08/04/2009
ce n’est pas une impiété que dire la vérité
Aujourd'hui, journée mondiale sur la maladie de Parkinson !
Les Italiens ont mis le paquet, chez eux, même la terre a tremblé : trop fort ces latins !!
Dans le domaine : "il y a de l'énergie qui se perd" : les émeutiers de Moldavie ! Qu'on les envoie vite dégager les victimes prisonnières des ruines des villages dévastés ! J'aimerais savoir s'ils auraient autant de coeur à l'ouvrage pour aider que pour détruire ; ça me rassurerait. Suis-je un optimiste ? oui, mais réaliste . Alors oublions ma proposition . Peut-être plus tard, beaucoup plus tard ...
Un réaliste : Volti : "privé de la capacité de travailler, seule ressource d’un homme qui pense"
« A Marie-Louise Denis
Vous voyez l’état où je suis, qui me fait un tourment d’écrire de ma main, qu’il faudrait que je fusse fou, pour me flatter de l’espérance incertaine d’un établissement à Paris dans quatre ou cinq années. Je ne dois songer qu’à un établissement dans la postérité ; c’est pour cela que je vous ai envoyé mes quatre volumes corrigés [pour édition chez Lambert ?] ; c’est pour cela que j’ai retravaillé à mon Histoire universelle, dès l’instant que j’ai reçu de Mgr l’Électeur palatin et de vous mes véritables manuscrits. Il est bien étrange qu’on s’obstine en France à me croire l’auteur de l’édition de Jean Néaulme, dans le temps que le roi de Prusse lui-même m’écrit pour me justifier [Frederic a écrit qu’il a encore le manuscrit et qu’on ne lui a pas pris pour édition].
Je compte que vous avez eu la bonté de donner à Lambert les trois volumes en question [Œuvres mêlées, en attendant le 4ème volume à corriger]. Je ne pourrai faire partir le second tome des Annales de l’empire qu’après les fêtes de Pâques ; mon libraire a obtenu un privilège impérial, ainsi il n’appartient pas aux petits critiques ignorants, dont la France fourmille, de trouver mauvais ce que l’Empire trouve bon ; c’est à lui à juger dans sa propre cause. Pour finir cet article de littérature, je vous dirai que j’ai oublié dans ma dernière lettre de vous parler de l’ode au pape, parce que je ne sais ce que c’est que cette antienne au Saint-Père. Ce pourrait bien être une ode de l’abbé de Bernis [ce n’est sans doute pas de celui-ci] : en ce cas il y aura de belles choses. Je ne suis d’ailleurs pas si mal avec les dévots d’Italie qu’avec les bigots de France. J’ai reçu des lettres de quelques cardinaux qui connaissent les lois de l’histoire, et qui savent qu’il y a eu de très méchants papes, comme il y en a eu de très bons, et que ce n’est pas une impiété que dire la vérité .
C’est assez vous ennuyer de mes ouvrages, permettez-moi de vous dire un petit mot de ma personne. Je ne pouvais mieux faire que de prévenir Mme de Pompadour du dessein et de la nécessité où je suis de voyager, en cas que ma santé me le permette ; et je n’ai pu mieux faire que de ne prendre aucun engagement avec personne. Voici ce que m’écrit Mme la duchesse de Gotha [30 mars 1754] : Pourquoi me frustrer de ma plus chère espérance, du plaisir charmant de vous revoir ? Faut-il donc absolument que nul plaisir puisse exister sans être accompagné et mêlé d’amertume ? et pourquoi faut-il que j’ignore les raisons qui vous empêchent de revenir ici ? Eh ! de grâce, mon cher ami, dites-les moi, ne me les cachez point : peut-être pourrais-je lever les obstacles, surmonter les difficultés ; vous êtes bien cruel pour être aussi aimable. Le mot de mon cher ami dont se sert Mme la duchesse de Saxe-Gotha est quelquefois dangereux dans les pays du Nord [allusion à Frederic II], comme vous le savez ; mais ce n’est pas dans la bouche d’une princesse aussi vertueuse, et aussi pleine de raison et de véritable esprit. Je proteste ici contre les louanges qu’elle me donne, et je ne vous envoie l’extrait de sa lettre que pour vous faire voir que je n’ai voulu m’engager à rien. Tout ce que je peux vous assurer, c’est que tous les pays me sont ouverts,[propositions de l’Electorat palatin, Bayreuth, Lausanne, etc…] excepté le mien. Je vous prierai donc toujours de vendre mes meubles et mes gros livres, comme vous le pourrez, en prenant un homme qui vous épargne cette fatigue. Vous aurez depuis Pâques jusqu’à la Saint Jean pour cette besogne sur laquelle vous donnerez vos ordres, comme vous jugerez à propos.
