06/11/2023
je n'ai fait le merveilleux que par complaisance
... On croirait entendre le ci-devant Garde des Sceaux Dupont-Moretti , grand bavard s'il en est : https://www.lefigaro.fr/politique/une-infamie-devant-la-c...
Il n'est pas besoin d'être grand clerc pour deviner qu'il ne sera qu'égratigné ; en trois ans et demi il a eu largement le temps d'étayer sa défense, jeu d'enfant pour ce vieux briscard au carnet d'adresses bien rempli, et dossiers sensibles à disposition larga manu .
Quand lama fâché, lui faire comme ça ! Il va cracher fort !
« A François de Chennevières
18 mars 1768
Mon cher ami, les auteurs et les actrices ont cela de commun avec les princes, qu'on dit toujours des sottises d'eux quand ils n'en feraient pas. Je compte que vous aurez vu maman, et qu'elle vous aura bien détrompé. Elle est à Paris pour les affaires les plus pressantes, et moi je vais à Stutgard arranger les siennes avec M. le prince de Virtemberg, notre voisin, sur lequel nous avons la plus grande partie de notre bien. Je ne veux pas laisser en mourant les affaires embrouillées. J'ai été un petit duc de Virtemberg, je me suis ruiné en fêtes. Avec toute ma philosophie, je suis un plaisant philosophe ; mais je vous jure que je n'ai nul goût pour tout ce fracas, et que je n'ai fait le merveilleux que par complaisance.
Je vous demande en grâce de dire à M. le comte de Rochefort que je lui serai attaché jusqu'au dernier moment de ma vie, comme à vous et à la sœur-du-pot. »
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Je ne vous dirai point quelles suites cruelles votre aventure a entraînées
... Ô si !
Détestable Hamas, voilà tout un pays à feu et à sang ; femmes, enfants, hommes sans armes tombent sous vos coups, et ceux de votre adversaire qui ne sait plus ce qu'est la justice , frappant sans merci, écrasant aveuglément sans pitié , par vengeance et par peur . Qui peut vous obliger à un cesser-le-feu et apporter de quoi survivre aux malheureux qui sont pris dans cette nasse de Gaza ? Israeliens, êtes-vous aussi fous que votre adversaire ? Aujourd'hui, je le crois .
C'est inhumain !
« A Jean-François de La Harpe
17 mars 1768
Mon cher confrère,
Je ne vous dirai point quelles suites cruelles votre aventure a entraînées . Vous m'avez fait un mal que vous ne pouvez réparer, mais assurément vous n'avez pas eu la moindre intention de me nuire ; il faudrait que je fusse un barbare pour avoir de l'aigreur contre vous . Vous avez fait une grande étourderie ; d'accord ; mais j'en ai fait soixante et quatorze, attendu que j'ai soixante-quatorze ans . Je vous dirai avec Horace num minus est jucundus amicus 1 ?
Il ne faut avoir de la rancune que contre les Frérons qui ne travaillent que pour avilir les gens de lettres et la littérature, contre un Pompignan qui ose insulter l’Académie quand il vient faire son remerciement de l'honneur qu'elle lui a fait de l’admettre dans son corps, et qui ne parle des gens de lettres ses confrères que comme des ennemis de l’État et de la religion . Voilà ceux contre lesquels il est permis d'avoir un peu de colère . J'ai mandé à Mme de La Harpe ce que j'avais sur le cœur, et c'est une preuve bien sûre que le cœur est vrai , et qu'il est bien à vous . Je suis d'ailleurs dans l'affliction et dans le plus grand embarras . Ainsi pardonnez à une lettre si courte qui serait très longue, si je m’étendais sur les sentiments qui m'attachent à vous et à Mme de La Harpe , et si les affaires les plus désagréables ne me dérobaient des moments que je voudrais consacrer à l'amitié . »
1 D'après Horace, Satires, I, iii, 93-94 : Un ami en est-il moins cher pour autant ?
17:18 | Lien permanent | Commentaires (0)
quand les arbres auront des feuilles
... La "loi immigration" sera peut-être adoptée et décrétée ; qui sait ? En attendant , il n'est pas mauvais de savoir quelques chiffres et situations :
https://www.francetvinfo.fr/societe/immigration/infograph...
« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches
Le vieux solitaire de Ferney remercie bien tendrement monsieur le baron de Rebecque d'Hermenches, monsieur le major qui méritait d'être major général d'une armée. Il a eu la bonté de se prêter avec sa courtoisie ordinaire à la rédemption d'un captif, frère de mon ami Wagnière . Votre charmant colonel général 1 vient d’accorder le congé qu'on demandait, et il a mis dans cette grâce toutes celles qui sont dans son caractère .
Savez-vous bien, mon cher major, que je pourrais bien venir voir manœuvrer votre régiment quand les arbres auront des feuilles ? À la manière dont vous vous y prenez, ce régiment sera celui des frères bleus comme Cromwell avait dressé celui des frères rouges 2, mais il y aura cette différence que Cromwell formait des fanatiques et vous des honnêtes gens .
Mme Denis est allée à Paris avec ma fille adoptive Corneille Dupuits pour arranger un peu nos affaires que des soupers de deux cents convives, des bals, des comédies avaient extrêmement dérangées . De mon côté je pourrai bien aller rendre mes profonds respects à la chambre des finances de Mgr le duc de Virtemberg, peu philosophe frère de Mgr le duc de Virtemberg grand philosophe .
Je vous supplie, mon brave major, de vouloir bien me mettre aux pieds de M. le maréchal de L'Orge . Je ne sais pas s'il est philosophe, mais je sais qu'il m'accorde sa protection dont j'aurai peut-être besoin auprès de M. Goll, président (si je ne me trompe ) de la chambre de Montbéliard 3. Sur ce, je vous renouvelle les protestations de l’amitié la plus vraie que je conserverai pour vous jusqu’à mon dernier souffle .
Le vieux Suisse V.
Ferney 17è mars 1768. »
1 Choiseul .
2 V* oppose les habits bleus des soldats français aux habits rouges des anglais .
3 A propos du prêt hypothécaire au duc de Virtemberg et du rôle du Conseil de Montbéliard : https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwi18-3jkK-CAxUrTKQEHe81AjI4ChAWegQIChAB&url=https%3A%2F%2Farchive.org%2Fdownload%2Fvoltairecranci00volt%2Fvoltairecranci00volt.pdf&usg=AOvVaw2ydQDqEVVBWtZMflGDiFts&opi=89978449
11:41 | Lien permanent | Commentaires (0)
Moyennant cet accord, tout sera parfaitement en règle ; nous serons débarrassés, vous et moi, d'une discussion qui doit vous fatiguer beaucoup et qui désole
... Sera-ce l'introduction du juge de la Cour de la Justice de la République pour le procès intenté contre Dupond-Moretti, garde des Sceaux abusif et partial ?
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/11/05/p...
Franc comme un âne qui recule
« Au Conseil suprême de Montbéliard
Messieurs
J'ai reçu les deux billets de Son Altesse Sérénissime . J'en ai sur-le-champ donné avis à M. Jaquelot qui part dans quelques jours pour le Languedoc . Il me mande qu'il apportera l'argent chez moi avant de partir, en déduisant les deux années à cinq pour cent . Je suppose qu'il entend l'intérêt de soixante et dix mille livres pour la première année, et de trente-cinq mille pour la seconde . Il fera le compte lui-même .
Pour vous, messieurs, je me flatte que vous aurez la bonté de vouloir bien m'envoyer un double du compte que j'ai l'honneur de vous remettre, qui se montait à 51392 livres et qui à la fin du mois de mars où nous sommes se montera à la somme de soixante et six mille neuf-cent vingt-trois livres .
Il vous sera aisé, messieurs, de répartir cette somme sur plusieurs fermiers ou régisseurs qui donneront chacun leur soumission pure et simple de me payer au temps désigné, chacun de la portion qui lui sera assignée . Ils y joindront aussi la promesse de me payer de préférences à tous les quartiers de mes rentes, chacun dans le temps désigné par vous . Moyennant cet accord, tout sera parfaitement en règle ; nous serons débarrassés, vous et moi, d'une discussion qui doit vous fatiguer beaucoup et qui désole ma vieillesse .
