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31/12/2022

Mettez votre gloire à faire réussir ce que vous avez approuvé

...Et assumez-en les conséquences !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental, Envoyé

de Parme, etc.

Quai d'Orsay

à Paris

et à

Henri-Louis Lekain

10 juin [1767]

Si vous vous portez bien, mon cher ange, j'en suis bien aise . Pour moi, je me porte mal . C'est ainsi qu'écrivait Cicéron, et je ne vois pas trop pourquoi on nous a conservé ces niaiseries . M. de Thibouville me mande que votre santé est meilleure et que vous n'êtes point au lait . Il dit grand bien de votre régime . Jouissez, mes anges, d'une bonne santé sans laquelle il n'y a rien . M. de Thibouville m'écrit une lettre peu déchiffrable, mais dans laquelle j'ai entrevu que Mlle Durancy a passé de Scythie au Canada 1 , qu'elle s'est perfectionnée dans les mœurs sauvages et qu'au lieu de se sacrifier pour son amant elle le tue par mégarde . C'est là sans doute un beau coup de théâtre, et digne du parterre velche . Voici ce que je dois répondre à M. de Thibouville sur Les Scythes et ce que je vous prie de lui communiquer .

Puisque vous renoncez à votre diabolique monologue, je vous aimerai toujours et il n'y aura rien que je ne fasse pour vous plaire . Je serai de votre avis sur tous les petits détails dont vous me parlez , du moins sur une bonne partie .

J'attendrai surtout Fontainebleau pour envoyer à peu près tout ce que vous désirez . Je me flatte toujours que la naïveté singulière des Scythes les sauvera à la fin, car la naïveté est un mérite tout neuf ; et il faut du neuf aux Velches . Mettez votre gloire à faire réussir ce que vous avez approuvé, et ne vous laissez jamais séduire par ces Velches 2 capricieux.

 

À vous , M. Lekain

Continuez, combattez pour la bonne cause, ne vous laissez point abattre par les cabales et par le mauvais goût . J'aimerai toujours vos talents et votre personne et, s'il me restait des forces, c'est pour vous que je les emploierais.

 

Voilà, mon cher ange, tous mes sentiments que je dépose entre vos mains, et que je vous supplie de faire valoir avec votre bonté ordinaire . Mais surtout ayez soin d'une santé si chère à tous ceux qui ont ou qui ont eu le bonheur de vivre avec vous . »

1 Allusion à Hirza ou les Illinois ; voir lettre du 16 mai 1767 à Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/12/02/nul-monarque-avant-moi-sur-le-trone-affermi-n-a-quitte-ses-e-6415043.html

Thibouville avait induit Voltaire en erreur. Le seul rôle de femme qu'il y ait dans la tragédie Hirza ou les Illinois n'était pas joué par M"' Durancy, mais par M"° Dubois.

2 Curieusement, V* a d'abord écrit sous ce mot squelettes.

30/12/2022

Le seul secret pour faire contribuer sans murmure est de montrer le bon usage qu'on a fait des contributions ...quand on avait le malheur de ne pouvoir plus être catin, il fallait être maquerelle

... Mais il me semble bien que nos gouvernants aient pris une option sensiblement différente, et ce rôle de maquereau se fait en toute légalité :" quand on avait le malheur de ne pouvoir plus être catin, il fallait être maquerelle " disent-ils pour toute défense . Où est le plaisir ?

 

 

« A Philippe-Antoine de Claris, marquis de Florian

9 juin 1767 1

Seigneurs châtelains, nous vous rendons grâces du pied des Alpes, d'avoir pensé à nous dans les plaines de Picardie. Il n'y a que trois jours que nous avons du beau temps. J'ai été bien près d'aller m'établir auprès de Lyon, tant j'étais las des tracasseries genevoises, qui ne finiront pas de sitôt. Le diable est à Neuchâtel, comme il est à Genève; mais il est principalement dans le corps de Jean.-Jacques , qui s'est brouillé en Angleterre avec tout le canton où il demeurait. Il s'est enfui au plus vite, après avoir laissé sur sa table une lettre 2 dans laquelle il chantait pouille à ses hôtes et à ses voisins. Ensuite il écrivit une lettre au grand chancelier 3 pour le prier de lui donner un messager d'État qui le conduisît au premier port en sûreté. Le chancelier lui fit dire que tout le monde en Angleterre était sous la protection des lois. Enfin Rousseau est parti avec sa Vachine4 4, et il est allé maudire le genre humain ailleurs.

