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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je crois que les cent bouteilles de vin de Bourgogne que vous voulez bien m'envoyer valent mieux que la casse et la mann

 

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A votre santé !

 

 

 

« A M. le conseiller LE BAULT 1

A Monrion, près de Lausanne, 16 décembre 1755.

Monsieur, vos bontés augmentent le regret que j'aurai toujours de n'avoir pas pu assez profiter de votre séjour à Genève, et d'avoir été privé, par ma mauvaise santé, du plaisir de vous faire ma cour, aussi bien qu'à Mme Le Bault. Je crois que les cent bouteilles de vin de Bourgogne que vous voulez bien m'envoyer valent mieux que la casse et la manne du docteur Tronchin.
J'avais prié, en effet, le Tronchin qui n'est que conseiller d'État, et point médecin, de m'accorder sa protection auprès de vous. Je vois, monsieur, qu'il a réussi , je vous en remercie de tout mon cœur. Je voudrais bien que votre bon vin me donnât assez de force pour venir en Bourgogne, je l'avais déjà promis à monsieur le premier président 2 et à M. le président de Ruffey; vous y ajoutez un nouveau motif.
J'ai l'honneur d'être avec bien du respect, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur,

VOLTAIRE »


1 Lettres de Voltaire d M. le conseiller Le Bault, publiées par M. Ch. de Mandat-Grancey; Paris, librairie académique Didier et Cie, 1868.

Le Bault (Antoine-Jean-Gabriel), reçu conseiller au parlement de Bourgogne le 28 avril 1778, fut nommé président à bonnet en 1771. Il était de l'Académie de Dijon en 1767. Ses relations avec Voltaire paraissent dater de 1755.

2   Claude-Philippe Fyot de La Marche, à qui sont adressées les cinq premières lettres de la Correspondance générale de V*.

 

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25/04/2012 | Lien permanent

Si les .....iens n'étaient pas aussi bien conduits que nous sommes mal dirigés, il ne reviendrait de Français que ceux q

 ... Il va de soi que de nos jours cette affirmation n'a plus lieu d'être, depuis 1757, tout le monde sait que la France est un modèle , continument bien dirigée . Non ?

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« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'Epinay
[11 ou 12 décembre 1757]
C'est grand dommage, madame, que vous n'existiez pas car, lorsque vous êtes, personne assurément n'est mieux. Je n'existe guère, mais je souhaite passionnément de vivre pour vous faire ma cour. Si vous craignez les escalades 1, daignez venir jouir de la tranquillité dans notre cabane, lorsque nous aurons battu les Savoyards. Honorez-nous de votre présence nous la préférons à tout. Nous sommes à vos ordres et à vos pieds.2
Les Hanovriens ont trente-huit mille hommes, et M. de Richelieu n'en avait pu encore rassembler que trente mille le 28 novembre. Si les Autrichiens n'étaient pas aussi bien conduits que nous sommes mal dirigés, il ne reviendrait de Français que ceux qui déserteraient. »

1 Allusion à la fête dite de l'Escalade, que l'on célébrait tous les ans, à Genève, le 12 décembre, en commémoration du succès avec lequel les Genevois, au mois de décembre 1602, avaient repoussé l'attaque nocturne des troupes du duc de Savoie.

 2 Elle se rendra chez V*, voir lettre à Grimm : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/02/17/j-arrive-de-chez-voltaire-je-suis-fort-contente-du-grand-hom.html

 

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19/02/2013 | Lien permanent

Ce qui est bien sûr c'est que tant que je vivrai Ecr l'inf sera ma devise

...

 

Jean-Baptiste LEMOYNE (Paris, 1704 - Paris, 1778)

Bel homme ! n'est-ce pas Mam'zelle Wagnière !?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

10è mai 1765

On va dessiner, mon cher frère, le joli minois du petit Calas que nous avons à Genève . À l'égard du sot portrait de votre frère parti par le coche à votre adresse, n'en faites aucun usage . Il y a, dit-on , une estampe, d'après le buste fait par Lemoyne, qui ressemblai assez il y a quelques années 1. On le trouve chez un nommé Joulin, quai de la Mégisserie 2; il est vrai que l'estampe ment un peu ; elle me fait naître le 20è novembre 1694 et je suis né le 20è février . Ce qui est bien sûr c'est que tant que je vivrai Ecr l'inf sera ma devise ; et je vous aime tendrement sera ma devise encore plus chère . »

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29/08/2020 | Lien permanent

Je ne vous demande point pardon de mon importunité, car il s’agit de faire du bien

... D'Emmanuel Macron à Poutine , avant une énième conversation/réclamation/ négociation  ?

