01/08/2024
Est-il vrai qu'on ait supprimé la caisse d'escompte
... Oui, et plutôt deux fois qu'une : https://fr.wikipedia.org/wiki/Caisse_d%27escompte
Il est à ne pas oublier que le taux de rendement du LEP passe ce jour de 5% à 4% ! Merci aux ministres qui visiblement n'en ont jamais eu besoin et à la future fournée qui ne fera pas mieux .
« A Marie-Louise Denis
rue Bergère, vis-à-vis l'hôtel des Menus
à Paris
20è janvier 1769
Ma chère nièce, vous recevrez incessamment, deux paquets que vous apporte M. Des Franches, l'un contient de petites apostilles sur l'affaire de Guimond de La Touche, l'autre regarde votre terre de Ferney, et vous y trouverez un mémoire que vous pourrez envoyer à M. Gayot . Je crois que vous pouvez m'écrire avec liberté par la voie de M. Marin . Les lettres contresignées chancelier ne sont jamais ouvertes, et d'ailleurs une liberté sage n'est jamais dangereuse .
Est-il vrai que le lit de justice 1 n' a pas été bien reçu dans Paris ? Est-il vrai que le public soit indisposé contre M. le duc de Choiseul, et désapprouve hautement la guerre de Corse ? Est-il vrai qu'on ait supprimé la caisse d'escompte que M. de Laborde avait formée ? Voilà de ces choses qu'on peut mander avec la discrétion requise, sans rien risquer, surtout quand 2 est mêlé avec les affaires de La Touche et de la Comédie .
Dites-moi surtout des nouvelles de votre santé, qui m'intéresse beaucoup plus que La Touche et Mme Vestris . Bonsoir , ma chère nièce, votre ancien ami vous embrasse très tendrement. »
1 Le lit de justice du 11 janvier 1769 où de nouveaux impôts et de nouveaux emprunts furent enregistrés par le parlement . Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8614225k.image
2 Un mot comme on a été probablement oublié .
17:40 | Lien permanent | Commentaires (0)
les filles n'y ont gagné que la vérole, il est bien juste que la ville de Gex en ait sa part
... Non, ce n'est pas le bilan des festivités du 1er août à Genève, mais pour ceux qui connaissent cette ville, on n'en est pas loin, le commerce sexuel y étant florissant au grand dam de Calvin ; lequel commerce ne connaissant pas de frontière, Gex n'y échappe sûrement pas .
Suivez le programme : https://lepaysgessien.lemessager.fr/649320972/article/202...
« A Marie-Louise Denis
17è janvier 1769 à Ferney
Je vous envoie, ma chère nièce, un petit paquet par M. Des Franches, dans lequel vous trouverez les changements essentiels pour l'ouvrage de La Touche . Ils sont dans une grande feuille, divisée par coupons comme des effets royaux ; rien ne sera plus aisé que de mettre ces coupons à leur place, avec quatre petits pains .
Voici une autre affaire . C'est une requête que je vous prie très fort de signer, et d'envoyer à M. Gayot, votre ancien ami . Nous avons été terriblement vexés, le pauvre Mallet et moi . Les soldats du régiment de Cambrésis sont ingouvernables, quelque peine que les officiers aient prise pour les contenir . Votre pauvre village a été foulé, figurez-vous qu'on a été obligé de fournir cinquante paires de draps, autant de couvertures et dix-sept lits garnis d'officiers . Mallet et moi, nous avons presque tout fourni . Le paysan était près de tout abandonner et de s'enfuir . Des hommes et des femmes ont été battus, les filles n'y ont gagné que la vérole, il est bien juste que la ville de Gex en ait sa part . Pour moi, j'avoue que je ne puis tenir à ce voisinage . Je ne veux point importuner M. le duc de Choiseul de ces détails dans lesquels il n'entre guère . Je le crois assez embarrassé de la malheureuse expédition en Corse . Ces petites choses très importunes dépendent entièrement de M. Gayot . Je ne doute pas qu'il n'ait beaucoup d'égard à vos représentations . La chose presse, voici le temps de la distribution des quartiers . Il ne vous en coûtera qu'une petite lettre à M. Gayot pour appuyer la requête . Plût à Dieu que vous eussiez vendu Ferney qui ne rapporte que de l'embarras, vous auriez beaucoup d'argent comptant, et je mourrais tout aussi bien à Tournay qu'à Ferney, le président De Brosses ayant eu honte enfin de ses infâmes procédés, et s'étant mis à la raison .
Je me flatte, ma chère nièce,que votre santé est entièrement raffermie . On dit que votre saison est charmante et que vous avez le printemps au mois de janvier ; nous l'avons aussi,mais nous le paierons chèrement .
Je n'ai point entendu parler du paquet du président Hénault que vous vouliez m'envoyer par la diligence de Lyon .
Aimez-moi toujours un peu, c'est mon unique plaisir dans ma profonde retraite.
V. »
08:57 | Lien permanent | Commentaires (0)
Je sais bien que l’Europe n’approuve pas cette guerre , mais les ministres peuvent voir ce que le reste du monde ne voit pas. D’ailleurs cette entreprise étant une fois commencée, on ne pourrait guère y renoncer sans honte
... Voila ce qui résume fort bien les prises de position vis-à-vis de l'Ukraine contre la Russie . Jusqu'où peut-on aller sans faire tuer nos concitoyens ? Nos ministres sont-ils/elles si clairvoyant.e.s ? Je crains bien que non .
« A François-Gabriel Le Fournier, chevalier de Wargemont
16è janvier 1769
Le solitaire, monsieur, à qui vous daignez vous expliquer avec confiance, le mérite du moins par son extrême attachement pour vous. Il pense comme vous qu’on casse des cruches de terre avec des louis d’or, et qu’après s’être emparé d’un pays très misérable, il en coûtera plus peut-être pour le conserver que pour l’avoir conquis. Je ne sais s’il n’eût pas mieux valu s’en déclarer simplement protecteur avec un tribut ; mais ceux qui gouvernent ont des lumières que les particuliers ne peuvent avoir. Il se peut que la Corse devienne nécessaire dans les dissensions qui surviendront en Italie. Cette guerre exerce le soldat et l’accoutume à manœuvrer dans un pays de montagnes.
Je sais bien que l’Europe n’approuve pas cette guerre , mais les ministres peuvent voir ce que le reste du monde ne voit pas. D’ailleurs cette entreprise étant une fois commencée, on ne pourrait guère y renoncer sans honte.
Si vous voyez M. de Chauvelin, je vous supplie, monsieur, d’ajouter à toutes vos bontés celle de lui dire combien je m’intéresse à lui. Je lui suis attaché depuis longtemps. La nation corse ne méritait guère qu’on lui envoyât l’homme le plus aimable de France et le plus conciliant.
Je vous tiens très heureux, monsieur, de pouvoir passer votre hiver auprès d’un homme aussi généralement aimé et estimé que M. le prince de S*** 1. Il me semble que le public rend justice à la noblesse de son âme, à sa générosité, à sa bonté, à sa valeur et à la douceur de ses mœurs. Il m’a fait l’honneur de m’écrire une lettre 2 à laquelle j’ai été extrêmement sensible ; cela console ma vieillesse, qui devient bien infirme. Je mourrai en le respectant. Je vous en dis autant, monsieur, et du fond de mon cœur.
V.»
1 Soubise .
2 Dans cette lettre qui est connue, le prince de Soubise remercie V* de l'envoi de « quatre volumes du Siècle de Louis XIV et de Louis XV » et de la délicatesse avec laquelle il a traité de la bataille de Rossbach .
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