28/09/2024
Vous vous êtes adressé, monsieur, à un homme très indigne des bontés dont vous l'honorez
... C'est ce qu'on peut rappeler, par exemple, à Joe Biden après sa rencontre avec Netanyahou, en juillet 2024 . Ce dernier est toujours aussi sanguinaire, c'est une folie qu'il faut arrêter immédiatement, trop de morts, trop de blessés, trop d'innocents sacrifiés dans les deux camps , trop de haine plantée pour des dizaines d'années .
« [Destinataire inconnu]1
Du 29 mars 1769 à Ferney par Genève
Vous vous êtes adressé, monsieur, à un homme très indigne des bontés dont vous l'honorez . Je sens tout votre mérite et celui de vos amusements . Mais quand on a soixante-seize ans et qu'on est accablé de maladies, on ne peut qu'applaudir à vos plaisirs sans les partager . Pardonnez à ma vieillesse et au triste état où je suis qui est bien plus près des De profundis que de vos chants l'allégresse, si je donne si peu d'étendue aux remerciements que je vous dois .
J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments qui vous sont dus, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
1 Copie contemporaine ; édition Ira O. Wade, « Some forgotten Letters of Voltaire », Modern language Notes, avril 1932, XLVII, 224 . [Une autre lettre du 29 mars pose un problème comparable à celui de la lettre reproduite à propos de celle du 27 mars 1769 à Thieriot . Il s'agit d'une lettre signée de Wagnière à la veuve Duchesne, connue par une copie de la main de Wagnière , passée à la vente Capelle à Paris le 6 juin 1849 . Écrivant en son nom et au nom de Christin et Bigex, Wagnière annonce que M. de Voltaire vient de subir une dixième attaque de fièvre, et ne sera pas en éta d'examiner davantage son catalogue . Ils ne font que leur dévoir en l'informant que l'article concernant Voltaire dans La France littéraire [anonyme de Joseph de La Porte et Jacques Hebraïl, republié à Paris, 1769 ], publié avec privilège et approbation, est plein de calomnies les plus infâmes que sa famille et ses amis ne peuvent tolérer . Ils joignent une version corrigée de l'article . Voir lettre du 10 avril 1769 à Mme Duchesne .
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27/09/2024
Je n’ai jamais vécu que dans des climats qui n’étaient pas faits pour moi
... Ce qui est le meilleur moyen d'apprendre à survivre en tout lieu ( et réaliser que la France est un beau pays) .
Sans toutefois atteindre le niveau de Mike Horn et Jean-Louis Etienne .
« A Cosimo Alessandro Collini, Secrétaire
intime de S.A.E. , Historiographe
etc.
à Mannheim
Je vous adresse, mon cher ami, un Palatin 1 qui est venu graver ma vieille et triste figure, dédiée à Son Altesse électorale. Je crois que c’est un des meilleurs artistes que monseigneur ait dans ses États.
Savez-vous bien que je vous écris à mon dixième accès de fièvre ? Je suis tout étonné d’être en vie . Mais, tant que j’y serai, soyez sûr que vous aurez en moi un bien véritable ami.
Nous avons ici un printemps qui ressemble au plus cruel hiver. Je crois que le climat de Florence vaut mieux que celui des Alpes et du Rhin. Les archiducs et les cadets de la maison de Bourbon règnent sur des climats chauds, ils sont bien heureux.
Je n’ai jamais eu le courage d’exécuter ce que j’avais toujours projeté, de me retirer dans un coin de l’Italie . Je n’ai jamais vécu que dans des climats qui n’étaient pas faits pour moi. Je vous félicite d’avoir une santé qui vous fait prendre les bords du Rhin pour ceux de l’Arno.
Adieu, mon cher ami ; je vous embrasse bien tendrement.
V.
À Ferney, 29è mars 1769.»
1 George-Christophe Waechter était graveur de l’électeur palatin ; il dessina à Ferney la tête de Voltaire d’après nature, et en fit une médaille en bronze, en 1770. Cette médaille est une des meilleures que l’on ait faites de Voltaire. (Note de Collini.)
Voir une note sur la lettre 25 octobre 1768 à Collini : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7693
et lettre du 17 juillet 1773 à Marin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/07/17/4463b34ce9370dee8e20850cbdecf439.html
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Le public est d'opinion / Qu'il eût dû faire / Tout le contraire
... Ou vice-versa .
Michel Barnier face au RN , profil bas; il a une petite chance de revanche quand Marine sera devant ses juges, c'est souhaitable, la truanderie a ses limites quand on veut diriger un Etat .