J’ai dicté cette lettre, mais mon cœur ne s’accommode pas d’une main étrangère quand il faut vous expliquer mes sentiments. Ma seule consolation est de vous aimer. Accablé de maladies et de persécutions, craignant à tout moment de me voir privé de la capacité de travailler, seule ressource d’un homme qui pense, il faudra me borner à sentir, et puis-je rien sentir plus vivement que votre privation ? Je vous embrasse tendrement.
V.
Il faut s’attendre à tout de la part des hommes. Voici Jean Néaulme qui fait mettre dans les gazettes un galimatias absurde pour se justifier. Voici ma réponse. Je vous prie de la faire mettre dans le Mercure. Allons courage.
Je suis curieux de savoir ce que vous a dit M. Bourgeois sur Laubé [ peut-être Béat de la Tour-Châtillon, baron de Zurlauben, officier auteur d’une Histoire militaire des Suisses au service de la France]. Ce n’est pas avec Ericard [= Louis XV] qu’on doive espérer de faire une bonne affaire. C’est un homme d’un bien petit esprit et bien intraitable à ce qu’on me mande.
J’espère que M. de Laleu vous fera payer de votre rente sur la succession de M. Bernard attendu que ce n’est pas un objet considérable. Je suis dans le même cas avec beaucoup de personnes.
Du 8 avril 1754. »
Sauvons le monde , disent-ils !!
Mon Dieu, pardonnez leur !
Tête blanche ou tête repeinte, esprit es-tu là ? Si oui, frappe deux coups !!
ça ne sera pas trop ...
16:36 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, denis, piété, pape, travailler, capacité, penser, ignorants, critiques
17/03/2009
Mme Denis et moi, nous baisons plus que jamais
Qui s'est laissé tenter par le titre de cette note ?? Lachez votre mulot et reconnaissez humblement votre curiosité , battez votre coulpe (et lachez cette pieuvre qui ne vous a rien fait, je n'ai pas dit "votre poulpe !")!
Oui, vous comme moi, nous sommes tentés par les titres bien avant tout . Poids des mots, choc des photos, vous connaissez la pub . D'où ce baiser cochon ci dessus !
Reconnaissez aussi qu'on peut faire battre des montagnes et abuser l'auditeur en extrayant une phrase ou un extrait de phrase de son contexte, tout en restant fidèle au dire ou écrit originel. Des journalistes et autres, politiciens mal embouchés et gens de mauvaise foi, sont passés rois dans l'art de l'extrait qui ment. Que la langue leur pèle !!!
Pour un peu ( ou plutot pour beaucoup, si j'étais tenté ) je proposerais mes services à un journal (-papier imprimé sensé apporter de l'information-) people (in french : pipole)! Vendre du vent est une activité qui "ne connait pas la crise" (comme chantait le regretté Bashung).Qui sème le vent récolte des pépètes : proverbe du XXIème siècle après celui-qui-est-qui-était-qui sera ..... déçu ....!
http://www.youtube.com/watch?v=jGqHgV5SOFA
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental et à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental
Divins anges,
Vraiment vous avez raison, j’aime mieux Que servirait de naître ? parce que cela nous regarde tous tant que nous sommes, et Qu’eût-il servit de naître ne regarde que Pandore. Le vivre au lieu de naître m’avait terriblement embarrassé. La main du charmant secrétaire s’était méprise, et ce ne sera jamais qu’à sa main qu’on pourra reprocher des erreurs.
