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03/01/2025

Les détails me pilent

... Telle est la conclusion générale présidentielle du premier conseil des ministres 2025 .

 

 

« A Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul

 3è juillet 1769 , Lyon

Guillemet ignore si madame la duchesse est dans son palais de Paris, ou dans son palais de Chanteloup, ou dans sa chambre de Versailles. Quelque part où elle soit, elle dît et elle fait des choses très agréables.

Guillemet prend la liberté de lui en dépêcher qui ne sont pas peut-être de ce genre ; mais, comme elle est très tolérante, il s’est imaginé qu’elle pourrait jeter un coup d’œil sur une tragédie 1 où l’on dit que la tolérance est prêchée. Monseigneur son époux le Corsique aurait-il le temps de s’amuser un moment de cette bagatelle ? Guillemet en doute. Monseigneur a un nouveau royaume et un nouveau pape à gouverner, et force petits menus soins qui prennent vingt-quatre heures au moins dans la journée. Les détails me pilent, disait Montaigne 2, à ce qu’on m’a rapporté . Voilà pourquoi Guillemet se garde bien d’écrire à monseigneur. Mais quand nous entendons parler de ses succès dans nos climats sauvages, notre cœur danse de joie.

Je vais bientôt, madame, quitter la typographie, avant que je quitte absolument la vie, selon le conseil de La Bletterie. Je suis comme l’apothicaire Arnoult, qui se plaignait que l’on contrefît toujours ses sachets 3. Cela dégoûte à la fin du métier les typographes comme les apothicaires ; ainsi, madame, vous vous pourvoirez, s’il vous plaît, ailleurs ; il faut bien que tout finisse . Il faut surtout finir cette lettre, de peur de vous ennuyer. Daignez donc, madame, agréer le profond respect qui ne finira qu’avec la vie de

Guillement.

P. S. –  Je ne sais comment je suis avec madame votre petite-fille 4, depuis un certain déjeuner . Je ne sais si elle aime encore les vers ; je ne sais rien d’elle. »

1 Les Guèbres . Mme de Choiseul écrit le 11 juillet 1769 à Mme Du Deffand : « Voici une fort mauvaise brochure que Voltaire m'a envoyée, quoiqu'elle ne soit pas de lui . J'y joins la lettre qu'il m'a écrite en même temps ». Le jugement de Mme de Choiseul sur la pièce est réitéré dans une autre lettre du 14 juillet à la même : « Votre lettre ma chère petite-fille, m'a sauvée de sombrer dans le panneau le plus fâcheux. Voltaire m'en avait écrit une seconde pour me dire de ne pas montrer la tragédie des Guèbres ; cette précaution ne m’avait point encore avisée que la pièce pût être de lui, tant elle me semblait mauvaise, et en lui répondant je lui mandais tout ce que j'en pensais ; heureusement ma lettre n'était point encore envoyée quand j'ai reçu la vôtre ; […] nous avons reparcouru la pièce, l’abbé [Jean-Jacques Barthélémy*] et moi, et […] nous avons cru reconnaître Voltaire, mais nous n'en sommes pas moins restés à dire que la pièce était détestable.

* https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Barth%C3%A9lemy

2 Dans ses Essais, livre III, chap. iv, 17e alinéa, Montaigne, parlant de la mort, dit : « Je la gourmande en bloc. Par le menu elle me pile. » : fin de page 365 https://fr.wikisource.org/wiki/Essais/Livre_III/Chapitre_4

3 Dans les annonces qu'il faisait passer dans le Mercure de France, à propos de son spécifique contre l'apoplexie .

4 Mme Du Deffand qui a blâmé la cérémonie des « pâques »de V* et son attitude en la circonstance . Aucune lettre d'elle à V* ne nous est parvenue depuis celle du 24 avril 1769, sur les « médecins […] italiens » qui veulent « qu'on mange un croûton à certains jours », mais elle devra lui écrire le 16 juillet : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7596

 

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