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28/04/2021

Il est vrai qu’elle n’est que la patronne de Paris : mais enfin, je ne veux me brouiller avec personne

... Et c'est largement suffisant, limite superflu . Si elle a les moyens financiers de se présenter à la présidentielle, il lui reste à trouver l'essentiel : un programme . Je trouve qu'elle a un lourd passé ...

 

Les idées d'Anne Hidalgo pour éviter le confinement sont-elles bonnes? | Le  HuffPost

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

6è janvier 1766

Mes divins anges, j’ai réfléchi que quelque chanoine de Sainte Geneviève pourrait trouver mauvais qu’on dît que sa sainte n’est pas la protectrice de la France. Il est vrai qu’elle n’est que la patronne de Paris : mais enfin, je ne veux me brouiller avec personne. Voici donc la pièce corrigée que j’ai l’honneur de vous envoyer. Vous m’avouerez que l’auteur de la Henriade n’a pas dû apprendre la nouvelle des cierges portés à la statue de Henri IV, sans que le cœur lui ait palpité.

Voici un petit imprimé suisse1 pour vous réjouir, et vous y verrez que le Conseil genevois ne doit point du tout être alarmé de ces plaisanteries. Respect et tendresse.

V. »

1 Les éditeurs ont cru jusqu'ici que cet « imprimé suisse » était la Lettre curieuse de M. Robert Covelle, or celle-ci ne fut publiée qu'après le milieu de 1766 ; il doit s'agir du Précis impartial de nos divisions ( Genève , décembre 1765 : voir page 152/601 https://doc.rero.ch/record/10655/files/Bibliographie_Geneve_XVIIIe_Rivoir_volume1.pdf) qui est un mémorandum abrégé de la thèse des représentants . Il fut, apparemment par erreur , attribué à V*, notamment injustement par Hennin qui écrit à Praslin le 8 janvier 1766 : « Je joins encore ici, monseigneur, un écrit de M. de Voltaire qui s'est déguisé le mieux qu'il a pu . Il est intitulé Précis impartial . Pour précis on ne peut rien de plus court, mais aussi l'auteur a enjambé par-dessus les principales difficultés . Quant à l'impartialité c'est autre chose . M. de Voltaire s'est jeté un peu trop dans le parti de la bourgeoisie, flatté de se voir caressé par des gens qui l'avaient insulté . Il est persuadé qu'il pourra avoir la gloire de réparer le mal qu'a fait Rousseau . Les magistrats commencent à se plaindre de cette conduite . Je me garderai bien de me jeter à la traverse . »

27/04/2021

Je ne veux me brouiller ni avec sainte Geneviève ni avec ses moines

... aurait dit Mister Président en suggérant qu'il est question de réouvrir des lieux de culte à l'égal des restaurants et bistros, tous sites reconnus ipso facto indispensables . Et pendant ce temps je ne peux m'empêcher de penser aux étudiants qui sont comme les naufragés de La Méduse, largués par un capitaine qui a perdu le nord .

15 meilleures idées sur Le radeau de la Méduse | radeau de la méduse, radeau,  meduse

C'est bien amer .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

6 janvier 1766 1

Je prie instamment , mon cher frère, de faire mettre ces trois vers-ci :

A vu sans s'alarmer qu'on t'adressât des vœux,

Elle-même avec nous t'eût rendu cet hommage.

Tu l'as trop mérité ; c'est toi, c'est ton courage...etc.

à la place des trois qui commencent ainsi :

N'entends point nos regrets, n'exauce point nos vœux …2

etc.

Je lui aurai une très grande obligation . Je ne veux me brouiller ni avec sainte Geneviève ni avec ses moines . »

1 Dans l’édition Correspondance littéraire le destinataire n'est pas indiqué .

2 Ce vers est effectivement dans l’Épître à Henri IV -vers 20-, tandis que les vers proposés par V* pour le remplacer ainsi que les deux qui suivent n'ont finalement pas été retenus . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/%C3%89p%C3%AEtres_(Voltaire)/%C3%89p%C3%AEtre_96

vingt-quatre à Misoprist

... ... Pas plus , pas moins, deux douzaines ! Combien , dites-vous ? Non, ce n'est pas le nombre de clients dans un nouveau supermarché, non plus que celui des touristes dans un des plus beaux villages français , ou la mise sur l'étalon d'un notaire dans la troisième à Fouilly-les-Oies, c'est simplement du Voltaire tout pur !