J’ai reçu la Gazette littéraire, et j’en suis fort content : l’intérêt que je prenais à cet ouvrage, et la sagesse à laquelle il est condamné me faisaient trembler ; mais malgré sa sagesse il me plait beaucoup. Il me parait que les auteurs entendent toutes les langues ; ainsi ce ne sera pas la peine que je fisse venir des livres d’Angleterre [il en faisait des comptes-rendus]. Paris est plus près de Londres que Genève, mais Genève est plus près de l’Italie ; je pourrais donc avoir le département de l’Italie et de l’Espagne, si on voulait. J’entends l’espagnol beaucoup plus que l’allemand, et les caractères tudesques me font un mal horrible aux yeux qui ne sont que trop faibles .Je pense donc que pour l’économie et la célérité, il ne serait pas mal que j’eusse ces deux départements, et que je renonçasse à celui d’Angleterre. C’est à M. le duc de Praslin [patron de la « Gazette Littéraire de l’Europe » ]à décider. Je n’enverrai jamais que des matériaux qu’on mettra en ordre de la manière la plus convenable ; ce n’est pas à moi, qui ne suis pas sur les lieux, à savoir précisément dans quel point de vue on doit présenter les objets au public .Je ne veux que servir et être ignoré.
A l’égard des Roués, je n’ai pas encore dit mon dernier mot et je vois avec plaisir que j’aurai tout le temps de le dire
Mme Denis et moi, nous baisons plus que jamais les ailes de nos anges. Nous remercions M. le duc de Praslin de tout notre cœur. Les dîmes [qu’il sera dispensé de payer au curé de Ferney] nous feront supporter nos neiges.
Je suis enchanté que l’idée des exemplaires royaux au profit de Pierre, neveu de Pierre, rie à mes anges. Je suis persuadé que M. de Laborde, un des bienfaiteurs, l’approuvera [ le roi avait acheté 200 exemplaires des Commentaires sur Corneille, V*suggère d’en donner 150 au père de Marie-Françoise Corneille ] .
Nous nous amusons toujours à marier des filles, nous allons marier avantageusement la belle-sœur de la nièce à Pierre [Marie-Jeanne Dupuits, sœur du mari de Marie –Françoise , qui épouse Pajot de Vaux ] .Tout le monde se marie chez nous, on y bâtit des maisons de tous côtés, on défriche des terres qui n’ont rien porté depuis le déluge, nous nous égayons, et nous engraissons un pays barbare, et si nous étions absolument les maîtres nous ferions bien mieux. Je déteste l’anarchie féodale, mais je suis convaincu par mon expérience, que si les pauvres seigneurs châtelains étaient moins dépendants de nosseigneurs les intendants, ils pourraient faire autant de bien à la France que nosseigneurs les intendants font quelquefois de mal, attendu qu’il est tout naturel que le seigneur châtelain regarde ses vassaux comme ses enfants.
Je demande pardon de ce bavardage ; mais quelquefois je raisonne comme Lubin [personnage d’opéra comique], je demande pourquoi il ne fait pas jour la nuit. Mes anges, je radote quelquefois ; il faut me pardonner, mais je ne radote point quand je vous adore
Voltaire
14 mars 1764. »
15:56 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, denis, corneille, pandore, anarchie, dupuits, laborde
08/03/2009
.Je veux que vous soyez heureuse(s)
8 mars : Journée mondiale de LA FEMME : qu’elle en profite bien ! Demain elle devra se retrouver en concurrence avec la journée de l’astronomie, la journée de la fin de la guerre de 39-45, la journée de la fin de la guerre d’Algérie, la fête du travail (qui peut me dire que le travail est une fête, si ce n’est un chômeur ou un malade cloué sur son lit !!), la fête du fox à poils durs (à poil dur me semblait un peu restrictif-tif ! ) et la fête du chat-huant !
Messieurs, rassurons-nous, il nous reste les Droits de l’HOMME !
http://www.linternaute.com/nature-animaux/fauve/photo/les...
Messieurs, vous avez le droit d’écrire à l’élue de votre cœur (oh ! comme c’est bien dit !!). Voici, ci-après, un modèle…Enfin ... c’est vous qui voyez … !
