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03/01/2023

le temps n'est pas propre

... Et il n'est pas ici question de la météo . Trop d'assassins sont encore à la tête d'Etats, c'est irrespirable, il est temps qu'ils disparaissent : c'est un de mes voeux !

 

 

« A Jacques Lacombe, Libraire

Quai de Conti

à Paris

12è juin 1767 à Ferney

Vous avez raison, monsieur, la multiplicité des éditions faites en province et chez l'étranger ne permet pas que vous en fassiez une nouvelle, et d'ailleurs, le temps n'est pas propre . Si vous jugez à propos de faire le petit recueil que vous projetez, je pense avec vous que cette entreprise sera convenable à la fin de l’automne . Il est vrai que MM. Cramer vous ont prévenu . Ils ont imprimé un recueil de mélanges qui contient Les Scythes, Le Triumvirat, l'Avis au public sur les Calas et les Sirven, Le Philosophe ignorant, sous le titre de Questions d'un homme qui ne sait rien 1; le Commentaire sur les délits et les peines, etc.

Vous me feriez plaisir, monsieur, de m'apprendre si le petit livre intitulé Supplément à la Philosophie de l'histoire se débite, et s'il fait quelque sensation .

Est-il vrai que la Sorbonne a abandonné le projet de censurer Bélisaire ?

Je vous embrasse de tout mon cœur, et je vous prie de me continuer votre amitié .

V. »

1 Les Questions d'un homme qui ne sait rien ne sont qu'une section du volume IV des Nouveaux mélanges, 1767 . Mais il est possible que cette section ait été publiée séparément.

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2055624/texteBrut

et XXI de https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113177/texteBrut

02/01/2023

Au reste nous espérons que nos affaires finiront bientôt

... Premier voeu pour 2023, tant le passif 2022 est lourd en tous domaines .

Numérique – Page 2 – binaire

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

12 juin 1767 , à Genève 1

J'ai vu M. de Voltaire, monsieur, comme vous me l'avez ordonné par votre lettre du 2è juin. Sa santé décline toujours, et ses sentiments pour vous ne s'affaiblissent pas.

Sirven, que vous protégez, est parti avec une lettre pour vous 2. Nous nous flattons que vous le présenterez à M. Cassen, avocat au Conseil, et qu'il obtiendra le rapport de son affaire, Je n'ai encore aucune nouvelle sur celle de M. et de Mme de Beaumont. Il serait fort triste que notre ami succombât. Pourriez-vous m'envoyer le dernier factum de sa partie adverse ? Voulez-vous bien avoir la bonté de faire donner cinquante-trois livres au sieur Briasson 3?

La Seconde Lettre de M. de Lemberta 4 se débite à Genève, mais elle n'est point encore à Lyon. Je ne sais comment je pourrai faire pour la lui envoyer, car il est très sévèrement défendu de faire passer des imprimés du pays étranger à Paris, quoiqu'il soit permis d'en envoyer de Paris chez l'étranger. La raison m'en paraît plausible . Les livres imprimés hors de France n'ont ni approbation ni privilège, et peuvent être suspects; mais les moindres brochures imprimées en France étant imprimées avec permission, et munies de l'approbation des hommes les plus sages, elles portent leur passeport avec elles. Ainsi j'ai reçu sans difficulté l'excellent Supplément à la Philosophie de l'Histoire 5, et l'Examen de Bélisaire 6, composés au collège Mazarin mais je ne crois pas qu'on puisse avoir les réponses à Paris. Il est d'ailleurs très difficile de répondre à ces ouvrages supérieurs, qui confondent la raison humaine.

On a fait en Hollande une sixième édition du Dictionnaire philosophique 7. Apparemment que ce livre n'est pas aussi dangereux qu'on l'avait présumé d'abord. On y a ajouté plusieurs articles de divers auteurs. J'en ai acheté un exemplaire. Je vous avoue que j'ai été très content d'y voir partout l'immortalité de l'âme et l'adoration d'un Dieu. Au reste, il est ridicule d'avoir attribué ce livre à M. de Voltaire, votre ami . C'est évidemment un choix fait avec assez d'art de plus de vingt auteurs différents.

On me mande aussi qu'on imprime à Amsterdam un ouvrage curieux de feu milord Bolingbroke. Mais il faut plus de trois mois pour que les livres de Hollande parviennent ici par l'Allemagne. Je crois que toutes ces nouveautés vous intéressent moins que les deux vingtièmes. Nous sommes gens de calcul à Genève 8, et nous jugeons que la continuation de cet impôt est indispensable, parce que l'État doit payer les dettes de l'État.

Au reste nous espérons que nos affaires finiront bientôt, grâce aux bontés de Sa Majesté, qui est aussi aimée et aussi révérée à Genève qu'en France.

J'ai l'honneur d'être, monsieur, etc.

Boursier. ».

1 Copie par Wagnière . L'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais est incomplète et peu soignée . Ici, édition Beuchot .

3 Phrase restituée par Beuchot .

5 Sur ce Supplément à la philosophie de l'Histoire, voir lettre du 7 juin 1767 à Damilaville .

6 F.-M. Coger, Examen du Bélisaire de M. Marmontel, 1767 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9796v.image

7 Sur cette « sixième édition » du Dictionnaire philosophique, voir lettre du 5 avril 1766 à Lacombe : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/09/je-voudrais-vous-donner-bien-des-causes-a-soutenir-6326213.html

8 Vers de La Guerre civile de Genève I, 21: «  Noble cité, riche-, fière et sournoise; On y calcule, et jamais on n'y rit. »  https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome9.djvu/526

01/01/2023

Si le parlement trouve le secret de libérer l'État sans contributions, il me paraîtra fort habile

... Le 49.3 au galop "Hello happy taxpayers ! On a besoin de super-héros : https://www.dailymotion.com/video/x84kx9r

Droopy - (Collectif) [BDNET.COM]

 BONNE ANNEE 2023

 

 

« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence

11è juin 1767

Mon cher marquis, j'allais vous écrire quand j'ai reçu votre lettre. Je n'ai pas, depuis quelque temps, une destinée fort heureuse. J'ai été bien consolé quand vous m'avez appris que vous viendriez passer quelque temps dans votre ancien ermitage, et accepter une cellule dans l'abbaye de Ferney . Mais voici une nouvelle contradiction qui me survient. Je ne sais si vous êtes instruit que j'ai la plus grande partie de mon bien chez M. le duc de Virtemberg. On propose un arrangement, et je me trouve dans la nécessité d'aller à Montbéliard. Ce voyage me déplaît fort, mais il m'est indispensable. Je vous prie de m'instruire au juste du temps auquel vous pourrez venir, afin que je règle ma marche. Je présume qu'on commencera le procès des Sirven au Conseil pendant votre séjour à Paris. Il me paraît presque impossible qu'on ne leur rende pas la même justice qu'aux Calas.

Vous allez voir des remontrances sur les deux vingtièmes . C'est fort bien de remontrer, mais il faut payer ses dettes. Si le parlement trouve le secret de libérer l'État sans contributions, il me paraîtra fort habile. Messieurs vos fils seront sans doute du camp de Compiègne. N'irez-vous pas à ce spectacle? il est plus beau que ceux dont vous me parlez. Voulez-vous bien me mettre aux pieds de Mme la princesse de Ligne ? Je la crois très favorable à la bonne cause. Adieu; je vous embrasse de tout mon cœur.

V. »