29/12/2017
cette tyrannie me déplait terriblement
... Et celles d'aujourd'hui, mon cher Voltaire, te révulseraient également .
Voir : http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/12/28/le-lumpe...
« A Philippe Debrus
[30 janvier 1763 ?]1
C'est apparemment, monsieur, quelqu'un de La Salle village des Cévennes, et non M. de La Salle, conseiller au parlement, qui a écrit la lettre dont vous m'avez envoyé l'extrait 2. La réflexion sur la servante me paraît décisive, et je vais écrire sur-le-champ qu'on insiste beaucoup sur cette preuve qui doit faire impression sur les juges, quoiqu'elle ne soit pas à la rigueur dans l'ordre judiciaire .
Au reste, je voudrais qu'on se tint tranquille, jusqu'au jour de la décision ; il n'y a plus rien à faire qu'à attendre le jugement, et j'ose encore une fois être certain qu'il sera favorable . Je vais écrire aux avocats, pour les engager à présenter requête contre l'insolence des juges languedochiens 3 qui font saisir un mémoire d'avocats comme un libelle ; cette tyrannie me déplait terriblement . Je vous embrasse de tout mon cœur .
P.-S.-- L’embrassade 4 a été faite dans une audience particulière donnée à M. de Beaumont . »
1 Mention sur le manuscrit : « fin de janvier 1763 », ce qui paraît exact .
2 Cet extrait de la main de Debrus est conservé au British Museum . « De La Salle dans les Cévennes /le 17 janvier 1763 . /J'ai lu le solide mémoire à consulter, la docte consultation, fameuse par le nombre des avocats de grand nom , et par la matière , le judicieux mémoire de M. Mariette, et le ravissant écrit de M. Loyseau . La police de Montpellier a fait saisir tous les exemplaires de ces ouvrages et en a défendu le débit sous les plus graves peines . On n'aime pas d'entendre dire que les religionnaires n'ont pas tort . Je crois que M. de Voltaire a raison de penser que cette affaire pourra servir à ouvrir les yeux à bien des gens, du moins aux bons esprits . Les efforts qu'on fait pour éteindre la lumière, à arrêter les progrès de la raison, ne serviront sans doute qu'à faire paraître cette même lumière avec plus d'éclat . La générosité de M. de Voltaire, cet ami des hommes, lui fait un honneur infini ; nous avons bu plus d'une fois à sa santé, et moi , qui ne bois que de l'eau, je l'ai fait avec du vin pur . Il me semble que ces célèbres avocats n'ont pas assez pesé sur le caractère de la servante . Cette fille est dans l'usage de confesser deux fois la semaine ; elle a par conséquent la foi la plus parfaite pour la confession . Sans doute qu'elle a confessé et communié plus d'une fois depuis sa sortie de prison, sans doute aussi que le confesseur lui a parlé de cette affaire . Si elle lui eût dit que Calas père eût pendu son fils, ce confesseur lui eût refusé l'absolution jusqu'à ce qu'elle en eût fait la déclaration aux juges . De là on peut conclure qu'elle a dit vrai dans ses réponses ; et le témoignage de cette fille, toutes les circonstances pesées, a autant de force, à mon avis, que jamais en ait eu celui de Caton . »
3 Sur cette forme , vois lettre du 22 janvier 1763 à Debrus : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/12/12/apres-tout-ne-soyons-en-peine-de-rien-nous-aurons-assez-d-au-6007698.html
4 Voir lettre du 28 janvier 1763 à Debrus : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/12/24/comptez-que-vous-viendrez-glorieusement-a-bout-de-ce-que-vou-6011088.html
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Ce qui n'est pas dans la nature ne peut jamais plaire
... Notre ex-ministre de l'Ecologie, ambassadrice aux pôles ( bientôt à Pôle emploi si elle continue ), Ségolène, depuis qu'on la fait courir d'un pôle à l'autre et faire la belle, est-elle assez "nature" pour plaire ? Si j'en crois les réactions des membres du gouvernement, non !
« A Etienne-Noël Damilaville
[30 janvier 1763 ?] 1
Il y a un grand malheur pour La Poule à ma tante 2: c'est qu'il n'y a jamais eu de tante qui voulût que sa poule ne pondit point . Ce qui n'est pas dans la nature ne peut jamais plaire . Le conte est trop long et trop faible ; cette poulaille-là ne doit pas faire fortune .
Je prie mon cher frère de faire parvenir cette lettre à frère Protagoras 3. Frère Helvétius est-il à Paris ? Il faudrait l'engager à faire quelque chose d'honnête, à condition qu'il ne demanderait point de privilège .
Frère Platon est occupé à son Encyclopédie, mais n'y a-t-il point quelque bon frère qui puisse rendre service ? Écrasez l'infâme, vous dis-je . »
1 L'édition de Kehl amalgame cette lettre avec celle du 28 janvier 1763 et la donne certainement incomplète ; il est regrettable que la copie Beaumarchais ne nous en soit pas parvenue .
2 Jean-Baptiste de Junquières : Caquet-Bonbec, la poule à ma tante, poème badin, 1763 . Voir : http://data.bnf.fr/12258200/jean-baptiste_de_junquieres/
3 Cette lettre à d'Alembert ne nous est pas parvenue .
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