13/04/2021
non seulement je la respecte, mais je prends la liberté de l'aimer
... N'est-ce pas dans cet ordre qu'il faut se conduire en tout temps quand on parle d'amour ?
« A Philibert-Charles-Marie Varenne de Fénille, etc.
à l'hôtel de La Marck, rue d'Aguesseau
à Paris
17è octobre 1765 au château de Ferney
Les libraires de Genève, monsieur, viennent d'achever une édition de La Henriade in 4-° corrigée et augmentée qu'ils ont ornée de très belles estampes 1. Comme ces entreprises ne sont faites que pour un petit nombre de curieux, je doute que l'imprimeur dont vous me parlez trouvât son compte dans l'édition qu'il se propose .
Je suis infiniment touché, monsieur, du souvenir dont Mme la comtesse de La Marck daigne m'honorer, non seulement je la respecte, mais je prends la liberté de l'aimer ; on dit qu'elle a autant de philosophie que d'esprit et de grâce; je la regarde comme la protectrice des gens qui pensent ; je vous supplie de me mettre à ses pieds .
J'ignore si le Barnevelt de M. Le Mierre 2 est le Barnevelt hollandais 3, immolé à la liberté de sa patrie sous l'abominable prétexte de je ne sais quelle hérésie calviniste, ou si c'est le Barnevelt anglais, mais je sais bien qu'il y aura un grand pathétique dans sa pièce et des coups de théâtre admirables , j'ai en lui un confrère qui fait bien de l'honneur à notre art, et il est juste que les confrères s'aiment un peu . J'attendrai son ouvrage avec la plus grande impatience .
Pardonnez si je ne vous écris pas de ma main, les neiges m'ôtent presque entièrement l'usage de la vue . J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .
V. »
1 Il s'agit du premier volume de l'édition des œuvres de V* in-4° dont les sept premiers volumes paraitront en même temps en 1768 . À part une allusion dans la lettre de décembre 1765 à Cramer, on a ici la première référence précise à cette édition : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/04/09/repeter-au-lieu-de-repeter-repeter-c-est-peter-deux-fois.html
2 Barnevelt, d'Antoine Marin Le Mierre, ne sera imprimé, et joué sur le théâtre de Lyon, qu'en 1784 ( même si l'édition de 1810 , pour des raisons idéologiques, dit que cette première représentation eut lieu le 30 juin 1790 ) ; voir : https://www.cairn.info/revue-d-histoire-litteraire-de-la-france-2003-1-page-49.htm
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k48313w/f5.item
et : https://data.bnf.fr/fr/documents-by-rdt/12127853/te/page1
et : http://theatre1789-1815.e-monsite.com/pages/pieces-gens-et-lieux/les-pieces/b/barnevelt.html
3 Voir : http://theatre1789-1815.e-monsite.com/pages/pieces-gens-et-lieux/les-pieces/b/barnevelt.html
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12/04/2021
Je pardonnerai tous mes maux à la nature, si votre personne en est exempte
... Est-il un plus aimable voeu , une plus charmante attention ? C'est du Voltaire tout pur .
Bonnes journées
« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha
Au château de Ferney 17è décembre 1765 1
Madame, je ne saurais voir finir cette année sans souhaiter les plus nombreuses et les plus heureuses à Votre Altesse Sérénissime, à toute votre auguste famille, et à la grande maîtresse des cœurs. Il y a plus de douze ans que je vis dans ma retraite, et il y a tout juste ce temps-là que je regrette les plus agréables moments de ma vie. Ma vieillesse et mes maladies ne me permettent pas de me mettre aux pieds de V. A. S. aussi souvent que je le voudrais ; mais le cœur n’y perd rien , il est toujours plein de vos bontés ; je m’informe, à tous les Allemands qui voyagent dans nos cantons de votre santé et de tout ce qui vous intéresse. J’ignore actuellement si vous n’avez point eu quelque ressentiment d’une incommodité passagère, dont vous me parliez dans la dernière lettre dont vous m’avez honoré. Je pardonnerai tous mes maux à la nature, si votre personne en est exempte.