Lasciamolo andare che fara buon viaggio 5 . Pour moi je ne ferai d'autre voyage que celui de Montbéliard si j'en ai la force . Les gens de M. le duc de Virtemberg se moquent de moi ; il faut absolument que je les mette à la raison .

J'ai reçu une lettre pleine d'esprit et de bon sens du jeune Morival, compagnon de l'infortuné chevalier de La Barre 6, enseigne de la colonelle de son régiment. S'il vient jamais assiéger Abbeville, soyez sûrs qu'il vous donnera des sauvegardes mais il n'en donnera pas à tout le monde.

J'attends avec impatience l'état des finances, que l'on dit imprimé au Louvre. Je trouve cette confiance et cette franchise très nobles. C'est ainsi qu'en usa M. Desmarets 7, et cette méthode fut très applaudie. Le seul secret pour faire contribuer sans murmure est de montrer le bon usage qu'on a fait des contributions. Personne n'en fera moins mauvaise chère pour payer les deux vingtièmes. Cet impôt d'ailleurs n'étant point arbitraire n'est sujet à aucune malversation, et cela console le peuple, c'est à l'État que l'on paye, et non pas aux fermiers généraux.

J'ai oublié l’adresse que vous m'avez donnée pour vous faire passer des paquets un peu gros ; vous me donnerez cette adresse quand j'aurai le bonheur de recevoir de vos nouvelles . Il y a longtemps que je n'en ai eu des deux conseillers . La Harpe est toujours chez nous; mais point de tragédies. M. de Chabanon en fait une, encore y a-t-il bien de la peine. Pour moi, je suis hors de combat. Je me console en formant des jeunes gens. Mme de Fontaine-Martel disait que quand on avait le malheur de ne pouvoir plus être catin, il fallait être maquerelle.

Sur ce, je vous embrasse le plus cordialement et le plus sensiblement du monde.

9è juin 1767. »

1 L'édition de Kehl omet le second paragraphe, ainsi que le début de l'avant-dernier (jusqu'à … La Harpe est toujours chez nous , compris) ce dernier étant remplacé par des extraits de la lettre du 24 juillet : 6951 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411361p/texteBrut

2 Ce doit être la lettre de J.-J. Rousseau à Davenport, du 30 avril 1767

3 Cette lettre n'est pas dans les œuvres de Rousseau.

4 C'est du nom de Vachine que Voltaire appelle Thérèse Levasseur dans le chant III de sa Guerre civile de Genève; voir tome IX. : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411325t/texteBrut

5 Laissons-le aller, et bon voyage.

6 Cette apposition au nom de Morival est ajouté de la main de V* en marge .

29/12/2022

l'hydre du fanatisme . C'est le plus dangereux monstre qui soit sur la terre, et si on ne peut l'exterminer entièrement, il faut du moins lui rogner les griffes et lui arracher les dents

... On ne peut mieux dire quand on voit les actualités de nos jours . C'est à mettre, pour le moins, au niveau de la lutte pour la régulation du climat , classée URGENT , sinon .... adios todos !

 

« A Charles Manoël de Végobre, Avocat

à Genève

[Ferney 7 juin 1767]1

Je ne manquerai pas, monsieur, d'envoyer des mémoires pour Sirven aux personnes que vous m'indiquez . Cette affaire-ci ne fera pas le fracas de celle des Calas ; mais elle ne laissera pas de porter des coups violents à l'hydre du fanatisme . C'est le plus dangereux monstre qui soit sur la terre, et si on ne peut l'exterminer entièrement, il faut du moins lui rogner les griffes et lui arracher les dents . »

1 La date a été portée par Végobre sur le manuscrit .

28/12/2022

Ce sera à vous de voir s’il vaut mieux vivre en philosophe que de donner des enfants à l’État . C’est une grande question qu’il ne m’appartient pas de décider

... No comment .

 

« A Charles Michel, marquis de Villette

7 juin[1767] 1

Vous êtes encore plus aimable que je ne disais. M. de La Harpe vient de me donner votre paquet ; votre lettre me fait plus de plaisir que le testament que vous m’envoyez. Il se pourra bien faire que vous aspiriez un jour à l’honneur d’être père de famille, et que vous soyez docteur in utroque jure 2. Ce sera à vous de voir s’il vaut mieux vivre en philosophe que de donner des enfants à l’État . C’est une grande question qu’il ne m’appartient pas de décider.

