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19/01/2022

les passions donnent des forces.

... Je peux en témoigner , vous en êtes un parfait exemple chère Mam'zelle Wagnière .

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Toujours sourire

 

 

« A Cosimo Alessandro Collini, Secrétaire intime

bibliothécaire et historiographe de

S.A.E.

à Mannheim 1

Mon cher ami, vous savez que la renommée a cent bouches, et que, pour une qui dit vrai, il y en a quatre-vingt-dix-neuf qui mentent. Il y a plus de deux ans que je ne suis sorti de la maison , et qu'à peine j'ai pu aller dans le jardin cinq ou six fois. Vous voyez que je n’étais pas trop en état de voyager. Si j’avais pu me traîner quelque part, ç’aurait été assurément aux pieds de votre adorable maître ; et je vous jure encore que si j’ai jamais un mois de santé, vous me verrez à Schwetzingen 2, mes soixante et treize ans ne m’en empêcheront pas ; les passions donnent des forces.

Voici ce qui a donné lieu au bruit ridicule qui a couru. Le roi de Prusse m’avait envoyé cent écus pour ces malheureux Sirven, condamnés comme les Calas, et qui vont enfin être justifiés comme eux. Le roi de Prusse me manda même qu’il leur offrait un asile dans ses États 3. Je lui écrivis que je voudrais pouvoir aller les lui présenter moi-même ; il montra ma lettre. Ceux à qui il la montra 4 mandèrent à Paris que j’allais bientôt en Prusse . On broda sur ce canevas plus d’une histoire. Dieu merci, il n’y a point de mois où l’on ne fasse quelque conte de cette espèce. Un polisson vient d’imprimer quelques-unes de mes lettres 5 en Hollande. Je suis accoutumé depuis longtemps à ces petits agréments attachés à une malheureuse célébrité. Ces lettres ont été falsifiées d’une manière indigne . Il faut souffrir tout cela, et j’en rirais de bon cœur si je me portais bien.

Mettez-moi aux pieds de Leurs Altesses Sérénissimes, mon cher ami , présentez-leur mon profond respect et mon attachement inviolable. Je vous embrasse du meilleur de mon cœur .

V.

22è octobre 1766 à Ferney. »

1 Original avec mention « f[ran]co Canstat » . L'édition Collini est très fautive .

2 Maison de plaisance de l’électeur palatin.

4 Tronchin , fils de Théodore.

5 M. de Voltaire peint par lui-même, ou Lettres de cet écrivain ; 1766, in-12 ; il y a des éditions de 1768, 1771, 1772. La préface et les notes sont attribuées à La Beaumelle. Le ton est donné par l'épigraphe : « J'ai des adorateurs et je n'ai pas un ami . » . Voir : https://books.google.ht/books?id=JAxbAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

Il en paraît tous les mois quelqu’un de cette espèce... chaque secte a ses fanatiques

... Désagréable, mais vrai .

La secte des adorateurs de volailles - Photos Humour

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet , comtesse d'Argental

22è octobre 1766

Mes divins anges, si mon état continue, adieu les tragédies. J’ai été vivement secoué, et j’ai la mine d’aller trouver Sophocle avant de faire, comme lui, des tragédies à quatre-vingts ans. Cependant je me sens un peu mieux, quand je songe que ma petite Durancy 1 est devenue une Clairon. J’eus très grande opinion d’elle lorsque je la vis débuter sur des tréteaux en Savoie, aux portes de Genève, et je vous prie, quand vous la verrez, de la faire souvenir de mes prophéties ; mais je vous avoue que je suis étonné qu’elle ait pris Pulchérie pour se faire valoir ; c’est ressusciter un mort après quatre-vingt-dix ans : Pulchérie est, à mon gré, un des plus mauvais ouvrages de Corneille. Je sens bien qu’elle a voulu prendre un rôle tout neuf ; mais quand on prend un habit neuf, il ne faut pas le prendre de bure.

Nous venons de perdre un homme bien médiocre à l’Académie française 2. On dit qu’il sera remplacé par Thomas 3; il aura besoin de toute son éloquence pour faire l’éloge d’un homme si mince.

