02/11/2023
il est doux d'avoir obligation à ceux qui sont au gré de tout le monde
... Les morts que l'on fête aujourd'hui ont-ils été aimés de tous pour services rendus , ou pour eux-mêmes ?
« A Jean-Chrysostome Larcher, comte de La
Touraille, Premier gentilhomme
de S.A.S Mgr le prince de Condé,
etc.
à l'hôtel de Condé
à Paris
15è mars 1768
Permettez que je vous dise, monsieur, la même chose qu'à Mgr le prince de Condé, que, si j'étais jeune et un de ses soldats, je ne demanderais pas mon congé.
Je suis enchanté que vous soyez content de M. le duc de Choiseul. Par ma foi, c'est le plus aimable ministre que la France ait jamais eu, et il est doux d'avoir obligation à ceux qui sont au gré de tout le monde.
J'aurais mieux aimé une épigramme de lui qu'une pension de M. de Louvois.
Réjouissez-vous bien, monsieur, il n'y a que cela de bon 1 après tout. J'envie M. de Chennevières, qui jouit du bonheur de vous voir quelquefois. Je ferais exprès le voyage de Paris, si ma santé, absolument perdue, me permettait de venir vous dire qu'il n'y a point de vieillard en Bourgogne qui vous soit attaché avec une plus respectueuse tendresse que le bonhomme
V. »
1 Réminiscence de l'Ecclésiaste, III, 12 : https://saintebible.com/ecclesiastes/3-12.htm
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01/11/2023
Il me vient des volées d'Anglais, je leur ferme la porte au nez
... Ou plus exactement d'anglais ! Juste retour de bâton après le Brexit ? Non pas . On tente, tant qu'il est possible de refouler les anglicismes : https://www.lefigaro.fr/langue-francaise/expressions-fran...
« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine, marquise de Florian
au château d'Hornoy
par Abbeville
15è mars 1768 à Ferney 1
Je reçois, ma chère nièce, votre lettre du 5 mars . Vous savez à présent que votre sœur est chez vous, et qu'il faut qu'elle arrange nos affaires avec le maréchal de Richelieu, tandis que je ferai des traités avec le duc de Virtemberg .
Vous savez aussi, peut-être, que M. de la harpe m'a fait une infidélité dont les suites m'ont coûté de violents chagrins . Mais il faut oublier ce procédé, pardonne[r] entièrement à La Harpe, et ne se jamais souveni[r de ce ] qu'il m'a fait par imprudence plutôt que par [avari]ce 2.
Vous vous imaginez donc, mes chers seigneurs d'Hornoy, que je ferai avoir dans quatre ans une lieutenance au très aimable Florianet ? Savez-vous bien que j'ai soixante et quatorze ans, et que dans quatre ans j'en aurai soixante et dix-huit ? Ma délabrée figure n'est pas assurément faite pour atteindre jusque là . Mais je vous jure que si les jansénistes me laissent vivre jusqu'à cet âge, je demanderai bien vivement cette lieutenance . Je ferai mieux . Si avant ce temps-là Atropos coupe mon vieux fil, je tiendrai une lettre toute prête qu'il n'y aura qu'à faire parvenir à M. le duc de Choiseul . Il aime la plaisanterie ; il exécutera mon testament je vous en réponds .
Me voici tout seul avec père Adam, après avoir eu deux cents personnes à souper, et après avoir donné la comédie . Le fracas ne me va point . La solitude me sied mieux. Je vais mettre en ordre toutes mes paperasses, [et] cela sera long . Ferney est la plus belle retraite qu'il y ait à cinquante lieues à la ronde . Vous ne sauriez croire combien le château et les jardins sont embellis, mais je n'y reçois personne . Il me vient des volées d'Anglais, je leur ferme la porte au nez . Mon goût pour la solitude est devenu ma passion dominante, mais elle est subordonnée à celle que j'ai pour vous deux.
V.
Cependant il a bien fallu recevoir aujourd'hui les Genevois des deux partis qui sont venus se réjouir chez moi et s'embrasser après avoir voulu s'égorger il y a huit jours . Tout est fini à la satisfaction du peuple . »
1 Original, post scriptum autographe, cachet « de Lyon » . Le manuscrit est endommagé par la cachet.
2 Ou malice ?
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Sans ces trois objets il faudrait demander l'aumône pour le présent ,... Je viendrai à bout de tout avec une sage économie
... Comprenez-vous maintenant pourquoi la première ministre use à tour de bras du 49-3 pour l'adoption du budget national ?
