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09/04/2023

il est clair qu'on ne peut acquérir la vie éternelle qu’en faisant condamner un Franc-Comtois au parlement

... Joyeuses Pâques !

Heureuse (ou heureux ?) Pessa'h !

Et pendant qu'on y est bon Ramadan !

A bombes que veux-tu, si on s'en tient à l'actualité . Ah ! que c'est beau la religion quand elle est ainsi pratiquée, ça donne envie de s'unir à tous ces bons fidèles qui aiment tant leurs semblables qu'ils les envoient au paradis prématurément . Comparé à ce qui se passe sur terre, l'au-delà ne peut être que plus tranquille .

 

 

 

« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin

19è auguste 1767 à Ferney

Je ne ferai point le voyage pour si peu de chose, mon cher ami, mais je profiterai de vos bontés et je vous chargerai de tout lorsque vous viendrez au mois de septembre comme vous le faites espérer . Je n'ai fait qu'entrevoir M. de Marnésiac 1.

Votre pauvre Fantet sera donc obligé de faire le voyage de Douai ; cela est assurément contre toutes les règles, mais je ne suis pas étonné que dans une affaire aussi importante et qui concerne le salut de l’Etat on s'élève au-dessus des lois . Il s'agit même de plus que le salut de l’État, il est question de celui des âmes, et il est clair qu'on ne peut acquérir la vie éternelle qu’en faisant condamner un Franc-Comtois au parlement de Douai .

Souffrez que je vous prie de donner quatre louis à Rosset .

Je vous embrasse de tout mon cœur.

V. »

Point de quartier aux méchants, et point d'indifférence pour la cause des gens de bien ; voilà le devoir d'un homme qui pense avec fermeté

...  Urbi et orbi !

 

 

« A Philippe-Charles-François-Joseph de Pavée, marquis de Villevielle, Capitaine au

régiment du roi, etc.

à Montpellier

A Ferney, 18è auguste 1767

Je doute beaucoup, monsieur, que le sieur La Beaumelle soit allé à Paris faire des siennes, car je sais qu'il avait ordre de rester où il est; et M. de Gudanes, commandant du pays de Foix, l'a menacé, de la part du roi, des châtiments les plus sévères. C'est ce que M. le comte de Saint-Florentin m'a fait l'honneur de me mander. Ce La Beaumelle est un étrange homme. Je l'avais tiré, à Berlin, de la misère. Une veuve, plus charitable que moi, l'a mis à son aise en l'épousant. Cette veuve est malheureusement la fille de M. de Lavaysse, célèbre avocat de Toulouse, dont le fils fut mis aux fers avec les Calas, et dont je pris le parti si hautement et avec tant de chaleur. Il est très triste pour moi que le gendre d'un homme que j'estime et que j'ai servi soit si criminel et si méprisable. Mais, si d'une main on soutient les innocents opprimés, on doit, de l'autre, écraser les calomniateurs. Point de quartier aux méchants, et point d'indifférence pour la cause des gens de bien ; voilà le devoir d'un homme qui pense avec fermeté.

Je vois qu'il y a encore bien de la fermentation dans les esprits en Languedoc. Il me paraît qu'il y en a davantage en Guyenne. Vous savez que les protestants y sont accusés d'avoir voulu assassiner un curé, qu'il y a du monde en prison, et que l'affaire n'est pas encore éclaircie. M. le maréchal de Richelieu, à qui j'en ai écrit 1, me mande que c'est une affaire fort embarrassée et fort embarrassante 2. La philosophie perce bien difficilement chez les huguenots et chez les papistes.

Nous avons ici plus de légions que César n'en avait quand il chassa Pompée de Rome; mais, Dieu merci, elles ne font que du bien dans notre petit pays de Gex. Vous avez, dans ce pays inconnu, un homme qui vous sera attaché jusqu'au dernier moment de sa vie avec la plus respectueuse tendresse.

