Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/10/2023

En vérité nous devrions bien nous arranger pour vivre ensemble, nous ne laisserions pas de faire quelque bien

... Israeliens-Palestiniens, côte à côte, enfin,non plus face à face . La paix vous fait-elle donc si peur ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

6 mars 1768

Mon cher ami, je vous supplie de me mander d'abord à quoi en sont vos affaires . Ce premier devoir de l'amitié rempli, je vous prie d'envoyer à M. d'Alembert la lettre ci-jointe après l'avoir cachetée et de faire tenir à Mme de La Harpe le paquet qui lui est adressé .

En vérité nous devrions bien nous arranger pour vivre ensemble, nous ne laisserions pas de faire quelque bien . C'est bien dommage que nous soyons à cent lieues l'un de l'autre . Interim Écr l'inf. Mon âme embrasse tendrement la vôtre. »

Est-il possible que nous ne ferons du bien que dans les pays étrangers !

...

 

« A Jean Le Rond d'Alembert à Ferney

6è mars 1768

Jugez, mon très cher philosophe, si j’ai envie de faire du tort à M. de La Harpe, et si j'ai mérité qu'il m'en fît . J'écrivis à monsieur le contrôleur général pour les affaires du pays de Gex au commencement du mois d'août . Je pris cette occasion pour le prier d'accorder à M. de La harpe la moitié d'une ancienne pension que j'ai, et dont je n’avais point sollicité le paiement depuis le commencement de la guerre, et même depuis la paix . Monsieur le contrôleur général me répondit sur les affaires du pays, et non sur M. de La Harpe ; mais il dit à M. de Boullongne 1 qu'il lui ferait accorder une gratification . M. de Boullongne me le manda par sa lettre du 14 août, et j'en ai toujours gardé le secret à M. de La Harpe jusqu'au jour de son départ .

Il sait qu'en envoyant à M. le duc de Choiseul son éloge de Charles V, je lui représentai le mérite et le peu de fortune de l'auteur . Il sait que sur-le-champ M. le duc de Choiseul eut la générosité de lui donner une pension . Je suis toujours dans la même résolution par rapport à la pension sur le roi que je voulais lui faire partager . Le fond de mon amitié pour lui n'a point été altéré par les violents chagrins qu'il m'a causés .

Tronchin, procureur général de la petite république ma voisine, fut assailli hier soir à la porte de sa maison par plus de cinq cents personnes, dont plus de la moitié criait qu'il fallait le mettre en pièces . Les commissaires du peuple eurent beaucoup de mal à le tirer de leurs mains, et le firent garder toute la nuit par cinquante bourgeois 2 . Il n'y a plus là de plaisanterie . Voyez combien il est cruel que le chant où il est question des Tronchins très mal voulus à Genève paraisse pendant des mouvements si violents .

Si M. de La Harpe avait eu assez d'amitié pour moi pour m'avouer , au moins dans son premier voyage à Paris qu'il avait emporté ce manuscrit de ma maison, qu'il vous l'avait donné à vous, à M. de Rochefort, à M. Dupuits et à une autre personne, il aurait prévenu le désagrément que j'éprouve . Je l'aurais conjuré de prier ceux à qui il avait donné cette plaisanterie devenue si dangereuse, de n'en point donner de copie . Ces balivernes sont d'ailleurs fort insipides pour Paris qui ne se soucie point du tout de Genève , et très désagréables pour moi dans le pays que j’habite . Mais M. de La Harpe, au lieu de réparer le mal qu'il m'avait fait, m’écrivit de sa chambre à la mienne une lettre fort dure dans laquelle il m'insultait sans se justifier . Je ne lui ait fait à son départ aucun reproche ni sur ses procédés envers moi, ni sur sa lettre . Voilà où nous en sommes .

Je l'avais chargé en partant d'un paquet pour vous dans lequel il y avait une partie des choses que vous demandiez, et une lettre pour vous dans laquelle je vous rendais un compte succinct de cette aventure, et que je vous priais même de lui montrer .

Je suppose que vous avez reçu le tout et que vous en aurez fait l'usage que vous aurez cru convenable .

