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09/08/2024

J’ai pensé que cela vous amuserait plus que les assemblées de messieurs pour faire enchérir le pain, et que toutes les tracasseries modernes, dont on dit que vous faites peu de cas

... Petit post scriptum à une invitation du président aux remises de médailles olympiques ?

Ou critique d'athlète à un "président hors-sol": https://www.msn.com/fr-fr/actualite/other/jo-2024-emmanue...

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Tout sourire

 

 

« A Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul

A Lyon ce 2 février 1769 1

Madame, le présent manuscrit étant parvenu en ma boutique, et cette chose étant très vraie et très drôle, j’ai cru en devoir faire prompt hommage à Votre Excellence avant de la mettre en lumière. J’ai pensé que cela vous amuserait plus que les assemblées de messieurs pour faire enchérir le pain, et que toutes les tracasseries modernes, dont on dit que vous faites peu de cas.

Au surplus, madame, je charge votre conscience, quand vous aurez lu la Canonisation de saint Cucufin 2, de la faire lire à madame votre petite-fille 3, laquelle a grand besoin d’amusement et de consolation, étant attaquée du mal de Tobie, et n’ayant point d’ange Raphaël pour lui rendre la vue avec le foie d’un brochet 4. Je me tue à l’amuser tant que je puis ; ce qui est très difficile, tant elle a d’esprit.

Dès que j’aurai mis sous presse la Canonisation de saint Cucufin, à qui je fais de présent une neuvaine, je ne manquerai pas de vous envoyer, madame, deux exemplaires, l’un pour vous, et l’autre pour votre petite-fille, comptant parfaitement sur votre dévotion envers les saints, et sur votre discrétion envers les profanes. J’espère même, sous un mois ou six semaines, garnir votre bibliothèque d’un ouvrage fort insolent 5; mais si le délicat et ingénieux abbé de La Bletterie me défend de plus vous fournir, je ne vous fournirai rien, et je vous laisserai au filet 6.

Toutefois j’ai l’honneur d’être avec un respect vraiment sincère,

madame,

de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.

Guillemet. »

1 Voltaire était à Ferney : mais il date sa lettre de Lyon, parce qu’il suppose que c’est là que demeure le typographe Guillemet, dont il prend le nom. ( Beuchot.)

Copies faites pour Mme Du Deffand ; copie par Wyatt ; édition Kehl .

3 Mme du Déffand appelait Mme de Choiseul sa grand’maman.

4 Dans le livre apocryphe de Tobie . On commence, semble-t-il à voir V* s'intéresser aux histoires bibliques qui feront le fond du Taureau blanc : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-en-ligne-conte-49174851.html

5 Je pense qu’il veut parler de l’Histoire du parlement. (Beuchot.)

V* ayant à cette époque plusieurs ouvrages insolents en chantier il est impossible de dire à quoi ceci s'applique .( Besterman ).

6 « Le filet est un «bridon léger à canons minces qui accompagne d'ordinaire la bride et sert à ménager la bouche du cheval » . D'où par extension, mettre un cheval au filet, lui passer le filet et lui faire tourner le dos au râtelier, et, figurément , l'emploi du texte qui revient à « laisser sans provisions » . Ces explications sont données par le Dictionnaire général de Hatzfeld, Darmesteter et Thomas, qui cite le présent passage.

08/08/2024

J'ai toujours oublié de prier

... Ou pas voulu , et je ne m'en repens pas le moins du monde .  Prier qui ou quoi ? Surtout ne pas me mêler à ces fidèles qui sont ces gens-là : https://www.bing.com/videos/riverview/relatedvideo?&q... 

 

 

 

« A Gabriel Cramer

2 de [janvier- février 1769]

J'ai toujours oublié de prier monsieur Cramer de rétablir dans sa petite édition la dédicace à l'impératrice de Russie à la tête de l'Histoire générale 1. Je lui serai très obligé de vouloir bien avoir cette attention . »

1 L'oeuvre dédiée à Catherine II est la Philosophie de l'Histoire ; la « petite édition » ne peut donc être que l'édition in-quarto dans laquelle V* plaça ce texte en tête de l'Essai sur les mœurs, vol. VIII, 1769 .