« A Marie-Louise Denis
Jaco Tronchin [=Tronchin-Calandrini, qui stoppera se activités politiques, frère de Tronchin-Boissier], qui de son coté a été quelquefois houspillé par le peuple, est celui qui veut acheter Ferney. Il balance entre votre terre et celle d’Alamoigne [Allemogne,- tout près de chez moi- ]. Je crois que vous devez saisir cette occasion qui ne se présentera plus. Il faudra baisser un peu le prix, car on peut avoir Alamoigne pour 250 000 livres. Elle est affermée 9 000 livres et vous ne trouveriez pas un fermier qui donnât mille écus de Ferney. Je pense que si vous pouvez vendre Ferney avec les meubles pour 200 000 livres vous ne devez pas manquer ce marché. Si même on n’en voulait donner que 180 000, je vous dirais encore : donnez la terre à ce prix. Vous aurez dix mille livres de rente viagère et 80 000 livres d’argent comptant. Votre santé, vos goûts, la douceur de la vie de Paris, vos parents, vos amis, tout vous fixe à Paris, et je compte venir vous y voir dès que j’aurai arrangé mes affaires et les vôtres avec M. le duc de Virtemberg [à qui V* a prêté ]. Je compte avoir au mois de juillet les délégations en bonne forme qui assureront le payement exact de vos rentes et des miennes. Ce paiement ne commencera probablement qu’au mois de janvier 1769. Pour moi, j’ai à payer actuellement plus de seize mille livres tant à Genève qu’à Lyon et aux domestiques [Mme Denis a laissé « pour environ quinze mille livres de dettes criardes à payer », et le petit-neveu d’Hornoy en a pour « cinq mille livres de sa part »]. C’est à vous de tirer de M. le maréchal de Richelieu environ vingt-cinq mille francs que nous partagerons .Je crois que la maison de Guise [prêt de V* au défunt duc de Guise lors du mariage de sa fille avec le duc de Richelieu] en doit presque autant. Votre neveu et votre beau-frère [d’Hornoy et Florian] seront de bons intendants. Si vous vendez Ferney 200 000 livres vous vous trouverez d’un coup fort au-dessus de vos affaires .Il faudrait m’envoyer une procuration spéciale pour vendre Ferney et je vous donne ma parole d’honneur de ne la vendre jamais au-dessous de 180 000 livres. Je sais bien qu’en tout elle me revient à près de 500 000 livres, mais on ne revend point ses fantaisies et le prix d’une terre se règle sur ce qu’elle rapporte et non sur sa beauté. Encore une fois un fermier savoyard ne vous en rendrait pas 3 000 livres par an et il ne vous paierait pas. Il s’agit, entre nous, ou de n’en avoir rien ou de vous en faire tout d’un coup dix à douze mille livres de rente.
Vous me demandez ce que je deviendrai. Je vous répondrai que Ferney m’est odieux sans vous, et que je le regarde comme le palais d’Armide qui n’a jamais valu douze mille livres de rente. Si je vends Ferney, je me retirerai l’été à Tournay. Je songe plus à vous qu’à moi .Je veux que vous soyez heureuse, et je compte avoir vécu. J’ai gardé jusqu’à présent tous les domestiques et je ne suis pas sorti de ma chambre. Le thermomètre a été six degrés au-dessous de la glace .Tous les arbres nouvellement plantés périront. Je ne les regretterai pas .Je regretterai encore moins le voisinage de Genève. Ce sera toujours l’antre de la discorde .Le Conseil a presque tout cédé au peuple qui a fait la paix en victorieux. Ce n’était pas la peine d’envoyer un ambassadeur et des troupes pour laisser les maîtres ceux qu’on voulait punir [ambassadeur français : Beauteville ; les natifs pourront faire négoce des ouvrages fabriqués par eux, de plus il pourront être médecins, chirurgiens, apothicaires, et avoir accès aux jurandes ]. Mais la situation de Genève m’importe fort peu. La vôtre seule me touche. Je vous conseillerais de prendre une maison avec votre frère et l’enfant [l’abbé Mignot et Mme Dupuits née Corneille]. Je me logerais dans le voisinage, quand je pourrais revenir d’une manière convenable et à ma façon de penser et à mon âge, car vous savez que je ne présenterai jamais requête pour être mangé des vers dans une paroisse de Paris plutôt qu’ailleurs. Solitude pour solitude, tombeau pour tombeau, qu’importe ? Vivez, je saurai bien mourir très honnêtement. Il y a plus de dix-huit cents ans que Lucrèce a dit avant La Fontaine :
Je voudrais qu’à cet âge
On sortit de la vie ainsi que d’un banquet
Remerciant son hôte et faisant son paquet.
