06/09/2018
qui prend le plus long n’arrive jamais le premier
...
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
11è septembre 1763 1
Mes divins anges, puisque vous êtes assez lambins pour ne pas renvoyer le premier acte à M. Marcel, il vous en envoie cinq . Il se flatte d'avoir fait tout ce que votre comité exigeait de lui . Il faut que M. le duc de Praslin se donne avec vous le plaisir d'attraper le public . C'est une vraie opération de ministre . M. Marcel vous enverra une lettre soumise pour la reine Clairon, qui sera de la même écriture que la pièce . Je ne connais point de conspiration mieux arrangée . Nous verrons si celle de Rousseau contre Genève, réussira le mieux ; il est vrai qu'il a sept ou huit cents personnes dans son parti ; mais je tiens que les trois conspirateurs valent mieux que les associés de Jean-Jacques .
J’ignore absolument si on fait une Gazette littéraire. Tous les ouvrages nouveaux faits depuis trois mois en Allemagne, en Angleterre et en Italie sont déjà annoncés pour la plupart dans les journaux. Mon travail et ma bonne volonté pourraient bien devenir inutiles. Des paquets de livres doivent être arrivés chez M. le duc de Praslin par Strasbourg et par Londres ; mais qui prend le plus long n’arrive jamais le premier. J’attends les ordres de M. le duc de Praslin sur tout cela.
Souffrez, mes très chers anges, que je lui présente ici mes très humbles respects, et recevez les miens.
Comment vont les yeux de M. d’Argental ? pour moi, je n’en ai plus. Celles qui se mettaient à la fenêtre ne s’y mettent plus, les mouleuses cessent de moudre ; l’amandier fleurit, la corde d’argent est cassée sur la fontaine 2. Adieu les tragédies. »
1 L'édition Cayrol est limitée à la partie manquante dans Kehl ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/correspondance-annee-1763-partie-29.html
2 Toute cette phrase est adaptée de l'Ecclésiaste, XII, 5-8 : http://www.bibleenligne.com/commentaire-simple/commentair...; dans l'édition de Kehl, on trouve cet alinéa à la fin d'une lettre à d'Argental du 11 février 1764 .
01:34 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.