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12/10/2023

J'ai été profondément affligé mais je pardonne tout à ceux qui n'ont point eu d'intention de nuire

... Et nul ne pardonnera quoi que ce soit aux terroristes du Hamas et leurs complices et financiers . La loi du Talion est désormais appliquée et fait passer la guerre en Ukraine pour un évènement de second ordre . Le premier meurtre suffit à rendre fou . Un  seul espoir, c'est qu'un jour la paix revienne comme elle a pu  revenir entre la France et l'Allemagne débarrassée (suffisamment ) du nazisme . Israeliens (débarrassés de leurs "faucons" ) et Palestiniens (débarrassés de leurs terroristes ) en paix , c'est bien aussi nécessaire que lutter contre le dérèglement climatique . Toujours trop de sang versé ! Combien de générations pour s'accorder ?

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon

1er mars [1768]

Maman verra donc Eudoxie 1 avant moi, mon cher confrère . Elle part pour Paris, elle fera Mme Dupuits juge si on joue mieux la comédie à Paris qu'à Ferney. Ce qui me désespère, c'est qu'elle sera logée très loin de vous, chez sa sœur. Elle va arranger sa santé, ses affaires, et les miennes. Tout cela s'est délabré pendant vingt ans qu'elle a été loin de Paris 2. Je suis menacé plus que jamais d'un voyage dans le Virtemberg. Voilà Ferney redevenu un désert comme il l'était avant que j'y eusse mis la main. Je quitte Melpomène pour Cérès et Pomone. Braves jeunes gens, cultivez les beaux-arts, et gorgez-vous de plaisirs, j'ai fait mon temps.

Voici une drôlerie 3 qui vient, dit-on, de Lyon, elle pourra vous amuser. Je suis bien sûr de votre discrétion. Vous ne ressemblez pas aux gens qui font courir les bagatelles sous mon nom, et qui disent toujours : «  C'est lui, c'est lui. » Non, messieurs, ce n'est point moi.

Plût au juste ciel qu'on n'eût jamais publié certain second chant d'une baliverne 4 qui était enfermée dans ma bibliothèque! Mais, encore une fois, tout le monde n'a pas votre discrétion, mon cher confrère. J'ai été profondément affligé mais je pardonne tout à ceux qui n'ont point eu d'intention de nuire. Adieu je vous embrasse bien fort. Mme Denis et l'enfant 5 vous embrasseront mieux. »





1 Tragédie de Chabanon.

2Mme Denis a quitté Paris au début de juillet 1754 pour retrouver V* à Plombières et n’y est jamais retournée depuis .

3 Lettre de l’archevêque de Cantorbery à l'évêque de Paris .

4 Deuxième chant de la Guerre civile de Genève .

5 Mme Dupuits .

11/10/2023

je ne veux pas payer pour lui

... Paroles de socialiste désavouant son appartenance à NUPES et niant toute allégeance à ce fichu Mélenchon : https://www.euractiv.fr/section/assemblee-nationale/news/...

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

1er Mars [1768]

Quoique vous ne soyez qu’un excommunié, mon divin ange, vous voyez bien pourtant que je brave les foudres de Rome, pour vous écrire. Votre prince et ses ministres sont bien honteux, comme je le présume 1.Voici une petite pièce qui court dans Lyon 2. Irez-vous croire encore que cela est de moi ? Vous seriez bien loin de compte. L’auteur de la Lettre au docteur Pansophe 3, de l’Ode contre les rois belligérants 4, du Catéchisme 5, etc., est un plaisant plus goguenard que moi, et je ne veux pas payer pour lui.

