03/08/2010
Je ne puis me consoler qu'en pensant que le même homme a imprimé plus d'impostures contre nos princes et nos ministres que contre moi
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« A François-Alexandre Gaubert-Lavaysse
3 auguste 1767
Il est très certain que j'ai reçu plusieurs lettres anonymes remplies d'injures et toutes au nom du sieur La Beaumelle, ou concernant sa conduite envers moi. J'ai envoyé la dernière au ministère [« … la quatre-vingt-quinzième ...» ; cf. lettre du 11 juillet]. Je n'ai su que très tard que le sieur La Beaumelle avait eu l'honneur d'épouser la sœur de M. Lavaysse de Vidon [= soeur du destinataire de cette lettre]. Cette alliance n'a pas empêché le sieur La Beaumelle de me joindre au nombre prodigieux de personnes qu'il a outragées de gaieté de cœur dans ses écrits [V* dans sa défense des Calas a aussi défendu leur ami Lavaysse, présent le soir de la mort de Marc-Antoine]. Il a fait faire depuis peu une nouvelle édition, où toutes ces insultes sont renouvelées [*]. Il a outragé la maison de Saxe-Gotha [**], ainsi que toute la maison royale de France [lettre du 11 juillet]. J'ai écrit à un de mes amis [Lettre de M. de Voltaire, 1767, sur La Beaumelle , datée du 24 avril : « … il s'enfuit avec une servante après un vol fait à la maîtresse de cette servante. »] que cet auteur avait étudié en théologie, qu'il avait été chassé de Copenhague et qu'il était parti il y a quelques années de Gotha avec une servante qui avait volé sa maîtresse ; mais je n'ai point dit qu''il ait été complice du vol.
Il a écrit depuis peu à Gotha pour avoir une attestation, et voici le certificat qu'il a obtenu d'un conseiller de la cour, du 24 juillet 1767 : « On se rappelle très bien que vous étiez parti d'ici avec la gouvernante des enfants d'une dame de Gotha qui, après s'être rendue coupable de plusieurs vols, s'éclipsa furtivement de la maison de sa maitresse, ce dont tout le public est pleinement instruit ici ; mais on n'a point dit que vous eussiez la moindre part à ces vols. »[ce qu'a écrit en substance Jacob-Auguste Rousseau de la part de la duchesse qui pria le même jour V* de se tenir hors de cette affaire.]
Je ne l'ai point dit non plus ; mais j'ai représenté à beaucoup de personnes en place l'atrocité des calomnies répandues par le sieur La Beaumelle dans Le Siècle de Louis XIV , falsifié par lui et chargé des notes les plus infâmes [cf. lettre à Walther du 18 novembre 1752 concernant la « nouvelle édition (du Siècle) augmentée d'un très grand nombre de remarques par M. de B*** »].
Quelques puissances étrangères [l'Autriche cf. lettre du 21 juillet à Thiriot] intéressées dans ces impostures en ont marqué leur mécontentement au ministère de France, plusieurs personnes de la cour sachant que leur maison a été insultée par le même auteur [dans les Honnêtetés littéraires, V* accuse La Beaumelle d'avoir attaqué la mémoire des maréchaux de Villeroy, de Villars, les marquis de torcy, de La Vrillière, Chamillard]. M. le marquis de Gudanes, commandant au pays de Foix, a été chargé de parler fortement au sieur La Beaumelle, sur cette licence dangereuse [***]. Le seul parti qu'il avait à prendre était de se rétracter, de demander pardon et de se corriger . J'ai été attaché et je le suis encore à la famille de M. de Lavaysse. Elle doit sentir combien il a été douloureux pour moi d'avoir essuyé pendant douze années de suite les calomnies d'un homme qui est entré dans une famille considérée. Je ne puis me consoler qu'en pensant que le même homme a imprimé plus d'impostures contre nos princes et nos ministres que contre moi. Si M. de Lavaysse de Vidon avait pu trouver quelque manière de réparer ces horreurs dans la lettre qu'il m'a écrite, j'aurais embrassé de grand cœur le parti qu'il m'aurait proposé.
Je le supplie d'être persuadé que les outrages réitérés du sieur La Beaumelle n'ont point altéré les sentiments que je conserverai toujours pour M. de Lavaysse et pour toute sa famille.
J'ai l'honneur d'être son très humble et très obéissant serviteur.
V. »
*Cf. lettre du 11 juillet ; en fait de réédition « récente » il ne parût que Mes pensées avec le supplément, 1761 .
Mais La Beaumelle en 1767, commence à préparer une édition critique des oeuvres de V*, qui ne parut pas .cependant il termina en août 1767 une critique de La Henriade, parue en 1769 et saisie à la demande de V*.
** A La Condamine, le 3 mai 1771, il signale qu'à la page 108 de Mes pensées, que V* a dans sa bibliothèque (1752) : « Je voudrais bien savoir de quel droit les petits princes, un duc de Gotha par exemple, vendent aux grands le sang de leur sujets pour des querelles où ils n'ont rien à voir. On s'est donné à eux pour être défendu, et non pour étre acheté. »
*** Le marquis de Gudanes reçut cette lettre de Saint -Florentin : « Le sieur de La Beaumelle … a écrit une infinité de lettres anonymes à M. de Voltaire …; vous voudrez bien l'avertir de se tenir tranquille et de laisser en repos M. de Voltaire . Tous ces écrits anonymes ne pourraient que lui attirer des désagréments s'il les continuait. »
Quelques repères sur les Lavaysse:
http://books.google.be/books?id=xaEGAAAAQAAJ&pg=PA500...
http://tolosana.univ-toulouse.fr/notice/083062211
http://www.biu-toulouse.fr/num150/PPN083062211.pdf
Sotto vocce : http://www.youtube.com/watch?v=s0WbgTOUQlY&feature=re...
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