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24 écus qui ont si peu vécu

 

 

« A Pierre-Alexandre du Peyrou

[5 janvier 1766 ?] 1

[Il lui a envoyé par la voiture de Berne un manuscrit enveloppé dans une toile cirée ; du Peyrou peut le faire imprimer comme il lui plaît à la seule condition que vingt-quatre exemplaires soient livrés à du Peyrou et vingt-quatre à Misoprist .]

1  Le contenu de cette lettre n'est connu que par les mentions qu'en fait du Peyrou dans une lettre à JJ. Rousseau en date du 13 janvier 1766, dont voici un extrait : « Neuchâtel , 13 janvier 1766, n° 16 / « […] A présent, je vais vous parler de moi et de M. de V[oltaire] . Je crois vous avoir parlé des Lettres à l'occasion des miracles que je recevais sans savoir de qui . Mme Cramer de Lon, que je connais depuis l'année 1757, m'envoya les précédentes que je lui demandai, et notre correspondance se réveilla . Comme elle connaît beaucoup V, je profitai de l'occasion pour lui parler de nos lamas et de leurs productions en y joignant mes remarques , bien sûr que tout cela serait communiqué à l'auteur des Lettres, et c'est ce que je voulais . J'espérais qu'il profiterait de tout cela pour assommer nos prêtres et cela est arrivé . Outré contre cette race, le ton dont j'en ai parlé dans ma correspondance, a persuadé à V avec beaucoup de raison que je verrais volontiers tous ces gens démasqués et couverts de ridicules . J'ai supposé tout cela, et voici sur quoi . On continuait régulièrement à m'envoyer les Lettres à mesure qu'elles paraissaient et depuis quelque temps elles roulaient sur nos affaires . Enfin , la 18è me parvint il y a peut-être à quinze jours, avec un billet dont voici la copie : [lettre de V* du 28 décembre 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/04/18/a... ] »

Je répondis à M. Misoprist pour lui dire que des deux imprimeurs que nous avons ici l'un est un pédant tout à fait livré à la compilation de son Mercure, et à la dévotion des prêtres, l'autre un homme de bonne composition, mais fort gêné , qui se chargerait de faire imprimer ailleurs, etc., etc. Sur quoi j'ai reçu mercredi passé avec la 20è Lettre, une réponse par où on me mande avoir remis au carosse de Berne un manuscrit en toile cirée, dont je ferais l'usage que je voudrais, en le remettant à un imprimeur sous la seule condition d'en livrer vingt-quatre exemplaires pour moi et vingt-quatre pour M. Misoprist . Le billet est trop long pour le copier . Mais il décèle M. Misoprist, et me fait conclure que ce M. Misoprist est V. »

La déduction de du Peyrou est juste, Misoprist n'est qu’un des innombrables pseudonymes transparents de V*.

26/04/2021

Recueillez les voix, je vous en prie, et instruisez-moi de ce qu’on dit, afin que je sache ce que je dois faire.

... Vox populi for ever ! Les entreprises de sondage ronronnent comme d'habitude , payées quelque soit le résultat des urnes , quelques soient leurs erreurs de pronostics . Advienne que pourra !

et advienne que pourra ! | La Presse

Le temps se gâte, mais comme chez Jacques Martin, -à l'Ecole des fans,- ils auront tous dix sur dix, sur l'échelle de la méthode Coué  .

 

 

« A Charles-Michel, marquis du Plessis-Villette

À Ferney, 4è janvier 1766 1

C’est vous, mon cher enfant 2, qui m’avez appris que de bons et braves citoyens de Paris avaient porté des chandelles à la statue d'Henri IV . Je vous dois la réponse que je fais à ces bonnes gens 3. Si j’avais été à Paris, je les aurais accompagnés ; mais, comme je ne veux point me brouiller avec les moines de Sainte-Geneviève, je vous demande en grâce, avec les instances les plus vives, de ne laisser prendre aucune copie de ces vers. Il est vrai que de la poésie allobroge, venant du pied du mont Jura, et du fond des glaces affreuses qui nous environnent, ne mérite guère la curiosité des gens de Paris ; mais le sujet est si intéressant qu’il peut tenter les moins curieux.