Souriez ! c'est la fête de tout le monde !
« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy
15è mars 1768
Mon cher magistrat, maman doit avoir reçu une lettre , adressée à son passage à Dijon pour être renvoyée à Paris dans votre maison . Je lui ai écrit depuis en droiture . Je ne lui écris point aujourd'hui afin de ne pas multiplier des ports de lettres sans nécessité, ce qui est un ancien axiome d'Aristote .
Je pense avec vous que l'abbé Blet est un goguenard qui amuserait un conseiller au Parlement pendant un an, avant de lui payer un écu, et je suis persuadé que M. le maréchal de Richelieu ne pourra pas tenir contre la présence et les besoins de Mme Denis .
Comme M. de Lézeau n'est pas si grand seigneur que monsieur le maréchal, gouverneur de Guyenne, premier gentilhomme de la Chambre, etc., je me flatte que le procureur boiteux le forcera de payer . Je me charge de M. le duc de Virtemberg . Sans ces trois objets il faudrait demander l'aumône pour le présent , Mme Denis m'ayant laissé quinze mille livres de dettes criardes à payer comptant . Je viendrai à bout de tout avec une sage économie .
Tous les procédés de La Harpe ont été bien cruels pour moi . Il m'a fait un mal qu'il ne pourra jamais réparer, mais il faut l'oublier et lui pardonner . La colère n'est bonne à rien ; les reproches sont inutiles, je lui ferais du mal , et je ne veux certainement pas lui en faire ; il n'est pas riche, il est marié, il a besoins d'avoir des protecteurs et de n'avoir point d'ennemis . Enfin n'en parlons plus ; ne songeons qu'à rendre maman heureuse, et vous aussi mon cher neveu, si je le puis, avant de rendre mon corps aux quatre éléments .
J'embrasse bien tendrement maman, et le gros abbé ; mettez vos grosses joues auprès de celles de ma fille adoptive, mais n'allez pas trop fort de peur de déplaire à mon capitaine que j'embrasse de tout mon cœur .
Avant de fermer ma lettre j'en reçois une de maman du 10 , avec un billet du capitaine et de marmousette 1. Maman aura sans doute reçu la lettre que je lui ai écrite à Dijon et deux autres à Paris . Je n'écrirai à maman qu'au premier ordinaire . Je la conjure de regarder l'affaire avec M. de Richelieu comme son objet principal, tout le reste viendra après . Je lui apprends que tout est à Genève dans une paix profonde . Plusieurs gens des deux partis sont actuellement chez moi et boivent du thé ensemble de la meilleure amitié . Il y a huit jours qu'on était prêt de s’égorger . Dites à Mme Denis que je ne suis pas si mal avec Dieu et le diable . »
1 Familier et vieux. Petit garçon / fille; homme / femme de petite taille.
Synonymes :freluquet (familier) - gamin - marmot - mioche (familier) - paltoquet (familier)
Voir l'histoire des Marmousets de Ferney , par l'abbé Boisson, créateur de cette institution charitable : https://ferney-en-memoire.fr/passe-simple/lieux-2/aux-marmousets/
et : https://www.youtube.com/watch?v=AEKEnWG3kI4&ab_channel=AlexD%C3%A9cotte
et : https://www.youtube.com/watch?v=-B3PFW678Xg&ab_channel=AlexD%C3%A9cotte
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31/10/2023
Tout ce que je puis dire, c'est que quiconque achètera Ferney fera un excellent marché
...Je crois bien que ça se vérifiera , l'Etat a fait une bonne affaire en 1999 en achetant le château du Patriarche , et les quelques millions d'euros investis ne sont pas des perles aux cochons : https://www.chateau-ferney-voltaire.fr/decouvrir/les-prop...
« A Pierre-Michel Hennin
15è mars 1768 à Ferney 1
Il est vrai, monsieur, que Ferney est à vendre, qu'on en a déjà offert beaucoup d'argent, et que j'en ai dépensé bien davantage pour rendre la maison aussi agréable et la terre aussi bonne qu'elles le sont aujourd'hui. Il est encore vrai que je la donnerai à celui qui m'en offrira le plus ; le tout, pour faire des rentes à maman car pour moi, je ne dois penser qu'à mourir. Tout ce que je puis 2 dire, c'est que quiconque achètera Ferney fera un excellent marché. Je pourrais en ce cas habiter Tournay, car je ne puis plus passer qu'à la campagne le peu de temps qui me reste à vivre.