Le roi de Prusse a eu quelques atteintes assez violentes, mais il se conserve par un grand régime. Il me fait l’honneur de m’écrire quelquefois ; mais je n’ai plus la santé et la force nécessaires pour soutenir un tel commerce. J’applaudis toujours au service qu’il a rendu au nord de l’Allemagne ; sans lui vous auriez peut-être des jésuites et des capucins dans la Thuringe , ce qui est pire à la longue que des houzards. Je ne sais par quelle fatalité la partie méridionale de l’Allemagne est plongée dans la plus plate superstition, tandis que le nord est rempli de philosophes. Genève est bien changée depuis quelques années. Calvin ne reconnaîtrait pas sa ville.
Que Votre Altesse Sérénissime daigne toujours agréer avec bonté mon très tendre respect.
V.»
1 Selon l'édition Voltaire à Ferney ; dans sa lettre du 7 septembre 1765, la duchesse se dit « affligée comme [V*] de maux d'yeux, et accablée par toutes sortes d'incommodités », depuis « au-delà d'une année sans recevoir de [ses] nouvelles » . Quant à Frédéric II, sa dernière lettre à V* est du 25 novembre 1765 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1765/Lettre_6163
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J’ai bu aujourd’hui à votre santé dans ma masure de Ferney
... Attendu que Gex est ma limite autorisée sans justificatif (autre que celui de mon domicile ), je ne pouvais pas même aller trinquer sur Perdtemps, comme autrefois . De fait j'en suis réduit à boire en Suisse ! Santé gaillards !
Tchin tchin avec les modérations du voisinage, bientôt .
« A Pierre-Michel Hennin
17 décembre 1765 au château de Ferney
Si je pouvais sortir, monsieur, je serais venu me mêler dans la foule de ceux qui vous ont vu arriver, le rameau d’olivier à la main1. Mon âge et mes maladies me retiennent chez moi en prison. J’ai bu aujourd’hui à votre santé dans ma masure de Ferney avec M. Roger. Quand vous serez las des cérémonies et des indigestions de Genève, vous serez bien aimable de venir chercher la sobriété et la tranquillité à Ferney. Je vous remettrai un mémoire2 de deux avocats de Paris sur les tracasseries de Genève, et vous verrez que l’ordre des avocats en sait moins que vous. M. d’Argental devait le remettre à M. de Sainte-Foix3 pour vous le donner, mais vous êtes parti précipitamment. Je vais le faire copier, et je serais très-flatté d’avoir l’honneur de vous entretenir en vous remettant l’original.
Quand vous aurez quelques ordres à me donner, vous pouvez les envoyer aux rues-basses, chez M. Souchay, marchand drapier, près du Lion d’or.
Mme Denis vous fait mille compliments, nous ne pouvons vous exprimer à quel point nous sommes enchantés de nous trouver dans votre voisinage.
J’ai l’honneur d’être avec le plus tendre et le plus respectueux attachement, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .
Voltaire. »
1 Voir note de Hennin fils : « La république de Genève avait joui du repos, depuis l’acte de médiation de 1738, fait par la France et les cantons de Zurich et de Berne. Mais, à cette époque, les dissensions s’étaient renouvelées avec tant d’aigreur et de violence que le gouvernement français avait pris le parti d’y intervenir. On employa d’abord les voies de conciliation, et ensuite celles de la force.
La population de Genève était composée des citoyens, bourgeois, natifs, habitants et étrangers ; la souveraineté résidait dans le conseil général, composé d’environ seize cents citoyens ou bourgeois ; mais rien ne pouvait y être traité sans l’approbation du conseil des Deux-Cents ; le conseil général ne délibérait point : il avait seulement le droit d’approuver ou de rejeter les avis et lois qui lui étaient proposés.
