16/04/2021
Vous avez mentionné mes faiblesses . Oubliez-vous que je suis un homme ?
... Orgueil ou appel à l'absolution ?
« A Frédéric II, roi de Prusse
[23 décembre 1765]1
[Vous avez mentionné mes faiblesses . Oubliez-vous que je suis un homme ?]
1 On ne connait cette lettre que par ce qu'en dit Sender, éditeur des Hinterlassene Friedrichs der Grosse, I, xxxi . On se fera une idée plus précise des sujets évoqués par V* par la lettre antérieure de Frédéric du 25 novembre 1765 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1765/Lettre_6163
et voir la lettre du 10 janvier 1766 à d'Argental .
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On paiera les vacations
... C'est bien le moins que l'on puisse faire .
« A Joseph-Marie Balleidier, Procureur 1
à Gex
M. de Voltaire prie Monsieur Balleidier de faire chercher à Gex chez ses confrères et chez les notaires, s'il n'y a point quelques traces d'un Augustin Chevalier . On paiera les vacations .
A Ferney 23è décembre 1765. »
1 Wagnière a commencé la lettre par une adresse à « franc », mention qu'il a fortement biffée ensuite .
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15/04/2021
les deux partis pourraient bien avoir un peu tort ; [que] la meilleure médiation est de les faire boire ensemble
... Pourvu que ça ne finisse pas comme dans "Le loup et l'agneau" !
J'aime à honorer nos grands saints
« A Pierre-Michel Hennin
A Ferney 22è décembre 1765
Eh bien ! je vous disais donc 1, monsieur, que je suis dans mon lit, environné de neige ; que je voudrais de tout mon cœur pouvoir venir vous demander à dîner, et que Mme Denis voudrait pouvoir venir arranger vos meubles ; que je vous crois cent fois plus propre à concilier tout qu’aucun lieutenant général des armées du roi ; que vous êtes très-aimable ; que je persiste dans mes souhaits plutôt que dans mon avis ; que Jean-Jacques Rousseau n’est ni le plus habile ni le plus heureux des hommes ; que les deux partis pourraient bien avoir un peu tort ; que la meilleure médiation est de les faire boire ensemble ; que la paix est rare chez les hommes ; qu’après avoir essayé bien des choses on trouve que la retraite est ce qu’il y a de mieux ; et que dans ma retraite ce qu’il y aura de mieux pour moi, ce sera que vous vouliez bien l’honorer quelquefois de votre présence, quand vos affaires, ou plutôt les affaires d’autrui, vous le permettront ; qu’enfin je suis entièrement à vos ordres tant que je végéterai au pied du mont Jura. »
1 Cette façon de commencer la lettre s'explique par les derniers mots de celle de Hennin du 22 décembre : « C’est pour la dernière fois, monsieur, que je finirai mes billets comme une lettre, et je vous serai très obligé d’en agir de même avec moi. Désormais je commencerai par Je vous disais donc, et vous laisserai suppléer à la fin les expressions de respect et de dévouement avec lesquels, etc .»; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1765/Lettre_6196
Le billet s'oppose à la lettre par l'absence des formules de politesse habituelles .
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il rapprochera des magistrats et des citoyens vertueux, que quelques malentendus ont désunis, et que l'amour de la patrie conciliera
... Décidément, la prose voltairienne tombe à pic pour souligner les désirs populaires concernant notre Garde des Sceaux et ses projets législatifs . Reste à voir si l'amour de la patrie vit encore en France . Combien nous reste-t-il de vertueux magistrats et citoyens du même tonneau ?
« A Jean-André de Luc 1
à Genève
Je vous prie de me renvoyer, monsieur, la consultation des avocats de Paris, dont je n'ai point de copie . Je ne sais s'ils auront rencontré juste, mais je puis vous répondre qu'ils ont agi comme moi avec la plus grande impartialité et l'amour le plus sincère de la justice . Vous m'êtes témoin que dans nos conversations je ne vous ai jamais marqué d'autres sentiments ; ce sont ceux de M. Hennin . Je me flatte qu'il rapprochera des magistrats et des citoyens vertueux, que quelques malentendus ont désunis, et que l'amour de la patrie conciliera .
Votre très humble et très obéissant serviteur
V.
21è décembre 1765 à Ferney . »
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vous êtes ministre, jusqu’à ce qu’on vous donne des emplois plus importants. Je ne vois nulle difficulté à cette nomination
... Also sprach Bruno Le Maire : https://www.bfmtv.com/politique/elections/presidentielle/...
Ce qui me fait bien rigoler ! Le voilà dans le rôle de M'ame Irma lisant dans le marc de café ( un vieux fond de dosette, pour être moderne ) et distributeur, sans frais, de ce qu'il ne possède même pas : le pouvoir . Mauvais joueur d'échecs, et de poker : petite mise et bluff gros comme l'Elysée !
De peut-être à certainement il n'y a qu'un pas , c'est dit .
« A Pierre-Michel Hennin
A Ferney, 21 Décembre [1765].
