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08/03/2010

Je voulais hasarder de faire voir une femme mourant de douleur

http://www.youtube.com/watch?v=Q1cKPn-xBbw&feature=re...

 

 

statue hom fem bb 8 mars.jpg

 

Journée de la femme ! centième anniversaire !

 

Allez ! je mets un titre provocateur en hommage (sic) à Coline Serrault .

Pour dire le vrai, très franchement, je l'ai trouvée gonflante . Et me trouvant gonflé, je me permets d'accoucher sur le papier cette pensée .

Cette féministe convaincue  m'a fait découvrir à la radio ce matin, un terme assez peu usité : "anthropoculture", entendez par là, tout simplement le fait que les femmes "cultivent" les enfants en leur sein, ou encore plus prosaïquement font des enfants .

 

Il y a une trentaine d'années, une psychologue, ex-enseignante, mère de famille avait déclaré lors d'un congrès de parents d'élèves, qu'elle faisait mettre sur son passeport , à la rubrique "métier" : ingénieur domestique, ce qui correspondait tout à fait fonctionnellement exactement,  à "mère au foyer". Cette trouvaille avait été déclarée géniale, et j'approuvais et approuve encore, mais combien de femmes ont osé suivre ce modèle ? Je serais curieux de la savoir, n'hésitez pas à me le dire

 

http://www.youtube.com/watch?v=36qzWxBBXX8&feature=re...

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

Ferney 8 mars [1762]

 

             Paire d’anges,

 

             Madame Scaliger [surnom donné par V* à la comtesse] est plus que Scaliger [Philologue italien du XVIème, auteur d’une Poétique qui pose les fondements du classicisme], elle a du génie. Je suis plein de reconnaissance et de vénération. C’est encore peu que du génie, elle est bon génie. Assez de dames disent leurs dégoûts, assez disent en tournant la tête : ah !l’horreur ! et puis vont jouer et souper. Mais trouver le mal et le remède cela n’est pas du train ordinaire. Je ne peux encore prendre un parti sur ce qu’elle propose. J’avais fait ce Cassandre ou cette Olympie [changement de titre pour satisfaire Mlle Clairon qui doit jouer le rôle l’Olympie] uniquement pour le cinquième acte. Je voulais hasarder de faire voir une femme mourant de douleur. Je me disais : le président Hénault dans son petit livre [Le Nouvel abrégé chronologique de l’histoire de France] fait mourir vingt ministres de chagrin, pourquoi Statira n’en mourrait-elle pas ? En la peignant surtout dès le second acte accablée de ses douleurs, et languissante, et invoquant la mort, et n’attendant que ce moment, cela n’était-il pas cent fois plus naturel que de faire expirer de douleur en un seul vers, et d’une seule bouchée une sotte princesse dans Suréna ? Ah ! que cela est beau ! disaient les cornéliens que j’ai vus dans ma jeunesse : Non, je n’expire point, Madame ; mais je meurs [citation inexacte de Suréna]. Et moi je dis : que cela est froid ! que cela est pauvre ! Ah ! ce que je commente ne me plait guère [Commentaires sur Corneille].

 

             Enfin pourquoi un bûcher ne vaudrait-il pas le pont aux ânes du coup de poignard ?

 