Comprenne qui peut . Tout le monde tire à hue et à dia . Dur dur pour arriver au but .
« A Nicolas-Claude Thieriot
27è mars 1769 1
Je suis, mon ancien ami, à mon neuvième accès de fièvre. Je vous envoie un de mes testaments 2 pour vous amuser. Vous avez bien fait de jeter la vue sur Préville3. Je suis charmé que vous soyez charmé du charmant poème de Saint-Lambert. Tâchez de tirer parti de la facétie du jeune magistrat 4, je crois que l’aréopage historique n'est pas riche en comédies . Tous les jeunes gens qui ont la rage des vers font des tragédies dès qu'ils sortent du collège . Bonsoir, je suis bien malade, mais j'ai encore de la force . Il est défendu aux malades de trop causer, ainsi je vous embrasse sans bavarder davantage . »
1 Original ; édition Kehl, incomplète et amalgamée avec la lettre du 28 avril 1769 ; édition Cayrol encore légèrement incomplète .
2 L’Épître à Boileau.
3 Pour la comédie Le Dépositaire.
4 La lettre suivante, du même jour , non signée, de la main de Bigex, publiée pour la première fois par Clogenson, pose un problème. Charrot la jugeait dictée par V*. Il semble plutôt qu'elle le fut par Dupuits . En tout cas ; elle est certainement adressée à Marin . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7516
« À M. ***.
27 mars 1769 dans la chambre du malade, à sept heures du matin .
« Monsieur, mon père ne vous écrit pas, parce qu’il est à son dixième accès de lièvre. Il vous prie de faire passer ce paquet à M. La combe.
« Voici une épître à M. de Saint-Lambert[1] qui est correcte. Vous êtes prié de corriger[2] ce vers dans celle À l’auteur du nouveau livre des Trois Imposteurs, que j’eus l’honneur de vous adresser le 14 :
Ils pourront pardonner au pincé La Blétrie ; mettez :
Ils pourront pardonner à ce dur La Blétrie.
P. S. Dans ma chambre.
« Voici encore un huitain[3] qui n’est pas nouveau ; je l’ajoute en cachette :
Un pédant dont je tais le nom/ En inlisible caractère / Imprime un auteur qu'on révère ;
/Tandis que sa traduction / Aux yeux du moins à de quoi plaire , / Le public est d'opinion
/ Qu'il eût dû faire /
Tout le contraire .
« Quand vous saurez le secret dont je vous ai dit un mot, vous ferez l’application de cet autre huitain à Arzame ; il est nouveau :
Ô toi dont les attraits embellissent la scène,
Toi que l’Amour jaloux dispute à Melpomène,
Séduisante Dubois[4], réponds à nos désirs.
C’est assez sommeiller dans le sein des plaisirs.
Ose enfin te placer au rang de tes modèles ;
La Gloire te sourit, et te promet des ailes.
Ose, et, prenant ton vol vers l’immortalité,
Fixe par le talent l’éclair de la beauté.
« Mon père vous embrasse tendrement ; on ne le croit pas en danger, sa fièvre diminuant chaque jour.
On eut hier les douze premières médailles. Prix en argent, pesant 4 onces, 36 fr. ; en cuivre, 6 fr. 12 sous, chaque médaille. »
-
↑ Voyez tome X, page 105. L’épître à M. de Saint-Lambert, datée du 31 mars 1769 . Cette épître, repaître à Boileau et l’épître à l'auteur des Trois imposteurs furent publiées ensemble, apparemment par Lacombe, sous le titre Les Trois Épîtres, 1769.
-
↑ Cette correction a été faite ; voyez tome X page 405.
-
↑ Cette actrice devait jouer le rôle d’Arzame dans la tragédie des Guèbres.
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26/09/2024
payables à courts termes
... Les déficits, tels que celui-ci :
Gros problème !
« A Gaspard-Henri Schérer, Banquier
à Lyon
J'ai l'honneur , monsieur, de vous envoyer trois lettres de change de :
787£
530 »
1336 »
2653£ 10s 2d . Total 2653 £ 10s 2d.
payables à courts termes à Lyon . Je vous prie de vouloir bien les faire payer et de m'en tenir compte.
J'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
V.
27è mars 1769 à Ferney.1 »
1 Original signé, cachet « Genève ». L'original est endossé « reçue 28 mars » , au premeir nombre est ajouté « fin avril » et aux deuxième et troisième « aux Rois ».