J’écris à M. d’Argental 1, monsieur. Je lui dis que je vous ai remis le mémoire de ses avocats. Ils n’ont consulté que l’étiquette. Ils se trompent sur quelques usages de Genève. Vous accorderez la justice avec les convenances.
Comme je dis à M. d’Argental tout ce qui me passe par la tête, je propose que vous soyez nommé médiateur. Je ne trouve rien de plus à sa place. Vous êtes sur les lieux ; vous êtes au fait ; on a confiance en vous. Vous monterez la machine comme médiateur ; vous la ferez aller ensuite comme résident. Vous serez l’arbitre du petit État où vous êtes ministre, jusqu’à ce qu’on vous donne des emplois plus importants. Je ne vois nulle difficulté à cette nomination. Un résident de France vaut bien un ministre de Berne. Vous croyez bien qu’en écrivant dans cette vue à M. d’Argental, je suis loin de vous compromettre, que je donne cette idée comme une de mes imaginations que notre ancienne amitié me met en droit de lui confier. Enfin c’est une niche que je vous ai faite, et dont je vous avertis, afin que vous puissiez parer les coups que je vous porte, s’il vous en prend envie.
Si quelque jour vous faites l’honneur au vieux solitaire de venir dîner dans sa retraite, je vous promets moins de monde. Vous verrez des cœurs français aussi enchantés de vous pour le moins que les cœurs genevois, et beaucoup plus sensibles.
Mille respects. »
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14/04/2021
il faut bien pourtant qu’il y ait quelque chose de très-bon, puisque vous l’approuvez . Après tout, ce n’est qu’à la longue, comme vous savez, que les ouvrages en tous genres peuvent être appréciés
... Mister Président, que d'engagements ! quel optimisme affiché ! quelle belle et saine méthode Coué pour sauver la vie de vos concitoyens, tant sanitaire que pécuniaire . Vous ne pouvez pas avoir tort sur tout, espérons-le (comme vous )!
Rendez-vous jeudi : https://www.lefigaro.fr/sciences/covid-19-macron-presidera-jeudi-a-l-elysee-une-reunion-sur-la-sortie-de-crise-20210413
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
21è décembre 1765.
Mes anges de paix, j’ai remis à M. Hennin les rameaux d’olivier que vous avez bien voulu m’envoyer. La consultation de vos avocats m’a paru, comme je vous l’ai mandé, pleine de raison et d’équité. Ils se sont trompés sur quelques usages de Genève, qu’ils ne peuvent connaître ; ils ont dit ce qui leur a paru juste ; et M. Hennin conciliera la justice et les convenances. Je crois surtout qu’il ne souffrira pas qu’on donne des soufflets impunément à nos présidents1, et qu’il soutiendra la dignité de résident de France mieux que ne faisait ce pauvre petit Montpéroux.
Berne et Zurich sont près d’envoyer des médiateurs à cette pauvre république qui ne sait pas se gouverner elle-même. On dit, dans Genève, que M. le duc de Praslin enverra M. le marquis de Castres 2. Si c’est un bruit faux, comme je le crois, je ne vois pas pourquoi le résident de France ne serait pas nommé médiateur. Il me semble que les lois en seraient plus respectées et la paix mieux affermie, quand le médiateur, restant résident, serait en état de faire aller la machine qu’il aurait montée lui-même.
De plus, M. Hennin, étant déjà très au fait du sujet des dissensions, serait plus capable que personne de concilier les esprits. Enfin c’est une idée qui me vient ; il ne me l’a point du tout suggérée 3, et je vous la soumets ; voyez si vous voulez en parler à M. le duc de Praslin.
Il y a quelques têtes mal faites dans Genève, qui trouvent mauvais, dit-on, qu’on ait consulté des avocats de la petite ville de Paris sur les affaires de la puissante ville de Genève ; on prétend même qu’elles veulent engager Crommelin à s’en plaindre. Je ne crois pas qu’elles veuillent pousser le ridicule jusque-là. Je n’ai d’ailleurs rien fait que sur les prières des meilleurs citoyens, je n’ai agi que dans des vues d’impartialité et de justice ; et cela est si vrai que je me suis adressé à vous.
En voilà assez pour Genève ; venons à l’autre tripot. Il se peut faire qu’en lisant rapidement la copie d’Adélaïde du Guesclin, que Lekain m’avait envoyée, et la voyant en général assez conforme à un exemplaire que j’avais, je n’aie pas fait assez d’attention à ces deux malheureux vers qui feraient tomber Phèdre et Athalie :
Gardez d’être réduit au hasard dangereux
Que les chefs de l’État ne trahissent leurs vœux4.
Je n’aurais pas fait de pareils vers à l’âge de quatorze ans . On a fait une coupure en cet endroit ; il se peut que cette coupure ait été faite autrefois pour une seconde représentation, et qu’on ait cousu ces deux vers diaboliques pour attraper la rime.
