30/04/2023
ce n'est qu'à condition qu'il n'aura nul privilège que je lui donne ce petit ouvrage
... M. Dupont-Moretti est-il d'accord avec le président ?
Voyons voir : https://www.youtube.com/watch?v=1n0LbZlizzQ&ab_channe...
« A Etienne-Noël Damilaville
18 septembre 1767
Je saisis, mon cher ami, l'intervalle de ma fièvre pour vous envoyer de quoi réparer un peu les griefs de Merlin. Il peut imprimer cela sur-le-champ, car je ne veux point absolument de privilège, et ce n'est qu'à condition qu'il n'aura nul privilège que je lui donne ce petit ouvrage 1. Il nous amuse, il plaît aux officiers qui sont chez nous, il plaira, s'il peut, aux Welches. Je mets encore une condition à ce présent que je lui fais c'est que la pièce sera imprimée sur-le-champ, sans avoir été communiquée à personne.
Il y a un gros paquet pour vous qui vous sera remis quand il plaira à Dieu. Tâchez que votre santé soit meilleure que la mienne. Je vous embrasse tendrement.
Je vous prie de faire donner cette lettre à Panckoucke 2.»
1 Charlot .
2 Elle ne nous est pas parvenue .
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29/04/2023
On fait toujours très mal les choses auxquelles on a de la répugnance.
... Ce qui n'est pas le cas de ce père de 550 (cinq cent cinquante ! ) enfants, donneur de sperme inimaginable , qui aime trop les travaux manuels, champion de l'autosatisfaction, et qui va se trouver privé de son plaisir préféré : https://www.midilibre.fr/2023/04/28/pere-de-plus-de-550-e...
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
18 septembre 1767
Mon cher ange est donc dans l'allégresse et la jubilation ; la convalescence se soutient donc parfaitement ; l'appétit est donc revenu, Dieu soit loué! Je chante Te Deum pour Mme d'Argental, et pour moi un Libera 1, car j'ai encore de grands ressentiments de fièvre. Je tâcherai d'engager Lacombe à faire encore mieux que vous ne proposez pour Lekain ; mais il a imprimé L'Ingénu, sans m'en rien dire, sur les premières feuilles incorrectes qu'il a été assez heureux pour se procurer. Son édition fourmille de fautes absurdes . Je ne conçois pas comment on en a pu souffrir la lecture. Je ne lui ai écrit jusqu'à présent que pour lui laver la tête . Vous aurez incessamment Charlot, ou la Comtesse de Givry, dont je fais plus de cas que de L'Ingénu, mais qui n'aura pas le même succès. Je ne la destine pas aux comédiens, à qui je ne donnerai jamais rien, après la manière barbare dont ils m'ont défiguré, et l'insolence qu'ils ont eue de mettre dans mes pièces des vers dont l'abbé Pellegrin et Danchet auraient rougi. D'ailleurs les caprices du parterre sont intolérables, et les Welches sont trop Welches.
Il m'a été de toute impossibilité, mon cher ange, de faire ce que vous exigiez à l'égard des Scythes . La tournure que vous vouliez était absolument incompatible avec mon goût et ma manière de penser. On fait toujours très mal les choses auxquelles on a de la répugnance.
Au reste, les comédiens me doivent la reprise des Scythes, qu'ils ont abandonnés, après les plus fortes chambrées, pour jouer des pièces qui sont l'opprobre de la nation. J'espère que vous voudrez bien engager les premiers gentilshommes de la chambre 2, qui sont vos amis, à me faire rendre justice et que, de son côté, M. le maréchal de Richelieu, qui a fait jouer Les Scythes à Bordeaux avec le plus grand succès, ne souffrira pas qu'on me traite avec si peu d'égards. On dit qu'il n'y aura point de spectacles à Fontainebleau, ainsi je compte qu'on jouera les Scythes à la Saint-Martin. Il serait bien étrange que les comédiens ne payassent mes bienfaits que d'ingratitude . Vous ne le souffrirez pas ; vos bontés pour moi sont trop constantes, et ce n'est pas votre coutume d'abandonner vos amis.
Mon village est devenu le quartier général des troupes qui font le blocus de Genève. Je vous écris au son du tambour, et en attendant la fièvre qui va me prendre. ·
Mme Denis et M. de Chabanon se joignent à moi pour vous dire combien ils s'intéressent à la santé de Mme d'ArgentaI, et moi, je ne puis vous dire combien je vous aime.
V. »
1 Prière des morts : https://fr.wikipedia.org/wiki/Libera_Me
2 C'étaient à l'époque, par ordre d'ancienneté, les ducs d'Aumont, de Fleury, de Richelieu, de Fronsac, de Duras, de Villequier .
