignage pour confondre une singulière imposture. Un éditeur s’est avisé de recueillir quelques-unes de mes lettres qui ont couru dans Paris 1. Elles sont toutes falsifiées, et presque toutes les falsifications sont des outrages odieux faits aux personnes les plus considérables du royaume. Ce recueil est imprimé à Amsterdam, sous le nom de Genève. Il est connu dans toute l’Europe, hors à Paris, où il est justement prohibé.

Il y a dans ce recueil une lettre que je vous écrivis en 1763 2, au sujet de la reine Christine. Je vous prie de me dire si les paroles suivantes sont effectivement dans l’original que vous pouvez avoir :

La réputation de son père était si grande qu’on aurait tenu compte à cette princesse de toutes les sottises attachées à son sexe, et même du mal qu’elle n’aurait pas osé faire à ses sujets. Il faut être né bien dépravé et bien stupide pour ne pas briller sur le trône, et pour ne point s’immortaliser par de bonnes actions, plus faciles à faire que les grandes et belles actions. Quoi qu’il en soit, ce livre est toujours un monument précieux qui pourrait servir d’exemple à d’autres princes qui auraient la folle gloriole d’abdiquer. 

Je ne crois pas m’être servi d’expressions si plates et si ridicules. Presque tout le reste de la lettre imprimée est très indignement défiguré. Je vous prie de m’envoyer un certificat dans lequel vous fassiez éclater votre juste indignation contre le faussaire. On ne peut réprimer le brigandage de la librairie qu’en le dévoilant.

Je vous serai obligé de m’envoyer les feuilles de la pièce 3 que vous imprimez. Je souhaite que cet ouvrage soit accueilli avec quelque indulgence, afin que l’auteur puisse joindre à la seconde édition quelques morceaux de littérature qu’il m’a confiés 4, et qui me paraissent très curieux. Je vous prie de compter pour jamais sur l’estime et l’amitié qui m’attachent à vous.

V.»

2 Voir lettre du 10 juin 1763 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/06/09/quand-on-a-abdique-un-trone-il-faut-etre-sage.html

On la trouve dans les Lettres de Voltaire à ses amis du Parnasse,pages 111-114 , mais le passage cité ici par V* est interpolé .

3 Le Triumvirat.

02/01/2022

Si vous êtes chèvre, madame, il n’y a personne qui ne veuille devenir bouc ; mais vous m’avouerez que de vieux singes, devenus tigres, sont une horrible espèce

... J'adore ce sens du compliment "à la Voltaire" !

UMAC - Comics & Pop Culture: mars 2021

Avis aux vieux singes et vielles guenons ! Zemmour , Le Pen et Mélenchon, vous êtes découverts .

 

 

 

« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'Epinay

Place Vendôme

à Paris

26è Septembre 1766

Si vous êtes chèvre, madame, il n’y a personne qui ne veuille devenir bouc ; mais vous m’avouerez que de vieux singes, devenus tigres, sont une horrible espèce. Comment se peut-il faire que les êtres pensants et sensibles ne cherchent pas à vivre ensemble dans un coin du monde, à l’abri des coquins absurdes qui le défigurent ? Je jouis de cette consolation depuis quelques années ; mais il y a des êtres qui me manquent : j’aurais voulu vivre surtout avec vous et vos amis. Il est vrai que le petit nombre de sages répandus dans Paris peut faire beaucoup de bien en s’élevant contre certaines atrocités, et en ramenant les hommes à la douceur et à la vertu. La raison est victorieuse à la longue ; elle se communique de proche en proche. Une douzaine d’honnêtes gens qui se font écouter produit plus de bien que cent volumes : peu de gens lisent, mais tout le monde converse, et le vrai fait impression.

Votre petit Mazar 1, madame, a pris, je crois, assez mal son temps pour apporter l’harmonie dans le temple de la discorde. Vous savez que je demeure à deux lieues de Genève : je ne sors jamais ; j’étais très malade quand ce phénomène a brillé sur le noir horizon de Genève. Enfin il est parti, à mon très grand regret, sans que je l’aie vu. Je me suis dépiqué en faisant jouer sur mon petit théâtre de Ferney des opéras-comiques pour ma convalescence ; toute la troupe de Genève, au nombre de cinquante, a bien voulu me faire ce plaisir. Vous croyez bien que l’auteur de la Henriade a fait jouer Henri IV. Nous avons tous pleuré d’attendrissement et de joie quand nous avons vu la petite famille se mettre à genoux devant ce bon roi. Tout cela est consolant, je l’avoue mais il y a trop de méridiens entre vous et moi : mon malheur est que mon château n’est pas une aile du vôtre ; c’est alors que je serais heureux. Madame Denis pense comme moi ; permettez-nous d’embrasser M. Grimm. Adieu, madame ; vivez heureuse. Agréez mon très tendre respect. »

1 Mozart ! Gabriel Cramer écrit en post- scriptum le 3 septembre 1766 à Johann Rudolf Sinner : « Nous avons ici un jeune Allemand qui m'est fort recommandé de Paris, il a neuf ans ; il joue du clavecin comme on n'en a jamais joué ; il déchiffre tout dans le moment, il compose sur tous les sujets possibles dans le moment, cela est gai, enfant, plein d'esprit, enfin on n'ose pas en parler de peur de n'être pas cru. »

Dans l'édition Garnier, Georges Avenel se contente de donner en note, sèchement : « Joueur de clavecin . » !

01/01/2022

Tout va comme il plait à Dieu

... et le président est son prophète !

Blagues - Alpha Classic

 

Bonne année à tous

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

26 septembre 1766 1

Je n'ai point reçu, mon cher ami, de réponse de M. Deodati . Il faut ou qu'il ne soit point à Paris ou qu'il soit malade, ou qu'il ne sache pas remplir les premiers devoirs de la société . Il me doit le témoignage de la vérité . Ma famille juge que la chose est importante . Je serai peut être forcé de m'adresser à monsieur le lieutenant de police .

Je vous ai déjà mandé que M. le duc de Choiseul et M. le duc de Praslin souhaitaient M. de Chardon pour rapporteur . J'ignore les sentiments présents de M. de Beaumont sur ce choix ; mais le point principal est l'impression de son mémoire . Je me flatte que M. d'Argental en aura le premier exemplaire .

Il me semble que le temps est favorable pour faire imprimer cet ouvrage, et pour disposer les esprits . L'automne est un temps d'indolence et de désœuvrement pendant lequel on est avide de nouveautés .

Vous savez sans doute que le sieur Saucourt 2, juge d'Abbeville, n'a pas voulu juger les autres accusés, et l'on croit qu'il se démettra de sa place . C'est ainsi qu'on se repent après que le mal est fait . J'attends votre paquet dans lequel j'espère trouver des consolations .

Si M. Boulanger, auteur du bel article Vingtième, vivait encore, il serait bien étonné que le blé coûte quarante francs le setier, et qu'on n'y mette point bon ordre . Tout va comme il plait à Dieu . Voulez-vous bien mon cher mai, envoyer cette lettre au libraire Lacombe ? Il y a aussi une lettre à lui adressée dans ce maudit recueil, et Lacombe sera sans doute plus honnête que Deodati .

Bonsoir , mon très cher ami . »

1 L'édition de Kehl amalgame cette lettre ébrégée et la lettre du 29 septembre 1766, également incomplète, sans destinataire . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/02/correspondance-annee-1766-partie-39.html

2 Belleval de Saucourt .