             Pourquoi avant-hier un acteur qui lisait la pièce aux autres acteurs qui vont la jouer chez moi dans huit jours, nous fit-il tous fondre en larmes ? Attendons ces huit jours, laissez moi jouer la pièce telle que je l’ai achevée, laissez-moi reprendre mes esprits. Je n’en peux plus, je sors du bal, ma tête n’est point à moi. Un bal, vieux fou ? un bal dans tes montagnes ? et à qui l’as-tu donné ? aux blaireaux ? Non, s’il vous plait : à très bonne compagnie, car voici le fait. Nous jouâmes hier Le Droit du seigneur, et cela sur un théâtre[f1]  qui est plus joli, plus brillant que le vôtre assurément. Notre théâtre est favorable aux cinquièmes actes. La fin du quatre fut reçue très froidement comme elle mérite de l’être. Mais à ces vers : Je vais partir, je ne partirai plus, Avouez donc la gageure perdue. J’aime, eh bien donc régnez, à ces vers si vrais, si naturels, si indignement retranchés, il partait des applaudissements des mains et du cœur. J’avoue que la pièce est bien arrondie, mais enfin c’est notre cinquième acte qui a plu. A des Allobroges, direz-vous. Non, à des gens d’un goût très sûr, et dont l’esprit n’est ni frelaté, ni jaloux, qui ne cherchent que leur plaisir, qui ne connaissent pas celui de critiquer à tort et à travers, comme il arrive toujours à Paris à une première représentation, comme il arriva à L’Enfant prodigue, à Nanine, à Sémiramis, à Mahomet, à Zaïre, oui, à Zaïre . On est assez lâche pour céder quelquefois à d’impertinentes critiques, on sacrifie des traits noblement hasardés, auxquels le public s’accoutumerait en quatre jours. Il y a un beau milieu à tenir  entre l’obstination contre les critiques des sages, et l’esclavage de la critique des fous. Vous êtes mes sages, mais soyez fermes. Oui Le Droit du seigneur a enchanté trois cents personnes, de tout état et de tout âge, seigneurs et fermiers, dévotes et galantes. On y est venu de Lyon, de Dijon, de Turin. Croiriez-vous que Mlle Corneille a enlevé tous les suffrages ? Comme elle était naturelle ! vive ! gaie ! comme elle était maîtresse du théâtre, tapant du pied quand on la soufflait mal à propos ! Il y a un endroit où le public l’a forcée de répéter. J’ai fait le bailli ; et ne vous en déplaise, à faire pouffer de rire. Mais que faire de trois cents personnes au milieu des neiges, à minuit quand le spectacle a fini ? Il a fallu leur donner à souper à toutes, ensuite il a fallu les faire danser. C’était une fête assez bien troussée [ref. à Monsieur de Pourceaugnac, de Molière]. Je ne comptais que sur cinquante personnes. Mais passons, c’est trop me vanter.

 

             Nous jouons Cassandre dans huit ou dix jours. Je vous dirai l’effet. Comptez que nous sommes très bons juges, parce que nous sommes la nature pure et éclairée. Fiez-vous à nous.

 

             Je reviens de Cassandre à mon impératrice. Je savais bien qu’Ivan Chouvalow, mon favori et celui d’Elisabeth, avait raccommodé la princesse impériale avec la mourante, mais on me dit que dans le fond il est fort mal avec l’empereur germanico-russe aujourd’hui buvant et régnant [Pierre III, ami de Frédéric II]. C’est son cousin de l’artillerie [Pietr Petrovitch Shouvalov , grand maître de l’artillerie, mort le 16 janvier 1762] qui était en grâce. Il n’y est plus ; il vient de mourir.

 

             Cet empire russe deviendra l’arbitre du Nord. Je vous en avertis, messieurs les Français.

 

             Faut-il que les Anglais se moquent partout de vous ? Il y a là un Keat [Robert Keith, ambassadeur d’Angleterre à St Petersbourg de 1758 à 1762] qui sait boire, qui a captivé l’empereur, et votre Breteuil [fils du frère de Mme du Châtelet, ambassadeur de France à St Petersbourg de 1760 à 1763] n’a captivé personne. Ah ! pauvres Français avec vos vaisseaux de province ![chaque province devait fournir un vaisseau] Vous êtes dans le temps de la décadence, et vous y serez longtemps. Faites votre provision de café et de sucre, vous le payerez cher avant qu’il soit peu.

 

             Mes anges, neige-t-il à Paris ?

             Mille tendres respects.

 

             V. La Créature »

 

 

 

 

 

 

 

            


 [f1]Il est « mieux entendu, mieux orné, mieux éclairé que celui de Paris » : à Mme de Fontaine le 19 mars.

Au duc de Villars, le 25 mars : détails sur la mise en scène de Cassandre-Olympie jouée la veille (et où Gabriel Cramer a joué le Baron) : « notre salle est sur le modèle de celle de Lyon ; le même peintre a fait nos décorations ; la perspective en est étonnante, on n’imagine pas d’abord qu’on puisse entendre les acteurs qui sont au milieu du théâtre, ils paraissent éloignés de cinq cent toises. Ce milieu était occupé par un autel. Un péristyle régnait jusqu’aux portes du temple. La scène s’est toujours passée dans ce péristyle, mais quand les portes de l’intérieur étaient ouvertes, alors les personnages paraissaient être dans le temple, qui par son ordre d’architecture se confondait avec le vestibule ; de sorte que sans aucun embarras cette différence essentielle de position a toujours été très bien marquée. »

Au deuxième acte, « deux fermes sur lesquelles on avait peint des charbons ardents, des flammes véritables qui s’élançaient à travers les découpements de la première ferme percée de plusieurs trous, cette première ferme s’ouvrant pour recevoir Olympie, et se refermant en un clin d’œil, tout cet artifice a été si bien ménagé que la pitié et la terreur étaient au comble. »

 

 

 

 

http://www.youtube.com/watch?v=hjaPvdFaJZc&NR=1

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