 

 

« De Voltaire, Pierre-Jacques-Claude Dupuits et Marie-Françoise Dupuits

à

Béatrix de Choiseul-Stainville, duchesse de Gramont

A Ferney, 22 décembre 1766 1

Madame,

Permettez que deux personnes qui vous doivent leur bonheur en grande partie, ainsi qu’à M. le duc de Choiseul, vous témoignent au moins une fois par an leur reconnaissance.

Nous sommes avec un profond respect, madame, vos très humbles, très obéissants, et très obligés serviteur et servante.

Corneille-Dupuits. Dupuits.



Il y en a trois, madame ; je vous ai au moins autant d’obligation que les deux autres ; mais ce n’est pas assez pour votre cœur de faire des heureux, vous pouvez d’un mot tirer une famille entière du plus grand malheur. Vous avez protégé l’innocence des Calas, les Sirven essuient précisément la même horreur, et ils demandent au Conseil la même justice contre les mêmes juges dont le fanatisme se joue de la vie des hommes.

M. de Beaumont, l’avocat des Calas, a fait pour les Sirven un mémoire signé de dix avocats ; on l’imprime actuellement et il ne sera présenté qu’aux juges. M. le duc de Choiseul a eu la bonté de promettre qu’il demanderait M. de Chardon pour rapporteur à M. le vice-chancelier. M. de Chardon s’y attend. Je vous supplie, madame, de vouloir bien en faire souvenir M. le duc votre frère. Je ne vous demande point pardon de mon importunité, car il s’agit de faire du bien, et je vous sers dans votre goût.

J’ai l’honneur d’être avec le plus profond respect et la plus vive reconnaissance, madame, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.»

 

 

 

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27/03/2022 | Lien permanent

Les gens en place sont pour la plupart de grands misérables. Ils ne savent pas ce qu’on gagne à faire du bien.

Grand calme ces jours-ci au château . Trop calme.

Le beau temps est pourtant de la partie. Serait-ce un contrecoup du Bac ? Mobilisation générale des neurones, soutien accru des futures élites de la nation !

Point de distraction, fut-elle éducative, en dehors du sacro-saint « Programme » de terminale ?

La Fête à Voltaire du 27 juin se prépare gentiment, les comédiens prennent leurs marques (bisous à Pierrette !-) ) dans le parc . http://www.ferney-voltaire.net/fr/manif06.php

 

Je fais une commande spéciale de soleil dès à présent pour être sûr d’être livré à temps …

 

 

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Hier en rentrant du travail(tard), sur le poste de la Fiesta ( et non pas en rentrant de fiesta sur le poste de travail !), La Jeanne de Brassens : Ah ! que c’est beau et bon ! Profitez-en aussi : http://radio.aol.fr/music/Georges+Brassens/_/Jeanne

 

 

 

"...la première des instructions d’un ministre c’est de plaire." : reste à savoir : à qui ? A son supérieur, un divin président ou un roi de droit divin ? Aux misérables gens du peuple pour lesquels il doit trouver les lois et règlements qui feront son bonheur ? (bonheur du peuple et bonheur du ministre ne faisant pas toujours bon ménage, ne nous attendons pas à des merveilles ! )...

 

"Il est doux, ... de regarder les épreuves d'autrui ."Volti, tu n'es jamais à cours de citations qui font mouche ... Il est vrai que tu es devenu une source dans ce domaine :

http://www.dicocitations.com/auteur/4559/Francois_Marie_A...

 

 

 

 

 

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« A René-Louis de Voyer de Paulmy, Marquis d’Argenson , Conseiller d’Etat, rue de Vendôme au Marais à Paris.