Quand je les ai vus imprimés, j’ai été sur le point de m’évanouir, comme vous croyez bien. Si vous voyez Lekain, je vous prie de lui peindre le juste excès de ma douleur. Je suis bien loin de l’accuser de ce sanglant affront, j’en rejette l’opprobre sur Quinault5, et sur qui on voudra ; mais je prie Lekain instamment de faire mettre à la fin de l’édition, en errata, ce que je lui ai envoyé6. Comptez que ces deux vers-là, et ceux qu’on m’envoie de Paris, contribueront à abréger ma vie.
On m’a mandé que le Philosophe sans le savoir n’avait ni nœud, ni intrigue, ni dénoûment, ni esprit, ni comique, ni intérêt, ni vraisemblance, ni peinture des mœurs ; mais il faut bien pourtant qu’il y ait quelque chose de très-bon, puisque vous l’approuvez 7. Après tout, ce n’est qu’à la longue, comme vous savez, que les ouvrages en tous genres peuvent être appréciés.
Je vous souhaite les bonnes fêtes, comme on dit à Parme ; et puisse le temps des bonnes fêtes ne vous pas faire le même mal qu’il a fait à ma poitrine et à mes yeux .
Vous serez bien aimable de faire valoir un peu auprès de M. le duc de Praslin la manière franche et désintéressée dont je me suis conduit avec mes voisins, avant l’arrivée de M. Hennin.
Respect et tendresse.
V. »
1 Voir lettre du 2 décembre 1765 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/03/30/les-soufflets-degouteraient-les-voyageurs-6306649.html
2 Certainement Charles-Gabriel de La Croix, marquis de Castries : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Eug%C3%A8ne_Gabriel_de_La_Croix_de_Castries
3 C'est vrai, voir lettre du 18 décembre 1765 de Hennin : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1765/Lettre_6192
4 Voir lettre du 29 novembre 1765 à Lekain : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/03/24/gardez-d-etre-reduit-au-hasard-dangereux-que-les-chefs-de-l-6305364.html
5 Quinault-Dufresne était retiré du théâtre depuis 1741 ; mais c’était lui qui avait, en 1734, créé le rôle de Vendôme, et il pouvait avoir fait ou fait faire des corrections dans la pièce. Les deux vers que Voltaire blâme dans cette lettre étaient acte II, scène vii, où les interlocuteurs sont Vendôme et Coucy. ; voir : https://www.comedie-francaise.fr/fr/artiste/quinault-dufr...#
6 Dans la lettre du 7 décembre 1765 à Lekain : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/04/06/tout-doit-si-je-l-en-crois-ceder-a-son-pouvoir-lui-plaire-es-6308023.html
7 Voir lettre du 22 novembre 1765 à Florian : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/03/18/j....
Le Philosophe sans le savoir est le plus réussi des drames bourgeois . V* attaché à la distinction des genres sous la forme la plus classique ne peut apprécier beaucoup plus le drame bourgeois qu'il n'a apprécié la comédie larmoyante .
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13/04/2021
Les magistrats et les citoyens lui en ont témoigné la plus grande satisfaction
... A qui ? M. Dupont-Moretti ? Satisfaction ? à voir , selon les suites des réformes envisagées : https://www.dalloz-actualite.fr/flash/grandes-lignes-du-p...
« Pour la confiance dans l’institution judiciaire », satisfaction or not ? https://www.youtube.com/watch?v=nrIPxlFzDi0
« A Etienne-Noël Damilaville
Genève, 20 décembre [1765]
J’obéis à vos ordres, monsieur ; je vous envoie les deux lettres de M. Covelle 1, que j’ai trouvées avec beaucoup de peine. Si je trouve les deux autres que vous demandez, je ne manquerai pas de vous les faire parvenir, supposé que vous ayez reçu les premières.
M. Évrard m’a dit que vous aviez été malade ; j’y prends la part la plus sensible, ainsi que tous ceux qui ont eu l’honneur de vous voir à Genève. On nous a dit aujourd’hui que M. de Voltaire ne se portait pas trop bien : il s’est donné beaucoup de peine pour accommoder nos petits différends avant que nous eussions M. Hennin. Les magistrats et les citoyens lui en ont témoigné la plus grande satisfaction.
J’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.
J.-L. Boursier. 2»
1 Dans les Questions ou Lettres sur les miracles, il y en a quatre données sous le nom de Covelle (les 7e, 10e, 13e et 19e). Il s’agit ici, sans doute, non de deux de ces lettres, mais de deux exemplaires de la Collection, dont il est parlé dans une note de la lettre du 27 novembre 1765 à Damilaville .
Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Questions_sur_les_miracles/%C3%89dition_Garnier/7
et : https://fr.wikisource.org/wiki/Questions_sur_les_miracles/%C3%89dition_Garnier/10
et : https://fr.wikisource.org/wiki/Questions_sur_les_miracles/%C3%89dition_Garnier/13
et : https://fr.wikisource.org/wiki/Questions_sur_les_miracles/%C3%89dition_Garnier/19
2 Sur ce pseudonyme, voir lettre du 27 novembre 1765 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/03/21/ce-sont-des-bagatelles-qui-n-ont-qu-un-temps-apres-quoi-elle-6304865.html
V* s'amuse à se servir de ces déguisements qu'il rend lui-même transparents à la première occasion .
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