Je vous réitère encore que j’oublie entièrement cette petite imprudence de M. de La Harpe qui m'a été si préjudiciable ; que je lui rendrai tous les services qui dépendront de moi ; que ma grande passion est que tous ceux qui cultivent les beaux-arts avec succès soient tous unis, et qu'il faut oublier tous le sujets de plainte en faveur de la vérité et du bon goût dont ils doivent être les soutiens . Est-il possible que nous ne ferons du bien que dans les pays étrangers !

Je vous embrasse avec douleur, et avec la plus vive amitié .

V. »

2Pendant quelque temps les Tronchins se sont abstenus de remplir leurs charges officielles . Une élection de nouveaux syndics ayant été fixée au 5 mars, un mouvement de protestation populaire prit presque des dimensions d'émeute . Jean Robert Tronchin se trouva même en danger de mort et n'échappa qu'avec peine à la populace .Voir : pièce 19: journal relatant les événements du 5 mars et du 6 mars 1768, soit la décision des syndics, Petit et Grand Conseil de renvoyer à huitaine le Conseil général pour procéder à l'élection des syndics, suivi des "Propositions remises à Messieurs les sindics le 5 mars 1768 [...]". 3 f. : https://archives.bge-geneve.ch/archive/fonds/tronchin_141_397

Sur les réactions de V*, voir lettre du 6 mars 1768 à Jacob Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/10/26/c...

25/10/2023

assurément il n'est fécond qu'en dissensions et en sophismes

... NUPES ! chimère politicarde, tu pars en miettes, et c'est bien fait .Ton pseudo-Napoléon est en vue de Sainte-Hélène ; qu'il y reste !

fnmelenchon4455454.jpg

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

5è mars [1768] 1

Mon cher et illustre confrère je compte sur votre amitié, sur votre sagesse, et sur votre discrétion . Ce que j'avais crains arrive . Le journal de Neuchâtel annonce une édition fort jolie de La Guerre de Genève . Je dérobais à tous les yeux le second chant, afin qu'on ne pût point imprimer les deux autres qui étant séparés de celui qui les lie ensemble, n'auraient pu être compris de personne .

Dans la fermentation où est Genève cette publicité m'est infiniment préjudiciable par des raisons que je ne puis vous dire dans une lettre . Si du moins M. de La Harpe n’avait donné cette plaisanterie qu'à mes amis et à mes parents à Paris en leur recommandant le secret, il n'y aurait eu que demi-mal, mais c'est pour moi seul que le secret a été gardé .

Si pendant trois mois de séjour à Paris il m'avait au moins averti une fois, j'aurais pu prévenir le tour qu'on me joue aujourd'hui . Il devait bien sentir qu'en donnant l'ouvrage à M. Dupuits à qui je l'avais toujours refusé, c'était une preuve indubitable que je ne voulais pas qu'il parût .

Sa misérable excuse inventée au bout de quinze jours chez moi à Ferney augmente trop sa faute . Ce sculpteur , cet Antoine de qui il disait qu'il tenait l'ouvrage, a répondu à M. Damilaville que La Harpe en avait menti .

Je n’ai pas besoin de cet aveu d'Antoine pour être convaincu de l'infidélité cruelle dont La Harpe est coupable . Je savais bien dans quel portefeuille était cet ouvrage que je n'ai jamais donné à personne . Je savais dans quel endroit étaient d'autres papiers qui me manquent, et mon secrétaire 2(qui écrit cette lettre, attendu que je perds les yeux) a vingt fois averti La Harpe qu'il était très indécent de fouiller dans mon cabinet comme il faisait continuellement.

Ce qui est encore plus triste, c'est qu'il s'en faut bien qu'il ait réparé cette violation des droits de l'hospitalité . J'en ai été affligé plus que vous ne croyez, et cependant il peut dire si je lui ai fait le plus léger reproche . Mon banquier l'a cherché dans toutes les auberges de Lyon à son passage ; il faut qu'il ait pris une autre route .

Je vous répète que hors de vous et de M. Damilaville, je n'ai confié mon affliction à personne . Mme Denis m'a promis de garder le secret, et si elle en parle ce ne sera qu'à vous .