Ne pourrais-je pas vous envoyer le Commentaire sur les Délits et les Peines 4 par la voie de M. Marin ? L’enveloppe de M. de Sartine n’est-elle pas, dans ces cas-là, une sauvegarde assurée ? On suppose alors, avec raison, que ces livres envoyés au secrétaire de la librairie lui sont adressés pour savoir si on en permettra l’introduction en France. Je ferai ce que vous me prescrirez. Je pourrais me servir de la voie de M. le chevalier de Beauteville, mais je ne l’emploierai qu’en cas que vous trouviez qu’il n’y a point d’inconvénient.

Le livre de Fréret 5 fait beaucoup de bruit. Il en paraît tous les mois quelqu’un de cette espèce. Il y a des gens acharnés contre les préjugés : on ne leur fera pas lâcher prise , chaque secte a ses fanatiques. Je n’ai pas, Dieu merci, ce zèle emporté ; j’attends paisiblement la mort entre mes montagnes, et je n’ai nulle envie de mourir martyr. Je ne veux pas non plus finir comme un citoyen de Genève, extrêmement riche, qui vient de se jeter dans le Rhône parce qu’avec son argent il n’avait pu acheter la santé . Je sais souffrir, et je n’irai dans le Rhône qu’à la dernière extrémité. Je suis assez de l’avis de Mécène 6, qui disait qu’un malade devait se trouver heureux d’être en vie.

Portez-vous bien, mes adorables anges ; il n’y a que cela de bon, parce que cela fait trouver tout bon.

Je voudrais bien savoir ce qu’on dit dans le public de la charlatanerie de Jean-Jacques ; j’ai vu un Thomas 7 sur le Pont-Neuf qui valait beaucoup mieux que lui, et dont on parlait moins. Ne m’oubliez pas, je vous en prie, auprès de M. de Chauvelin, quand vous le verrez.

Recevez mon tendre respect. »

1 Magdeleine-Céleste Fieuzal de Frossac, nommée Mlle Durancy, a fait ses débuts en 1759, est passée par l'Opéra, puis revenue à la Comédie quand Mlle Clairon se retira .

Voir : https://data.bnf.fr/atelier/14817975/magdelaine-celeste_fieuzal_de_frossac/

et : http://siefar.org/dictionnaire/fr/Madeleine-C%C3%A9leste_Fieuzal

5 L’Examen critique des Apologistes : voyez lettre du 1er avril 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/06/m-6325583.html

7 C’était un célèbre et remarquable arracheur de dents, fin du XVIIe siècle et surtout XVIIIè  : https://www.persee.fr/doc/pharm_0035-2349_1936_num_24_96_11433

18/01/2022

en cas qu'un heureux hasard vous fasse rencontrer une personne honnête et un peu instruite à qui on pourrait procurer une petite fortune, et surtout une entière liberté qui vaut mieux que l'opulence

... J'attends ...

Un nom ? des noms ?...

Personne . On ne trouve que des instruits ; selon eux, la petite fortune  vient au premier plan bien avant la liberté .

S'il est un exemple d'instruit, mais malhonnête intellectuellement, le Jean-Luc Mélenchon sert d'étalon ; ce grand savant (de Marseille évidemment ) sait d'où viennent les virus et sait comment les éradiquer , il se pose en écologiste et bienfaiteur des animaux et de la planète, ce n'est qu'un bonimenteur de foire, et  bien que de gauche il ne sent pas la rose , son parfum est celui de Pépé le Putois .  Faut pas pousser grand'mère dans l'concasseur ! (Pierre Perret dixit)

 

 

 

« A Jacob Vernes

à Séligny

près de Copet

17è octobre 1766 à Ferney

On ne m'a point rendu, monsieur, le petit livre que vous me demandiez 1 ; j'écris à l'auteur pour le prier de vouloir bien m'en envoyer une douzaine d'exemplaires . Je ne manquerai pas de vous en faire tenir un s'il m'accorde ma requête .