Voir : http://classiques.uqac.ca/classiques/Voltaire/essai_sur_les_moeurs_t2/essai_sur_les_moeurs_t2_preface.html

et https://www.voltaire.ox.ac.uk/publication/essai-sur-les-m%C5%93urs-et-lesprit-des-nations-viii/

ses premières dettes sont excusables. Elles en attirèrent d’autres ; les intérêts s’accumulèrent ; et voilà la première cause de sa ruine

... Craignons tous qu'un jour on puisse dire cela de la France ; que les nouveaux arrivants de l'Assemblée nationale y réfléchissent à deux fois avant de nous lancer dans des actions financièrement déplorables . 

 

 

 

« A Louise-Bernarde Berthier de Sauvigny

A Ferney le 30ènjanvier 1769

Depuis que j’ai eu l’honneur de vous écrire, madame, monsieur votre frère est venu passer huit jours chez moi. J’ai eu tout le temps de le connaître, et d’entrer dans le détail de toutes ses malheureuses affaires. Je me trompe beaucoup, ou la facilité de son caractère a été la cause principale de toutes ses fautes et de toutes ses disgrâces. Les unes et les autres sont bien funestes. S’il est vrai que son père, riche de cinq millions, ne lui donna que six cents livres de pension au sortir de ses études, ses premières dettes sont excusables. Elles en attirèrent d’autres ; les intérêts s’accumulèrent ; et voilà la première cause de sa ruine.

Permettez-moi de vous dire que les exemples trop connus, donnés par monsieur son père, ne pouvaient lui inspirer des mœurs bien régulières.

On le maria à une demoiselle de condition, qui, n’ayant que seize ans, était incapable de le conduire, et il avait besoin d’être conduit. Je ne vois aucune faute contre l’honneur dans toutes celles qu’il a commises. L’affaire de Guérin était la seule qui pût me donner des soupçons ; mais j’ai vu des lettres authentiques qui me prouvent que Guérin l’avait en effet volé, et que monsieur votre frère, par cette facilité dangereuse qui l’a toujours perdu, eut tort dans la forme avec Guérin, ayant très grande raison dans le fond.

J’ai examiné tous ses papiers ; j’y ai vu des dettes usuraires en assez grand nombre. Je sais quel était cet Oléary, qui ose lui demander plus de deux cent mille francs. Je sais que c’est un Irlandais aventurier, sans aucune fortune, qui vécut longtemps à Madrid aux dépens de M. de Morsan, et qui abusa de cette facilité que je lui reproche jusqu’à lui faire accroire qu’il allait marier le prince Édouard à une fille du roi de Maroc, et que monsieur votre frère irait à Maroc l’épouser au nom du prince.

Cet homme était en effet attaché au Prétendant. Il persuada à M. de Morsan qu’il gouvernerait l’Angleterre, et le fit enfin consentir à promettre d’épouser sa fille. Tout cela est un roman digne de Guzman d’Alfarache 1. Oléary réduit aujourd’hui ses prétentions chimériques à douze mille francs. Je suis bien fondé à croire que c’est lui qui les doit, loin d’être en droit de rien demander. Et de plus, les avocats qui sont à la tête de la direction considéreront sans doute qu’un homme qui restreint à douze mille livres une somme de deux cent vingt mille est par cela même un homme punissable.

J’ai connu M. de Saint-Cernin, dont la famille redemande des sommes considérables. Je puis vous assurer que monsieur votre frère n’a jamais reçu la moitié du principal. S’il ne devait payer que ce qu’il a réellement reçu, la somme ne se monterait pas à quatre cent mille livres ; et il faut qu’il en paye onze cent mille ! Je crois que, s’il avait pu être à portée de contredire toutes les demandes qu’on lui fait, il aurait sauvé plus de cent mille écus ; mais, se trouvant proscrit et errant dans les pays étrangers, et privé de presque tous ses documents, il n’a pu se secourir lui-même.

Je le vois séparé d’avec madame sa femme ; mais il me jure qu’il n’a jamais manqué pour elle de complaisance, et qu’il a même poussé cette complaisance jusqu’à la soumission. On a allégué, dans l’acte de séparation, qu’il avait communiqué à madame sa femme le fruit de ses débauches : il proteste qu’il n’en est rien, qu’il lui avoua l’état où il était, et qu’il s’abstint de s’approcher d’elle.

Quant à la lettre qu’il écrivit à sa femme, et qu’elle a produite, il jure que c’est elle-même qui l’exigea, et qu’il eut la malheureuse faiblesse de donner ces armes contre lui.