J’aurais eu la consolation de mourir entre vos bras sans ce funeste La Harpe.
Les vainqueurs viennent d’envoyer chez moi. Vous voyez bien qu’on vous avait trompée et que je ne méritais pas que vous me dissiez que je ne savais plaire ni à Dieu ni au diable. J’aurais voulu au moins ne pas vous déplaire. Ma douleur égalera toujours mon amitié.
Voltaire
Mardi au soir 8 mars 1768 »
http://www.dailymotion.com/video/x66sfh_serge-lama-et-gre...
12:29 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, denis, richelieu, tronchin, livre, rente, domestique
17/02/2009
ils sacrifient le genre humain à un seul homme
Vous avez peut-être remarqué que mes notes ne sont pas quotidiennes ! Pourquoi donc ceci-celà ? Flemmardise ? Non! Manque d'inspiration ? Non !! Manque de liaison Web ? Yes !! Aujourd'hui, fidèle à la RSR 1 (radio suisse romande) j'ai ouï une déclaration de ce gourou -coucou- de Séguéla (j'ai corrigé "Slégela" !) prenant la défense de Sarko qui arborait des montres à épater les minettes dans sa période bling-bling :"si à 50 ans on n'a pas une Rolex, c'est qu'on n'a pas réussi sa vie" !Eh bien moi, Monsieur, à 19 ans j'avais déjà un Solex !Et ça m'était bien plus utile pour aller à la fac qu'une Rolex qui pesait à ctte époque autant qu'un âne mort (un âne au bras ou un(e) bardot, c'est tout comme pour faire de l'épate ).
J'ai aussi une pensée émue (sniff!) pour les habitants de Guadeloupe, Martinique et Réunion qui sont en grève, manifestent contre la vie chère ! Je suis seulement ébahi qu'on s'en soit aperçu . De très mauvaises langues, dont la mienne, disent que vu le travail qu'ils font en temps ordinaire, ne rien faire laisse voir une maigre différence ! Advienne que pourra, mais comme dit JJ : "si tu veux têter, il faut pleurer !"
Ci-dessous, en voici un qui savait défendre son ouvrage en vérité, lui qui excellait dans l'art de la dissimulation pour la bonne cause, -cela va sans dire !.
« A Marie-Louise Denis, rue Traversière, près de la fontaine Richelieu à Paris
Je suis encore obligé, ma chère nièce, de vous importuner au sujet de ces impertinentes éditions d’une Histoire prétendue universelle qu’on a osé mettre sous mon nom. Mon indignation redouble tous les jours. Un des plus savants hommes de l’Europe, M. Vernet, professeur d’histoire à, Genève, que je vis il y a douze ans à Paris chez le cardinal de Polignac, et qui a conservé une copie du commencement de mon véritable ouvrage, me mande qu’il a vu avec horreur combien il est défiguré. L’insolent éditeur de Hollande [ Néaulme ] a mis dans l’introduction ces paroles : Les historiens, semblables en cela aux rois, sacrifient le genre humain à un seul homme ; et il y a dans mon manuscrit : Les historiens imitent en cela quelques tyrans dont ils parlent ; ils sacrifient le genre humain à un seul homme. Il y a cent passages aussi indignement falsifiés ; vous en avez la preuve dans le manuscrit qui est dans ma maison. Je ne puis trop répéter que je vous conjure de montrer ces différences essentielles à M. de Malesherbes. Tout le monde me doit la justice de concourir avec moi pour condamner l’insolence avec laquelle un éditeur de Hollande m’a imputé ses propres sottises, et pour me justifier dans l’esprit des honnêtes gens. J’écrivis il y a six semaines à M. de Malesherbes ces propres paroles : si M. de Malesherbes veut ajouter à ses bontés celle d’empêcher que cette partie de l’Histoire universelle imprimée en Hollande, n’entre en France, je lui aurai une nouvelle obligation.