Madame Denis va vous voir avec M. et Mme Dupuits. Leur voyage est nécessaire . Que ne puis-je en être !... Mais…

Par Dieu, comment se porte madame d’Argental ? »

1 Voir, sur les affaires de Parme avec le pape, le chap. XXXIX du Précis du Siècle de Louis XV. (Georges Avenel.) : https://fr.wikisource.org/wiki/Pr%C3%A9cis_du_si%C3%A8cle_de_Louis_XV/Chapitre_39

2Lettre de l'archevêque de Cantorbery à l'archevêque de Paris : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/09/facetie-lettre.html

3Sur cette lettre, voir lettre du 31 décembre 1768 à d'Alembert : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/07/correspondance-avec-d-alembert-partie-51.html

Wilkes attribue dès l'origine , en 1766, la Lettre à V*, ainsi qu'il l'écrit à Suard le 20 mai 1766 . V* l'attribue à Bordes .

5 On attribuait généralement cette œuvre antireligieuse à V* ; lui-même l'avait plus d'une fois utilisée dans ses travaux . Mais il semble que Bordes en est l'auteur, quoique V* l'eût éditée ; voir Georges B. Watts « Voltaire and Le Catéchumène » Kentucky foreign language quarterly, 1957.

10/10/2023

Il y a des monstres auxquels il ne suffit pas de leur rogner les ongles, il faut leur couper la tête

... Le Hamas en fait indéniablement partie et il ne faut pas tarder .

 

 

« A Pierre-Michel Hennin

Mardi matin, 1er mars [1768] à Ferney

Soyez très sûr, très aimable Résident, que votre Languedochienne 1 avec ses beaux yeux n'avait point vu la deuxième baliverne 2. J'avais abandonné aux curieux la première et la troisième ; mais pour la seconde, je l'avais toujours laissée dans mon portefeuille ; et j'avais des raisons essentielles pour ne point la faire paraître. Si votre dame aux grands yeux l'a eue, ce ne peut être que depuis le mois de novembre, car La Harpe partit au mois d'octobre, et c'est au commencement de novembre qu'il la donna à trois personnes de ma connaissance. Les copies se sont peu multipliées, attendu qu'on ne se soucie guère à Paris de Tollot 3 l'apothicaire, de Flournois, de Rodon, du prédicant Buchon, et autres messieurs de cette espèce 4.

Si quelqu'un avait pu me faire cette infidélité, c'était ce polisson de Gallien 5, cependant il ne l'a pas faite.

S'il était vrai que cette coïonnerie eût paru à Paris avant la voyage de La Harpe au mois d'octobre, comme il l'a dit à son retour pour se justifier, il m'en aurait sans doute averti dans ses lettres. Il m'instruisait de toutes les anecdotes littéraires; il n'aurait pas oublié celle qui me regardait de si près il n'aurait pas manqué de prévenir par cet avertissement les soupçons qui pouvaient tomber sur lui. Cependant il ne m'en dit pas un seul mot; au contraire, il donna une copie à M. Dupuits 6, et le pria de ne m'en point parler. Dupuits, en effet, ne m'en parla qu'à son retour, lorsqu'il fallut éclaircir l'affaire. La Harpe ne se justifia qu'en disant qu'il n'avait donné le manuscrit que parce qu'il en courait des copies infidèles. Il en avait donc une copie fidèle, et cette copie fidèle, je ne la lui avais certainement pas donnée.

On lui demanda de qui il la tenait. Il répondit que c'était d'un jeune homme dont il ne dit pas le nom. Huit jours après, il dit que c'était d'un sculpteur qui demeurait dans sa rue.

Je ne lui ai fait aucun reproche, mais sa conscience lui en faisait beaucoup devant moi. Il ne m'a jamais parlé de cette affaire qu'en baissant les yeux, et son visage prenait un air de pâleur qui n'est pas celui de l'innocence. Son procès est instruit. Il s'en faut beaucoup que je l'aie condamné rigoureusement, je suis trop partisan de la proportion entre les délits et les peines, et je sais qu'il faut pardonner.

Non seulement j'ai eu le bonheur de lui rendre des services essentiels, mais je lui en rendrai toujours autant qu'il dépendra de moi. Je serrerai seulement mes papiers, si jamais Mme Denis le ramène à Ferney.