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28/04/2023
il n'y a jamais eu de cérémonie qui ne fût suivie d'un grand dîner
... Pour Charles III, végétarien, qu'auront-ils au menu ? Une quiche ! ce qui est tout à fait raccord avec ce qu'on pense de ce vieux machin couronné sur le tard . Son choix : des épinards . On est pourtant loin de Popeye , même si Camilla de son côté n'est pas sans rappeler la beauté d' Olive Oyl : https://www.youtube.com/watch?v=smf1CEvoVKE&ab_channe...
https://www.slate.fr/story/245417/couronnement-charles-iii-different-predecesseurs-elizabeth-ii
« A Jacques Lacombe
J'ai parlé à M. Laurent, monsieur,il est comme vous savez l'auteur de L'Ingénu . Il m' a paru très fâché de toutes les fautes qui fourmillent dans son Huron .
Premièrement, dans la seconde édition de Lausanne, page 32 : que si en effet monsieur l'Ingénu son neveu n'avait pas eu le bonheur de naître en Basse-Bretagne, il n'en avait pas moins d'esprit . Il y a dans l'original : que si en effet M. l'Ingénu n'avait pas eu le bonheur d'être élevé en Basse-Bretagne . En effet il est dit plus haut qu'on l'avait emmené à l'âge de deux ans. Une telle faute est capable de décrier un Huron à tout jamais .
2° On a toujours mis la reine de Candace au lieu de la Reine Candace .
M. Laurent , ci-devant capucin, auteur du Compère Matthieu , est un grand théologien qui sait que Candace était le titre des reines d’Éthiopie comme Pharaon était le titre des rois d’Égypte .
3° Page 52 : comme il n'y a jamais eu de cérémonie qui ne fût suivie d'un grand dîner . Cela n'est pas français, à ce que dit M. Laurent ; il faut : Comme il n'y eut jamais de cérémonie .
4° Page 71 : aux empressements de cet amant terrible . Il y a deux fois terrible dans cette page, cela choque beaucoup l'oreille délicate de l'auteur du Compère Matthieu . Il y a dans l'original : de cet amant redoutable .
5° Page 80 : le baignèrent de larmes de tendresse . L'original porte : le baignèrent de larmes de joie et de tendresse .
6° Page 3 de la seconde partie : florissante depuis cinq cents siècles . L'éditeur s'est trompé d’environ quarante-cinq mille ans . Il doit y avoir : depuis plus de cinquante siècles au moins .
7° Page 17 , il y a une ligne et demie répétées, et on a oublié à la fin de la page la réflexion très sensée que fait l'Ingénu sur l’Émilie de Cinna . La voici :
Je suis fâché pourtant , dit-il, que cette brave fille reçoive tous les jours des rouleaux de l'homme qu'elle veut faire assassiner ; je lui dirais volontiers ce que j'ai lu dans les Plaideurs : Eh ! Rendez-donc l'argent .
8° page 38, il y a un galimatias incompréhensible : Nous voici tous les deux dans les fers sans pouvoir la demander .
Il est impossible d'imaginer ce que cela veut dire . Le texte porte : Nous voici tous deux dans les fers sans savoir qui nous y a mis, sans pouvoir même le demander .
9° Page 116 : La surprise et la douleur remplissent son âme . Il y a dans l'original : saisissent son âme, parce que le mot remplir se trouve à la ligne suivante .
M. Laurent quoique demeurant à Utrecht 1, est fort délicat sur la langue française .
Voyez, monsieur, si vous pouvez réparer toutes ces injustices faites à M. Laurent et à la famille de Kerkabon .
J'oubliais encore une faute essentielle qui se trouve au premier tome, page 35 . Le baillif présenta à Mlle de Saint-Yves un grand nigaud de fils.
Remarquez que le baillif était déjà parti, et qu'ainsi il y a un contresens capable de faire mourir M. Laurent de douleur . Le texte porte : Le baillif avant de prendre congé, etc.
Au reste, au lieu de mettre des lettres initiales au nom du Saint-Pouange, il n'y a qu'à mettre le marquis de Ménange ; cela déroute encore plus et est plus agréable au lecteur . Vous devriez bien, monsieur, faire une jolie petite édition qui sera fort bien reçue en Basse-Bretagne .
16è septembre [1767].
1 Du Laurens, qui vécut à Utrecht .
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Comptez que cette longue dissension déplaît beaucoup à un aussi bon voisin que je le suis
... dira E. Macron à Charles III, lequel n'en sera pas plus ému qu'à son premier porridge .
"Will you repeat , please ? J'ai la dure oreille ."
« A Gabriel Cramer
[septembre 1767] 1
Je vous prie, mon cher ami, de presser un peu l'édition du Siècle de Louis XIV. Toutes les anecdotes que j'ai reçues de la cour et du dépôt des Affaires étrangères rendront cet ouvrage nécessaire à quiconque voudra s’instruire, et j'ose croire que je le ferai entrer en France sans aucune difficulté . Je vous réponds du moins d'y donner tous mes soins . Je voudrais bien que vos affaires eussent pu s'accommoder . Comptez que cette longue dissension déplaît beaucoup à un aussi bon voisin que je le suis . »
1 L'édition Gagnebin place cette lettre en août . Mais V* a remis son manuscrit aux environs du 7 août, donc il ne peut s'impatienter sur l'impression avant septembre .
