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20/08/2022

Et tu veux me forcer, dans la même journée

... à me pinter sans mesure ? Avec modération ? ou pas ? Vive le fisc ! Banzaï !! : https://www.bfmtv.com/international/le-japon-lance-une-ca...

Tenez bon, amis Nippons, nous avons de quoi vous alimenter !

Ou "Comment lutter contre la surpopulation en une leçon pour les Nuls" : https://fr.news.yahoo.com/tabac-l-alcool-causent-moiti%C3%A9-084749091.html

 

 

« A Henri Rieu

Mardi au matin [10 mars 1767]1

Mon très cher corsaire saura que Mme Denis a été saignée, qu'elle a un violent mal de gorge, et moi aussi . Il est impossible que nous répétions aujourd'hui et que nous puissions envoyer des carrosses à d'autres qu'à des médecins et à des chirurgiens . Tout autre jour sera bon et nous attendrons les dispositions de notre cher corsaire . Il est d'ailleurs d'une nécessité absolue qu'on fasse des répétitions devant moi et je n'ai donné la pièce qu'à cette condition .

Voici encore une petite correction pour le rôle d'Indatire au quatrième acte :

Quoi ! Nous t'avons en paix reçu dans ma patrie,

On t'a donné le droit de l'hospitalité,

Nous te traitons en frère, et ta férocité

Oserait me forcer, dans la même journée,

 

Mettez ainsi ;

Quoi ! Nous t'avons en paix reçu dans ma patrie,

Ton accueil nous flattait : notre simplicité

N'écoutait que les droits de l'hospitalité

Et tu veux me forcer, dans la même journée,2 etc. »

1 La date exacte est fixée par la mention de la saignée de Mme Denis, le 10 mars est bien un mardi ; voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/08/20/puisse-je-vous-revoir-encore-une-fois-6397043.html

2 Les Scythes, Ac. IV, sc. 2 .

puissé-je vous revoir encore une fois

... chère Mam'zelle Wagnière ! Comment allez-vous ? que faites vous ? où êtes-vous ?

Urgent : Je renouvelle mon appel à tous ceux qui ont des nouvelles de LoveVoltaire, absente depuis plus de deux mois sur MonsieurdeVoltaire . D'avance merci .

 

 

« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches

à Lausanne

10è mars 1767

Je suis privé d'un plaisir que je ne retrouverai probablement plus . Je ne puis , mon cher colonel, me joindre à l’assemblée que vous enchantez ; et qui applaudit à Mme d'Hermenches et à vous avec tant de justice . Nous sommes tous malades à Ferney . On vient de saigner Mme Denis . Je suis dans mon lit avec des cataplasmes . Je ne puis donc vous offrir que de loin mes tendres remerciements d'avoir embelli mon radotage .

Mon autre malheur est que vous partiez sans pouvoir passer par Ferney . Je vous souhaite un heureux voyage, puissé-je vous revoir encore une fois avant de quitter ce monde . »

Vous pouvez en croire un homme qui n’a pas la réputation de déguiser ce qu’il pense, qui n’a nulle raison de le déguiser, et qui d’ailleurs est dans un âge où l’on voit de sang-froid tous ces petits orages de la société

... Ami Voltaire, tu es un/mon modèle .

 

 

« A Alexandre-Frédéric-Jacques Masson, marquis de Pezay

9è mars 1767, à Ferney 1.

Je vous répondrai, monsieur, ce que j’ai répondu à M. Dorat, que je ne connais en aucune manière les vers dans lesquels il est maltraité, que personne au monde ne m’a rien écrit sur ce sujet ; et j’ajoute que je consens que vous me regardiez comme un malhonnête homme si je vous trompe. Je vous dirai plus : je n’ai jamais montré à Ferney ni les vers que M. Dorat avait faits contre moi, ni aucune des lettres qu’il m’écrivit depuis, et dans lesquelles la bonté de son cœur réparait, par son repentir, le tort que son imagination m’avait pu faire. Je n’ai pas seulement laissé voir la jolie épître qu’il vient d’adresser à sa muse ; je me suis contenté de goûter la satisfaction de voir avec combien de grâces il guérissait les blessures qu’il avait faites.

