28/04/2011
je vous garderai jusqu'au tombeau les sentiments qui m'amenèrent à vos pieds, lorsque je quittai pour vous tout ce que j'avais de plus cher et quand vous me jurâtes que vous daigneriez toujours m'aimer
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Dans le domaine "serments d'ivrognes", je crois bien en tenir un de première grandeur . C'est vrai que Volti fait les choses bien, qu'on ne peut douter un instant de sa parfaite et indéfectible volonté, de sa sincèrité, jusqu'à ce que les évènements , la dure loi de la vie, viennent bouleverser les meilleurs intentions du monde . Première option !
Seconde option, ce qu'on suppose être de parfaits sentiments d'amour n'en sont pas, et les sentiments qu'on verra exprimés par la suite, beaucoup moins flatteurs, beaucoup plus critiques et réalistes, sont ceux qui au fond de son coeur étaient là de toute éternité, dès la déchirure de la mort d'Emilie et l'exil choisi (?) outre-Rhin .
Dans les deux cas, Volti est fidèle à sa parole et conforme à ses idées . Génial !
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Tout autre ton . A ras le bitume ! belle chanson de Catherine Lara : La Vérité sort de la bouche du Métro :
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« A Frédéric II, roi de Prusse
28 avril [1753] à Gotha
Ce que j'ai vu dans les gazettes est-il croyable ? On abuse du nom de Votre Majesté pour empoisonner les derniers jours d'une vie que je vous avais consacrée . Quoi ! L'on avance que je vous ai averti que König écrivait contre vos ouvrages !i Ah ! Sire, il en est aussi incapable que moi . Votre Majesté sait ce que je lui en ai écrit ii. Je vous ai toujours dit la vérité, et je vous la dirai jusqu'au dernier moment de ma vie . Je suis au désespoir de n'être point allé à Bareith iii. Une partie de ma famille iv, qui va m'attendre aux eaux, me force d'aller chercher une guérison que vos bontés seules sauraient me donner . Je vous serai toujours tendrement dévoué, quelque chose que vous fassiez . Je ne vous ai jamais manqué, je ne vous manquerai jamais . Je reviendrai au mois d'octobre à vos pieds ; et, si la malheureuse aventure de La Beaumelle n'est pas vraie ; si Maupertuis en effet n'a pas trahi le secret de vos soupers, et ne m'a point calomnié pour exciter La Beaumelle contre moi v; s'il n'a pas été par sa haine l'auteur de mes malheurs, j'avouerai que j'ai été trompé, et je lui demanderai pardon devant Votre Majesté et devant le public . Je m'en ferai une vraie gloire . Mais si la lettre de La Beaumelle est vraie vi, si les faits sont constatés, si je n'ai pris d'ailleurs le parti de König qu'avec toute l’Europe littéraire, voyez, Sire, ce que les philosophes Marc-Aurèle et Julien auraient fait en pareil cas . Nous sommes tous vos serviteurs, et vous auriez pu d'un mot tout concilier . Vous êtes fait pour être notre juge, et non notre adversaire . Votre plume respectable eût été dignement employée à nous ordonner de tout oublier ; mon cœur vous répond que j'aurais obéi . Sire, ce cœur est encore à vous ; vous savez que l'enthousiasme m'avait amené à vos pieds, il m'y ramènera . Quand j'ai conjuré Votre Majesté de ne plus m'attacher à elle par des pensions vii, elle sait bien que c'était uniquement préférer votre personne à vos bienfaits . Vous m'avez ordonné de recevoir ces bienfaits, mais jamais je ne vous serai attaché que pour vous-même ; et je vous jure encore entre les mains de S. A. R. Madame la margrave de Bareuth, par qui je prends la liberté de faire passer ma lettre, que je vous garderai jusqu'au tombeau les sentiments qui m'amenèrent à vos pieds, lorsque je quittai pour vous tout ce que j'avais de plus cher et quand vous me jurâtes que vous daigneriez toujours m'aimer . Je suis etc. »
i Frédéric a fait reproduire par les gazettes sa lettre de congédiement du 16 mars , précédée d'un avertissement sur le paiement de la pension de V* et accompagnée d'un commentaire suivant lequel V* aurait accusé König de vouloir écrire contre les ouvrages du roi .
Page 56 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f60.image.r=...
ii Effectivement, V* a seulement écrit le 12 mars à Frédéric : « Je suis ami de König... » ; Page 55 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f59.image.r=...
iii V* avait quitté Leipzig le 18 avril et envisagé d'aller à Bayreuth chez la sœur du roi à qui il avait même proposé un « capital de quinze mille écus », mais était allé à Gotha où il restera jusqu’au 25 mai .
v Le 3 février, V* écrivit à Roques : « Ce fut le marquis d'Argens qui avertit (le roi) à souper de la manière dont La Beaumelle avait parlé de sa cour, ainsi que de plusieurs autres cours, dans son livre intitulé Le Qu’en-dira-t-on . Le marquis d'Argens sait que, loin de vouloir porter ces misères aux oreilles du roi, je lui mis presque la main sur la v bouche ...(le roi) doit voir clairement que Maupertuis ne m'a calomnié ainsi auprès de (La Beaumelle) que pour l'exciter à écrire contre moi ... ».
Voir page 31: http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f35.image.r=...
La Beaumelle : http://dictionnaire-montesquieu.ens-lyon.fr/index.php?id=...
Pour Roques, voir aussi : http://www.voltaire-integral.com/Html/15/03ROQUES.html
vi Toujours dans la lettre du 3 février à Roques , V* « rapporte mot pour mot » un passage d'une lettre écrite par La Beaumelle à Roques et que celui-ci a cité le 17 décembre : « Maupertuis me dit qu'un jour ... »
vii Voir lettre à Darget de la mi-février 1751 :
http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/02/14/c...
et un passage de la lettre au roi du 19 ou 20 février 1751 : page 280 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800327/f285.image.r...
et lettre du 11 mars 1753 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/03/11/d...
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