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27/04/2023
nous voici tous deux dans les fers, sans savoir qui nous y a mis, sans pouvoir même le demander
... En Russie ? Turquie ? Chine ? ou quelque autre pays d'Asie, d'Afrique, d'Amériques , d'Europe même ? Aucun continent n'y échappe, sinon , à ce que je sache, l'Océanie . Voir à ce jour : https://www.amnesty.fr/
« A Jacques Lacombe, Libraire
Quai de Conti
à Paris
J'ai reçu votre lettre, monsieur, avec les deux tomes de la petit brochure 1. L'auteur qui m'est venu voir s'est bien aperçu que vous aviez imprimé d'après des feuilles qui avaient été envoyées à Paris avant qu'elles fussent corrigées . Par exemple, je vois qu'à la page 38 du second tome vous avez mis, nous voici tous deux dans les fers sans pouvoir la demander, ce qui ne forme aucun sens . Il y a dans l'édition corrigée que vous avez suivie, nous voici tous deux dans les fers, sans savoir qui nous y a mis, sans pouvoir même le demander .
L'auteur a aussi remarqué d'autres fautes considérables . De plus des noms propres dont on ne voit que les lettres initiales font un très mauvais effet dans un roman . Il valait bien mieux mettre d'autres noms tout au long, comme Ménanges 2, etc. Il me semble que vous pourriez faire une jolie édition avec des estampes, de tous les contes en vers et en prose ; je suis persuadé que tant qu'il y aura des hommes oisifs on ne perdra pas son argent à faire de telles éditions . Je suis fâché que vous n'ayez pas fait l'édition des Scythes de Lyon, elle s'est très bien vendue .
Comptez, monsieur, sur les sentiments qui m'attachent bien véritablement à vous .
V.
14è septembre 1767 . »
1 Le Huron ou l'Ingénu (2è édition Lausanne [Paris] 1767 ) ; Bengesco ; voir la notice de ce conte dans les Romans et contes, Bibl. De La Pléiade .
2 Sur ce nom, voir la lettre du 16 septembre 1767 à Lacombe : « Au reste, au lieu de mettre des lettres initiales au nom du Saint-Pouange, il n'y a qu'à mettre le marquis de Ménange ; cela déroute encore plus et est plus agréable au lecteur . »
10:42 | Lien permanent | Commentaires (0)
[Pas de texte disponible]
... Pas un mot plus haut que l'autre ...
Alors pourquoi ne pas prendre quelques minutes pour voir ceci : https://www.arte.tv/fr/videos/106673-005-A/a-la-bibliothe...
« A Daniel-Marc-Antoine Chardon 1
Ferney 14 septembre 1767
[Pas de texte disponible].2
2 L'original de deux pages est passé à la vente chez Anderson, New York le 6 novembre 1924 .
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26/04/2023
Vous voilà heureusement débarrassé de ce fardeau, sans qu'il puisse être dégagé de la reconnaissance éternelle qu'il vous doit.
... Ceci peut évidemment s'adresser au président Macron après la déclaration de la première ministre qui récupère la patate chaude : https://www.challenges.fr/politique/borne-devoile-la-feuille-de-route-des-cent-jours-decretes-par-macron_853371.amp
A suivre ...
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
13è septembre 1767 à Ferney
Vous me pardonnerez, monseigneur, si je me sers d'une main étrangère; ma fièvre ne me permet pas d'écrire. Vous me pardonnerez encore si je vous importune si souvent pour les affaires de Gallien mais il faut que mes comptes soient apurés avant que je meure. Il m'est venu voir aujourd'hui avec deux seigneurs espagnols qu'il m'a amenés. Je lui ai demandé s'il n'avait point encore quelques dettes, et il m'a donné le petit mémoire ci-joint, de sorte que tout se monte à la somme de 881 livres 18 sols . Ainsi donc, monseigneur, ce jeune homme vous coûtait par an douze cents livres, indépendamment de sa nourriture et des autres choses nécessaires. Il y a très peu de personnes qui en fissent davantage pour leur fils. Ses dépenses me paraissent exorbitantes pour un jeune homme que vous avez si bien équipé quand vous me l'envoyâtes. Je n'ai cessé de lui recommander la plus grande retenue mais je vois qu'il a usé largement de vos bontés. Il faut avouer pourtant qu'il a mis de la discrétion dans sa magnificence car, à l'abri de votre protection et de votre nom, il aurait pu prendre dix mille francs chez les marchands, on ne lui aurait rien refusé. Vous voilà heureusement débarrassé de ce fardeau, sans qu'il puisse être dégagé de la reconnaissance éternelle qu'il vous doit.
Il ne me reste, monseigneur, que d'attendre vos ordres, et de vous supplier de me continuer vos bontés pour le peu de temps que j'ai encore à en jouir.
V. »
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