Enfin, madame, il ne veut revenir ni contre la séparation prononcée, ni contre la commission établie pour liquider ses dettes. Il consent à tout ; et, quand vous le voudrez, je lui ferai signer la ratification de tout ce que vous aurez fait.

Il m’a inspiré une extrême pitié, et même de l’amitié. Le titre de votre frère n’a pas peu servi à faire naître en moi ces sentiments. Il ne demande qu’une chose qui me paraît très juste, et dont le refus me semblerait une persécution affreuse : c’est que la lettre de cachet obtenue par son père contre lui n’ait pas lieu après la mort de son père et de sa mère. Il n’est point criminel d’État ; il n’a point offensé le roi ; il a été mis en prison par ses parents pour ses dettes : ses dettes sont payées ; il ne doit pas être puni de ses fautes après leur expiation. Il en est assez puni par la perte d’un bien immense, et par dix années de proscription dans les pays étrangers.

Dans le dernier voyage qu’il a fait à Genève, un homme connu lui a conseillé d’écrire à M. de Saint-Florentin ; il l’a fait sans me consulter. Il est revenu ensuite me montrer sa lettre 2. J’en ai désapprouvé quelques termes un peu trop forts ; mais le fond m’a paru aussi raisonnable que juste. Il ne demande que de pouvoir aller jusqu’à Lyon avec sûreté. Il serait très convenable, en effet, qu’il put vivre dans le voisinage de Lyon avec le peu qui lui reste. Le pays de Neuchâtel, où il s’est réfugié, est actuellement le réceptacle de tous les banqueroutiers et de tous ceux qui ont de mauvaises affaires. Ils accourent chez lui, et il y en a un qui dévore sa substance. Il est triste, honteux et dangereux, que le frère de Mme de Sauvigny soit réfugié dans un tel coupe-gorge. Je vous l’ai déjà mandé, madame, et j’en vois plus que jamais les inconvénients. Monsieur votre frère est instruit ; il est homme de lettres : je ne sais si vous savez qu’il a été réduit à être précepteur, et que cet état même a contribué à fortifier ses connaissances. Vous savez combien il est faible ; si on le pousse à bout et si on le maltraite jusqu’au point de lui refuser la permission de respirer, en province, l’air de sa patrie, il est capable de faire un mémoire justificatif ; ce qui serait très triste à la fois et pour lui et pour sa famille.

Je vous promets, madame, de prévenir ce malheur, si vous voulez continuer à m’honorer de la confiance que vous m’avez témoignée. Il n’y a rien que je ne fasse pour procurer à monsieur votre frère une vie douce et honnête. Il faut absolument le retirer de l’endroit où il est. Je lui procurerai une maison sous mes yeux : je répondrai de sa conduite. Il m’a témoigné beaucoup d’amitié, et une déférence entière à mes avis. J’ignore actuellement ce qui peut lui rester de revenu, parce qu’il l’ignore lui-même ; mais, à quelque peu que sa fortune actuelle soit réduite, je me charge de lui faire mener une vie décente et honorable. J’arrangerai ce qu’il doit à Mlle Nollet, qui l’a servi longtemps sans gages ; je l’empêcherai de faire aucune dette ; en un mot, je crois que c’est un parti dont lui et toute sa famille doivent être contents.

Si ce que je veux bien faire, madame, a le bonheur de vous plaire, ayez la bonté de me le mander. Je tacherai de vous prouver le zèle, l’attachement et le respect avec lesquels .»

1 Don Guzman d'Alfarache est un roman picaresque de Marco Alemán . : https://fr.wikipedia.org/wiki/Guzm%C3%A1n_de_Alfarache

2 En réalité c’est V* lui-même qui a dressé le brouillon de cette lettre . On en possède la minute de sa main dont voici le texte : « Monseigneur,

« Je ne réclame que votre justice, je pourrai ajouter votre compassion. Vous ne savez que trop qui je suis . Daignez lire ce placet que feu ma mère présenta à la Reine et qui vous fut envoyé . Il remettra ma situation sous vos yeux . Je ne demande point qu'on me rende ma femme dont on m'a séparé sans m'entendre, et pour qui je n'ai jamais eu que des complaisances qui ont été jusqu'à la soumission. Je ne reviens point contre la direction établie pour liquider mes biens qui se montaient environ à deux millions .

