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20/08/2009

Je sers Dieu et le diable tout à la fois assez passablement

-Cui-cui! fait l'oiseau !

-Cuit, cuit ! répond le guide !

CUIT.jpg

 En ce beau jour, le père Noël est passé au château de Volti : nous avons reçu une commande qui commençait à trainer, avec en prime son lot de merveilles !

Jugez- en !

Nous avons désormais des Nounours blancs qui ne craignent pas la fonte de la banquise et qui ont une curieuse maladie éruptive : les symboles du logo du CMN, petits châteaux de toutes couleurs et pour que leurs parents adoptifs ne les perdent pas et être en règle avec les recommandations vétérinaires, un superbe "tatouage" sous la plante d'une patte : Centre Des Monuments Nationaux .

Qui dit mieux en matière de promotion ?

Je ne ferai que citer pour mémoire le Nounours mini (porte clé) qui oscille à ma vue entre le chien et l'ours ; chacun peut adopter l'un ou l'autre selon ses affections !

 

Par contre, je vous prie de bien noter que ce château est ouvert tous les jours sauf le lundi et que vous êtes les BIENVENUS, ô touristes si peu nombreux !

Venez, nous vous aimons .... (si après une telle déclaration nous ne sommes pas envahis, je mettrai une photo des guides féminines pour les messieurs et une de moi datant d'il y a vingt ans pour les dames !...)

 

 

 

 

L'ex-amant de la présidente de Bernières commence à prendre l'habitude de voir la place prise par un autre, tout en évoquant ce qu'il aimerait et ce qu'il regrette ; détails ô combien réaliste chez ce Volti qui appelle un chat un chat : Il faut que je sois bien maudit de Dieu pour n’avoir vécu avec vous que quand j’ai eu la gale, et vous la goutte ; et pour être loin de vous lorsque nous nous portons bien tous les deux.

 

« A Marguerite-Madeleine du Moutier, marquise de Bernières

 

 

                            Depuis un mois entier je suis entouré de procureurs [il a attaqué le testament de son père du 19 aout 1721 qui fait de la part de Voltaire une part « substituée » : il en a l’usufruit et dépend d’un tuteur ; un codicille ajouté le 26 décembre supprimant la substitution n’est pas reconnu valable car non signé], de charlatans, d’imprimeurs [on « l’assassine » d’éditions pirates de la Henriade et de Mariamne ; il doit donc faire imprimer cette pièce lui-même], et de comédiens. J’ai voulu tous les jours vous écrire et n’en ai pas encore trouvé le moment. Je me réfugie actuellement dans une loge d’une comédienne pour me livrer au plaisir de m’entretenir avec vous pendant qu’on joue Mariamne et L’Indiscret [créé le 18 août] pour la seconde fois. Cette petite pièce fut représentée avant-hier samedi avec assez de succès. Mais il me parut que les loges étaient encore plus contentes que le parterre [selon Le Mercure d’août, les deux pièces « furent fort applaudies par une très nombreuse et très belle assemblée ».]. Dancourt et Le Grand ont accoutumé le parterre au bas comique et aux grossièretés, et insensiblement le public s’est formé au préjugé que les petites pièces en un acte doivent être des farces pleines d’ordures et non pas des comédies nobles où les mœurs soient respectées. Le peuple n’est pas content quand on ne fait rire que l’esprit, il faut le faire rire tout haut, et il est difficile de le réduire à aimer mieux des plaisanteries fines que des équivoques fades, et à préférer Versailles à la rue Saint-Denis. Mariamne est enfin imprimée de ma façon, après trois éditions subreptices qui en ont paru coup sur coup. Je vous  envoie un paquet de Mariamne par le messager. Il y en a une reliée que je vous prie de mettre dans votre bibliothèque. Je vous supplie de donner les autres que je n’ai pas eu le temps de faire relier à MM de Cideville et M. de Brevedent malgré leur goût pour les vers de M. Houdart. Vous donnerez les autres en mon nom aux personnes dont vous voudrez bien m’assurer la bienveillance. Comme je crois  M. et Mme de Lézeau à la campagne, je mets aussi une Mariamne pour eux ou plutôt pour monsieur votre neveu dans le paquet qui est au messager. Il est à votre adresse, ayez la bonté de l’envoyer retirer. Que ne puis-je vous aller offrir moi-même Mariamne ? Il faut que je sois bien maudit de Dieu pour n’avoir vécu avec vous que quand j’ai eu la gale, et vous la goutte ; et pour être loin de vous lorsque nous nous portons bien tous les deux. Mes maladies, et ma santé sont venues bien mal à propos.