De plus, il m’est important de savoir ce qu’on pense de ces vers avant qu’on les publie. Je dois peut-être adoucir la préférence trop marquée que je donne à l’adorable Henri IV sur sainte Geneviève . Ma passion pour ce grand homme m’a peut-être emporté trop loin . Je n’ai songé qu’aux bons Français en composant cet ouvrage tout d’une haleine, et je n’ai pas assez songé aux dévots qui peuvent trop songer à moi.

Recueillez les voix, je vous en prie, et instruisez-moi de ce qu’on dit, afin que je sache ce que je dois faire.

Vous m’appelez plaisamment votre protecteur, et moi, je vous appelle sérieusement le mien dans cette occasion 4.

Mon saint à moi, c’est Vincent de Paul, c’est le patron des fondateurs. Il a mérité l’apothéose de la part des philosophes comme des chrétiens. Il a laissé plus de monuments utiles que son souverain Louis XIII. Au milieu des guerres de la Fronde, il fut également respecté des deux partis. Lui seul eût été capable d’empêcher la Saint-Barthélemy. Il voulait que l’on cassât la cloche infernale de Saint-Germain-l’Auxerrois qui a sonné le tocsin du massacre. Il était si humble de cœur qu’il refusait aux jours solennels de porter les superbes ornements qu’avait donnés Médicis, bien différent de François de Sales, qui écrivait à Mme de Chantal : « Ma chère sœur, j’ai dit ce matin la messe avec la belle chasuble que vous m’avez brodée.5 »

1 Copie Beaumarchais-Kehl ; édition Mémoires secrets, du 9 janvier 1766, Œuvres du marquis de Villette, 1784 . A la différence de Besterman qui adopte le texte de la première édition , on choisit ici celui de la copie, recommandé par des raisons de critique interne . Les variantes des Mémoires secrets sont données ci-dessous.

2 Texte de la copie corrigée de la main de l'éditeur et de l'édition de 1784. Les Mémoires secrets portent Monsieur, au lieu de mon cher enfant .

3 L'édition 1784 ajoute « pour lui demander la guérison du Dauphin ».

4 Texte de la copie corrigé par l'éditeur, et de l'édition de 1784 ; les Mémoires secrets portent j'aurais fait pour je fais ; c'est une lectio facilior ; je fais se réfère au poème joint : Épître à Henri IV. .

5 Ce dernier paragraphe est donné seulement par Beuchot, suivi par Moland . On serait tenté de l’interpréter comme une interpolation si quelques détails, comme les duretés envers Louis XIII et saint François de Sales ou la mention de la Saint Barthélémy, ne lui donnaient finalement un air assez authentique .

A noter que V* a reçu des reliques de St François de Sales pour mettre dans l'église de Ferney , voir page 262 : https://books.google.fr/books?id=xXtfAAAAcAAJ&pg=PA26...

25/04/2021

promis il y a plus d'un mois

... La sortie de la grotte au bout de quarante jours : c'est fait ! https://www.huffingtonpost.fr/entry/les-15-confines-volon...

Heureux volontaires qui ont échappé à bien des nouvelles , certaines sans intérêt, d'autres tragiques . Il va falloir reprendre le train-train, métro-boulot-dodo, les conférences de presse de Castex, les controverses sur les vaccins, avoir toujours sous la main les laisser-passer à jour, remplir sa déclaration de revenus, subir le bruit (et l'odeur comme a osé dire l'autre, défunt ), les errances de Blanquer, etc. Le paradoxe étant que confinés sous terre, ils étaient plus libres qu'au soleil .

Deeptime

Philippe Etchebest veut prendre la suite !

 

 

« A Jacob Bouthillier de Beaumont

Banquier

à Genève

M. de Voltaire ne doute pas que M. de Beaumont n'ait écrit à MM. Thelusson et Necker à Paris . C'est une chose très importante que ces messieurs aient la bonté de faire remettre au plus tôt les billets en question à M. de La Borde, banquier du roi, à qui M. de Voltaire l'a promis il y a plus d'un mois . Il espère que M. de Beaumont aura la bonté de ne rien négliger pour finir cette affaire . Il a sans doute dans son journal les numéros des trente-six billets, et le numéro du lot de mille livres . M. de Voltaire lui fait ses très humbles compliments .

