Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/03/2011

Que n'avons-nous à la tête du gouvernement des cœurs comme le vôtre !

Y'a qu'des honnet' gens dans l'gouvernement :

http://www.deezer.com/listen-232757

Qu'en dites-vous ? Ecoutez bien ! Ce chant du début du XXè siècle a encore un air d'actualité au début du siècle suivant . Que voulez-vous, les humains sont toujours faits de la même matière et obéissent aux mêmes besoins et désirs . Dur, le progrès vers le bien .

Mais bien sûr, vous le sentez bien (?!) : J'suis d'l'avis du gouvernement  :

http://www.deezer.com/listen-9240235

 

"Son nom d'Elie me fait soupçonner qu'il n'est pas d'une famille papiste, et la générosité de son âme me persuade qu'il est un de nos frères"

C'est quand même plus élégant que le "Il n'a pas une tête bien catholique" dit par l'outrecuidant Frèche (heureusement décédé !) à l'encontre de Laurent Fabius . Mais il est vrai que l'outre montpelliéraine tonitruante était loin d'avoir les qualités de Volti .

1718mort-aux-rats.png

http://www.lapin.org/index.php?number=1718#strips

 

 

 

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

15è mars 1765

 

Que vous avez une belle âme ! Mon cher frère . Au milieu des soins que vous vous donnez pour les Calas vous portez votre sensibilité sur les Sirven . Que n'avons-nous à la tête du gouvernement des cœurs comme le vôtre ! Par quel aveuglement funeste peut-on souffrir encore un monstre qui depuis quinze cents ans déchire le genre humain, et qui abrutit les hommes quand il ne les dévore pas ?

 

M. M. d'Argental doit recevoir dans quelques jours deux paquets de mort-au-rats, qui pourront au moins donner la colique à l'Infâme . Il doit partager la drogue avec vous i.

 

Je crois qu'en effet il ne sera pas mal de publier la lettre qu'un certain V. vous a écrite sur les Calas et sur les Sirven ii. Cela pourra préparer les esprits, et on verra ce qu'on pourra faire avec M. d'Argental . M. le premier président de Toulouse iii est très bien disposé . Il s'agira de voir si M. le vice-chancelier iv voudra qu'on ôte à ce parlement une affaire qui lui ressortit de plein droit . Les Sirven ont été condamnés à Castres ; s'ils vont à Toulouse n'est-il pas à craindre que les juges irrités ne fassent rouer, pendre, brûler ces pauvres Sirven, pour se venger de l'affront que la famille Calas leur fait essuyer v? Je ferai un mémoire que je vous enverrai . Mais ces Sirven sont bien moins instruits des procédures faites contre eux que ne l'étaient les Calas . Ils ne savent rien, sinon qu'ils ont été condamnés, et qu'ils ont perdu tout leur bien . D'ailleurs, n'étant jugés que par contumace, je ne vois pas comment on pourrait faire pour les soustraire à leurs juges naturels .

 

Le procédé de M. de Beaumont m'inspire de la vénération vi. Son nom d'Elie me fait soupçonner qu'il n'est pas d'une famille papiste, et la générosité de son âme me persuade qu'il est un de nos frères . Laissons d'ailleurs juger les Calas, ne troublons pas actuellement leur triomphe par une nouvelle guerre . Je me flatte bien que vous m'apprendrez le plein succès auquel je m'attends vii. On verra immédiatement après ce qu'on pourra faire pour les Sirven . Ce sera une belle époque pour la philosophie qu'elle seule ait secouru ceux qui expiraient sous le glaive du fanatisme . Remarquez, mon cher frère, qu'il n'y a pas eu un seul prêtre qui ait aidé les Calas, car Dieu merci l'abbé Mignot viii n'est pas prêtre .

 

Voulez-vous bien faire parvenir le petit billet ci-joint à la veuve Calas ix?

 

Adieu, mon cher frère, vous êtes un homme selon mon cœur ; votre zèle est égal à votre raison . Je hais les tièdes .

 

Qu'est-ce, je vous prie , que Le Pyrrhonien raisonnable du marquis d'Autrey x, qui croit prouver géométriquement le péché originel ? Ecr l'Inf, écr l'Inf vous dis-je . Je vous embrasse de toutes mes pauvres forces . »

 

 

i Le même jour V* informe d'Argental qu'il lui envoie 16 brochures à partager avec Damilaville ; il y a sans doute le Dictionnaire Philosophique ; cf. lettre MMMMCCCLV du 15 mars à d'Argental page 175 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f180.image.r...

ii Lettre datée du 1er mars à Damilaville : lettre MMMMCCCXLVIII page 165 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f180.image.r...

qui sera mise en brochure in-8 de 16 pages . Damilaville lui a écrit le 7 mars qu'il ferait imprimer cette lettre .

iii François de Bastard , premier président du parlement de Toulouse 1762-1768, puis conseiller d'Etat, il fut chancelier du duc d'Artois.

iv Maupéou.

v Le Conseil du roi avait cassé l'arrêt du parlement de Toulouse condamnant les Calas .

vi « Le généreux Élie veut encore défendre l'innocence des Sirven » après avoir défendu les Calas ; lettre à Damilaville du 9 mars, page 170 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f175.image.r...

vii La réhabilitation de Jean Calas.

viii Neveu de Voltaire .

ix C'est un simple billet amical.

x Le Pyrrhonien raisonnable ou Méthode nouvelle proposée aux incrédules par M. l'abbé de ***, 1765, de Henri-Jean-Baptiste Fabry de Moncault, comte d'Autrey .

 

Les commentaires sont fermés.