Je ne me plains point de ma sœur l'intendante de Paris quoiqu'elle m'ait accablé, et qu'elle m'ait réduit à sortir de ma patrie .

Des dettes de ma jeunesse que mon père ne paya point, quand il me maria à Mlle de Castelnau, firent tout mon malheur . Le caractère de mon père ne vous fut pas inconnu ; au lieu de payer mes dettes, on me fit interdire, on me fit enfermer : je n'ai jamais eu d'autre tort que celui d'avoir contracté ces dettes dont les intérêts s'accumulèrent .

Elles sont payées entièrement aujourd'hui . Je crois que-Mme de Sauvigny ma sœur a l’âme trop honnête pour abuser de la lettre de cachet qu'elle fit solliciter contre moi par son père il y a dix ans et pour me tenir errant et fugitif en pays étrangers dans l'ignorance de ce qui peut me revenir et dans un abandon général. Elle ne doit ni ne peut désirer mon malheur et ma ruine .

La lettre de cachet qui m'ôta ma liberté fut demandée par un père séduit, malgré les réclamations de ma mère et au mépris de ses larmes ; elle fut donnée contre un fils de famille. J'ose présumer, monseigneur, qu'elle ne subsiste pas contre le même homme devenu père de famille, âgé de cinquante-deux ans : le roi est trop juste et vous aussi .

Je ne demande qu'à pouvoir être à portée de prendre connaissance du bien qui me reste . Je ne veux point aller à Paris inquiéter par mon état douloureux l'opulence de ma sœur . Elle n'aura pas l'injustice de m'opprimer du poids de son […, elle ] n'emploiera votre autorité pour faire mourir son frère hors de sa patrie .

On a osé me menacer de me faire enfermer si je respirais l'air de la France . Vous ne souffrirez pas, monseigneur, une si horrible vexation de quelque part qu'elle vienne . Le Roi est le père de tous ses sujets . Vous pensez comme Sa Majesté .

On n'a rien à me reprocher . On m'a ravi mes droits de mari et de père . Me dépouiller-t-on de ceux de citoyen ? m'empêchera-t-on d'aller consulter à Lyon des amis [en] qui j'ai confiance et qui sont ma consolation ? Je demande donc, monseigneur, que je puisse au moins aller à Lyon en sûreté . Il est peut-être affreux à un honnête homme de demander comme une grâce le droit de respirer l'air de son pays, mais au moins faites-moi cette grâce .

Je suis venu du fond de la Suisse à Genève où j'attends vos ordres .

Je suis avec un profond respect

Ce 28 janv[ier] 1769. »

Le plaisir l’emporte sur la peine

... Je le souhaite à tous ceux qui nous enthousiasment , émeuvent, réjouissent, déçoivent parfois, tous ces sportifs qui nous donnent un spectacle rare, unique même, pour ces J.O. 2024.

 

 

« A Jean-Chrysostome Larcher, comte de La Touraille

29 janvier [1769] à Ferney 1

Je ne sais pas, monsieur, pourquoi vous dites à M. le duc de Choiseul qu’il marche dans la carrière des Colbert 2. Je ne le soupçonne point du tout être homme de finances ; je crois qu’il ne marche que dans la carrière des Choiseul . Il est plus fait pour jeter son argent par la fenêtre que pour en lever sur les peuples ; il aura des armées brillantes et bien disciplinées, les payera qui pourra. Mars n’aurait pas trouvé bon qu’on l’appelât Plutus.

Cependant vos vers sont jolis. Je vous en remercie de tout mon cœur, et je vois avec grand plaisir que vous êtes partisan du bon goût en aimant Lully et Rameau. Je suis un peu sourd, je ne puis guère m’intéresser à la musique. Je suis aussi fort en train d’être parfaitement aveugle, mais je puis encore lire les ouvrages d’esprit. Le plaisir l’emporte sur la peine. C’est un sentiment que vous m’avez fait éprouver par la petite brochure 3 que vous avez eu la bonté de m’envoyer.

Agréez, monsieur, mes très sincères remerciements, et daignez me mettre aux pieds de monseigneur le prince de Condé.