 

 

           Si j’avais l’honneur d’être auprès de mon cher monarque [Frédéric], savez-vous bien, Monsieur, ce que je ferais ? Je lui montrerais votre lettre, car je crois que ses ministres ne lui donneront jamais de si bons conseils. Mais il n'y a pas d’apparence que je voie du moins de si tôt mon messie du Nord. Vous vous doutez bien que je ne sais point quitter mes amis pour les rois ; et je l’ai mandé tout net à ce charmant prince que j’appelle Votre Humanité au lieu de l’appeler Votre Majesté. A peine est-il monté sur le trône qu’il s’est souvenu de moi pour m’écrire la lettre la plus tendre, et pour m’ordonner, ce sont ses termes, de lui écrire toujours comme à un homme et jamais comme à un roi [Frédéric est roi depuis le 31 mai ; il écrit à V* le 6 juin : « Ne voyez en moi… qu’un citoyen zélé… Pour Dieu, ne m’écrivez qu’en homme, et méprisez avec moi les titres, les noms… »]. Savez-vous que tout le monde s’embrasse dans les rues de Berlin, en se félicitant sur les commencements de son règne ? Tout Berlin pleure de joie, mais pour son prédécesseur personne ne l’a pleuré que je sache [ dans ses Mémoires, V* donne des exemples de la dureté et brutalité de Frdéric-Guillaume envers son peuple et sa famille.]. Belle leçon pour les rois. Les gens en place sont pour la plupart de grands misérables. Ils ne savent pas ce qu’on gagne à faire du bien.

 

           J’ai cru faire plaisir, Monsieur, au roi, à vous, et à M. de Valori [ambassadeur de France en Prusse] en lui transcrivant les propres paroles de ce ministre dont vous m’avez fait part : il commence son règne comme il y a apparence qu’il le continuera, partout des traits de sa bonté etc. J’ai écrit aussi à M. de Valori. J’ai fait plus encore, j’ai écrit à M. le baron de Keizerling, favori du roi, et je lui ai transcrit les louanges non suspectes qui me reviennent de tous côtés de notre cher Marc-Aurèle prussien, et surtout les quatre lignes de votre lettre. Vous m’avouerez qu’on aime d’ordinaire ceux dont on a l’approbation et que le roi ne saura pas mauvais gré à M. de Valori de mon petit rapport, ni M. de Valori à moi. Des bagatelles établissent quelquefois la confiance, et la première des instructions d’un ministre c’est de plaire.

 

           Les affaires me paraissent bien brouillées en Allemagne et partout, et je crois qu’il n’y a pas que le conseil de la trinité qui sache ce qui arrivera dans la petite partie de notre petit tas de boue qu’on nomme Europe. L’empereur voudrait attaquer les Borbonides, mais sa Pragmatique le retient [la Pragmatique Sanction rendue en 1713 par l’empereur Charles VI pour assurer à sa fille Marie-Thérèse la couronne d’Autriche était garantie par les puissances européennes.]. La Saxe et la Bavière disputeront sa succession [les maris des nièces de l’empereur sont électeurs de Saxe et de Bavière]. Bergues et Juliers est une nouvelle pomme de discorde, sans compter les Goths, Wisigoths et Gépides qui pourraient danser dans cette rubrique de barbares.

 

Dulce mari magno turbantibus aequora ventis

E Terra magnum alterius spectare laborem.

[Il est doux, quand sur la vaste mer les vents soulèvent les flots, de regarder de la terre les rudes épreuves d’autrui.]

          

           Débrouille qui voudra ces fusées ; moi je cultive en paix les arts, bien fâché que les comédiens aient voulu à toute force donner cette Zulime, que je n’ai jamais regardée que comme de la crème fouettée, dans le temps que j’avais quelque chose de meilleur à leur donner [Mahomet]. J’ai eu l’honneur de vous en montrer les prémices.

 

Si me Marce tuis vatibus insere

Sublimi feriam sidera vertice.

[Si, Marcus, tu me donnes une place parmi tes poêtes, j’irai jusqu’au ciel toucher de ma tête les astres.]

 

           Mme du Châtelet vous fait mille compliments. Vous connaissez mon tendre et respectueux attachement.

 

 

           V.

           A Bruxelles ce 18 juin 1740. »

 

 

Je quitte le clavier pour aller tirer quelques flèches avant la pluie ...

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19/06/2009 | Lien permanent

je m'en remets entièrement à la sagesse du Conseil, qui saura bien réprimer toutes les infractions à la paix publique et

... Ainsi parla Castaner au temps de la grande guerre contre Covid-19 !