Voilà, aimable Résident, l'histoire au juste. Plût à Dieu qu'il n'y eût pas de plus grande tracasserie dans le monde ! J'espère que vous verrez bientôt finir celles de Genève. Voulez-vous bien avoir la bonté de donner au porteur cette gazette de France où il est parlé des rodomontades espagnoles contre l'Inquisition? Il y a des monstres auxquels il ne suffit pas de leur rogner les ongles, il faut leur couper la tête.

Tuus sum, et semper ero.7 

V.»

2 Le second livre de La Guerre civile de Genève .

3 Jean-Baptiste Tollot, pharmacien amateur de littérature, que V* met en scène dans La Guerre civile de Genève sous le nom de Dolot ( II, 62 et suiv. : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome9.djvu/534 ) ; voir lettre à lui adressée le 21 mai 1768 : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/07/correspondance-annee-1768-partie-17.html

4 Allusion à un passage de La Guerre civile (II, 24-30 et suite ) : « Le fier Rodon, l'intrépide Flournois ,[...] : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome9.djvu/533

Dans la première édition, les noms étaient un peu différents ; on avait Roson pour Rodon, Paillart pour Pallard, Flavière pour Clavière .

5 Dans une lettre, Hennin disait à V* le 4 janvier 1768 : « Je vous ai caché jusqu'aujourd'hui, monsieur, une sottise du sieur Gallien qui vous touche […] » , voir 7119 de https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411361p/texteBrut

V* savait à quoi s'en tenir sur Gallien .

6 Dupuits est alors effectivement à Paris ; voir lettre du 3 février 1768 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/09/09/tout-cela-est-peut-etre-une-belle-chimere-mais-on-pourrait-e-6460597.html

7 Je suis et je serai toujours à toi .

on n'envoie personne aux galères pour avoir prié Dieu

... Si !

Et même pire .

Voyons d'abord les croyants : https://www.geneve.ch/fr/themes/culture/bibliotheques/interroge/reponses/combien-y-t-il-de-croyants-sur-terre

Puis voyons ceux qui en bavent :

https://fr.irefeurope.org/publications/les-pendules-a-lheure/article/l-intolerance-religieuse-se-propage/

et

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pers%C3%A9cutions_religieuses

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Que ne demande-t-on pas à Dieu (quand on ose croire en lui/elle ) .

 

 

 

 

« A Charles Manoël de Végobre

Voici donc, monsieur, la seconde lettre 1 que vous me demandez pour M. le prince de Beauvau . Je l'envoie, mais je crains toujours M. de Saint-Florentin . Avouez du moins que dans Genève où l'on jette les hauts cris, on n'envoie personne aux galères pour avoir prié Dieu .

Votre très humble et très obéissant serviteur

V.

27è février [1768].2 »

1 Cette lettre à Beauvau manque .

2 Végobre a complété la date .

09/10/2023

il ne peut différer plus longtemps à prendre un parti

... Qui est pour, qui est contre ? Petit tour du monde suite à l'attaque d'Israël : https://fr.timesofisrael.com/limpact-de-loffensive-du-ham...

 

 

« Au Conseil suprême de Montbéliard

A Ferney 26è février 1768

Messieurs,

Comme le paquet concernant les délégations et soumissions des fermiers est essentiel, et que les postes vers Genève sont très dérangées, je vous supplie de vouloir bien me faire tenir ce paquet sous l'enveloppe de M. de Reimond, directeur général des postes à Besançon .

Si monseigneur le duc veut consommer l'affaire avec le Genevois, ce sera pour le 6 mars au plus tard . Mais il assure qu'il ne peut différer plus longtemps à prendre un parti . Il exige expressément que j’aie l'honneur de vous en donner avis .