Connaîtriez-vous, ou pourriez-vous trouver dans le pays de Vaud quelque honnête homme qui s’entendit à la culture des terres, et qui voulût administrer ou prendre à ferme un domaine assez considérable ? Il y serait entièrement libre, on lui ferait des conditions avantageuses . C'est dans un pays où la tolérance la plus grande est admise ; on désirerait même que cet homme fût de la religion des arminiens, ou plutôt des céliens . Il ne serait point du tout exposé à la mauvaise volonté des gomaristes 2 . Vous me répondrez peut-être qu'il faudrait que cet homme eut été élevé par vous, et que vous n'avez pas encore eu le temps de semer votre bon grain . Aussi je ne vous fais cette proposition qu'en cas qu'un heureux hasard vous fasse rencontrer une personne honnête et un peu instruite à qui on pourrait procurer une petite fortune, et surtout une entière liberté qui vaut mieux que l'opulence .

Je vous demande votre bénédiction, et je vous donne la mienne . Les petits présents entretiennent l'amitié . »

1 D'après une indication fournie par la lettre du 27 octobre 1766 à Vernes, il appert que cet écrit est l'Abrégé de l'histoire de l’Église : « J'ai eu l'honneur, monsieur, d'envoyer chez M. votre frère cet Abrégé qu'on m'a enfin rendu . » Voir aussi lettre du 13 juin 1766 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/09/01/ceux-qui-font-mourir-des-citoyens-sans-dire-precisement-pour-6335108.html

Et voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8541533.image

et  l'auteur Claude Yvon : http://abbe.yvon.free.fr/biographie_yvon_2016c.pdf

2 Les arminiens professent sur la prédestination des thèses opposées à celles de Calvin et des gomaristes . Les céliens ne sont pas connus ; V* penserait-il aux célicoles qui au temps de l'empereur Honorius vénéraient le ciel à la place de Dieu ?

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Arminianisme

et : https://fr.wiktionary.org/wiki/gomariste

et : https://fr.wiktionary.org/wiki/c%C3%A9licole

et : https://www.parents.fr/prenoms/celien-37285

17/01/2022

Vous vous intéressez au bonheur des hommes autant qu'à la vérité . Vous procurerez l'un, et vous ferez connaître l'autre

... Mais, sacré nom d'une pipe, à quel.le candidat.e à la présidence pourrais-je dire cela ?

-- Rigoureusement aucun.e !

https://static.mediapart.fr/etmagine/default/files/2022/01/03/resiste.jpg?width=883&height=881&width_format=pixel&height_format=pixel

Un bon début de solution .

https://www.google.com/search?channel=crow5&client=fi...

 

 

« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin Fils, Avocat

en parlement

à Saint-Claude

17è octobre 1766

Je crois qu'il s'en faut beaucoup , mon cher Papinien 1que l'édition du Commentaire sur les délits et les peines soit vendue . Je ne crois pas qu'il en soit entré deux exemplaires en France . On ne peut faire parvenir à Paris aucun livre des pays étrangers . Les suppléments que vous m'envoyez sont aussi intéressants que judicieux, et je ne doute pas que vous ne fassiez un jour un excellent ouvrage sur cette matière . Vous vous intéressez au bonheur des hommes autant qu'à la vérité . Vous procurerez l'un, et vous ferez connaître l'autre . Cette vérité si longtemps étrangère chez les hommes commence à les apprivoiser . Elle se fait tous les jours des amis, elle compte sur vous comme moi-même . Je suis fâché que vous ne la cultiviez pas à Ferney, et je m'imagine que quelque chose de plus aimable encore que la vérité vous retient dans vos montagnes . Si jamais vous trouvez quelque honnête homme qui veuille régir loin d'ici un joli domaine, où il jouira d'une liberté absolue, et où il sera exempt de tout impôt, je vous prierai de me l'envoyer . Je vous embrasse de tout mon cœur.

Mes compliments je vous prie à M. Guirand.2 »

1 Suivant le célèbre jurisconsulte romain Aemilius Papinianus : https://fr.wikipedia.org/wiki/Papinien

16/01/2022

Je suis en bonnet de nuit

... Et à poil(s).