 

 

                            Au reste ne croyez pas que je me borne dans Paris à faire jouer des tragédies et des comédies. Je sers Dieu et le diable tout à la fois assez passablement. J’ai dans le monde un petit vernis de dévotion que le miracle du faubourg Saint-Antoine m’a donné.[ Mme Lafosse aurait été guérie d’un « flux de sang » le 31 mai au passage d’une procession du  Saint Sacrement. V* était en relation avec les Lafosse chez qui il alla plusieurs fois en juin en offrant une petite somme d’argent (qui fut refusée) et Mme Lafosse vint remercier V* le 20 août. On dit que V* avait été converti par le miracle ; Mathieu Marais compara V* à St Thomas et dit « Dieu l’a touché et converti… »] .La femme au miracle est venue ce matin dans ma chambre. Voyez-vous quel honneur je fais à votre maison [V* loue un appartement rue de Beaune appartenant aux Bernières], et en quelle odeur de sainteté nous allons être ? M. le cardinal de Noailles a fait un beau mandement à l’occasion du miracle. Et pour comble (ou d’honneur, ou de ridicule), je suis cité dans ce mandement.[en fait il est fait allusion à V* ; on parle « d’un homme connu dans le monde sur qui le miracle avait fait grande impression »] .On m’a invité en cérémonie à assister au Te Deum qui sera chanté à Notre Dame en actions de grâces de la guérison de Mme de La Fosse. M. l’abbé Couet, grand vicaire de Son Éminence, m’a envoyé aujourd’hui le mandement. Je lui ai envoyé une Mariamne avec ces petits vers ci :

Vous m’envoyez un mandement,

Recevez une tragédie

Et qu’ainsi mutuellement

Nous donnions la comédie.

 

                            Ah ! ma chère présidente qu’avec tout cela je suis quelquefois de mauvaise humeur de me trouver seul dans ma chambre et de sentir que vous êtes à trente lieues de moi. Vous devez être dans le pays de Cocagne. M. l’abbé d’Amfreville avec son ventre de prélat et son visage de chérubin ne ressemble pas mal au roi de Cocagne. Je m’imagine que vous faites des soupers charmants, que l’imagination vive et féconde de Mme du Deffand, et celle de M. l’abbé d’Amfreville en donnent à notre ami Thiriot et qu’enfin tous vos moments sont délicieux. M. le chevalier des Alleurs est-il encore avec vous ?[il a remplacé V* auprès de la marquise] Il m’avait dit qu’il y resterait tant qu’il y trouverait du plaisir. Je juge qu’il y demeurera longtemps. Mille respects, je vous en prie, au maître de la maison. Je n’ai pas le temps d’écrire à Thiriot mais il faut qu’il m’écrive, lui qui n’a point de procès à soutenir, de comédiens à conduire, ni de comédiens à corriger. Qu’il me mande de ses nouvelles, qu’il soit votre secrétaire, qu’il m’apprenne comment vont les projets qu’il avait. Adieu ma chère reine, conservez-moi toujours bien de l’amitié. Je pars incessamment pour aller à Fontainebleau. Si j’y trouve un gîte [« adresse chez Mme de Prie »], j’y ferai ma cour à la reine, si je ne suis point logé, j’irai à La Rivière-Bourdet. Je ne donne la préférence sur vous qu’à Marie de Leksinski. Adieu, adieu.