Permettez que je vous embrasse le plus tendrement du monde .
V. »
1 Voir réponse de Hennin du 16 mars 1768 : lettre 7209 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411361p/texteBrut
2 Ces deux mots sont ajoutés par V* au-dessus de la ligne .
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Ô président de mon âme, quelle belle chose que la politique ! Comme on se moque de nous, et de la morale dont on se pare
... Vive la France et les patates frites ! Depuis Villers-Cotterêts jusqu'au reste du royaume franc !
A bas l'écriture inclusive , cette invention de coupeurs de cheveux en quatre, véritables emm..eurs.euses ! Petit point : image de leurs cerveaux .
« A Charles-Jean-François Hénault
A Ferney le 14 mars 1768 1
Non, mon illustre et cher confrère ; non, malgré toute ma tendresse et mon estime infinie pour vous, je ne reçois votre justification qu'en gémissant ; et je ne puis vous faire une excuse que ma douleur démentirait . Je n'ai point lu les additions 2 ; je ne savais pas même qu'il y en eût . Votre livre est chez le relieur et n'en reviendra pas sitôt ; je n’eus que le temps de lire l'article « Servet » dont on m’avait déjà instruit . Vous savez d'ailleurs que cet excellent ouvrage étant un dictionnaire des faits, des usages, des droits des compagnies, des lois principales, un homme de lettres peu savant, tel que je le suis, vous consulte quatre ou cinq fois par jour ; on lit l'article dont on a besoin, et on en profite . On ne va pas chercher les dissertations qui sont à la fin . Ces dissertations demandent une lecture suivie qu'on réserve pour les temps de loisir . J'ai donc lu « Servet », et j'ai été bien affligé . Je le suis d'autant plus que je sais certainement que Servet était un fou très honnête, et Calvin le plus malhonnête fanatique qui fut en Europe . C'était un maraud fait pour être grand inquisiteur, une âme atroce et sanguinaire, un monstre d'orgueil et de cruauté . Lisez sa lettre à un chambellan du roi de Navarre ; vous la trouverez tome III de l'Histoire générale, page 369, édition de 1761.
Ce n'est là qu'un trait léger de son caractère . Il n'y avait pas dans le parti opposé un homme plus haïssable que lui, et c’est beaucoup dire . J'ai été à portée dans mon voisinage d'apprendre des particularités de sa conduite qui font frémir .
D'ailleurs il ne s’agissait pas de tolérance entre Servet et lui . Servet n'était ni de son Église, ni de sa ville ; il passait son chemin sur la foi du droit des gens . C'était un voyageur tombé dans une caverne de voleurs .
Je vous répète que le meurtre de Calas est une action très pardonnable en comparaison de l'assassinat juridique commis sur la personne de Servet . Les juges de Calas ont été trompés par de faux indices ; mais les juges de Genève violèrent ouvertement tous les droits des nations . Servet ne demandait point la tolérance pour sa doctrine ; il ne demandait qu'à passer vite . Des cannibales en manteau noir se saisissent de lui, de son argent, et le brûlent à petit feu pour plaire à Calvin qui gouvernait la multitude . Aujourd'hui la moitié de la ville brûlerait Calvin et ceux qui oseraient lui ressembler. J'en ai appris de bonnes, vous dis-je . On apprend tous les jours, et c’est là ma grande consolation . Croiriez-vous bien, par exemple, qu'en 1667 Louis XIV fit un traité secret avec l'empereur, pour partager avec l'empereur les États de Charles II, roi d'Espagne, enfant qui était neveu de l'un et beau-frère de l'autre ? Je l'ai vu, ce traité ; je l'ai entre les mains .
Ô président de mon âme, quelle belle chose que la politique ! Comme on se moque de nous, et de la morale dont on se pare et de la religion dont on se dit le soutien ! Vous savez plaire aux hommes tout méchants qu'ils sont, et moi je les fais fuir . Il y a quinze ans que je ne vis réellement qu'avec moi-même, quoique j'aie été l’aubergiste de l'Europe ; je suis enfin retiré tout à fait, et je persisterai, à ce que je crois, jusqu’à la fin . Du moins, voilà comme je pense quant à présent 3, comme dit l'abbé de Saint-Pierre . Mais ce n'est pas quant à présent que je vous aime, c'est depuis cinquante ans, et jusqu’à mon dernier souffle .