Vous ai-je dit qu'on imprime à Genève les ouvrages dangereux du savant Abauzit contre la Trinité, l'Apocalypse, l'éternité des peines et des mystères 3 ? cette édition fera beaucoup de mal . C'est un ministre calviniste qui s'en est chargé . Cela justifie bien votre article de Genève dans lequel vous avez raison en tout, excepté quand vous dites que le terrain est fertile ; car assurément il n'est fécond qu'en dissensions et en sophismes . Les querelles de Genève ressemblent parfaitement à une dispute de théologiens, on argüe depuis quatre ans sans vouloir s'entendre . Il n'y a aujourd'hui qu'un seul point sur lequel Genève soit d'accord, c'est sur le mépris et l'horreur que tous les honnêtes gens ont pour Calvin en étant calvinistes.

Riez, mon cher ami, et consolez un peu ce pauvre vieillard qui vous aime autant qu'il vous estime, et qui vous sera tendrement attaché jusqu'au dernier moment de sa vie .

V. »

1Original ; édition Charles Henry « Lettres inédites de Voltaire à d'Alembert d'après le manuscrit de la collection de M. Guillaume Guizot », Le Temps, 2 août 1884, qui omet tout ce qui concerne La Harpe (depuis [...] Si du moins M. de La Harpe ... jusqu'à Je vous répète que compris et ajoute en post scriptum un extrait de la lettre du 6 mars 1768 .

2 Wagnière .

3 Trois ouvrages d'Abauzit sont en préparation : Discours historique sur l'Apocalypse, 1770 [: https://fr.wikisource.org/wiki/Livre:Firmin_Abauzit-Disco... ;

Œuvres de feu M. Abauzit publiées par Manoël de Végobre, 1770, dont seulement le premier volume parut ;

et Œuvres diverses de M. Abauzit , édité par Paul-Claude Moultou, 1770-1773 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6259011n

24/10/2023

il ne dit pas un mot de tout ce qui était indispensable, et il dit des sottises énormes

... Jean-Luc [Mélenchon, bien sûr], tu es ridicule à force d'être bêtement vindicatif, et comme la grenouille de la fable, trop enflé tu crèveras . Tes colères sont creuses et ne sont évidemment pas un programme de gouvernement et de progrès . Jamais tu ne seras calife à la place du calife bien que tu fasses de la lèche aux électeurs musulmans . Ferme-la ! on a besoin de paix .

melenchon-0.jpg

https://www.lunion.fr/id528923/article/2023-10-10/lactu-v...

 

 

« Au chevalier Pierre de Taulès

A Ferney 5 mars 1768 1

Les trois quarts de la nouvelle édition du Siècle de Louis XlV sont imprimés, monsieur; et à moins que vous n'ayez quelques anecdotes sur le jansénisme, il ne m'est plus possible de vous en demander sur les affaires politiques. Je sais bien qu'il y a eu quelque politique dans les querelles des jansénistes et des molinistes mais en vérité elle est trop méprisable et c'est rendre service au genre humain que de donner à ces dangereuses fadaises le ridicule qu'elles méritent.

Quant au testament attribué au cardinal de Richelieu, vous pouvez, je crois, m'instruire avec liberté de tout ce que vous en savez, et en demander la permission à M. le duc de Choiseul, en lui montrant ma lettre. Mme la duchesse d'Aiguillon a fait chercher au dépôt des Affaires étrangères tout ce qu'elle a cru favorable à son opinion. Si vous avez quelques lumières nouvelles, je me rétracterai publiquement, et je dirai que le cardinal de Richelieu a fait en politique un ouvrage aussi ridicule et aussi mauvais en tout point qu'il en a fait en théologie. Mais jusque-là je croirai qu'il est aussi faux que ce ministre en soit l'auteur, qu'il est faux que celui qui ôte un moucheron de son verre puisse avaler un chameau 2.

La narration succincte, très mal composée par l'abbé de Bouzeis sous les yeux du cardinal de Richelieu 3, n'a rien de commun avec le testament. Elle démontre au contraire que le testament est supposé . Car, puisque cette narration récapitule assez mal ce qu'on avait fait sous le ministère du cardinal, le testament devait dire bien ou mal ce que Louis XIII devait faire quand il serait débarrassé de son ministre . Il devait parler de l'éducation du dauphin, des négociations avec la Suède, avec le duc de Weimar et les autres princes allemands, contre la maison d'Autriche; comment on pouvait soutenir la guerre et parvenir à une paix avantageuse; quelles précautions il fallait prendre avec les huguenots, quelle forme de régence il était convenable d'établir en cas que Louis XIII succombât à ses longues maladies, etc.