J’ai celui de vous réitérer les sentiments respectueux de votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

08/10/2023

fatal article . Il fera un mal que vous n'avez pas voulu. Vous mettez des armes entre les mains des furieux

... J'ose espérer que ce n'est pas dans cette intention que des élus LFI ont proclamé des justifications à l'attaque des Islamistes palestiniens contre Israel : https://www.leparisien.fr/politique/honte-choquant-lfi-cree-la-polemique-apres-lattaque-disrael-par-le-hamas-07-10-2023-W4LKQVB5XBHUBK6XLX3GEDQ3NU.php

Quant à Poutou qui soutient le Hamas, qu'il aille sur le terrain soutenir les terroristes , il verra si le meurtre organisé est la seule réponse à une politique israëlienne véritablement coupable mais qui ne méritait pas une guerre de plus .  Je n'ai qu'un mot pour les qualifier , eux et ceux qui pensent comme eux : co....ds !

Quand est-ce que ça finira ? https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-pa...

 

 

« A Charles-Jean-François Hénault

A Ferney, 26è février 1768 1

Mon cher et illustre confrère, vous ne voulez donc pas placer le maréchal de La Meilleraye parmi les surintendants? Il le fut pourtant en 1648 c'est un fait avéré.

Je vous avais proposé aussi de mettre Abel Servien à sa place, avec Nicolas Foucquet, puisqu'ils furent tous deux toujours surintendants conjointement.

Mais j'ai de plus grandes plaintes à vous faire. Comment avez-vous pu, dans votre nouvelle édition, démentir la bonté de votre caractère et la douceur de vos mœurs dans l'article Servet ? Il semble que vous vouliez un peu justifier Calvin et tous les persécuteurs. Vous flétrissez l'indulgence, la tolérance, du nom de tolérantisme 2, comme si c'était une hérésie, comme si vous parliez de l'arianisme et du jansénisme. Vous n'ignorez pas que le meurtre de Servet est une violation criminelle du droit des gens, un véritable assassinat commis en cérémonie 3, et qui devait attirer sur les assassins le châtiment le plus terrible? J'ose croire que, si le mot d'arien n'avait pas retenu Charles-Quint, ou plutôt s'il n'était pas tombé dès lors dans le triste état qu'il alla bientôt cacher dans la solitude de Saint-Just, il aurait puni sévèrement cet outrage fait dans Genève, ville impériale, à la nation espagnole. C'était un attentat inouï d'arrêter, sans aucun prétexte, un sujet de Charles-Quint, qui voyageait sur la foi publique, muni de bons passe-ports. Servet ne voulait coucher qu'une nuit à Genève, pour aller en Allemagne . Calvin, qui le sut, le fit saisir comme il partait de l’hôtellerie de la Rose. On lui vola quatre-vingt-dix-sept doublons d'or, une chaîne d'or, et six bagues.

Vous savez quelle mort suivit ce brigandage. Calvin, qui aurait été lui-même brûlé en France s'il avait été pris, força le misérable conseil de Genève à faire brûler Servet à petit feu avec des fagots verts, et il jouit de ce spectacle. Il n'y eut point, dans votre Saint-Barthélemy, d'assassinat plus cruellement exécuté.

Vous m'avouerez que la douceur chrétienne, nommée par vous tolérantisme, eût mieux valu que cette sainte abomination. J'ose vous dire qu'en France, si les Guises avaient été plus tolérants, votre conseiller Anne Dubourg, neveu du chancelier, et tant d'autres, n'auraient pas péri par le même supplice que Servet. Croyez-moi, mon cher et illustre confrère, la tolérance prêche mieux que les bourreaux.

Vous citez l'exemple de Socrate, vous paraissez regarder sa mort comme une preuve de l'intolérance des Athéniens. On dirait, à vous entendre, que les lois d'Athènes mettaient à mort tous ceux qui s'étaient moqués du hibou de Minerve. Vous êtes trop savant dans l'antiquité pour ne pas convenir que la mort de Socrate fut l'effet d'une cabale criminelle et d'un fanatisme passager, à peu près comme l'assassinat juridique commis à Toulouse contre Calas.