 

 

Voltaire

A Paris à la comédie, ce 20 aout 1725. »                  

21/01/2009

Hosannah Obama, Koh Lanta et coetera !

Je n’ai pas regardé, je n’ai pas été ému par les cérémonies d’accession à la présidence de M. Obama . J’ai eu seulement le temps et l’immense joie, avant de zapper sur TF1 pour voir Koh Lanta (avouez qu’il y a des priorités dans la vie d’un homme normalement constitué ! ), d’admirer (sic) le chapeau kitsch ( à mi-chemin entre la patisserie décorative pour gogos et la bouse de vache enrubannée !) d’une chanteuse dont je vais m’enquérir, bien que le ridicule ne tue plus de nos jours ( Aretha Franklin ? may be ?! Oh my God, it’s so funny brothers bloggers and sisters too !!)

       Après ça, revenons à la dure réalité : baston en Guyane . Moundir, gros tas de muscles aussi excité qu’une puce sur un fourneau, grand cœur primaire et courte compréhension, quand ce n’est pas court de souffle, carrosserie de poids lourd, moteur de cinque cento s’est heureusement fait éjecter . Sa nouvelle copine (ce qui pourrait expliquer la hargne de Moundir ; non, réflexion faite elle me semble être terriblement quotidienne chez lui ) Christelle a malheureusement été sur le siège éjectable . Bye bye Guyane et caïmans, épreuves de oufs, Brogniard and Co !

 

 

             Reprise du courrier .

 

«

« A Jean-Robert Tronchin

 

                        Mon cher correspondant, j’ai voulu voir une fois en ma vie comment on nourrit (non pas cinq mille gredins avec cinq pains d’orge et trois poissons) mais cent cinquante personnes de ce siècle-ci avec rien du tout.

Il y a un mois que je suis absolument sans un sou ; et encore ais-je acheté des prés, car j’aime mieux les prés que l’argent. Mon miracle est fort beau, mais il faut être sobre sur les miracles, sans quoi on les décrédite. Je vous demande donc cinq cents louis pour établir mon crédit. Je compte encore ce crédit au rang des prodiges. Je suis né assez pauvre, j’ai fait toute ma vie un métier de gueux, celui de barbouilleur de papier, celui de Jean-Jacques Rousseau, et cependant me voilà avec deux châteaux, deux jolies maisons, 70 000 livres de rente, deux cent mille livres d’argent comptant et quelques feuilles de chêne en effets royaux [ sans valeur ] que je me donne garde de compter .

 

                        Savez-vous bien qu’en outre j’ai environ cent mille francs placés dans ce petit territoire où j’ai fixé mes tabernacles ? Quelquefois je prends toute ma félicité pour un rêve. J’aurais bien de la peine à vous dire comment j’ai fait pour me rendre le plus heureux de tous les hommes . Je m’en tiens au fait tout simplement sans raisonner. Je plains le roi mon maître dont les finances n’ont pas été si bien administrées que les miennes, je plains Marie-Thérèse et le roi de Prusse, et encore plus leurs sujets. Pour accroître mon bonheur, il vient à votre adresse un pâté de perdrix aux truffes d’Angoulême que je voudrais manger avec vous, mais que je vous supplie de m’envoyer aux Délices où nous sommes pour quelque temps parce que vos chiens de gypsiers de Genève ont fait à Ferney des cheminées qui fument. Mme Denis, Mlle Corneille et moi vous embrassons tendrement, vous et les vôtres.

       

                        M. le marquis de Chimène [ le baron de Ximenès qui lui a volé en 1755 un manuscrit de La Guerre de 1741 et dont Voltaire s'est cruellement moqué ] n’est-il pas venu prendre langue chez vous pour arriver aux Délices ?

 

                        Votre très humble et très obéissant serviteur.

 

                V.

             1761,  21 janvier, Délices. »

 

Bien que j'aie   mangé   à ma faim     l'évocation d'un paté de perdrix me fait encore saliver . Et aux truffes en plus .  Quel régal pour ce célèbre édenté !