V. »

2 Lettre conservée Besterman, D 14327 .

08/04/2023

il n'y a plus moyen d'écrire pour écrire

... Sauf si on zappe, -pour le plus grand bien de sa santé-, l'usage des réseaux dits sociaux et leurs millions/milliards d'heures d'informations absolument inutiles et , en désespérante majorité, néfastes .

 

 

« A François de Chennevières

Le 18 auguste 1767

Mon cher et ancien ami, je ne vous écris que dans les occasions. Je suis si vieux et si malade qu'il n'y a plus moyen d'écrire pour écrire . Voici un mémoire que j'ai été forcé 1 de faire ; il s'agissait de l'honneur de la maison royale, de celui des lettres et de la vérité. Jugez de l'atrocité des calomnies! Je vous prie d'envoyer ma lettre et un mémoire à M. de La Touraille 2 , ma lettre pour lui est tout ouverte 3. Vous savez que messieurs des postes ne permettent guère qu'on adresse à ceux qui ont leurs ports francs des lettres cachetées 4, des paquets pour d'autres qu'eux. Il y a des entraves partout.

Je vous embrasse tendrement, maman Denis en fait autant. »

1 L'édition Besterman omet le mot forcé .

2 La copie Boissy d'Anglas porte par erreur Fournil .

3 Lettre inconnue .

4 Ces trois mots, rayés dans une copie ancienne, manquent dans toutes les éditions .

07/04/2023

cela est plus nécessaire que des juleps de cresson

... Ecouter François Morel et autres chroniqueurs.euses de France-Inter ; par ex., en prime :https://www.youtube.com/watch?v=LfX9YbEBGhc&ab_channe...

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

18 auguste 1767 à Ferney

Bénis soient Dieu et mes anges ! Puisque Mme d'Argental se porte mieux, je suis assez hardi pour envoyer deux exemplaires des Scythes. Je n'en envoie que deux, pour ne pas trop grossir le paquet. J'en ai adressé quatre à M. le duc de Praslin, et trois à M. le duc de Choiseul. J'en ferai venir tant qu'on voudra, on n'a qu'à commander.

Dès que me d'Argental sera en pleine convalescence, et qu'elle pourra s'amuser de balivernes, adressez-vous à moi, je vous amuserai sur-le-champ ; cela est plus nécessaire que des juleps de cresson 1. Elle a essuyé là une furieuse secousse. Pour moi, je ne sais pas comment je suis en vie, avec ma maigreur qui se soutient toujours, et mon climat, qui change quatre fois par jour. Il faut avouer que la vie ressemble au festin de Damoclès ; le glaive est toujours suspendu.

Portez-vous bien tous deux, mes divins anges. Le petit ermitage va faire un feu de joie.

V. »

1 Longtemps tenu pour être une médication énergétique . De nos jours, voir : https://www.passeportsante.net/fr/Nutrition/EncyclopedieAliments/Fiche.aspx?doc=cresson_nu

si vous pouviez faire effacer la note d'infamie qu'un sot préjugé attache encore à des talents précieux et rares

... C'est heureusement fait, et les comédiens ne sont plus excommuniés . Dans le même temps, un nombre pharamineux d'ecclésiastiques se rendent indignes de leur fonction, l'excommunication n'est plus prononcée : pourquoi ? Comprenne qui peut dans cette Eglise , autres temps, autres moeurs . Silence ! les cloches se rendent à Rome .

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

17è auguste 1767, à Ferney

Celle-ci, monseigneur, est bien autant pour le premier gentilhomme de la chambre que pour le souverain d'Aquitaine. Je mets à vos pieds deux exemplaires des Scythes de l'édition de Lyon l'un pour vous, et l'autre pour votre troupe de Bordeaux. Cette édition est, sans contredit, la meilleure. Les Scythes se recommandent à votre protection pour Fontainebleau. J'avoue que nous avons de meilleurs acteurs que le roi. M. le comte de Coigny 1, M. le chevalier de Jaucourt, et M. de Melfort 2, en sont bien étonnés. Il ne tiendrait qu'à vous d'en avoir d'aussi bons, si vous pouviez faire effacer la note d'infamie qu'un sot préjugé attache encore à des talents précieux et rares.