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« Au Magnifique Conseil de Genève

Je suis obligé d'avertir le Magnifique Conseil de Genève que parmi les libelles pernicieux dont cette ville est inondée depuis quelque temps, tous imprimés à Amsterdam, chez Marc-Michel Rey, il arrive lundi prochain chez le nommé Chirol, libraire de Genève, un ballot contenant des Dictionnaires philosophiques, des Évangiles de la raison et autres sottises , qu'on a l'insolence de m'imputer, et que je méprise presque autant que les Lettres de la montagne . Je crois satisfaire mon devoir en donnant cet avis ; et je m'en remets entièrement à la sagesse du Conseil, qui saura bien réprimer toutes les infractions à la paix publique et au bon ordre 1.

Je ne dois que me borner à l'assurer de mon profond respect .

Voltaire.

Au château de Ferney 12è janvier 1765 2»

1 Cette dénonciation de V* (laquelle ne laisse pas de jeter quelque doute sur la sincérité de ses protestations contre les délateurs) fut suivie d'une enquête ; voir le registre du Conseil des 14, 18 et 19 janvier 1765 . Naturellement , le résultat de l'enquête fut négatif . Le sieur Chirol répondit que les ouvrages qu'il avait reçus jusque là , venant de Lausanne, n'étaient pas prohibés, et que pour les livres défendus dont Marc-Michel Rey lui annonçait l'envoi, il les avait « fait arrêter sur la route », « craignant que cet envoi ne lui causât du chagrin. »

2 L'édition Gaberel donne une version très fautive .

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23/03/2020 | Lien permanent

Vous sentez bien , madame, que si mon goût décidait de ma conduite je serais déjà auprès de vous

 ... Et ce n'est que trop vrai !

 

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« A Charlotte von Altenburg, comtesse Bentinck

A Schwetzingen 4 août 1 [1758]

Je ne suis pas plus jaloux, madame, de M. Haller 2 que de Marie-Thérèse . L'une mérite des adorations et l'autre la plus grande estime . Mais s'il reste un petit coin dans votre cœur, je le demande et je retiens place . Le roi de Prusse a délogé de Koenigsgrats la nuit du 25 au 26 juillet avec beaucoup de précipitation 3. Il a abandonné treize gros canons et des munitions . Il a perdu quelques automates de six pieds de haut . On prétend que c'est M. de Daun qui le fait fuir . Mais ceux qui ont le nez plus fin prétendent qu'il va attaquer et probablement battre les Russes qui sont dans ses États et qui ont passé l'Oder le 22 juillet 4. On s'attend à de grands évènements avant la fin de la campagne . Vous serez bientôt, madame, à la source de ces nouvelles intéressantes . Vous serez à Vienne . Je vois bien que vous n'êtes pas faite pour notre vie simple et rustique . Mais si vous avez la fantaisie, la cruauté , la rage de partir avant que j'arrive à Lausanne, informez-vous du moins, en chemin, du plus maigre des Suisses . Je passerai par Bâle, par Soleure, où je m'arrêterai nécessairement deux jours chez l'ambassadeur de France, enfin par Berne où peut-être je verrai ce grand Haller . C'est votre route en allant à Vienne . Mais il vaudrait mieux assurément que j’eusse l'honneur de vous voir à Lausanne .

Je vous donne encore ma parole d'y être le premier ou le second septembre au plus tard et de faire tous mes efforts pour y être plus tôt . Vous ne doutez pas je crois de mon empressement . J'ai quelques affaires à Strasbourg qui m'y retiendront trois ou quatre jours . Vous voyez avec quelle exactitude je vous rends compte de mes marches . Vous sentez bien , madame, que si mon goût décidait de ma conduite je serais déjà auprès de vous . J'ai plus d'une chose à vous dire ; et la plus importante pour moi est de vous convaincre que c'est à vous seule que je voudrais faire ma cour .

Vous trouvez Montriond trop petit . Il est très grand pour le prix, et avec cent écus de dépense, il y a de quoi loger encore vingt personnes .

