18/05/2025
Est-ce la peine de vivre quand on souffre ? oui, car on espère toujours qu’on ne souffrira pas demain
... Mais quand l'espérance est déçue, que tout soin ne permet plus qu'une survie lamentable de notre "machine" , alors il est temps de passer au point mort et couper le contact. Les élus qui doivent décider des modalités de ce dernier acte doivent arrêter d'ergoter, de pinailler , des pays voisins sont en avance sur nous ; c'est bien français que de vouloir réinventer l'eau chaude . En attendant des gens souffrent désespérément . Assez !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
29è novembre 1769
Vous êtes le premier, mon cher ange, à qui je dois apprendre que l’innocence de Sirven vient de triompher, que les juges lui ont ouvert les prisons, qu’ils lui ont donné mainlevée de ses biens saisis par les fermiers du domaine ; mais il faut qu’il y ait toujours quelque amertume dans la joie, et quelque absurdité dans les jugements des hommes. On a compensé les dépens entre le roi et lui ; cela me paraît d’un énorme ridicule. De plus, il est fort incertain que messieurs du domaine rendent les arrérages qu’ils ont reçus. Sirven en appelle au parlement de Toulouse. J’ose me flatter que ce parlement se fera un honneur de réparer entièrement les malheurs de la famille Sirven, et que le roi payera les frais tout du long. Ce n’est pas là le cas où il faut lésiner, et sûrement le roi trouvera fort bon que les dépens du procès retombent sur lui.
J’ai vu, dans une gazette de Suisse, que M. le duc de Praslin quittait le ministère 1. Ce n’est certainement pas le suisse de votre porte qui mande ces belles nouvelles ; mais il y a dans Paris un Suisse bel esprit, qui inonde les Treize-Cantons des bruits de ville les plus impertinents.
Mais comment se porte Mme d’Argental ? On dit qu’elle est languissante, qu’elle fait des remèdes . Je la plains bien, je sais ce que c’est que cette vie-là. Est-ce la peine de vivre quand on souffre ? oui, car on espère toujours qu’on ne souffrira pas demain ; du moins, c’est ainsi que j’en use depuis plus de soixante ans. Ce n’est pas pour rien que j’ai fait un opéra où l’espérance arrive au cinquième acte. On dit que la Pandore de La Borde a très bien réussi à la répétition ; mais il y a certains vers où l’on dit que le mari de Pandore doit obéir ; cela est manifestement contraire à saint Paul, qui dit expressément 2 : Femmes, obéissez à vos maris. Je croyais avoir rayé cette hérésie de l’opéra.
Mille tendres respects, mon cher ange, à vous et à Mme d’Argental.
V. »
1 Effectivement, le Supplément aux Nouvelles de divers endroits du 18 novembre 1469 annonce cette nouvelle ; des bruits de ce genre circulèrent à de nombreuses reprises . En fait, la chute de Choiseul et de son cousin le duc de Praslin n'aura lieu que le 24 décembre 1770.
2 Dans son Épître aux Éphésiens, v. 22, il dit : « Mulieres viris suis subditæ sint ; » « Que les femmes soient soumises à leurs maris. » et dans son Épître aux Colossiens, III, 18 : « Mulieres, subditæ estota » »Femmes, soyez soumises. »
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Il me semble que non seulement vous êtes en droit de rentrer actuellement dans vos biens, mais de vous faire payer des arrérages de cinq ou six années
... Ce serait tellement bien si on pouvait dire cela aux Ukrainiens , et aux civils Palestiniens pris entre le Hamas et la folie sanguinaire de Netanayahou . Hélas, irréaliste à ce jour, et impossible à jamais .
« A Pierre-Paul Sirven
[A Mme la veuve Lavaysse
pour rendre s.l.p.
à monsieur Sirven
à Toulouse]
Mon cher Sirven, j'ose espérer que le parlement vous rendra une justice encore plus complète que les juges de Castres . Vous devez être déclaré entièrement innocent, et obtenir mieux qu'un hors-de-cour . Il me semble que non seulement vous êtes en droit de rentrer actuellement dans vos biens, mais de vous faire payer des arrérages de cinq ou six années . Je ne sais s'il ne faudra pas un ordre exprès du roi, ces arrérages ayant été perçus par les fermiers du domaine . En tout cas, je me charge de faire présenter la requête .
Pour les deux cent quarante livres, comme ce sont les frais de contumace, je doute qu'on vous les remette ; mais n'en soyez pas embarrassé, je vous ferai tenir cet argent .
J'instruis vos filles du gain de votre procès, car il est en effet gagné puisque vous êtes libre, et qu'il ne s'agit à présent que du plus ou moins d'argent .
Je vous embrasse de tout mon cœur . Adieu, mon cher Sirven, faites bien mes compliments à M. de La Croix et à M. l'abbé Audra ; ma vieillesse et mes maladies m'empêchent de leur écrire .
A Ferney 29è novembre 1769."
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