Je vous écrivis trois lettres consécutives pour vous prier d’exiger cette grâce de M. de Malesherbes [en décembre 1753, le 11 déjà ]; vous étiez malade alors ; et ce fripon de libraire hollandais faisait déjà débiter son impertinent ouvrage à Paris où il l’avait apporté lui-même dans des ballots de toile. M. de Malesherbes ne put donc malgré ses soins empêcher que la France ainsi que l’Europe ne fut inondée de ce livre que j’ai condamné si hautement [ le 5 janvier, édition Duchesne, et le 17 il y a cinq éditions connues de Voltaire : France, Hollande, Genève, Leipzig ; il enverra des errata à Lambert et à Walther ] ; mais assurément sa probité courageuse doit l’engager à faire parvenir au roi mon innocence . On est bien fort quand on demande justice, et surtout quand cette justice se borne à faire reconnaître seulement la vérité. Je vous prie donc avec la plus vive instance de montrer cette lettre à M. de Malesherbes ; il peut parler fortement à M. le chancelier son père ; il peut parler à Mme de Pompadour. Ce n’est point ici une affaire qui demande des démarches délicates et des négociations ; il s’agit uniquement de dire la vérité, et de s’en tenir là. C’est ce que j’attends de votre amitié, et ce que je ne cesserai de vous demander. Je vous embrasse tendrement et je vous prie de m’écrire en droiture.
Je suis trop malade pour vous écrire de ma main.
Voltaire
Seconde lettre du 17 février 1754. »
19:28 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, denis, malesherbes, vernet, polignac, histoire universelle, pompadour
29/01/2009
a lento risu
Non, non merci, point de grève pour moi ! J'ai déjà donné et ça n'a rien donné . Mon goût pour l'inutile se limite désormais à la balade en montagne et au tir à l'arc, à la contemplation -que vous devinez béate !- des programmes télévisés. La seule grève qui me tente est bien sûr celle qui s'étend le long de flots (bleus) avec du sable (blond, quoique je préfère les brunes qui ne comptent par pour des ...) et un alizé coquin qui joue avec les survivants de mon caillou. Pas en grève, mais en plein délire sous le brouillard ( le stratus comme disent nos météorologues hélvètes ), avec des idées à la limite de la lisibilité .Comme dit Volti*, je suis dans de beaux draps !!
« A Jean-Louis-Vincent Capperonnier de Gauffecourt
J’ai payé, mon cher philosophe, a lento risu [avec un tranquille sourire ; -Horace] l’argent que vous m’avez ordonné de payer pour vos beaux grands draps sans couture. Je n’ai pu avoir votre reçu parce que M. Grand [ Isaac Jean Georges Grand, banquier de Lausanne ] est toujours à la chasse, et tire plus de lièvres que de lettres de change. Mais vous êtes couché sur son grand livre, et j’espère que j’aurai un reçu dans quelques mois. Vous aurez avant ce temps là le catéchisme de la ste religion naturelle [Poême sur la religion naturelle ou sur la loi naturelle : une version 1751-1752 en Prusse et à Bareuth, l’autre en avril-mai 1753 à Gotha ].
Je vous supplie d’adresser l’incluse à Mme de L’Épinay, chez qui Liébault a récité le catéchisme [ Nicolas Liébault a lu la première version dédiée à Frederic II, obtenue par le secrétaire de la margravine, le marquis d’Adhémar ]. Obtenez de Mme de L’Épinay qu’elle mette son honneur à faire rendre cette lettre. Je prierai Dieu pour le salut de votre âme.
Mme Denis vous baise des deux côtés. Ne nous oubliez pas auprès de vos amis ; et n’oubliez pas Marc. Je vous embrasse philosophiquement.
Voltaire
Montriond, le 29 janvier 1756. »
Voir : pour Jean Louis Vincent Capperonnier de Gauffecourt
http://translate.google.fr/translate?hl=fr&sl=en&...
17:31 Publié dans voltaire intime | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, capperonnier, draps, denis, montriond
18/01/2009
vi baccio teneramente ...!