Voilà les instructions qu'un ministre aurait données, si en effet parmi ses vanités il avait eu celle de parler après sa mort à son maître . Mais il ne dit pas un mot de tout ce qui était indispensable, et il dit des sottises énormes, dignes du chevalier de Mouhi et de l'ex-capucin Maubert 4, sur des choses très inutiles.

Si vous voyez M. le chevalier de Beauteville 5, je vous supplie, monsieur, de vouloir bien lui présenter mon respect.

Aimez un peu, je vous en prie, un homme qui ne vous oubliera jamais. »

1Minute incomplète de la première phrase et des deux derniers paragraphes, avec mention de V* : « A M. le ch[evalier] de Taulès, 4 mars 1768 ». ; édition Supplément au recueil , également incomplète ;i a été suivie.

2Évangile de Matthieu, XXIII, 24 : https://www.aelf.org/bible/Mt/23

3 Voir, sur ce prétendu testament de Richelieu https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_2004_num_162_2_463456

5 Beauteville est alors à Paris avec Taulès.

Il faut être pour cela du métier des héros, et je n'ai pas l'honneur d'en être

... dira Emmanuel Macron, en Israël, à qui beaucoup reprochent de n'être pas assez engagé pour faire revenir cette région en paix, ménager Israël, ménager les Palestiniens et éradiquer Hamas : cul entre deux chaises !

Et pendant ce temps Mélenchon pourrit à grande vitesse . Même pas bon à jeter au compost .

 

 

« A Anne-Madeleine-Louise-Charlotte-Auguste de La Tour du Pin de Saint-Julien

M. Dupuits, madame, est allé à Paris vous faire sa réponse. J'en aurais bien fait autant que lui, si j'avais son âge mais il faut que [je] reste dans mon tombeau de Ferney.

J'ai envoyé ma nièce et ma fille adoptive à Paris, pour arranger de malheureuses affaires que vingt ans d'absence avaient entièrement délabrées 1. Ce sont bien plutôt leurs affaires que les miennes, car j'achève ma vie avec peu de besoins et si j'étais à Paris, mon premier devoir serait de vous faire ma cour. Il est vrai que je ne pourrais aller à vos rendez-vous de chasse -- pour les autres rendez-vous, ce n'est pas mon affaire . Il faut être pour cela du métier des héros, et je n'ai pas l'honneur d'en être.

Je vous souhaite, madame, autant de plaisir que vous en méritez. Agréez les vœux et les respects de votre très humble et obéissant serviteur.

V.

4è mars 1768 à Ferney

P. S. Ne lisez point, madame, ce plat rogaton 2; mais donnez-le à M. l'abbé de Voisenon, afin qu'il l'aiguise. »

1Dans sa lettre à Mme de Florian, du 4 avril 1768 (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113622/f10.item.t... ) Voltaire se plaint de l'humeur de Mme Denis. Les Mémoires secrets du 30 mars 1768 disent que la séparation venait de querelles domestiques. Wagnière (Mémoires sur Voltaire, etc., 1826, II, 269) dit que Voltaire chassa Mme Denis. Malgré ses graves sujets de mécontentement, le philosophe fit à sa nièce une pension de 20,000 francs.

2 Lettre de l’archevêque de Cantorbéry à l'archevêque de Paris.

23/10/2023

cela n'était clair que pour des hommes qui n'écoutent que la raison

... Qu'en est-il du conflit détestable Israel-Hamas : https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-pa...

1_XL+Gaza+Desktop.jpg

 

 

« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont

4è mars 1768

Mon cher patron des infortunés, le départ de ma nièce et de la petite-nièce du grand Corneille, qui vont passer quelques mois dans votre ville, et toutes les difficultés qu'on trouve dans nos déserts quand il faut prendre le moindre arrangement, m'ont empêché de vous remercier plus tôt de votre lettre du 12 février, et de votre excellent mémoire pour ces pauvres gens de Sainte-Foy. Franchement notre jurisprudence criminelle est affreuse . Les accusés n'auraient pas resté vingt-quatre heures en prison en Angleterre et nous osons traiter les Anglais de barbares, parce qu'ils ne sont pas si gais et si frivoles que nous! Leurs lois sont en faveur de l'humanité, et les nôtres sont contre l'humanité.