Ni Mme Denis, ni M. et Mme Dupuits, ni M. et Mme de La Harpe, qui sont chez moi depuis quatre mois, ni mes deux neveux, conseillers au parlement et au grand conseil, n’ont vu aucune de ces pièces. Les affaires qui regardent Rousseau sont ici trop sérieuses pour qu’elles puissent être des sujets de pure plaisanterie ; et de plus, monsieur, ces plaisanteries étaient trop cruelles pour qu’elles servissent de matière à nos conversations. M. Dorat, sans me connaître, m’avait traité de bouffon dans son Avis aux sages ; il m’avait exposé aux rigueurs du gouvernement en disant qu’on a brûlé des ouvrages qu’on m’attribue ; il finissait enfin par dire qu’il fallait avoir des mœurs.

Des outrages si odieux ne devaient pas être manifestés par moi-même ; j’aurais trop rougi devant la petite-fille du grand Corneille, devant mes amis, et devant ma famille. J’ai dévoré toujours cette injure, et j’ai caché aussi la rétractation.

J’aurais souhaité, sans doute, que M. Dorât rendît cette rétractation publique, comme l’outrage l’avait été. Cette réparation publique était digne d’un homme qui a le cœur bon et sensible, et qui voit qu’il a été trompé, qui revient de son illusion, et qui corrige, avec une noblesse courageuse, l’erreur où il est tombé.

Si quelque homme de lettres de Paris, indigné du tort que l’Avis aux sages pouvait me faire dans la situation critique où se trouvent aujourd’hui les gens de lettres, a repoussé les injures par des injures : si, ne sachant pas que M. Dorat avait réparé entièrement son tort avec moi, il s’est laissé emporter à un zèle indiscret, je désavoue ce zèle, et je vous jure sur mon honneur que je n’en ai rien appris que par M. Dorat lui-même.

Vous sentez bien que, si j’avais écouté les premiers mouvements de mon cœur ulcéré, rien ne m’aurait empêché de faire le public juge de ce différend, et que je pouvais me servir des mêmes armes qu’on avait employées contre moi ; mais je n’en ai pas même eu la pensée ; et il est impossible que cette idée me soit venue après les lettres de M. Dorat, qui m’ont touché sensiblement, qui m’ont fait tout oublier, et qui m’ont inspiré le désir d’avoir son amitié.

Voilà, monsieur, la vérité la plus entière et la plus exacte. M. Dorat doit voir quels fruits amers produisent de pareils écarts. Toute satire en attire une autre, et fait naître souvent des inimitiés éternelles. M. de Pompignan attaqua tous les gens de lettres dans son discours à l’Académie 2; il en a été payé. Je ne connais aucune satire qui soit demeurée sans réponse. Les familles, les amis, entrent dans ces querelles ; c’est le poison de la littérature. J’ai combattu hardiment dans cette arène, et je n’ai jamais été l’agresseur. Mais je vous jure encore une fois que, dans cette affaire-ci, je ne me suis pas seulement défendu ; je vous répète que j’ai été trop content du repentir de M. Dorat, pour avoir sur le cœur le moindre ressentiment. Vous pouvez en croire un homme qui n’a pas la réputation de déguiser ce qu’il pense, qui n’a nulle raison de le déguiser, et qui d’ailleurs est dans un âge où l’on voit de sang-froid tous ces petits orages de la société, qui tourmentent vivement la jeunesse.

Je vous parle avec la plus grande franchise. Soyez très sûr, encore une fois, que je n’ai entendu parler des vers contre M. Dorat que par vous et par lui. Cette affaire est très désagréable, et je ne m’en suis consolé que par les assurances que vous me donnez de votre amitié et de la sienne.

J’ai l’honneur d’être, monsieur, avec les sentiments les plus vrais et les plus tendres, votre très humble et très obéissant serviteur,

V. »

1 Nous croyons que cette lettre est bien de 1767, et non, comme le dit Beuchot, de 1768. (Georges Avenel.)