Vous ne trouverez peut-être pas en Europe un pareil marché, quoi que vous en disiez . Si vous voulez ne vous pas ruiner, il faut que votre monde reste là . Songez que rien n'est plus cher que les déplacements . Mais nous parlerons de ces arrangements à loisir . Du moins je l'espère . Attendez-moi je vous en conjure et souvenez-vous que jamais ni Autrichien ni même Wesphalien ne vous sera plus attaché que le Suisse

V. »

1 Sur le manuscrit juillet rayé pour août .

3 Frédéric II tire son armée d'affaire par son habileté et par la timidité de l'adversaire , il prend position à Königsgrätz, puis après avoir échoué à entrainer Daun à livrer bataille, il se retira en bon ordre de Bohème . Voir page 59 : http://books.google.fr/books?id=AuwEAAAAYAAJ&pg=PA62&lpg=PA62&dq=konigsgratz+1758&source=bl&ots=aawYRrBjrn&sig=l6PqwbRov8wsbZ-ccZbMKcn7bp0&hl=fr&sa=X&ei=2ppIUsGvC-KN4AS42oGoAg&ved=0CEIQ6AEwAg#v=onepage&q=konigsgratz%201758&f=false

4 La nouvelle est fausse, un peu plus tard dans le mois, c'est Frédéric II qui franchira l'Oder dans la direction opposée pour aller rencontrer l'ennemi .

 

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je vois bien à peu près ce qui nous manque, et je vois très clairement mes défauts ; mais il y a l'infini entre juger et

...L'infini, seul élément naturel dont l'unité de mesure est la bêtise humaine, ce qui nous laisse peu d'espoir pour que nos actions soient à la hauteur de nos réflexions . Je dis "nos", tout en pensant à nos chers dirigeants politiques, car après tout, c'est bien nous qui les avons élus, à corps défendant le plus souvent,  notre confiance étant fort mal placée dès lors que nous avions/avons si peu de choix .

humour  ne rien faire:

2017 : Bis repetita ?

 

 

 

« A Girolamo Gastaldi

Au château de Ferney par Genève

26 octobre 1761

Mons.

Si vous vous amusez à faire des tragédies je vous demande la préférence pour être le traducteur . Votre style est si naturel, si facile, qu'on croira quelque jour que c'est vous qui avez inventé Alzire 1, et que c'est moi qui ait eu l'honneur de vous traduire . Vous parlez du théâtre en maître, et vous pensez comme vous écrivez . Si j’ai été charmé par votre traduction monsieur, j'ai été instruit par votre lettre : il y a bien peu de bonnes tragédies dans le monde à commencer par les Grecs : nous en avons nous autres Français environ quatre mille parmi lesquelles on n'en trouvera pas douze dignes de passer à la postérité . C'est peut-être de tous les beaux arts le plus difficile : je vois bien à peu près ce qui nous manque, et je vois très clairement mes défauts ; mais il y a l'infini entre juger et faire . La nature a donné à notre espèce une sagacité prodigieuse pour discerner le mauvais et une malheureuse impuissance à faire le bien : mais après tout monsieur il faut que le chemin soit escarpé et que le petit nombre des élus soit un point de foi dans les arts, comme ailleurs . Il n'y a pas un seul élu en Angleterre, pas un en Espagne, et vous n'avez en Italie, comme vous le dites , monsieur, que le Mérope de Maffei .

Je conçois que les castrati et les maestri di cappella ont fait un peu de tort à l'art de Sophocle ; mais je suis persuadé qu'à la fin les Italiens nos maîtres reviendront au bon goût, dont ils nous ont donné les premières leçons .

Il y a quelques jeunes gens qui s'élèvent, et tout n'est pas livré à l'opera alla moda . Vous me demandez monsieur pourquoi je ne vais pas en Italie, dont je suis si voisin . Je vous répondrai ingénument que je n'aime point à demander la permission de penser et de lire à un jacobin : qu'on rende à l'Italie la liberté avec laquelle Lucrèce et Cicéron écrivaient, je pars dans le moment tout vieux et malade que je suis .

Je me suis fait une petite destinée assez agréable dans une terre libre que je possède : j'y bâtis une église pour Dieu et un théâtre pour moi : j'y achève en paix ma vie loin des orages de ce monde ; et une de mes plus grandes satisfactions monsieur est d'y recevoir des lettres telles que les vôtres .

