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05/03/2010

Toutes les affaires sont longues, surtout quand il s’agit de rendre.

Cassandra, de Woody Allen ...

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Je vous laisse libres du choix des séquences, mais celle qui me plait le plus est la quatrième . Mesdames et mesdamoiselles, je vous salue très respectueusement !...

http://www.insecula.com/oeuvre/photo_ME0000012381.html

Je ne veux pas jouer les Cassandre en mettant ce titre qui est terriblement d'actualité : Mesdames les compagnies d'assurance, je vous prie de faire mentir cet en-tête !!

 

 

 

 

 

«  A Jean Le Rond d’Alembert

 

5 mars [1774]

 

             Oui, vraiment, monsieur Bertrand, ce que vous dites là m’amuserait fort[f1]  . Mais croyez-vous que j’aie encore des pattes ? pensez-vous que ces marrons puissent se tirer gaiement[f2]  ? Si on n’amuse pas les Welches, on ne tient rien. Voyez ce Beaumarchais. Il a fait rire dans une affaire sérieuse, et il a eu tout le monde pour lui. Je suis d’ailleurs pieusement occupé d’un ouvrage plus universel[f3]  . Vous ne me proposez que de battre un parti de houzards, quand il faut combattre des armées entières. N’importe. Il n’y a rien que le pauvre Raton ne fasse pour son cher Bertrand. Je m’arrête, je songe ; et après avoir rêvé je crois que ce n’est pas ici le domaine du comique et du ridicule ; tout welches que sont les Welches, il y a parmi eux des gens raisonnables, et c’est à eux qu’il faut parler sans plaisanterie, et sans humeur. Je vais voir quelle tournure on peut donner à cette affaire, et je vous en rendrai compte. Il faudra s’il vous plait que vous m’aidiez un peu, nihil sine Theseo.

 

             Vous n’aurez qu’à envoyer vos instructions chez M. Bacon, substitut de M. le procureur général, place Royale. Elles me parviendront sûrement. Il serait plus convenable que nous nous vissions, mais il est plus plaisant que Jean-Jacques soit chez moi, et que je sois chez lui[f4]  .

 

             Je me sers aujourd’hui de mon ancienne adresse. Ayez la bonté de me dire si vous avez reçu le fatras de L’Inde[f5]  que j’envoie par le même canal avec cette lettre.

 

             On me mande de Rome que M. Tanucci[f6]  n’a point encore rendu Bénévent à st Pierre, et je n’entends point dire qu’il soit en possession d’Avignon. Toutes les affaires sont longues, surtout quand il s’agit de rendre.

 

             Catau n’est point du tout embarrassée du nouveau mari qui se présente dans la province d’Orembour. Elle m’a écrit une lettre assez plaisante sur cette apparition[f7] . Elle passe sa vie avec Diderot, elle en est enchantée. Je crois pourtant qu’il va revenir[f8] , et que vous avez très bien fait de ne point passer dix ans dans un climat si dur, avec votre santé délicate[f9] . Je vous aime mieux à Paris que partout ailleurs. Adieu mon très cher maître, ne m’oubliez pas auprès de votre ami M. de Condorcet.

 

             Encore un mot. Je ne suis point surpris de ce que vous me mandez d’un archevêque qui a fait mourir de chagrin ce pauvre abbé Audra[f10] .

 

             Encore un autre mot. Voici l’esquisse de la Lettre[f11]  que vous me demandez. Tâchez de me la renvoyer contresignée et voyez si on peut en faire quelque chose.

 

             Et puis un autre mot. Vous n’aurez pont L’Inde[f12]  cet ordinaire.

 

             Pour dernier mot écrivez-moi par M. Bacon.

 

 

 

 

 

 

 

 


 [f1]Le 26 janvier, d’Alembert a signalé qu’il y avait « un projet de rétablir (les jésuites) en France sous un autre nom » et conclut « Voilà … un sujet bien intéressant, et qui mériterait bien autant d’exercer votre plume que les Morangiès et les La Beaumelle. Vous allez dire que je fais encore le Bertrand, et que j’ai toujours recours à Raton ; mais songez donc que Bertrand a les ongles coupés. Ce que je désire et que j’attends de vous  serait l’ouvrage d’un bon citoyen, et d’un bon Français, attaché au roi et à l’Etat. Vous pouvez répandre à pleines mains sur ce projet l’odieux et le ridicule dont vous savez si bien faire usage. Vous pouvez faire voir qu’il est dangereux pour l’Etat, pour l’Eglise, pour le pape et pour le roi, que les jésuites regarderont toujours comme leurs ennemis, et traiteront comme tels, s’ils le peuvent… »

 

 [f2]Cf. lettres des 1er et 4 janvier 1773 à d’Alembert.

 

 [f3]L’Histoire de l’établissement du christianisme ou La Bible enfin expliquée.

 

 [f4] Rousseau en France, et V* près de Genève.

 

 [f5]Les Fragments historiques sur l’Inde

 

 [f6]Premier ministre de Naples. Le roi de Naples s’était emparé de Bénévent et le roi de France d’Avignon en 1768, en représailles de l’excommunication prononcée contre le duc de Parme, un Bourbon comme eux.

 

 [f7]Le 19/:30 janvier, elle écrivit : « Je m’attends à y voir (à Silistrie) les oisifs fort occupés d’un voleur de grand chemin qui pille le gouvernement d’Orembourg, et qui tantôt pour effrayer les paysans prend le nom de Pierre III et tantôt celui de son employé. » (Pougatchev)

 

 [f8]Elle écrit le 7 /18 janvier : « … Diderot dont la santé est encore chancelante restera avec nous jusqu’au mois de février qu’il retournera dans sa patrie. »

 

 [f9]Catherine lui avait proposé d’être le précepteur de son fils.

 

 [f10]D’Alembert écrivait : « … j’ai appris avec douleur que kl’archvêque de Toulouse, qui, comme je le lui ai cent fois entendu dire à lui-même, n’aime ni n’estime ces marauds, … est à la tête de ce beau projet (de rétablissement des jésuites), parce qu’il en espère  apparemment ou le cordon bleu, ou le chapeau, ou la feuille des bénéfices, ou l’archevêché de Paris. » Audra utilisait l’Histoire de V* dans son enseignement et en avait fait un manuel .  V* le 23 novembre 1770 avait déjà dit :de l’archevêque : «… Il a fait un mandement cruel contre lui, et a sollicité sa destitution de sa place de professeur en histoire… Cette aventure a donné la fièvre et le transport au pauvre abbé, et il est mort au bout de quatre jours . » 

 

 [f11]La Lettre d’un ecclésiastique sur le prétendu rétablissement des jésuites dans Paris, datée du 20 mars 1774.

 

 [f12]La deuxième partie de ses Fragments sur l’Inde

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