Songez, je vous en supplie, que les Athéniens punirent la cabale qui avait fait empoisonner Socrate, qu'ils condamnèrent à mort les principaux juges, qu'ils érigèrent à Socrate non-seulement une statue, mais un temple; en un mot, jamais les Athéniens ne montrèrent un plus grand respect pour la philosophie, et une horreur plus violente pour les persécuteurs.

Les Romains, dont vous tenez vos lois, ont été tolérants depuis Romulus jusqu'au châtiment du centurion Marcel, qui, l'an 298, brisa sa baguette de commandement à la tête des troupes, et déclara qu'il ne fallait plus servir les empereurs parce qu'ils n'étaient pas chrétiens. Avant Marcel, il y eut quelques chrétiens persécutés mais, comme dit Origène, de loin à loin, et en très petit nombre , Origène, 1ivre III. Il serait très aisé de prouver qu'ils ne furent punis que comme factieux, puisque Origène et le fougueux Tertullien moururent dans leur lit, et qu'aucun prêtre, soi-disant évêque de Rome, ne fut exécuté, non pas même saint Pierre, dont le prétendu séjour à Rome est une fable absurde 4.

Non, vous ne trouverez, pendant plus de huit cents ans, aucun homme persécuté à Rome pour ses opinions. Comment pouvez-vous dire que, s'il n'y avait pas de persécution alors, c'était parce que tout le monde était d'accord sur le culte des dieux ? Quoi ! les stoïciens et les épicuriens ne rejetaient pas hautement toute la théologie grecque et romaine ? Quoi ! ces sectes nombreuses ne s'en moquaient-elles pas ouvertement ? Cicéron lui-même n'en a-t-il pas parlé avec le dernier mépris ? Lucrèce n'a-t-il pas chassé la superstition de toutes les honnêtes maisons? Ne l'a-t-il pas renvoyée à la canaille, aux femmelettes, et aux hommes faibles, qui sont au-dessous des femmelettes?

Quel censeur, quel tribun, quel préteur, quel centumvir, ont jamais fait un procès à Lucrèce ?

La tolérance a toujours été la loi fondamentale de la République romaine, loi non gravée sur les Douze Tables, mais empreinte dans toutes les têtes et dans tous les cœurs. Cela est vrai, comme il est vrai qu'Henri IV a été assassiné par la seule intolérance.

Vous citez Dion Cassius, vil Grec, vil écrivain, vil flatteur, vil ennemi, de Cicéron, qui, seul de tous les historiens, dit que Mécène, qu'il n'a jamais vu, conseilla à Auguste de ne point admettre de religions nouvelles 5. Les malheureuses équivoques qui embarrassent tous les langages, et qui ont causé parmi nous tant de disputes fatales, ont produit une grande méprise sur ce passage de Dion Cassius. Ta hîera ne signifie point ici ce que nous entendons par religion, un système dogmatique ennemi des autres systèmes; ta hiera veut dire sacrifices, cérémonies sacrées. Il y en avait assez à Rome . Il ne s'agissait, du temps d'Auguste, que d'admettre, par une sanction publique du sénat, les mystères de Cérès Éleusine, ceux de la déesse de Sirie, et ceux d'Isis.

Vous connaissez l'ancienne loi des Douze Tables, qui ne fut jamais abolie . Deos exteros, nisi publice adscitos, ne colunto 6; point de culte étranger, s'il n'est admis par la loi. Ces cultes étrangers n'ont donc jamais été autorisés, mais ils ont été tolérés dans l'empire. Isis même, quoique la déesse d'un peuple vaincu et méprisé, eut un temple dans les faubourgs de Rome, du temps d'Auguste.

Les Juifs, ces misérables Juifs, les plus fanatiques des hommes, avaient à Rome une synagogue. Où pourrez-vous jamais trouver une plus grande différence de culte, et une plus grande tolérance ?