Je suis infiniment touché de la bonté que vous avez eue de me confier le testament ; je le trouve furieusement noble.

Non, je ne me flatte pas de vous voir à Ferney ; c’est un bonheur qui passerait mes espérances. Comment pourrez-vous aller dans votre terre de Bourgogne, au milieu des affaires dont vous devez être surchargé ? J’ai peur que vous n’attendiez la tenue des États : car il faudra bien venir vous faire recevoir, et prendre séance. C’est alors que j’oserais compter sur une des plus grandes consolations 3 que je puisse recevoir en ma vie. M. de La Harpe partagerait bien ma joie. Je vous assure que je ferai votre paix avec M. de Ximenès ; cela ne sera pas difficile : il sait trop ce que vous valez, pour être longtemps fâché contre vous.

Le parlement de Besançon n’a point du tout envie de se démettre . Il n’a démis que nos vaches, auxquelles il a défendu, par un arrêt solennel, d’aller paître dans la Franche-Comté. Elles ont eu beau présenter leur requête, et faire valoir la maxime d’Aristote :  Que chacun se mêle de son métier, les vaches seront bien gardées,  on les a condamnées au bannissement du ressort du parlement.

Vous ne devez rien à M. D…4 . Tous vos comptes sont faits. Je souhaite que ceux de l’extraordinaire des guerres se rendent aussi promptement, et que vous soyez débarrassé au plus vite de tout ce tracas, qui n’est fait ni pour votre humeur ni pour vos grâces.

Il y aurait un gros livre à faire sur tout ce que vous m’avez écrit. Les fermiers généraux ne sont plus aujourd’hui les financiers de Molière ; les Patin et les Turcaret 5 ont disparu ; les Watelet, les Helvétius, ont pris leur place. Ce n’est pas de ces messieurs que je me plains ; je voudrais seulement qu’ils sussent, comme moi, de quels délits ils se rendent coupables.

Un jambon est confisqué à Auxonne, parce qu’il a été salé en Franche-Comté avec du sel blanc, et qu’il entre en Bourgogne, où l’on sale les jambons avec du sel gris.

Un chef-d’œuvre de mécanique destiné pour le roi, une sphère mouvante est saisie sur les confins de la Lorraine par les employés, parce que cette machine était l’exécution en horlogerie du système de Copernic, et que les montres y payent des droits.

Voilà pourtant ce qui se fait au nom de gens de fort bonne compagnie, dont plusieurs se fâcheraient, s'ils en étaient les témoins . Ils ne doivent donc pas trouver étrange que je travaille de toutes mes forces à repousser cette inquisition hors de ma banlieue . Le moyen que cela se passe à ma porte, et de rimer des tragédies 6.

Adieu , très aimable maréchal des logis . Puisse quelque jour mon heureuse destinée vous ramener 7 dans ma chaumière ! Tout ce qui est à Ferney vous est presque aussi tendrement attaché que le veux malade. »

1Copie Beaumarchais-Kehl ; copie ancienne (BNF) ; édition Oeuvres du marquis de Villette, 1782 ; édition Clogenson. La lettre a toujours été placée en juin 1765 ; les allusions à la présence de La Harpe à Ferney renvoient manifestement à 1767 . d'autre part on verra par la notes qu'un problème de texte se pose à son sujet .

2Dans l'un et l'autre droit ; Voltaire fait allusion aux goûts antiphysiques du marquis de Villette (bisexuel ) , et à l’épigramme :

Chaud de boisson, certain docteur en droit : https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Cabinet_de_Lampsaque/95

3 L'édition Villette et la copie Beaumarchais-Kehl portent sur la plus grande consolation . L'hyperbole semble due au marquis de Villette lui-même.

4 Peut-être Damilaville ?

5 Patin et Turcaret, personnages de Dancourt et de Le Sage, symbolisent les banquiers du siècle précédent .

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Turcaret_ou_le_Financier

et : https://theses.hal.science/tel-01068484/document

6 Les quatre paragraphes qui précèdent ont été ajoutés par Clogenson . Ils sont certainement authentiques, mais pourraient avoir été pris d'une autre lettre .

7L'édition Clogenson donne amener pour ramener.