V. »

1 Copie contemporaine ; édition « Lettres de Voltaire », Journal de Lyon du 21 juillet 1784 qui, comme le manuscrit porte1768 dans la date de cette lettre . Elle est de 1769 comme le prouve notamment l'allusion à Lucile ( Brenner 8861 ), opéra-comique de Marmontel, musique de Grétry qui fut joué au Théâtre Italien le 5 janvier 1769 et qui fournit à La Touraille l'occasion d'écrire une brochure intitulée : Lettre à M. de Voltaire sur les opéras philosophi-comiques, où l'on trouve la critique de Lucile, 1769 , de la même période date la publication de la Lettre à l'auteur d'une brochure intitulée Réponse à la Défense de mon oncle, 1769, de lui également.

Voir : https://en.wikipedia.org/wiki/Lucile_(opera)

et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5833035w

et : https://fr.wikisource.org/wiki/La_D%C3%A9fense_de_mon_oncle/%C3%89dition_Garnier/Avertissement_de_Decroix

 

Voir aussi la note de Beuchot , édition Garnier : Cette lettre a été imprimée sous la date du 29 janvier 1768 dans le Journal de Lyon, 1784, page 236 ; et dans le tome II du Supplément au recueil des lettres de M. de Voltaire, publié par Auger, en 1808. Mais dans le Nouveau Recueil de gaieté et de philosophie, publié par La Touraille en 1785, deux volumes in-12, on trouve à la page 137 du tome Ier une Épître à M. le duc de Choiseul, datée du 1er septembre 1768, et commençant ainsi :

Vous qui marchez dans la carrière
Des Périclès et des Sulli, etc. 

La lettre où Voltaire rappelle cette épître ne peut donc être de janvier 1768. (Beuchot.)

2 Ce n’est pas de Colbert, mais de Périclès et Sully que parle La Touraille en corrigeant ce vers;

.Vous qui marchez dans la carrière
Des Périclès et des Sullys,
etc. 

Voir J.-C. Larcher, comte de La Touraille : Nouveau recueil de gaîté et de philosophie, 1785 , I, 137 : https://archive.org/details/bim_eighteenth-century_nouveau-recueil-de-gait_la-touraille-jean-chrys_1785_1/page/136/mode/2up

3 Ce doit être la Lettre à M. de Voltaire sur les opéras philosophi-comiques, où l’on trouve la critique de Lucile, comédie en un acte et en vers, mêlée d’ariettes, 1769, in-12 de 68 pages. Mais cette brochure ne dut guère paraître qu’en mars ; c’est donc à ce mois qu’il fallait placer la lettre de Voltaire. (Beuchot).

07/08/2024

J’ai actuellement un chaos à débrouiller, et dès qu’il y aura un peu de lumière, les rayons seront pour vous

... Information macronienne à tous ses opposants qui tirent la langue en attendant la nomination du nouveau ou nouvelle premier.e ministre  . Comme il est prévu que ça soit mi-août, nous aurons donc une nouvelle assomption, laïque celle-ci .

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Voilà où nous en sommes

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

27è janvier 1769 à Ferney, à Genève 1

Vous m’avez la mine, mon ancien ami, d’avoir bientôt vos soixante et dix ans, et j’en ai soixante et quinze : ainsi vous m’excuserez de n’avoir pas répondu sur-le-champ à votre lettre.

Je vous assure que j’ai été bien consolé de recevoir de vos nouvelles, après deux ans d’un profond silence. Je vois que vous ne pouvez écrire qu’aux rois, quand vous vous portez bien. J’ai perdu mon cher Damilaville, dont l’amitié ferme et courageuse avait été longtemps ma consolation. Il ne sacrifia jamais son ami à la malice de ceux qui cherchent à en imposer dans le monde. Il fut intrépide, même avec les gens dont dépendait sa fortune 2. Je ne puis trop le regretter, et ma seule espérance, dans mes derniers jours, est de le retrouver en vous.

Je compte bien vous donner des preuves solides de mes sentiments, dès que j’aurai arrangé mes affaires. Je n’ai pas voulu immoler Mme Denis au goût que j’ai pris pour la plus profonde retraite ; elle serait morte d’ennui dans ma solitude. J’ai mieux aimé l’avoir à Paris pour ma correspondante que de la tenir renfermée entre les Alpes et le mont Jura. Il m’a fallu lui faire à Paris un établissement considérable. Je me suis dépouillé d’une partie de mes rentes en faveur de mes neveux et de mes nièces. Je compte pour rien ce qu’on donne par son testament ; c’est seulement laisser ce qui ne nous appartient plus. Dès que j’aurai arrangé mes affaires, vous pouvez compter sur moi. J’ai actuellement un chaos à débrouiller, et dès qu’il y aura un peu de lumière, les rayons seront pour vous.