Avides de sensations ^^ (page 78) - Jeux & divertissements

 

 

 

« A Pierre-Michel Hennin

[vers octobre 1766]

Notre hôpital, monsieur, est très sensible à votre charité. Maman 1 est affligée d’un rhumatisse, et ne peut faire aucun exercisme 2. Pâté 3 est accouchée d’un faux germe, comme certaine Julie du sieur Jean-Jacques ; mais elle n’en est que plus belle. Cornélie-Chiffon est garde-malade. Je suis en bonnet de nuit. Père Adam trotte. Nous sommes tous également pénétrés de vos bontés. Mettez mon cadavre et ce qui me reste d’âme aux pieds de monsieur l’ambassadeur. Mille tendres et respectueux remerciements.

V. »

1 Mme Denis .

2 La forme rhumatisse commence à être sentie comme populaire, d'où le jeu de mots sur exercisse par hypercorrection cette fois .

3 Agathe Frik, de Fahsneim en Alsace, cuisinière et femme de chambre Mme Denis. Voltaire l'avait mariée à Etienne Perrachon, de Ferney. C'est la belle Agathe, dont parle Grimm : « Agathe, ô belle

-Agathe...  »  Elle  accouchera d'un  gros  garçon  à  la  fin  de  1770,  ce qui  fera  dire  au  poète  :  «  Nous  ne  savons  plus  où  mettre  notre  marmaille. Dieu  nous  bénit.  »  Correspondance  inédite  de  Voltaire  avec M. Hennin  (Paris,  Berlin,  1825),  p,  248.  Lettre  de  Voltaire  à  Hennin,le  saint  jour  de  Noël  (25  décembre). 

Voir : https://archive.org/stream/voltaireetlasoc07desn/voltaireetlasoc07desn_djvu.txt

15/01/2022

N'y aurait[-il] pas une manière plus honnête de vivre ?

... A vous tous, fraudeurs, menteurs, qui volez sans vergogne, disparaissez . Sans tarder .

20 citations sur le zèle : qualité ou défaut ? - Citons-precis.com/citations

Etre élu, est-ce une récompense ? Si oui, pas étonnant que nous soyons si souvent déçus .

 

 

« A Gabriel Cramer

[15 octobre 1766 ? ]

On vient encore , mon cher Gabriel, d'imprimer à Avignon , sous le nom de Lausanne ce recueil de mes prétendues lettres augmenté jusqu'à deux volumes 1. Il faudrait tâcher d'avoir cette rapsodie, afin de discerner le bon grain de l'ivraie . Vous pourriez alors, en donnant au public les lettres telles que je les ai écrites, faire tomber ces impertinentes éditions . Je m'imagine que ce sont des jésuites d'Avignon qui impriment ces bêtises pour gagner du pain . N'y aurait[-il] pas une manière plus honnête de vivre ?

Quand vous pourrez vous échapper pour venir me voir, je vous montrerai la véritable lettre de M. Hume sur Jean-Jacques . Vous me direz ce que je vous dois . Je vous embrasse bien tendrement . »

1Voir lettre du 15 octobre 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/01/13/m-6360082.html

14/01/2022

Je préfèrerais de grandes filles belles et bien faites à de vieux malades

... Ce cher Voltaire préfère donc la compagnie des miss plutôt que celle des pensionnaires d'EHPAD, c'est bon pour le moral, et je l'approuve .

Bandes dessinées - Les Vieux Fourneaux - Tome 4 La Magicienne - DARGAUD

 

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon

[vers le 15 octobre 1766] 1

Si j'avais votre jeunesse et vos grâces, par ma foi je ferais tout comme vous . Je préfèrerais de grandes filles belles et bien faites à de vieux malades . Quand elles vous donneront un moment de relâche, venez voir votre oncle à Ferney . Notre hôpital est triste, mais cet hôpital vous aime .

Souvenez-vous que vous m'avez promis de me montrer quelque chose de votre façon . Vous savez combien tout ce que vous faites m'est précieux . Adieu, cher ami, réjouissez-vous .

V. »

1 Manuscrit olographe daté 1777 de main d'éditeur ; mais voir autres lettres à Chabanon de cette période .