Il est triste d'être borné à n'avoir l’honneur de vous connaître que par lettres . C'est dommage que les gens qui pensent soient dispersés, tandis que les sots sont rassemblés en foule . Un grand préservatif contre les sots dont la terre abonde, c'est votre société, c'est celle que vous trouvez à Turin, et surtout celle de M. le marquis et de Mme de Chauvelin . Vous trouvez dans eux non seulement l'esprit, mais encore de grands talents . Je vous porte envie, et j'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que vous inspirez

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 Gastaldi a envoyé à V* une traduction qu'il a faite en italien d' Alzire ; voir lettre du 25 octobre 1761 à B. L. Chauvelin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/10/15/apres-tout-il-n-est-pas-honnete-de-dire-des-verites-en-face-5861223.html

 

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24/10/2016 | Lien permanent

Peut-être que la petite sauge avec un peu de lait vous ferait beaucoup de bien. Les aliments et les boissons qui servent

... Cinq fruits et légumes par jour : OK ? Comme le raisin n'est pas de saison, je me contente de son jus fermenté communément appelé vin .

En plus Astrazeneca ?  oui, pour les plus costauds . Et quelle plante pour éviter les caillots/thrombus ?  Le saule et son Aspirine ? Pourquoi pas  la berberine (j'aime beaucoup ce nom qui a un côté chantant ), -et pas seulement pour les végans- : https://www.santescience.fr/berberine/

Epine-vinette : plantation, taille et conseils d'entretien

Epine vinette : joli nom, jolie, non ?

  

« A Etienne-Noël Damilaville

A Ferney , 9 décembre 1765

Mon cher ami, ma lettre doit commencer d’une façon toute contraire aux épîtres familières de Cicéron 1 ; et je dois vous dire : si vous vous portez mal j’en suis très affligé . Pour moi, je me porte mal. La différence entre nous, c’est que vous êtes un jeune chêne qui essuyez une tempête, et que moi je suis un vieux arbre qui n’a plus de racines. Tronchin ne guérira ni vous ni moi. Vous vous guérirez tout seul par votre régime : c’est là la vraie médecine dans tous les cas ordinaires. Il se peut pourtant que votre grosseur à la gorge n’ayant pas suppuré, l’humeur ait reflué dans le sang : en ce cas, vous seriez obligé de joindre à votre régime quelques détersifs 2 légers. Peut-être que la petite sauge avec un peu de lait vous ferait beaucoup de bien. Les aliments et les boissons qui servent de remèdes ont seuls prolongé ma vie, et je ne connais point de médecin supérieur à l’expérience.

Je fais bien des vœux pour que notre cher Beaumont trouve l’exemple qu’il cherche. Il fera sûrement triompher l’innocence des Sirven comme celle des Calas.

On dit qu’il s’est déjà présenté soixante personnes pour remplir le nouveau parlement de Bretagne ; en ce cas, c’est une affaire finie, et la paix ne sera plus troublée dans cette partie du royaume. Je me flatte qu’elle régnera aussi dans notre voisinage : il n’y a pas eu la moindre ombre de tumulte, et il n’y en aura point. Vous pouvez être sûr que tout ce qu’on vous dit est sans fondement.

Rien n’est plus ridicule que l’idée que vous dites qu’on s’est faite de ce pauvre père Adam ; il me dit la messe et joue aux échecs : voilà, en vérité, les deux seules choses dont il se mêle. Il ne connaît pas un seul Genevois, il ne va jamais à la ville. J’ai eu le bonheur de plaire aux magistrats et aux citoyens, en tâchant de les rapprocher, en leur donnant de bons dîners, en leur faisant l’éloge de la concorde et de leur ville.

M. Hennin, qui arrive incessamment, trouvera les voies de la pacification préparées, et achèvera l’ouvrage. J’ai joué le seul rôle qui me convînt, sans faire aucune démarche, recevant tout le monde chez moi avec politesse, et ne donnant sur moi aucune prise. M. d’Argental sait bien que telle a été ma conduite . M. le duc de Praslin en est instruit . Je laisse parler les gens qui ne le sont point. Je sais bien qu’il faut que dans Paris on dise des sottises ; il y a cinquante ans que je suis en butte à la calomnie, et elle ne finira qu’avec moi. Je m’y suis accoutumé comme aux indigestions.