Je ne date pas de si loin avec Mme Du Deffand, mais je ne lui suis pas moins attaché . »
1 Le manuscrit s'est trouvé autrefois dans les archives du château de Carrouges ( Orne ).
2 La huitième édition de l'Abrégé chronologique contient effectivement deux pages d’additions et de corrections, dont une se rapporte à Servet .
3 Dans le Dictionnaire philosophique, l'article « Influence » publié en 1771, V* écrit : « L'abbé de Saint-Pierre disait qu'il ne faut jamais prétendre avoir raison, mais dire : « Je suis de cette opinion quant à présent. »
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30/10/2023
il y en a de tracasseurs, d'envieux, de méchants, il faut les faire taire
... Qu'ils soient du gouvernement ou du plus humble O.S .
« A Marie-Marthe de La Harpe 1
16 mars 1768 à Ferney
Nos lettres se sont croisées, madame, ; mettez-vous, je vous en supplie, à ma place, pour un moment, sans rien diminuer des sentiments que vous avez, et que vous devez avoir pour M. de La Harpe .
Je crois vous avoir mandé que les représentants de Genève ont enfin gagné leur procès par leur union et par leur persévérance . Vous sentez combien il m'importait qu'on ne publiât pas la plaisanterie, innocente à la vérité, mais très dangereuse, qui pourrait ulcérer tous ces représentants mes voisins, tous gens un peu difficiles . Ce second chant qui lie les deux autres ne paraissant point, j'étais sûr que l'ouvrage ne serait point imprimé . Voilà pourquoi je l'avais refusé à des princes voisins qui prennent autant d'intérêt aux tracasseries de Genève qu'on les méprise à Paris . Je n'avais certainement donné ce manuscrit à personne ; il n’était jamais sorti de mon portefeuille, M. Wagnière qui écrit cette lettre sous ma dictée en est témoin . Cet ouvrage n’était point achevé, il s'en fallait de beaucoup .
M. de La Harpe l'emporte à Paris sans m'en rien dire, la donne à M. d'Alembert, à M. le comte de Rochefort, à M. Dupuits et à une dame, les copies se multiplient et il est trois mois s'en m'en avertir, lui qui me parlait dans chacune de ses lettres de toutes les nouvelles de la littérature .
Enfin tout l’ouvrage arrive en Suisse, il parvient à un libraire, et tout ce que je puis faire, c'est d'obtenir du libraire qu'il accepte une bonne copie au lieu d'une mauvaise et que l'ouvrage complet paraisse dans un meilleur état .
Vous savez, madame, que j'ai été extrêmement affligé, mais jamais en colère . En vérité M. de La Harpe aurait bien dû se jeter avec confiance entre les bras de l'amitié, prendre sur lui de me parler avec quelque douceur, chercher avec moi les moyens de réparer le tort qu'il me faisait ; il en était peut-être encore temps . Au lieu de prendre ce parti que je devais attendre de son amitié il me dit au bout de huit jours, c'est un nommé Antoine, sculpteur de la rue Hautefeuille, qui lui a donné la copie et qui le distribue dans Paris . J'envoie à Paris chez ce sculpteur, il répond que cela n'est pas vrai . Je me tais, et mon affliction redouble . Enfin M. de La Harpe m'écrit une lettre dure et insultante de sa chambre à la mienne , il part de chez moi sans donner la moindre marque d’attendrissement et de cordialité à son ami .
Cette aventure a eu je vous le redis encore, de suites plus douloureuses pour moi que vous ne pensez . J'ai plus d'un chagrin cruel à dévorer .
M. d'Alembert me mande que M. de La Harpe lui a avoué son tort, c'est-à-dire qu'il a eu une franchise qu'il aurait dû avoir avec moi, franchise que la mienne mérite, franchise qui m'aurait entièrement consolé ma tendre amitié et soulagé ma douleur .