J'ai l'honneur d’être, avec tous les sentiments que je vous dois,
messieurs
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.
A Ferney 16 mars 1768. »
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05/11/2023
queste coglionerie mi trastullano un poco . Elles me délassent de mille requêtes inconsidérées, et de mille propositions ridicules que je reçois tous les jours
... Mais qu'est-ce qui peut amuser un président en exercice comme Emmanuel Macron , qui manque visiblement de sommeil ?
Personnellement j'ai un fort faible pour les humoristes de France Inter : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/bouquet-l-humour-d-inter
« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul
16è mars 1768 1
J'ai reçu avec satisfaction la lettre de bonne année que vous avez pris la peine de m'écrire, en date du 4 de janvier. Je continuerai toujours à vous donner des marques de mes bontés; et, quoique vous radotiez quelquefois, j'aurai de la considération pour votre vieillesse, attendu que je connais votre sincère attachement pour ma personne, et les idées que vous avez de mon caractère. J'ai souvent fait des grâces à des Genevois quand vous m'en avez prié, quoiqu'ils ne les méritent guère. Ils m'ont excédé pendant deux ans pour leurs sottes querelles et quand ils ont obtenu un jugement définitif, ils ne s'y sont point tenus . C'était bien la peine que je leur fasse l'honneur de leur envoyer un ambassadeur du roi
Je sais que vous avez très bien traité les troupes que j'ai fait séjourner neuf mois dans vos quartiers, que vous avez fourni le prêt à la légion de Condé 2, que vous avez eu dans votre chaumière pendant deux mois M. de Chabrillant, et tous les officiers du régiment de Conti et si M. de Chabrillant, chargé des plus importantes affaires, a oublié de marquer sa satisfaction à Mme Denis, qui lui a fait de son mieux les honneurs de votre grange, je prends sur moi de vous savoir gré de votre attention pour les officiers, et des couvertures que vous avez fait donner aux soldats dans votre hameau.
Je n'ignore pas que le grand chemin ordonné par moi pour aller de l'inconnu Meyrin à l'inconnu Versoix, dans l'inconnu pays de Gex, vous a coupé quatre belles prairies, et des terres que vous ensemencez au semoir . Cela aurait ruiné l'homme aux quarante écus de fond en comble, mais je vous conseille d'en rire.
Tout décrépit que vous êtes, on ne dira pas que vous êtes vieux comme un chemin, car vous avez, ne vous en déplaise, soixante et quatorze ans passés, et mon chemin de Versoix n'a qu'un an tout au plus.
Je sais que vous avez pleuré comme un benêt de ce que j'ai opiné dans le Conseil contre la requête des Sirven . Vous êtes trop sensible pour un vieillard goguenard tel que vous êtes. Ne voyez-vous pas que toutes les formes s'opposaient à l'admission de la requête, et que, dans les circonstances où je suis, il y a des usages consacrés que je ne dois jamais heurter de front ?
Consolez-vous. Je sais que Sirven est dans votre maison avec sa famille . Elle est bien infortunée et bien innocente. J'en aurai soin, je leur donnerai, dans Versoix, un petit emploi qui, avec ce que vous leur fournissez, les fera vivre doucement. Je fais le bien que je peux, mais il m'est impossible de tout faire.
On m'a dit que La Harpe s'était pressé d'apporter à Paris votre second chant de la Guerre de Genève, qui n'était pas achevé . Il faut que vous le raccommodiez. Est-il vrai qu'il y a cinq chants?
Envoyez-les-moi, queste coglionerie mi trastullano un poco 3. Elles me délassent de mille requêtes inconsidérées, et de mille propositions ridicules que je reçois tous les jours.
Je veux que vous me donniez la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV . C'était un beau siècle, celui-là, pour les gens de votre métier. Je suis fâché d'avoir oublié de recommander à Taulès de vous fournir des anecdotes . Votre ouvrage en vaudrait mieux. C'est un monument que vous érigez en l'honneur de votre patrie . Je pourrai le présenter au roi dans l'occasion.