Voltaire amoureux, encore ! , je dirai même touché par le démon de midi, puisqu’il fréquente ( avec un succès dont je vous laisse juges ) sa nièce Marie-Louise depuis environ quatre ans ; cette jeune et accorte veuve ( ce n’est plus une oie blanche depuis longtemps ) a un tempérament qui la porte à éviter la solitude et qui saura choisir le meilleur parti .
« A Marie-Louise Denis
Votre lettre du 13, mon cher cœur, est de la plus grande philosophe du monde. Vous méprisez des avantages que je ne saurais vous conseiller de mépriser. C’est à vous à choisir entre les préjugés du monde et votre sagesse, c’est à vous de décider [ elle avait un projet de mariage avec M. de La Caseique, et V. lui avait répondu « plus je vous aime, plus je vous conjure de me percer le cœur en acceptant la proposition » ]. Pour moi je ne peux que vous aimer, vous admirer et attendre votre décision. Tout ce que je sais, c’est que nous ne délogeons point et que mon seul bonheur serait de loger avec vous.
Que voulez-vous dire avec les petites fantaisies, etc. que vous prétendez qui gouvernent ma vie ? Ne vous ai-je pas ouvert mon cœur, ne savez-vous pas que j’ai cru devoir au public de ne point faire un éclat qu’il tournerait en ridicule ? [ quitter Mme du Châtelet pour Mme Denis ] que j’ai cru devoir marcher toujours sur la même ligne, respecter une liaison de vingt années, et trouver même dans la cour de Lorraine et dans la solitude où je suis à présent un abri contre les persécutions dont je suis continuellement menacé ? Je suis très instruit que si j’avais été à Paris ce mois-ci on m’aurait mis très mal dans l’esprit de Mme de P., et dans celui du roi. On m’a fait d’étranges niches [ Mme de Pompadour protégeait Crébillon et son Catilina dont Voltaire disait le plus grand mal ] . Je vous en dirai de bonnes à mon retour [ allusion à la grossesse de Mme du Châtelet ?]. Il y a encore bien loin d’ici à cet heureux moment. Ce ne sera que pour la fin du mois. Il est nécessaire que j’arrive tard et que je ne donne aucun prétexte à ceux qui voudraient me faire parler [ contre Crébillon]. Je continuerai assurément mon épître puisque le commencement vous plaît . Je rapetasse actuellement Sémiramis dont j’espère que vous serez plus contente que des premières leçons. Vous la lirez et vous me ferez lire la Femme à la mode [ pièce de Mme Denis qui deviendra La coquette punie ]. Il n’y a que mon rêve qui puisse me faire autant de plaisir que vos ouvrages. Mais je voudrais bien venir vite veiller avec vous comme je rêve ! Hélas, en suis-je digne ? Je compte sur vos bontés au moins.
Ma chère enfant, vous devez par ma dernière savoir ce que je pense de l’affaire à proposer à M. de Richelieu. Ce que j’ai appris depuis me fait croire qu’elle réussira. Nous en raisonnerons le 30 janvier. Eh ! bien Catilina va toujours, on en dit bien du mal. Mais le plus grand mal est de courir à une mauvaise pièce. Vi baccio teneramente, e l’anima mia baccia anche la vostra [ je vous baise tendrement, et mon âme baise encore la vôtre ].
Voltaire
A Cirey, le 18 janvier 1749. »
Ici, ce jour il pleut et les patinoires naturelles des chemins du château font de beaux ruisseaux , grande lessive bienvenue pour une fois .
A ce propos, je me permets une critique : pourquoi ces tonnerres de Brest* d’employés de la voirie n’ont –ils pas passé un coup de lame (=chasse-neige, je précise pour les pauvres gens qui ne connaissent pas la neige et le gel , et qui sont les doigts de pieds en éventail sur des plages de sable blond . Ah ! quelles images, quelle audace dans les termes !!!) dans l’allée qui mène au château ? C’était un véritable repoussoir à touristes bien intentionnés . L’hiver n’est pas achevé . Je leur accorde une deuxième chance ( ils ont eu la chance au grattage, échec ! !) .
Blogueuse ( et dans blogueuse il y a … !) curieuse, moi aussi, en toute amitié « Vi baccio teneramente »…
18:30 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, denis, baise, coeur, aimer