4è janvier 1766 à Ferney . »

24/04/2021

tout est tracasserie, et personne ne s’entend

... Elysée versus Matignon versus Parlement versus Sénat versus le bon sens !

 

 

« À Etienne-Noël Damilaville.

Ferney, 3 janvier 1766. 1

M. le duc de Choiseul m’a écrit 2, mon cher frère, qu’il avait parlé pour la pension de M. d’Alembert, qu’il n’y avait nul mérite, et qu’il n’avait été qu’un enfonceur de portes ouvertes.

Voilà ses propres paroles ; je vous prie instamment de les rapporter à notre cher philosophe. Avouons donc que M. le duc de Choiseul a une belle âme. Ce qu’il a fait pour les Calas le prouve assez . Rendons-lui justice. Il y a eu du malentendu dans la protection qu’il a donnée à l’infâme, pièce de Palissot3. Il lui avait fait entendre que les philosophes décrieraient le ministère. Nous ne devons point avoir de meilleur protecteur que ce ministre généreux, qui a de l’esprit comme s’il n’était point grand seigneur ; qui a fait de très-beaux vers4, même étant ministre ; qui a sauvé bien des chagrins à de pauvres philosophes ; qui l’est lui-même autant que nous ; qui le paraîtrait davantage si sa place le lui permettait.

Mon cher frère, tout est tracasserie, et personne ne s’entend. On m’a rendu un compte très fidèle de la prétendue5 lettre à Mme du Deffant, dont quelques fragments ont couru sous mon nom. Elle n’en à point donné de copies, quelques indiscrets en ont retenu des bribes. Il s’agissait d’une mauvaise plaisanterie que je reprochais à Mme du Deffant . Vous savez en pareil cas combien on altère le texte.

Lisez ces vers6 avec vos amis, mais n’en laissez point prendre de copie. Je ne veux pas me brouiller avec les moines de Sainte-Geneviève ; Soufflot7 trouverait mes vers mauvais.

Je vous embrasse tendrement. »



1 L'édition Correspondance littéraire, pas plus que le manuscrit ne désigne le destinataire .

2 Lettre du 26 décembre 1765 . A propos de Choiseul : https://www.persee.fr/doc/rhmc_0996-2743_1904_num_6_6_4349

3 Les Philosophes .

4 Le duc de Choiseul s’était donné pour l’auteur de l’ode contre le roi de Prusse. Voyez lettre du 13 juin 1760 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/10/la-morale-est-un-peu-moins-ennuyeuse-en-vers-bien-frappes-qu-5637586.html

5La Correspondance littéraire porte : « On m'a rendu un compte très fidèle de la présente lettre [...] », ce qui n'a guère de sens .

Selon Beuchot : « C’est dans la Correspondance de Grimm (mars 1766) qu’a été publiée la lettre à Damilaville, du 3 janvier, et on y lit « présente lettre à Mme du Deffant ». Il est évident que le mot présente est une faute. Un éditeur récent a mis prétendue, correction qui ne rend pas la phrase plus claire. Je n’ose affirmer que la lettre à Mme du Deffant, dont il est question ici, soit celle du 27 janvier 1764 (voir lettre du 27 janvier 1764 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/02/04/on-n-est-occupe-que-des-enormes-sottises-qu-on-fait-de-tous-cotes-le-raison.html ), que des indiscrets avaient fait imprimer. »

6 L’Épître à Henri IV .

7 Jacques-Germain Soufflot, architecte, né à Irancy, près d’Auxerre, en 1714, mort en 1781, constructeur de la salle de spectacle et de quelques autres monuments à Lyon, était chargé de la construction de la nouvelle église Sainte-Geneviève, aujourd’hui le Panthéon, à Paris.

. Dans le poème de V* on lit : La fille qui naquit aux chaumes de Nanterre, /Pieusement célèbre en des temps ténébreux ;/N’entend point nos regrets, n’exauce point nos vœux,/De l’empire français n’est point la protectrice.