Digérez, mon cher ami, et mandez-moi, je vous en conjure, des nouvelles de votre santé. »

1 Cicéron dit : « Si vales, bene est ; ego valeo. » ; « si tu va bien, c'est bien; quant a moi, je vais bien »

2 Détersif était employé en médecine comme équivalent de détergent ; dans Le Malade Imaginaire ,et Monsieur de Pourceaugnac, on trouve « un bon clystère détersif » : http://moliere.huma-num.fr/base.php?Un_petit_clyst%C3%A8re

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08/04/2021 | Lien permanent

La vieillesse, la maladie et la retraite, me laissent bien rarement la consolation d'écrire

... Parmi tous ceux qui refusent de partir en retraite à 62 - 64 ans, combien en est-il qui ont ou auront les mêmes craintes et mêmes griefs ? La peur de ne plus pouvoir écrire est bien la plus absente dans ce monde de tictoqueurs présent et à venir .

 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

A Ferney par Genève 9 juillet 1767

Madame,

La vieillesse, la maladie et la retraite, me laissent bien rarement la consolation d'écrire à Votre Altesse sérénissime. Les embarras causés par les troubles de Genève, des troupes de France envoyées dans notre petit pays, la longue interruption de toute communication, la disette qui est attachée à ces petites révolutions, et toutes les peines journalières qui en résultent, voilà bien de tristes raisons, madame, qui excusent un si long silence.

A toutes ces peines s'est jointe une nouvelle horreur de La Beaumelle. Votre Altesse sérénissime peut se ressouvenir qu'après avoir insulté votre auguste nom dans un mauvais livre intitulé Mes Pensées 1 il osa paraître dans Gotha, et qu'il en sortit précipitamment avec une fille qui avait volé sa maîtresse. Il a eu en dernier lieu la hardiesse d'imputer cette dernière action à un autre Français, qui s'est adressé à moi pour se plaindre de cette calomnie et pour demander mon témoignage 2. J'ai été obligé de le donner, attendu que j'ai été témoin de la vérité, et que tout Gotha avait vu La Beaumelle partir avec cette malheureuse, lorsque je vins vous faire ma cour. Il n'est pas juste en effet, madame, que l'innocent pâtisse pour le coupable. Aucun autre Français que La Beaumelle ne serait capable de ce procédé. J'ai donc cru que je ne manquais pas à ce que je dois à Votre Altesse sérénissime en donnant un certificat authentique devant les juges du point d'honneur, qu'on appelle en France la connétablie 3. Ce certificat atteste que ce fut La Beaumelle, et non un autre, qui partit de Gotha avec une servante qui avait volé sa maîtresse 4. Cette affaire est très importante pour le gentilhomme faussement accusé. Mon devoir est de vous en rendre compte. Je me flatte que votre équité approuvera ma conduite.

Je me mets aux pieds de monseigneur le duc et de toute votre auguste maison. Permettez-moi, madame, de ne point oublier la grande maîtresse des cœurs. Agréez le profond respect avec lequel je serai jusqu'au tombeau,

madame,

de Votre Altesse sérénissime

le très humble et très obéissant serviteur. 

Voltaire.»

 

2 Invention voltairienne . Ce certificat n'est nécessaire que pour répondre au démenti de La Beaumelle

3 Ce tribunal est établi pour juger les affaires relatives au point d'honneur . Sur l'affaire, voir lettre du 24 juin 1767 à La Beaumelle : 10182 :

4 V* ne travesti pas la vérité . Mais dans le texte incriminé par La Beaumelle, la phrase était tournée de telle façon que tout lecteur non averti devait croire que La Beaumelle était au moins complice du vol . Dans sa réponse du 24 juillet 1767, la duchesse remarquait assez sèchement qu'elle a été « extrêmement étonnée » de se voir nommée par V*, ainsi que le duc, dans l'affaire La Beaumelle ; elle « conjurait » V* qu'il ne fût « plus question » d'elle ni du duc . Enfin elle communiquait à V* la lettre qu'elle faisait adresser à La Beaumelle où elle lui faisait dire « qu'elle se rappelait très bien d'avoir dit à M. de Voltaire qu'[il ][La Beaumelle] était parti de Gotha avec une gouvernante d'enfants, qui s'était éclipsée furtivement de la maison de sa maîtresse, après s'être rendue coupable de plusieurs vols , mais qu'ellle ne lui avait jamais dit, ni qu'elle n'avait jamais cru qu'[il eût] la moindre part aux vols et à la mauvaise conduite de cette personne. »

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27/01/2023 | Lien permanent

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