02/09/2010
Si quid novisti rectius istis candidus imperti (Si tu sais quelque projet plus judicieux que ceux-là, fais m'en part clairement)
« J'ai goûté la vengeance de le consoler »
Vengeance, toi qui inspire beaucoup plus que la consolation, tu viens, semble-t-il, plus vivement que la consolation . Ah ! faibles humains que nous sommes !
Les douceurs de la vengeance :
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Consoler son ancien tourmenteur, délice de connaisseur en vengeance, être du bon côté de la vie, -cette fois-ci,- comme ça fait du bien ! Ah ! que je t'approuve, Volti, et que cette formule me plait ! Ah ! qu'elle me console des conn... quotidiennes !
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« A François Tronchin
conseiller d'État à Genève.
Au Chêne à Lausanne 2 septembre [1757]
Premièrement mille obéissances, mille tendres compliments à tout Tronchin de tout sexe et de tout âge.
Ensuite je vous dirai que dans une lettre de Vienne du 24 août nous lisons ces paroles : Nous recevons la confirmation d'une glorieuse victoire remportée par le colonel Janus à Landshut en Silésie avec cinq ou six bataillons contre huit mille Prussiens commandés par deux généraux. La perte de l'ennemi passe trois mille hommes, tandis que la nôtre , ce qui est peu croyable, mais ce qui est très vrai, n'est que de dix-sept morts, et de quatre-vingt-un blessés [i]. Cette nouvelle a besoin dans mon église d'un nouveau sacrement de confirmation.
Or, mes amis, ouvrez les yeux et les oreilles. Le roi de Prusse m'écrit qu'il ne doute pas que je ne me sois intéressé à ses succès et à ses malheurs, et qu'il lui reste de vendre cher sa vie etc.[ii] La margrave de Bareith m'écrit une lettre lamentable [iii], et je suis actuellement à consoler l'un et l'autre [iv]. Je ne hais pas ces petites révolutions [v]; elles amusent et elles exercent; elles affermissent la philosophie.
Mme Denis vous embrasse. Elle s'occupe à faire une maison très agréable de la maison du Chêne . Nous espérons vous y posséder quelque jour. Nous y avons déjà mangé des gélinottes.
Je me flatte que la tracasserie de Servet [vi] est anéantie, du moins elle l'est par mon silence. Je ne songe qu'à vivre et à mourir tranquille soit au Chêne soit aux Délices pourvu que ce soit auprès de vous
Si quid novisti rectius istis
candidus imperti [vii]... et vale.
V. »
i Dans les nouvelles de Vienne datées d'août, parues dans le Mercure d'octobre, on décrira une victoire remportée à Landshut par le colonel Janus et donnera les mêmes chiffres que V* pour les pertes. Le Nouvelliste suisse et le Journal encyclopédique d'août signalent aussi l'occupation de Landshut.
ii Le 12 août, il semble que Frédéric lui ait écrit : « Je vous remercie de la part que vous prenez à mes succès et à mes malheurs. J'ai à peu près toute l'Europe contre moi, il ne me reste qu'à vendre cher ma vie et la liberté de ma patrie... »
iii Le 19 août.
iv Le 29 août à d'Alembert : « J'aurais été attendri si je n'avais songé à l'aventure de ma nièce et à ses quatre baïonnettes (à Francfort) ; à Constant d'Hermenches le 12 septembre : « J'ai été attendri de sa lettre et je me suis souvenu que je l'avais aimé » ; mais à d'autres, comme à la comtesse Bentinck le 2 novembre ou à Dupont le 5 novembre : « J'ai goûté la vengeance de le consoler » ; cf. lettre de « consolation » adressée à Frédéric le 15 octobre.
v C'est son refrain, il trouve la situation « curieuse », « singulière », « extraordinaire ».
vi C'est-à-dire la polémique à propos de « l'âme atroce » de Calvin et du « meurtre de Servet » dont V* a parlé dans l'Essai sur les mœurs et dans la lettre du 26 mars à Thiriot, publiée dans le Mercure de mai ; cf. lettre à Thiriot du 20 mai et lettre à Le Fort du 6 septembre.
vii Si tu sais quelque projet plus judicieux que ceux-là, fais m'en part clairement.
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