Ste Geneviève a été invoquée par une procession et des prières publiques lors des désastres de 1709 ( voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_famine_de_1709 ) Robert Challes écrit dès l'année suivante dans les Difficultés sur la religion proposées au père Malebranche ( https://mazarinum.bibliotheque-mazarine.fr/records/item/2221-redirection ) : « On a bien mis de nos jours un tableau de Sainte Geneviève au nom de toute la ville de Paris et du royaume pour la remercier du secours reçu par l'intercession de cette bonne patronne l'année 1709 . hé ! Vérité éternelle ! Où fut-il donc, ce secours ? Les blés pourris en terre reverdirent-ils ? Tous les peuples n'en furent-ils pas aux abois ? Un tiers n’en moururent-ils pas de faim? Hé bien, dans deux cents ans, sur la foi de ce tableau, on fera le récit d'un miracle que l'on n'osera nier avec une si bonne attestation . »

23/04/2021

croyez-moi, il y a encore en France bien des gens embourbés, qui, tout couverts d’ordures, ne veulent pas qu’on les nettoie. L’opinion gouverne les hommes

... C'est hélas vrai ! Il en est trop d'exemples pour en faire la liste , politiques, religieux, fonctionnaires et tous corps de métiers en fournissent leurs lots , et même, parfois, vous et moi : nobody's perfect .

Nobody's perfect | moncarnetdanalyse

Vivons en utilisant correctement les deux bouts

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI

À Ferney, 3 janvier 1766. 1

Eh mon Dieu ! mon ange tutélaire, pourquoi ne serait-ce pas vous qu’on nommerait médiateur2 ? Votre ministère parmesan y mettrait-il obstacle ? Il me semble que non. Ce ministère ne vous empêche pas d’être conseiller d’honneur au parlement, et je vous avertis que nos Genevois désirent passionnément un magistrat.

Vous verrez, par l’imprimé ci-joint3, qui m’est tombé entre les mains, que les perruques de Genève ne doivent point être ébouriffées de la façon dont on parle des affaires et des miracles de Jean-Jacques .

Je sais que quelques personnes m’ont attribué plusieurs de ces brimborions ; mais, Dieu merci, on ne me convaincra jamais d’y avoir eu la moindre part. J’en suis aussi innocent que du Dictionnaire philosophique, qu’on m’a si indignement imputé. Il y a dans Neuchâtel, à Lausanne, et dans Genève, des gens de beaucoup d’esprit qui se plaisent à écrire sur ces matières. On en avait un très-grand besoin. Ces cantons et une grande partie de l’Allemagne étaient plongés dans la plus horrible superstition : on sort à présent de cette fange ; mais, croyez-moi, il y a encore en France bien des gens embourbés, qui, tout couverts d’ordures, ne veulent pas qu’on les nettoie. L’opinion gouverne les hommes, et les philosophes font petit à petit changer l’opinion universelle.

Voici des vers4, mes divins anges, que j’ai faits tout d’une tire 5 sur un sujet qui m’a paru en valoir la peine . Voyez si les vers ne sont pas trop indignes du sujet.

Ah ! si vous pouviez être plénipotentiaire à Genève !

Puis-je présenter par vous mes respects à M. le duc de Praslin et à M. le marquis de Chauvelin ? Je me mets sous vos ailes pour 1766. »

1 Sur le manuscrit olographe l'année est corrigée de 1765 en 1766 ; l'édition Supplément au recueil amalgame à la présente lettre quelques lignes de celle du 8 janvier 1766 : « Je vous supplie de vouloir bien engager M. Marin à empêcher les libraires d’imprimer les tristes vers que j’ai faits sur un événement fort triste. J’ai assez parlé de Henri IV en ma vie, sans ennuyer encore ses mânes. »

2 Dans sa lettre du 21 décembre 1765, Voltaire proposait de nommer médiateur Hennin, déjà résident à Genève. Cette idée ayant été rejetée, Voltaire pensait à d'Argental. Ce fut le chevalier de Beauteville, ambassadeur de France en Suisse, qui fut nommé médiateur pour la France dans les affaires de Genève. Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/04/13/il-faut-bien-pourtant-qu-il-y-ait-quelque-chose-de-tres-bon-6309498.html

3 La collection des Lettres sur les miracles.

4 Épître à Henri IV, sur ce qu’on avait écrit à l’auteur que plusieurs citoyens de Paris s’étaient mis à genoux devant la statue équestre de ce prince pendant la maladie du Dauphin ; voir : https://zims-lfr.kiwix.campusafrica.gos.orange.com/wikisource_fr_all_maxi/A/%C3%89p%C3%AEtres_(Voltaire)/%C3%89p%C3%AEtre_96

5 Tout d'une traite .