27/12/2022

Il faut bien payer les dettes de l’État, et on ne les peut payer qu’au moyen des impôts

... Rien à ajouter à ce constat , toute opinion contraire n'est qu'imbécilité, tant dans la majorité que dans l'opposition . Qui paye les violons du bal ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

7è juin 1767 1

Mon cher ami, voici enfin Sirven qui veut vous voir, vous remercier de vos bontés, et remettre son sort entre vos mains. Je ne crois pas qu’il doive se montrer avant que son procès ait été porté au Conseil.

J’ai écrit à M. Cassen 2 pour le supplier de presser le rapport de M. de Chardon. Vous présenterez sans doute Sirven à M. de Beaumont. J’ai bien peur que M. de Beaumont ne puisse pas à présent donner tous ses soins à cette affaire ; il doit être si occupé de la sienne, qu’il n’aura pas le temps de songer à celle des autres. Mais comme il ne s’agit actuellement que de procédures au Conseil, M. Cassen est en état de faire tout ce qui est nécessaire. Il pourra avoir la bonté de mener Sirven chez M. de Chardon.

J’ai lu les inepties contre mon ami Bélisaire 3. Ces sottises sont écrites par des Vandales dont il triomphera.

On a fait contre ce pauvre abbé Bazin un livre bien plus savant 4, qui mérite peut-être une réponse 5. Tout cela part, dit-on, du collège Mazarin 6. Il faudra que nous disions, comme du temps de la Fronde : Point de Mazarin !

J’espère que l’affaire du vingtième, qui est plus intéressante, sera finie avant que vous receviez ma lettre. Il faut bien payer les dettes de l’État, et on ne les peut payer qu’au moyen des impôts.

Voici un petit livre qu’on m’a donné pour vous 7. Personne n’est plus en état que vous de le réfuter. Je vous embrasse avec la plus vive tendresse. 

V.»

1 Copie par Wagnière ; copie contemporaine Darmstadt ; édition Correspondance littéraire ; voir note de la lettre du 4 juin 1767 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/12/25/tout-cela-me-parait-bien-delicat-c-est-une-affaire-de-faveur-6418827.html

3 L'Indiculus propositionum.

4 Le Supplément à la Philosophie de l'histoire de feu M. l'abbé Bazin, de Pierre-Henri Larcher, 1767.

5En d'autres termes, V* finit La défense de mon oncle, qui paraît effectivement quelques semaines plus tard.

6 Effectivement, Coger, Riballet et Larcher appartenaient tous les trois au collège Mazarin .

7 Probablement l'Examen important de milord Bolingbroke, mais peut-être aussi Les Honnêtetés littéraires .

26/12/2022

Le découragement n’est point fait pour le génie et pour le mérite. Combattez et triomphez

... Femmes d'Afghanistan, et hommes qui ne sont pas dégénérés et les soutiennent, courage, les jours sont comptés pour vos esclavagistes : https://www.youtube.com/watch?v=Ql7IsQo_Nu4

 

 

 

« A Jean-Benjamin Laborde

4 juin [1767] 1

Je vous l’avais bien dit, mon cher Orphée , la lyre n’apprivoise pas tous les animaux, encore moins les jaloux ; mais il ne faut pas briser sa lyre, parce que les ânes n’ont pas l’oreille fine. Les talents sont faits pour combattre, et, à la longue, ils remportent la victoire. Combattez, travaillez, opposez le génie au mauvais goût, refaites ce quatrième acte, qui est de l’exécution la plus difficile. Je pense qu’il vaut mieux cent fois 2 faire jouer votre opéra à Paris que de mendier à la cour une représentation qu’on ne peut obtenir, tout étant déjà arrangé. Croyez que c’est au public qu’il faut plaire. Vous en avez déjà des preuves par devers vous. Je suis persuadé que vous en aurez de nouvelles, quand vous voudrez vous plier à négocier avec les entrepreneurs des doubles croches et des entrechats.

Un jeune homme m’a montré une espèce d’opéra-comique dans le goût le plus singulier du monde 3. J’ai pensé à vous sur-le-champ ; mais il ne faut courir ni deux lièvres ni deux opéras à la fois. Songez à votre Pandore, tirez de la gloire et des plaisirs du fond de sa boîte : faites l’amour et des passacailles 4. Pour moi, je suis bien hardi de vous parler de musique, quand je ne dois songer qu’à des De profundis 5, qui ne seront pas même en faux bourdon.