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25/09/2024
qui a reçu de l'Auteur de la nature un goût sûr et un génie qui promet les plus belles choses
... Oui, qui ? Chaque ministre est persuadé d'avoir ces qualités . La réalité les rattrape inexorablement , eux et leurs chefs de partis , élus qui ne cessent de se croire les flambeaux de millions d'électeurs et ne seront que quinquets à éteindre dès qu'ils toucheront à leurs finances .
« A Jacques Lacombe
Libraire
quai de Conti 1
à Paris
A F[erney] 27 mars 1769
Un malade qui est à son dixième accès de fièvre 2 a reçu avec une grande consolation la lettre de monsieur Lacombe pour qui sa tendre estime augmente tous les jours . Il le remercie d'avoir enfin rendu le Mercure un livre véritablement utile et agréable . Il a reçu aussi une lettre charmante de M. Dupaty, avocat général de Bordeaux et vient de lui faire réponse à Bordeaux tout faible qu'il est .
Il voudrait bien pouvoir insérer dans le Mercure quelques-unes de ses niaiseries ; mais la plupart ne sont pas niaiseries à privilège du roi . En voici une pour convertir les athées 3 . Il y a quelques vers qui peuvent marcher la tête levée ; et d'autres qui doivent se cacher . L’Épître à Boileau est à peu près dans le même cas à l’égard de quelques vers.
Monsieur de Lacombe est prié de communiquer l'épître contre les athées à M. de La Harpe qui n'est point athée et qui a reçu de l'Auteur de la nature un goût sûr et un génie qui promet les plus belles choses .
Le pauvre malade embrasse de tout son cœur monsieur de Lacombe .
N.B. qu'il a écrit à MM. Panckoucke et Cramer une lettre vigoureuse 4 dans laquelle il leur démontre qu'il ne faut pas fureter dans toute l'Europe les rogatons et les fadaises qui peuvent avoir échappé à un vieux bonhomme pour en faire un recueil immense et qu'on ne va point à la poste avec un si gros bagage . »
1 Ces trois mots ont été corrigés d'une autre main en rue Christine .
3 On y trouve le fameux « Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer. » : Épître à l'auteur du livre des Trois Imposteurs : https://fr.wikisource.org/wiki/%C3%89p%C3%AEtres_(Voltaire)/%C3%89p%C3%AEtre_104
4 Aucune lettre de ce genre à cette date ne nous est parvenue .
09:24 | Lien permanent | Commentaires (0)
la médecine consiste principalement in revendis impedimentis ; la diète fait le reste , et la nature encore plus
... " ôter ce qui cause de la gêne " . Le docteur Barnier a dû opérer immédiatement . Il n'a pas fallu longtemps pour que le premier couac survienne de la part d'Antoine Armand , mais qui est cet oiseau ? https://www.msn.com/fr-fr/actualite/other/retraite-dette-...
Son ramage sera-t-il égal à son plumage ? Flou !?
« A Gaspard Joly, Conseiller 1
d’État, etc.
à Genève
Le patient de Ferney remercie beaucoup monsieur Joly de toutes ses bontés ; il a déjà pris sa potion ; mais il s'est aperçu qu'il a des intestins encore farcis de glaires ; et c'est là le principe de toutes ses maladies . Les parties les plus fines de ces glaires corrompues sont pompées par les veines mésaraïques 2, entrent dans la masse du sang, et jusque dans la lymphe ; de là viennent ces rhumatismes et cette fièvre opiniâtre qui le minent depuis douze jours . Le peu de casse qu'il a pris a évacué, et n'a pas détergé . Ne conviendrait-il pas de prendre encore une dose de casse qui est un remède innocent, et de bien nettoyer les premières voies et les dernières ?
Le sirop de quinquina qu'il a pris ne pourrait lui nuire, et aurait même servi de préparation . Il me semble que la médecine consiste principalement in revendis impedimentis 3 ; la diète fait le reste , et la nature encore plus ; mais la nature ne peut pas grand-chose dans un corps faible qui est dans son soixante et seizième mois de mars .
Mille tendres respects .
V.
Lundi au soir 27è mars [1769]. »
1 Nommé conseiller en 1768 ; voir lettre du 27 avril 1768 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/12/30/nous-mettrons-tout-cela-au-net-dans-un-mois-6477846.html
2 Veines mésentériques .
3 À ôter ce qui cause de la gêne .