Le conseil des Deux-Cents, qui était composé de deux cent cinquante membres, était nommé par le petit conseil, et ne pouvait délibérer que sur les questions que celui-ci lui soumettait ; il pouvait aussi faire des propositions sur lesquelles le petit conseil était tenu de répondre. Le conseil des Deux-Cents avait le droit de faire grâce, de légitimer les enfants naturels, de battre monnaie ; il avait d’autres droits régaliens : il était juge souverain dans les matières civiles importantes ; il présentait au conseil général les candidats pour les premières charges de la république.
Le petit conseil ou conseil des Vingt-Cinq présidait tous les autres conseils dont il faisait partie ; il avait l’administration des affaires publiques, la haute police ; il était juge en troisième ressort pour le civil et juge souverain des causes criminelles, sauf le recours en grâce dans les cas graves ; il avait le droit de recevoir les bourgeois, etc. Il était dirigé par quatre syndics élus annuellement dans son sein par le conseil souverain. Le premier syndic présidait tous les conseils. Un conseil des Soixante s’assemblait seulement pour délibérer sur les affaires secrètes et politiques.
Telles étaient alors les hases du gouvernement de ce petit État. (Note de Hennin fils.) «
2 Voir lettre du 27 novembre 1765 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/03/20/quand-je-leur-ai-envoye-un-plan-qui-n-est-pas-un-plan-de-tra-6304668.html
et celle du 14 décembre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/04/08/je-souhaite-passionnement-que-les-parlements-puissent-avoir-6308367.html
3 Voir note 4 selon Beuchot : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1765/Lettre_6125
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11/04/2021
lorsque je vois à la fois finesse, gaieté, naturel, grâces et légèreté, je dis que ...
... ce n'est certainement pas de vous, ô gens politiques . Que vous êtes loin de Voltaire et son esprit !
A défaut, on peut sourire avec Astérix
« A Charles-Simon Favart 1
17 décembre 1765 au château de Ferney, par Genève
Je croyais, monsieur, être guéri de la vanité à mon âge ; mais je sens que j’en ai beaucoup avec vous : non-seulement vous avez flatté mon amour-propre en parlant de la bonne Gertrude2, mais j’en ai encore davantage en lisant votre fée Urgelle3, car je crois avoir deviné tous les endroits qui sont de vous. Tout ce que vous faites me semble aisé à reconnaître ; et lorsque je vois à la fois finesse, gaieté, naturel, grâces et légèreté, je dis que c’est vous, et je ne me trompe point. Vous êtes inventeur d’un genre infiniment agréable ; l’opéra aura en vous son Molière, comme il a eu son Racine dans Quinault. Si quelque chose pouvait me faire regretter Paris, ce serait de ne pas voir vos jolis spectacles, qui ragaillardiraient ma vieillesse ; mais j’ai renoncé au monde et à ses pompes. Vous n’avez pas besoin du suffrage d’un Allobroge enterré dans les neiges du mont Jura. Quand il y aura quelque chose de votre façon, ayez pitié de moi.
J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
gentilhomme ordinaire du roi . »
1 Voir : https://www.artlyriquefr.fr/personnages/Favart%20Charles%20Simon.html
Le manuscrit original est passé à la vente chez Maggs à Londres en novembre-décembre 1915 .
2 Voir lettre du 1er novembre 1765 à Lekain : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/02/23/je-ne-peux-m-imaginer-que-monsieur-le-dauphin-soit-en-danger-6299599.html
Isabelle et Gertrude, ou, Les sylphes supposés : comédie en un acte, meslée d'ariettes : voir : https://www.loc.gov/item/2010664712/
3 La Fée Urgèle : tirée de Ce qui plaît aux dames de V* ; voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90674186.image
et : https://data.bnf.fr/fr/14781975/egidio_duni_la_fee_urgele/
17:55 | Lien permanent | Commentaires (0)
Voilà tout ce que je peux vous en dire pour le présent
... Marre des imbéciles qui se prennent pour des héros de la résistance en contrevenant, le verre à la main et les pieds sous la table, à la loi sur le confinement, qu'ils soient amendés, aient une gastro et pourquoi pas la Covid, ce ne serait que justice .
