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17/01/2009

trop forts ces jeux du XIXème !

Dans le domaine,  « je cause dans le poste et je ne sais plus où j’en suis », ce matin, lors d’un reportage au musée suisse du jouet, la conservatrice a eu le malheur de se mélanger un peu les pinceaux . Au sujet des jouets à la mode au XIXème siècle, elle a dit que ceux-ci étaient très orientés vers des sujets historiques et qu’ils se calquaient sur les grandes guerres du XIXème et XXème siécles (sic). Nos jeux sur consoles n’ont donc rien inventé ! Le jeu permet d’avoir une longueur d’avance et de décrire les évenements futurs ! Trop forts ces jeux du XIXème !!

 

Revenons à Volti, presque père de famille, éducateur en tout cas .

 

 

 

 

« A Charles du Molard-Bert

 

        Mon cher ami, nous ne montrons encore que le français à Cornélie [ Marie-Françoise, arrière petite nièce de Corneille ]. Si vous étiez ici, vous lui apprendriez le grec . Nous ne cessons jusqu’à présent de remercier M. Titon et M. Le Brun de nous avoir procuré le trésor que nous possédons. Le cœur parait excellent, et nous avons tout sujet d’espérer que si nous n’en faisons point une savante, elle deviendra une personne très aimable qui aura toutes les vertus, les grâces et le naturel qui font le charme de la société . Ce qui me plait surtout en elle, c’est son attachement pour son père, sa reconnaissance pour Le Brun , pour M. Titon , et pour toutes les personnes dont elle doit se souvenir . Elle a été un peu malade. Vous pouvez juger si Mme Denis en a pris soin. Elle est très bien servie. On lui a assigné une femme de chambre qui est enchantée d’être auprès d’elle. Elle est aimée de tous les domestiques. Chacun se dispute l’honneur de faire ses petites volontés et assurément ces volontés ne sont pas difficiles. Nous avons cessé nos lectures depuis qu’un rhume violent l’a réduite au régime et à la cessation de tout travail. Elle commence à être mieux. Nous allons reprendre nos leçons d’orthographe. Le premier soin doit être de lui faire parler sa langue avec simplicité et avec noblesse. Nous la faisons écrire tous les jours. Elle m’envoie un petit billet et je la corrige. Elle me rend compte de ses lectures. Il n’est pas encore temps de lui donner des maîtres. Elle n’en a point d’autres que ma nièce et moi. Nous ne lui passons ni les mauvais termes, ni  prononciations vicieuses. L’usage amène tout. Nous n’oublions pas les petits ouvrages de la main. Il y a des heures pour la lecture, des heures pour les tapisseries de petit point. Je vous rends un compte exact de tout. Je ne dois point omettre que je la conduis moi-même à la messe de paroisse. Nous devons l’exemple, et nous  le donnons. Je crois que M. Titon et M. Le Brun ne dédaigneront point ces petits détails, et qu’ils verront avec un sensible plaisir que leurs soins n’ont pas été infructueux. Je souhaite à M. Titon ce qu’on lui a sans doute tant souhaité : les années du mari de l’Aurore [ Tithon, mari de l’Aurore était doté de l’immortalité ]. Dites, je vous en prie à M. Le Brun que personne ne lui, est plus obligé que moi .On dit que son ode a encore un nouveau mérite auprès du public par les impertinences de ce malheureux Fréron [ Fréron est outré qu’on ait confié Mlle Corneille à Voltaire, et celui-ci porte plainte pour diffamation ]  . Il est pourtant honteux qu’on laisse aboyer ce chien. Il semble qu’en bonne police on devrait étouffer ceux qui sont attaqués par la rage. Voici un petit billet de Cornélie en réponse à votre lettre. Elle l’a écrit seule, sans aucun secours et je n’y ai corrigé que peu de fautes. Je vous embrasse de tout mon cœur.

 

….. « Je vous prie si vous voyez mon père, de lui dire que j’ai du regret d’être heureuse loin de lui… »

 

 

                        Voltaire

                        A Ferney en Bourgogne par Genève

                        15 janvier 1761. »

 

 

 

 

 

J’en connais qui vont sauter au plafond en voyant Ferney situé en Bourgogne, les Pégans vont vite rappeler à Voltaire que la frontière de la « Bargogne » est sur la Valserine .