A l'égard des Sirven, pour qui vous aviez attendri tant de cœurs, je sais qu'on a ménagé le parlement de Toulouse, à qui on n'a pas voulu ravir le droit de juger un Languedochien 1, mais pourquoi vient-on de ravir au parlement de Besançon le droit de juger un Franc-Comtois? Fantet avait été déclaré innocent par ses juges naturels ; on l'envoie à Douai, à cent cinquante lieues de chez lui, pour le faire déclarer coupable, tandis qu'on livre les pauvres Sirven, les plus innocents des hommes, à la barbarie de leurs ennemis. Je respecte assurément le Conseil mais je pleure sur tout ce que je vois. Il est clair comme le jour que les pistolets n'appartenaient point à M. de La Luzerne ; mais cela n'était clair que pour des hommes qui n'écoutent que la raison, et non pour ceux qui sont asservis aux formes judicielles. Il n'y avait nulle preuve sur les pistolets, et il y en avait sur les coups d'épée donnés par derrière . M. de La Luzerne a été condamné dans la rigueur de la loi mais la loi ne disait pas qu'il dût lui en coûter la plus grande partie de son bien.

Je serai bien content des parlements, s'ils s'accordent tous à faire des feux de joie de la bulle du pauvre Rezzonico12. Il me semble que ce serait un bon tour à lui jouer que de déclarer qu'il paraît un certain libelle qu'on met impudemment sur le compte du pape, et que, pour venger cet outrage fait à Sa Sainteté, on jette au feu ledit libelle au bas du grand escalier. Voilà ce que j'appellerais une très bonne jurisprudence. Une bonne jurisprudence encore, et la meilleure de toutes, est celle qui met M. et Mme de Canon en possession de leur terre. Je leur souhaite toutes les prospérités qu'ils méritent . Ils connaissent mes respectueux sentiments.

V. »

22/10/2023

On va à Paris quand on veut pour sept louis et on y est en quatre jours

... On n'en est pas loin avec les fumeux tarifs SNCF et les grèves récurrentes .

sncf.jpg

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

4 mars 1768

Mon très cher ami, je ne sais point ce que vaudra la place dont je vous ai parlé, mais je sais qu'il suffira d’avoir un commis dans la ville et d'y aller de temps en temps . Vous seriez le maître de mon petit château où vous ne dépenseriez absolument rien . On va à Paris quand on veut pour sept louis et on y est en quatre jours ; mais ce beau rêve vous dis-je ne se réalisera pas : le malheur me poursuit depuis quelque temps .

Je vous répète qu'il est pour moi de la plus grande importance que l'infidélité de La Harpe soit constatée auprès de Mme Denis et de M. d'Alembert . Il n'est pas juste que j'aie tort quand j'ai été trahi si cruellement . Cette petite trahison de La Harpe a eu des suites bien funestes pour moi, mais enfin il n'y a rien de noir dans le procédé de La Harpe ; j'ai à me plaindre beaucoup de son ingratitude, de son esprit dur et orgueilleux, mais je respecte l'amitié que j'ai eue pour lui . Je l'ai servi, je le servirai . Je veux que son procédé soit ignoré du public, mais il faut absolument que M. d'Alembert lui fasse une correction fraternelle ou plutôt paternelle . Il faut qu'il rougisse de m'avoir manqué et que tout soit oublié . C'est à peu près ce que j'ai écrit à M. d’Alembert dans une lettre que La Harpe lui porte lui-même .

Je vous demande en grâce, mon cher ami, de parler fortement à ma nièce et à M. d'Alembert ; je vous le demande au nom de l'amitié . Jamais plus petite affaire n'a causé de chagrins plus violents . Allez voir ma nièce dès qu'elle sera à Paris . Je suis pénétré de douleur . Que votre amitié me console . Ecr l'inf.

M. Brossier 1 a reçu tous vos paquets . »

1 On a déjà rencontré cette forme qui fait penser à Boursier, alors qu'il s'agit évidemment de V* lui-même.