Revenons à des choses plus sérieuses : les impôts . Que faire, que dire ? Ceci : https://www.boursorama.com/videos/actualites/declaration-de-revenus-2021-ces-grosses-erreurs-a-eviter-2665c8ff2941d56c70f68914d12f53be
99,999% de ce qui est dit ne me concerne pas , heureusement (ou pas ? ).
« A Jacob Bouthillier de Beaumont
Je vous envoie, monsieur, le double de votre compte, signé de moi 1. Il n'est pas possible que M. Sahler ou un autre négociant vous donne un demi pour cent de commission, outre un demi pour cent d'escompte cela ferait douze pour cent par an, ce qui serait exorbitant et ruineux pour lui .
S'il vous convient, monsieur, qu'on stipule que vous serez toujours payé au bout de trois mois, cela vous fera par an une somme assez honnête . On pourra bien demander qu'il soit permis de vous payer quelquefois au bout de deux mois, mais je crois que cela sera très rare . M. Sahler est , je crois, un négociant de Montbéliard associé du trésorier du comté de Montbéliard et dépendances , je crois que son principal négoce consiste dans les forges du Montbéliard et des terres de Franche-Comté . Voilà tout ce que je peux vous en dire pour le présent . Je lui ai écrit, j'attends sa réponse, et je serai toujours prêt à vous marquer, monsieur, les sentiments avec lesquels j'ai l'honneur d'être votre très humble et très obéissant serviteur .
Voltaire.
16è décembre 1765 à Ferney. »
1 Voir lettre du 14 décembre 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/04/08/quand-cette-operation-sera-faite-je-serais-bien-aise-que-vou-6308469.html
17:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
Mon cher Esculape, il y a longtemps que je traîne
... Aurait déclaré Roselyne Bachelot , quasi convalescente, au sortir de l'hôpital, ou vraisemblablement aurait pû le dire ; en qualité de diplômée en pharmacie, Esculape est un de ses maîtres antique, il ne lui reste qu'à prier St Damien et suivre ses ordonnances .
https://fr.123rf.com/photo_83686570_dessin-anim%C3%A9-vie...
« A Théodore Tronchin
[décembre 1765 ?]1
Mon cher Esculape, il y a longtemps que je traîne ; j'ai été tenté cent fois de venir causer avec vous un matin, et de rire avec vous . Mais comme vous vous portez bien , j'espère que vous prendrez votre temps pour venir rire avec moi . C'est à vous qu'il appartient de rire aux dépens des sots et des fous, mais je sens qu'au lieu de rire je pourrai bien pleurer puisque ce sera la dernière fois que je vous verrai .
Je vous demande en grâce de présenter mes respects à M. et Mme d'Harcourt, et à Mme de Lacoré 2, quand vous irez adoucir par votre présence les maux qu'ils souffrent . »
1 L'édition Cayrol place la lettre en mars 1765, alors que Moland la déplace entre le 20 et le 22 janvier 1766 . Mais une lettre de V* au même Tronchin datée du 20 janvier 1766 a été retrouvée , sa teneur permettant d'inférer que la présente est assez sensiblement antérieure ; voir : https://archives.bge-geneve.ch/ark:/17786/vta0ec07e42ba0e0e67/dao/0#id:1204862377?gallery=true&brightness=100.00&contrast=100.00¢er=1056.000,-1244.000&zoom=4&rotation=0.000
et : https://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhm/hsm/HSMx2016x050x003/HSMx2016x050x003x0289.pdf
2 A propos de M. et Mme de La Coré, voir : https://voltaire-lire.msh-lse.fr/IMG/pdf/Cronk3.pdf
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10/04/2021
repéter au lieu de répéter, repéter c'est péter deux fois
... Dédicace à tous ceux qui , incultes, ont réclamé à cors et à cris une "réforme" de l'orthographe (pardon : ortografe), trop flemmards pour comprendre l'importance de l'écrit, et rois du pataquès ; je les laisse aux vents mauvais .