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24/09/2024
Lorsqu’on bâtit une ville nouvelle, les rues sont au cordeau ; tout ce qu’on peut faire dans les villes anciennes, c’est d’aligner petit à petit
...Les villes sont notre législation ; le travail ne va pas manquer à nos ministres sans avoir à y rajouter le temps perdu à discuter avec avec / contre ceux qui veulent revenir et abolir ce qui est déjà décidé .
« A Charles-Marguerite-Jean-Baptiste Mercier Dupaty 1
27è mars 1769au château de Ferney par Genève 2
Monsieur, vous me traitez comme un Rochelais, vous m’honorez de vos bontés, et vous m’enchantez. Je suis un peu votre compatriote, étant de l’Académie de la Rochelle. Mon cœur aurait été bien ému si je vous avais entendu prononcer ces paroles : Ce n’est pas au milieu d’eux que Henri IV aurait dit a Sully : « Mon ami, ils me tueront. »
Lorsque je lus le discours 3 que vous prononçâtes à l’Académie, je dis : « Voilà la pièce qui aurait le prix, si l’auteur ne l’avait pas donné. » Vous avez signalé à la fois, monsieur, votre patriotisme, votre générosité et votre éloquence. Un beau siècle se prépare ; vous en serez un des plus rares ornements ; vous ferez servir vos grands talents à écraser le fanatisme, qui a toujours voulu qu’on le prît pour la religion ; vous délivrerez la société des monstres qui l’ont si longtemps opprimée en se vantant de la conduire. Il viendra un temps où l’on ne dira plus : les deux puissances, et ce sera [à] vous, monsieur, plus qu’à aucun de vos confrères, à qui on en aura l’obligation. Cette mauvaise et funeste plaisanterie n’a jamais été connue dans l’Église grecque ; pourquoi faut-il qu’elle subsiste dans le peu qui reste de l’Église latine, au mépris de toutes les lois ? Un évêque russe 4 a été déposé depuis peu par ses confrères, et mis en pénitence dans un monastère, pour avoir prononcé ces mots : les deux puissances ; c’est ce que je tiens de la main de l’impératrice elle-même. Plût à Dieu que la France manquât absolument de lois ! On en ferait de bonnes. Lorsqu’on bâtit une ville nouvelle, les rues sont au cordeau ; tout ce qu’on peut faire dans les villes anciennes, c’est d’aligner petit à petit. On peut dire parmi nous, en fait de lois : Hodie quae manent vestigia ruris.5
Henri IV fut assez heureux pour regagner son royaume par sa valeur, par sa clémence, et par la messe ; mais il ne le fut pas assez pour le réformer. Il est triste que ce héros ait reçu le fouet à Rome, comme on le dit, sur les fesses de deux prêtres français. Nous sommes au temps où l’on fouette les papes ; mais, en les fessant, on leur paye encore des annates. On leur prend Bénévent et Avignon, mais on les laisse nommer, dans nos provinces, des juges en dernier ressort dans les causes ecclésiastiques. Nous sommes pétris de contradictions. Travaillez, monsieur, à nous débarbariser tout à fait ; c’est une œuvre digne de vous et de ceux qui vous ressemblent. Je vais finir ma carrière ; je vois avec consolation que vous en commencez une bien brillante.
Je vous remercie de la médaille dont vous daignez me favoriser . J’espère qu’un jour on en frappera une pour vous.
J’ai l’honneur d’être avec autant d'estime que de respect,
monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.»
1 Charles-Marguerite-Jean-Baptiste Mercier Dupaty, né, à la Rochelle en 1746, mort à Paris le 18 septembre 1788, auteur des Lettres sur l’Italie.
Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Mercier_Dupaty
et : https://books.google.fr/books?q=editions:0sazWMo4oHJeNk-3Fw&id=1oywkpIysBkC&hl=fr
2 Original signé ( marquis Du Paty de Clam ) ; édition Kehl .
3 Discours dont on trouve un passage dans le Mercure de janvier 1769, II, 142 – 144 ; ne semble pas avoir été imprimé séparément . Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k37466180/f142.item
4 Arsène, évêque de Rostov ; voir lettre du 29 juin/29 juillet 1766 de Catherine II : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-35175925.html
et voir Dictionnaire philosophique : Puissance: Les deux puissances : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome20.djvu/312
5 D'après Horace, Épîtres, lib. II, ep. i, v. 160. Trad. : Vestiges de la rusticité qui subsistent aujourd'hui . Le texte de l'édition Besterman « hodie quaemanent » est ici corrigé .
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