M. Hennin, résident du roi à Genève, a dû avoir l'honneur de vous écrire sur Gallien. Il m'en paraît content; il espère le former ; cette place est bonne. Les passeports et les certificats de vie des Genevois vaudront au moins à Gallien mille francs par an. Je donnerai les dix louis d'or en question, sur le premier ordre que je recevrai de vous. Vous me permettez de ne pas vous écrire de ma main quand ma détestable santé me tient sur le grabat . C'est l'état où je suis aujourd'hui, avec la résignation convenable, et avec le plus tendre et le plus respectueux attachement. »

 

06/04/2023

réduit à la mendicité avec un revenu considérable

... C'est l'Etat français passé, présent et à venir ... Merci les casseurs !

 

 

« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy, Conseiller au

Parlement

rue d'Anjou au Marais

à Paris

A Ferney 17 auguste 1767

N. B. – Aoust est bien welche.

La tante et le vieil oncle sont bien sensibles au souvenir amplissimi conciliarii in parlamento 1. Nous le prions instamment de nous tirer par son éloquence d'un étrange embarras . Nous subsistons par la bonté de M. de La Borde qui nous avance de quoi payer le boucher de Genève et les violons de Condé 2 , au 1er de chaque mois . M. de Laleu qui avait remboursé exactement M. de La Borde, est en arrière de quatre mois entiers . Nous ne pouvons plus abuser des bontés de M. de La Borde . Cette détresse , jointe à l'oubli de M. le duc de Virtemberg, nous réduit à la mendicité avec un revenu considérable . Maman donne des fêtes et le vieux malade n'a pas de quoi les payer . Si M. de Laleu ne paye pas M. de La Borde, il faut que je m'enfuie ou que je me jette dans le lac . Il faut bien accepter l'arrangement de M. de Lézeau 3, et cet arrangement même est encore une nouvelle gène . Dans cette extrémité, nous avons recours à notre cher conseiller . Nous le prions, Mme Denis et moi, de vouloir bien parler au Laleu, de l'engager à payer le banquier du roi et de ne pas nous faire perdre le seul crédit qui nous fait subsister . Je vous demande en grâce que je sache par vous sur quoi je peux compter . Laleu n'écrit jamais . Il me laisse dans l’ignorance et dans l'inquiétude . S'il ne paye pas le banquier du roi il faudra que j'emprunte à Genève, car je ne veux pas me brouiller avec le premier homme de la cour . Adieu, mon très cher neveu, je me recommande à votre très bon cœur .

V. »

1 Latin de cuisine : du très éminent conseiller au parlement .

2 Payer les violons signifie régler les dépenses relatives aux distractions d'autrui ; de Condé fait référence aux grandes dépenses que Condé fit pour traiter magnifiquement Louis XIV à Chantilly .

3 Sur ce personnage, voir lettre du 11 mai 1767 à l'abbé Moussinot : https://fr.m.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1737/Lettre_746

et lettre du 12 janvier 1759 à  Cideville : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1759/Lettre_3748

et du 10 mai 1764 à Cideville : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1764/Lettre_5643

05/04/2023

rendre les cuistres bien odieux et bien ridicules

... Merci Voltaire d'avoir si bien travaillé à cela .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

16 auguste 1767

Si vous croyez, mon cher ami, qu'il soit bon de faire courir cette lettre pour rendre les cuistres bien odieux et bien ridicules, donnez-lui des actes . Copie à Protagoras ; encore à Marmontel .

Comment va Mme d'Argental ? Joue-t-on Cosroès ? Avez-vous la bonté d'envoyer à Laleu mon certificat menteur ? Je n'en peux plus . Je vous aime autant que je souffre . »