Pet et Répète s’en vont en bateau, Pet tombe à l’eau, qui est-ce qui reste ? Répète.
https://www.ledevoir.com/lire/566537/jeunesse-la-traverse...
« A Gabriel Cramer
[décembre 1765]
Est-il possible , mon cher ami, que vous me mandiez avoir cru m'envoyer ce que vous ne m'avez pas envoyé ? Est-il possible que vous ayez imprimé je ne sais quels fragments d'une lettre écrite en 1752 dans laquelle on me fait dire précisément le contraire de ce que j'ai dit ? On trouve à la page 404 :
« C'est ce même abbé de Châteauneuf qui avait été son amant, mais à qui cette célèbre vieille ne donna point ses tristes faveurs à l'âge de soixante et dix ans, comme on a dit . » etc.
cela jure furieusement avec ce qui se trouve au même troisième volume, page 12 . Il n'appartient qu'à J.-J. Rousseau de se contredire ainsi . Épargnez-moi, je vous en prie, cet affront, et ne déshonorez pas votre édition . Il faut absolument un carton, voici ce que ce carton doit contenir :
« C'est ce même abbé de Châteauneuf qui avait fini son histoire amoureuse, c'est lui à qui cette célèbre vieille fit la plaisanterie de lui donner ses tristes faveurs à l'âge de soixante et dix ans », etc.
Envoyez-moi, je vous prie, ce carton dès qu'il sera fait .
Envoyez-moi aussi l'avertissement que je vous ai donné pour mettre à la tête des trois volumes, et qui m'est absolument nécessaire . Il faut un peu d'exactitude avec les correcteurs d'imprimerie . Songez que j'ai l'honneur d'être le vôtre depuis onze ans , et que les vieillards sont volontiers minutieux .
Si le vent du nord le permet, vous me ferez un plaisir infini de venir causer avec moi dans ma masure .
Toute réflexion faite, je crois qu'il vaudrait beaucoup mieux supprimer ce fragment de lettre qui dit à peu près les mêmes choses que la lettre sur Mlle de Lenclos qui commence le troisième volume . J’ai dans mon portefeuille de quoi vous fournir des choses plus agréables .
Il est bien étrange qu'à la page 400, dans les notes, on ait encore laissé les mêmes fautes que j'avais moi-même corrigées à la main dans l'édition in-4°, feu pour jeu, et vers pour airs .
Votre compositeur suisse met partout refuter au lieu de réfuter, repéter au lieu de répéter, repéter c'est péter deux fois, et répéter est le repetare des latins 1.
Voilà ce que c'est de ne m'envoyer jamais les épreuves . Vous ne savez pas le tort que vous vous faites à vous-même . Si votre édition in-4° n'est pas mieux soignée, elle vous ruinera, et j'en serai au désespoir .
Je vous embrasse de tout mon cœur . »
1 On touche à l'histoire compliquée de la graphie du son é à l'intérieur d'un mot . Le typographe de Cramer reste fidèle à un certain usage qui répugnait à utiliser l'accent aigu sur l'e ailleurs que dans la position « tonique », c’est-à-dire en syllabe terminale d'un mot . On sait en effet que l'accent aigu provient de l'accent utilisé par les copistes, au Moyen-Âge, pour marquer la syllabe tonique dans les mots comme aestátem, amátum, etc. La remarque de V* montre que pour lui l'usage de l'accent dépend seulement de la prononciation .
Voir : https://www.lalanguefrancaise.com/general/le-guide-de-usage-des-accents-en-francais/
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