Je n'écrivis à Paris sur cette affaire qu'à M. d'Alembert et à mon neveu le conseiller au Parlement . Je n'écrivis que pour savoir quelles mesures on pourrait prendre pour empêche la publicité . Non seulement, madame, il m'est impossible de nuire à M. de La Harpe, mais il m'est impossible de ne pas estimer ses talents, sa personne, et chercher à le servir . J'écrirai assurément tout ce que vous voudrez . Vous avez sur son esprit le crédit que vous devez avoir, et vous ne vous en servirez que pour fortifier dans son cœur l'amour des devoirs de la société qui doit contribuer à sa fortune et à la douceur de sa vie ; je ne suis en peine ni de ce que vous lui direz, ni de ce qu'il sentira .
On vous à trompée, madame,quand on vous a dit que j'avais voulu mettre sur la tête de mon neveu au Grand conseil la pension dont le roi m’honore ; il vous dira,quand vous voudrez, que rien au monde n'est plus faux ; il n'en a jamais été question .
On vous a trompée de même en vous disant que ma pension était supprimée . Je n'en ai jamais demandé le paiement . M. Bertin m'en fît payer quelques années en sortant du ministère des Finances, M. de Boulogne me manda le 14 août de l'année passée que monsieur le contrôleur général n'avait point retrouvé mon brevet dans ses bureaux . Je viens de le faire retrouver dans ceux de M. de Saint-Florentin .
Tout ce que je vous dis dans ma lettre, madame,est d'un bout à l'autre de la plus exacte vérité . Je vous épargne le récit de mes chagrins . Je suis très sensible aux vôtres .
Tout le mal vient, encore une fois, de ce que M. de La Harpe n’a pas eu assez de confiance en mon amitié . Il en porte la peine bien douloureusement, mais j'empêcherai, je vous le jure, que cette affaire lui fasse le moindre tort .
J'écrirai encore une fois tout ce qu'il faudra ; il est ridicule que cette bagatelle devienne une affaire sérieuse parmi les gens de lettres de Paris, il y en a de tracasseurs, d'envieux, de méchants, il faut les faire taire . Il faut que M. de La Harpe jouisse d'une gloire pure . Il faut surtout que l’amitié lui soit aussi chère que la gloire . Je me confie entièrement à vous, madame,je vous parle à cœur ouvert ; si M. de La Harpe avait eu outre ce manuscrit quelques papiers qui pouvaient être dans le même portefeuille, je le conjure par tous les sentiments que je conserverai toujours pour lui de n'en faire aucun usage , et de les brûler . Un papier très innocent peut être traité quelquefois en criminel . Je vous ai dit très naïvement tout ce que j'avais sur le cœur, soyez bien persuadée qu'il n'y a dans ce cœur qu'une amitié inaltérable pour vous, et pour monsieur votre mari 2. »
1 Née Marie- Marthe Monmayeux, épouse La Harpe depuis le 12 novembre 1764 , divorcera en 1793, mourra en 1794 . Voir : https://obvil.sorbonne-universite.fr/corpus/sainte-beuve/html/sainte-beuve_causeries-du-lundi-ed-03_05.html
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Voilà la dernière fois que je vous entretiendrai de cette abominable affaire ; je vous parlerai d'autre chose la première fois
... J'aimerais infiniment que cela soit vrai, mais la guerre israelo-palestinienne , déjà horrible va le rester encore longtemps, armée contre terroristes devenue armée contre tout ce qui vit sur un territoire ennemi ; parler d'autre chose sera juste avouer son impuissance à faire apporter un peu de miséricorde entre ces humains sanguinaires . L'Histoire est déjà trop riche en guerres pour ne pas y ajouter tant de destructions, marre du "tuez les tous, Dieu reconnaitra les siens !"
« A Etienne-Noël Damilaville
14 mars 1768
Mon cher ami, je vous demande instamment de lire ma lettre à Mme de La Harpe 1, de la lui envoyer, d'en conférer avec M. d'Alembert . Voilà la dernière fois que je vous entretiendrai de cette abominable affaire ; je vous parlerai d'autre chose la première fois . Voici encore un paquet que je recommande à vos bontés pour Mme Denis . Je me flatte que vous l'avez déjà vue . Mais quand vous reverrai-je ? »
1 Lettre du 16 mars 1768 que V* dut postdater de quelques jours pour donner à Damilaville le temps de la lire, sans doute de la copier et de la transmettre . Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/10/30/i...
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