Portez-vous bien et si vous avez quelques petits calculs dans la vessie et dans l'urètre, prenez du remède espagnol 4, je m'en trouve bien. L'Espagne doit contribuer à ma guérison, puisque j'ai contribué à sa grandeur et à celle de la France par mon pacte de famille.
Bonsoir, ma chère marmotte je crois que je deviens aussi bavard que vous
Signé le duc de Choiseul.
15 mars 1768. »
1 Minute autographe que Wagnière a intitulé « folie à M. le duc de Choiseul » ; édition Kehl. Cette plaisanterie de V* consiste à envoyer à Choiseul la réponse qu'il est censé faire aux demandes et aux lettres de V* . c'est un amusant pastiche du style de Choiseul . V* récidivera cette plaisanterie le 21 mars 1768, avant même que Choiseul n'ait répondu à celle du 16 .
2 Le prêt est l'argent avec lequel les officiers font à leurs hommes l'avance de leur paie.
3 Ces couillonneries m'amusent un peu .
4 Le Phyllanthus Niruri : https://www.lanutrition.fr/comment-dissoudre-les-calculs-renaux-naturellement
12:11 | Lien permanent | Commentaires (0)
04/11/2023
il ne lui sera pas difficile de faire voir le faux
... Au contraire, jamais cela ne sera devenu plus difficile, à l'heure où vient d'être mise à disposition du dernier des péquins une batterie d'applications de modification de photos et vidéos . Il était déjà difficile de croire un nombre croissant de nouvelles , -fake news, oeuvres de malfaisants,- et voilà qu'on ne pourra plus se fier aux photos et vidéos d'amateurs, ce qui me fait penser qu'on en revient au temps des peintres qui mettaient en scène ce qui leur plaisait sans souci de vérité historique, à ceci près que nos contemporains sont essentiellement dénués de talents artistiques .
et un antidote parmi d'autres : https://www.pcastuces.com/pratique/astuces/4213.htm
Monkey face
« A Daniel-Marc-Antoine Chardon
16 mars 1768
Monsieur,
Comme M. l'abbé de Chardon, votre cousin, veut rendre à l’Église le service de réfuter la plupart des mauvais livres qui s'impriment tous les jours en Hollande contre la religion catholique, et qu'il m'a ordonné de lui envoyer sous votre enveloppe ce qui paraîtrait de plus virulent, je prends la liberté de lui faire tenir par vous ce petit écrit comique et raisonneur 1 dont il ne lui sera pas difficile de faire voir le faux . C'est dans cette espérance que j'ai l'honneur d'être avec beaucoup de respect,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
l'abbé Yvroye. »
1 Certainement la Relation du bannissement des jésuites de la Chine, 1768, attribué par la page de titre à « l'auteur du compère Matthieu », donc Du Laurens ; voir : https://www.fabula.org/colloques/document6431.php
Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Relation_du_bannissement_des_J%C3%A9suites_de_la_Chine
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03/11/2023
des indécences et des excès qui se commettent quelquefois dans les cabarets
... ne sont rien comparé à ce qui se passe dans et hors les stades de foot de la part de supporters abrutis . En passant, je rappelle, en toute logique cartésienne, que ce sont ceux qui poussent les cris de singes qui sont les singes et non pas ceux qui entendent . OL, OM, PSG, etc., etc., vous ne faites pas grand chose pour empêcher ces dangereuses dérives , il est vrai que l'argent que vous brassez est votre seul souci .
« A Pierre Gros
[mars 1768 ?] 1
Je prie monsieur le Curé d'avertir les paroissiens qu'on s’est plaint au parlement de Dijon des indécences et des excès qui se commettent quelquefois dans les cabarets à Ferney .
Les remontrances de monsieur le Curé mettront fin à ces plaintes, il inspirera le respect pour la religion et pour les mœurs.
Voltaire. »
1 Édition Renouard imprime cette lettre comme une sorte de post-scriptum à la lettre du 15 avril 1768 à Mgr Biord ( http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/07/correspondance-annee-1768-partie-15.html ) . La date proposée se fonde sur l'hypothèse que ce billet aurait précédé le sermon de Pâques de V*, suscité par les mêmes plaintes portées au parlement de Dijon .
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