Voudriez-vous avoir la bonté de m’envoyer une copie des paroles de Pandore, telles que vous les avez mises en musique ? Je tâcherai de rendre quelques endroits plus convenables à vos talents, et qui vous mettront plus à l’aise. Envoyez-moi ce manuscrit contre-signé ; cela vous sera très aisé.

Adieu, mon cher et digne ami ; ne vous rebutez point. Quand un homme comme vous a entrepris quelque chose, il faut qu’il en vienne à bout. Le découragement n’est point fait pour le génie et pour le mérite. Combattez et triomphez. Ne parlez point surtout au maître des jeux 6 ; il est impossible qu’il fasse rien pour vous cette année . Je vous en avertis avec très grande connaissance de cause. Ne manquez pas d’exécuter votre charmant projet de venir au 1er de juillet . Nous aurons des voix et des instruments. Je vous dirai franchement que madame Denis se connaît mieux en musique que tous les gens dont vous me parlez. Venez, venez, et je vous en dirai davantage. »

1 Copie par Boissy d'Anglas ; copie ancienne (B.N.F.) ayant servi de base à la première édition ; édition Cayrol.

2 L'édition BNF porte une fois .

3 Ceci peut difficilement être autre que Les Deux Tonneaux : https://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.php?t=../documents/VOLTAIRE_DEUXTONNEAUX.xml

. Grétry a affirmé que V* composait des opéré-comiques pour lui ; et effectivement le compositeur se rendit souvent à Ferney pendant son séjour à Genève en 1766 ; voir ses Mémoires, Paris , an V [1796-1797], I, 166 et I, 136. : voir https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1121008/f114.image.r=voltaire

et voir : https://data.bnf.fr/fr/12061599/jean-benjamin_de_la_borde/

4 Airs de danse.

5 Manuscrit I donne simplement qu'à des profundis .

6 Richelieu .

Tout cela me paraît bien délicat. C'est une affaire de faveur

... et de ferveur patriotique en Ukraine : https://actu.orange.fr/monde/ukraine-a-kiev-des-orthodoxe...

Et m... à Poutine et sa pseudo-piété orthodoxe, et à ceux qui le soutiennt !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

4è juin 1767 1

Mon cher ami, faites d'abord mes compliments à la Sorbonne du service qu'elle nous a rendu, car les choses spirituelles doivent marcher devant les temporelles . Ensuite ayez la charité de reprendre l'affaire des Sirven . M. de Chardon peut à présent rapporter l'affaire. Sirven est prêt à partir pour Paris; je vous l'adresserai. Il faudra qu'il se cache, jusqu'à ce que son affaire soit en règle.

Je tremble pour celle de notre ami Beaumont; on me mande qu'elle a un côté odieux, et un autre qui est très défavorable. L'odieux est qu'un philosophe, que le défenseur des Calas et des Sirven, reproche à un mort d'avoir été huguenot 2, et demande que la terre soit confisquée, pour avoir été vendue à un catholique. Le défavorable est qu'il plaide contre des lettres patentes du roi. Il est vrai qu'il plaide pour sa femme, qui demande à rentrer dans son bien, mais elle n'y peut rentrer qu'en cas que le roi lui donne la confiscation. Il reste à savoir si ce bien de ses pères a été vendu à vil prix. Tout cela me paraît bien délicat. C'est une affaire de faveur; et il est fort à craindre que le secrétaire d'État qui a signé les lettres patentes de son adverse partie ne soutienne son ouvrage. Je crois que M. de Chardon est le rapporteur. Je serais fâché que M. de Chardon fût contre lui, et plus fâché encore si, M. de Chardon étant pour lui, le Conseil n'était pas de l'avis du rapporteur. L'affaire de Sirven me paraît bien plus favorable et bien plus claire. Je m'intéresse vivement à l'une et à l'autre.

Voici un petit mot pour Protagoras 3, qui est d'une autre nature. Tout ce qui est dans ce billet est pour vous comme pour lui ; tout est commun entre les frères. Ma santé devient tous les jours plus faible, tout périt chez moi, hors les sentiments qui m'attachent à vous. Je vous embrasse bien fort, mon très cher ami.

V. »

1 Copie par Wagnière ; l'édition de Kehl d'après la copie Beaumarchais, joint à cette lettre, en guise de post-scriptum, un passage de la lettre du 7 juin 1767 : voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/05/correspondance-annee-1767-partie-37.html