11/07/2024
le père reste avec ses filles condamnées comme lui. Il a toujours craint de comparaître devant le parlement
... C'est évidemment la famille Le Pen, gibier de potence pour ses paroles et condamnable pour ses malversations financières : https://www.la-croix.com/france/affaire-des-assistants-du...
Unis quand ça les arrange ...
« A Joseph Audra
3 janvier 1769 au château de Ferney
Il s'agit monsieur de faire une bonne œuvre, je m'adresse donc à vous.
Vous m'avez mandé 1 que le parlement de Toulouse commence à ouvrir les yeux, que la plus grande partie de ce corps se repent de l'absurde barbarie exercée contre les Calas. Il peut réparer cette barbarie, et montrer sa foi par ses œuvres 2.
Les Sirven sont à peu près dans le cas des Calas. Le père et la mère Sirven furent condamnés à la mort par le juge de Mazamet dans le temps qu'on dressait à Toulouse la roue sur laquelle le vertueux Calas expira.
Cette famille infortunée est encore dans mon canton; elle a voulu se pourvoir au conseil privé du roi; elle a été plainte et déboutée. La loi qui ordonne de purger son décret, et qui renvoie le jugement au parlement est trop précise pour qu'on puisse l'enfreindre. La mère est morte de douleur, le père reste avec ses filles condamnées comme lui. Il a toujours craint de comparaître devant le parlement de Toulouse, et de mourir sur le même échafaud que Calas. Il a même manifesté cette crainte aux yeux du conseil.
Il s'agit maintenant de voir s'il pourrait se présenter à Toulouse avec sûreté. Il est bien clair qu'il n'a pas plus noyé sa fille que Calas n'avait pendu son fils. Les gens sensés du parlement de Toulouse seront ils assez hardis pour prendre le parti de la raison et de l'innocence contre le fanatisme le plus abominable et le plus fou? Se trouvera-t-il quelque magistrat qui veuille se charger de protéger le malheureux Sirven et acquérir par là de la véritable gloire? En ce cas je déterminerai Sirven à venir purger son décret, et à voir sans mourir de peur la place où Calas est mort.
La sentence rendue contre lui par contumace lui a ôté son bien dont on s'est emparé. Cette malheureuse famille vous devra sa fortune, son honneur et sa vie; et le parlement de Toulouse vous devra la réhabilitation de son honneur flétri dans l'Europe.
Vous devez avoir vu, monsieur, le factum des dix-sept avocats du parlement de Paris 3 en faveur des Sirven. Il est très bien fait, mais Sirven vous devra beaucoup plus qu'aux dix-sept avocats, et vous ferez une action digne de la philosophie et de vous.
Pouvez vous me nommer un conseiller à qui j'adresserai Sirven?
Permettez-moi de vous embrasser avec la tendresse d'un frère.
V. »
1 Dans deux lettres conservées, des 2 et 20 novembre 1768, dans lesquelles Audra affirme : « Je connais actuellement assez Toulouse pour vous assurer qu'il n'est peut-être aucune ville du royaume où il y ait autant de gens éclairés […] . Vous ne sauriez croire combien tout a changé depuis la malheureuse aventure des Calas.[...]. »
2 Réminiscence de Jacques, II, 18 : https://saintebible.com/james/2-18.htm
3 Sur ce factum, voir lettre du 4 mars 1767 à Élie de Beaumont, il porte non pas dix-sept mais dix-neuf signatures : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/08/12/p...
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