Je vous souhaite une santé meilleure que la mienne, et des amis qui vous soient attachés comme moi jusqu’au dernier moment de leur vie.

V. »

1 Original dont la date est étrange ; édition Kehl.

2 Ceci est un reproche voilé à Thieriot qui vient d'écrire à V* en quémandeur  ( voir lettre du 13 janvier 1769 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7456 )

et sans s'excuser de sa désinvolture passée à l'égard de son ami V* : « […] il n’y avait que M. de Voltaire à qui je pusse demander avec plaisir, et de qui je pusse recevoir de même. . »

Il est temps que l'opéra-comique et le singe de Nicolet ne soient pas les seuls qui fassent l'honneur de la nation

... Tous mes respects et mon admiration pour tous ces athlètes qui prennent des risques énormes pour concourir aux J. O. Même le dernier a du mérite . Tous ceux qui font un peu de sport savent combien il faut en  baver pendant des années  pour oser se frotter aux concurrents, pour soi et pour son pays .

Amis athlètes, je vous salue, chapeau bas !

 

 

« A Henri-Louis Lekain

27è janvier 1769

J'ai prié, mon cher ami, le libraire Panckoucke de vous faire avoir le grand et le petit Siècle … On dit que vous empêchez le petit siècle de tomber dans la fange, et que vous êtes presque le seul qui le soutenez de vos talents . Non seulement vous êtes un très grand acteur, mais vous en formez . Tâchez donc de ramener le bon goût comme vous avez ressuscité la belle déclamation . Dites à Mlle Vestris 1, je vous en prie, combien je m’intéresse à ses succès.

J'ai entendu parler des choses dont vous me dites quelques mots 2. J'imagine qu'elles iront bien puisque vous vous en mêlez . Vous n'êtes pas homme à faire les choses à demi ; et quand on a pour soi les anges, on est bien fort . Il est temps que l'opéra-comique et le singe de Nicolet ne soient pas les seuls qui fassent l'honneur de la nation .

Il y avait autrefois une jolie dame qui avait beaucoup de goût 3, elle protégeait le Catilina de Crébillon, et ne voulait pas que vous fussiez reçu à la Comédie . Le public est un peu plus juste, mais il ne l'est qu'à la longue ; c'est un cheval indompté et capricieux qui ne marche bien que quand il a été longtemps mené .

Je vous embrasse, mon cher ami, vous êtes le meilleur cavalier du monde 4.

V. »

1 Voir lettre du 27 décembre 1768 à Grimm : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/04/on-passe-sa-vie-a-s-indigner-et-a-gemir-6505554.html

Lekain a été son professeur .

2La réforme du théâtre et du statut des acteurs .

3 Mme de Pompadour .

4 Ceci est la suite de la métaphore précédente,mais aussi une allusion probable au rôle de Lekain dans Gaston et Bayard.

06/08/2024

tant qu'il aura une goutte de sang dans les veines , il combattra le monstre de l'intolérance

... Il serait formidable que ce soit une discipline olympique !

 

 

« A Jean Ribote-Charron 1

à Montauban

Non, il n'est pas mort ; il vous aime autant qu'il déteste la superstition ; et tant qu'il aura une goutte de sang dans les veines , il combattra le monstre de l'intolérance . Il espère envoyer bientôt les Sirven à Toulouse . Les choses sont bien changées, le parlement commence à ouvrir les yeux . Les hommes s'éclairent peu à peu . Le fanatisme commence à être écrasé, et la raison rentrera dans ses droits .

Le tableau de la sacristie de Laveur est curieux 2. Il y en a un de la Saint-Barthélémy au Vatican 3. Les beaux-arts sont fort en honneur dans l’Église . On fait de très sincères compliments à monsieur Ribote.

26è janvier 1769. 4»

3 C'est vrai , tableau de Georges Vasari commandé par le pape Grégoire XIII : https://www.jstor.org/stable/24283185?seq=2

4 Original, cachet « de Lyon » ; édition Louis-Marie Meschinet de Richemend, « La tolérance au XVIIIè siècle », Société de l'histoire du protestantisme français ; Bulletin historique et littéraire (15 avril 1882 ), XXXI, 171 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k657726/f182.item