Ah ! mon cher confrère, quel temps prenez-vous pour vouloir flétrir une vertu si nécessaire au genre humain C'est le temps même où la tolérance universelle commence à s'établir dans une grande partie de l'Europe . C'est lorsque la tolérance étanche, dans l'Allemagne, depuis la paix de Westphalie, le sang que le monstre de l'intolérantisme avait fait couler pendant deux siècles . C'est lorsque l'impératrice de Russie assemble dans la grande salle de son palais jusqu'à des musulmans, des adorateurs du grand lama, et des païens, pour former le code des lois qu'elle va donner à un empire plus vaste que l'empire romain . C'est lorsque le roi de Pologne établit la liberté de conscience dans un pays deux fois aussi grand que la France.

Vous ne sauriez croire combien de gens de lettres m'ont témoigné de douleur, et se sont plaints à moi comme à votre ancien ami et à votre admirateur très zélé. Je suis affligé comme eux de ce fatal article . Il fera un mal que vous n'avez pas voulu. Vous mettez des armes entre les mains des furieux. Est-il possible que ces armes soient aiguisées par le plus doux et le plus aimable des hommes ? Je ne vous en aime pas moins mais ma douleur est égale aux sentiments que je conserverai pour vous jusqu'à la mort.

Je n'écris point à Mme Du Deffand; que lui manderais-je du désert où j'achève mes jours? Je ne pourrais que lui dire que je l'aime de tout mon cœur, ou que de tout mon cœur je l'aime; car il n'y a plus moyen de lui dire Belle marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour, ou d'amour mourir me font, belle marquise, vos beaux yeux 7. »

Jouissez tous deux de la vie comme vous pourrez . Je la supporte assez doucement. »

1 Copie Beaumarchais-Kehl . La minute corrigée par V* est passée à la vente Charavay à Paris le 25 juin 1889 .

2 Littré attribue à V* le premier emploi de ce mot . De même plus loin, intolérantisme est un néologisme .

3 Boileau, Satires, VIII, 296 .

5  Dion Cassius, LII, 36 . Une fois de plus, V* récuse un témoignage par des arguments ad hominem dirigés contre l'auteur .

6  D'après Cicéron, De legibus, II, 8 . Ne rendez point de culte aux dieux étrangers, à moins qu'ils n'aient été naturalisés .

7  L'application de cette plaisanterie de la pièce du Bourgeois gentilhomme , Ac. II, sc. 4, de Molière bien que spirituelle peut aussi passer pour de l'humour noir Mme Du Deffand est en effet marquise , a été belle et de plus est aveugle .

07/10/2023

il sera le plus exact qu'il pourra à vous faire tenir ses registres

... C'est sans doute ce que fait croire l'avocat de Nicolas Sarkozy , l'ex-président tricheur patenté : https://www.francetvinfo.fr/politique/nicolas-sarkozy/affaire-ziad-takieddine-nicolas-sarkozy-mis-en-examen_6105999.html

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https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/11/13/ziad-taki...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

24 février 1768

Mon cher ami, M. Coquerot m'a mandé qu'il vous enverrait incessamment le petit paquet que vous demandez et qu'il sera le plus exact qu'il pourra à vous faire tenir ses registres .

Je suis toujours très en peine de votre sort . Mais si l'emploi dont je vous ai parlé valait quatre mille francs et que vous puissiez avoir une pension sur celui dont vous vous démettriez, je crois que je finirais assez agréablement ma vie .

La Harpe est parti avec sa femme . Je leur rendrai assurément tous les services qui pourront dépendre de moi, mais encore une fois il est très important que vous ayez la bonté d'éclairer avec M. d'Alembert la petite affaire dont je vous ai parlé .

Il n'est pas moins important pour La Harpe qu'elle demeure dans un profond oubli .

Je vous embrasse plus tendrement que jamais . »