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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je ne suis point embarrassé de moi, mais je le suis de ceux qui veulent bien joindre leur destinée à la mienne ; ceux-là

Bis repetita : à annoter sans tarder ...

See you later !

 

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 Fleurs immortelles, à l'image de Voltaire .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

 

 

Au château de Prangins, le 19 décembre [1754]

 

 

 

J'apprends, mon cher ami, qu'on a fait chez vous une nouvelle lecture des Chinois, et que les trois magots n'ont pas déplu ; cependant, s'il vous prend jamais fantaisie d'exposer en public ces étrangers, je vous prie de m'en avertir à l'avance, afin que je puisse encore donner quelques coups de crayon à des figures si bizarres . Voici le temps funeste où Royer et Sireuil vont me disséquer . Figurez-vous que j'avais fait donner à Pandore une très honnête fête dans le ciel par le maître de la maison ; je vous en fais juge . Un musicien doit-il être embarrassé à mettre en musique ces paroles :

 

Aimez, aimez, et régnez avec nous ;

 

Le dieu des dieux est seul digne de vous .

 

Sur la terre on poursuit avec peine

 

Des plaisirs l'ombre légère et vaine ;

 

Elle échappe, et le dégoût la suit.

 

Si Zéphire un moment plait à Flore,

 

Il flétrit les fleurs qu'il fait éclore ;

 

Un seul jour les forme et les détruit.

 

Aimez, aimez, et régnez avec nous ;

 

Le dieu des dieux est seul digne de vous .

 

Les fleurs immortelles

 

Ne sont qu'en nos champs ;

 

L’Amour et le Temps

 

Ici n'ont point d'ailes.

 

Aimez, aimez, et régnez avec nous .

 

Acte III

 

 

 

On a substitué à ces vers :

 

Les Grâces

 

Sont sous vos traces ;

 

Régnez,

 

Triomphez ;

 

Un tendre amour

 

Veut du retour .

 

 

 

C'est ainsi que tout l'opéra est défiguré . Je demande justice, et la justice consiste à faire savoir le fait .

 

 

 

Tandis que Royer me mutile, la nature m'accable de maux, et la fortune me conduit dans un château solitaire, loin du genre humain, en attendant que je puisse aller chercher aux eaux d'Aix en Savoie une guérison que je n'espère pas . Je vous rends compte de toutes les misères de mon existence . Ce ne sont ni les acteurs de Lyon, ni le parterre, ni le public, qui m'ont fait abandonner cette belle ville . Je vous dirai en passant qu'il est plaisant que vous ayez à Paris Drouin et Bellecour, tandis qu'il y a à Lyon trois acteurs très bons, et qui deviendraient à Paris encore meilleurs ; mais c'est ainsi que le monde va. Je le laisse aller, et je souffre patiemment . Je souhaite que ma nièce ait toujours assez de philosophie pour s'accoutumer à la solitude et à mon genre de vie . Je ne suis point embarrassé de moi, mais je le suis de ceux qui veulent bien joindre leur destinée à la mienne ; ceux-là ont besoin de courage . Adieu, je vous embrasse mille fois . »

 

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25/10/2011 | Lien permanent

Il est bien à souhaiter pour elle, et pour l'Allemagne, et pour l'Europe, qu'une bonne paix fondée sur tous les anciens

 ... Pour la paix des armes, c'est un point acquis, pour la fin de la guerre économique, il y a encore bien des choses à voir .

 Publication des ban(c)s François-Angela : mariage en blanc, ambiance glaciale

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« A Mme Sophie-Frédérique-Wilhelmine de PRUSSE, margravine de BAIREUTH

Aux Délices, 29 août 1757.

Madame, j'ai été touché jusqu'aux larmes de la lettre dont Votre Altesse royale m'a honoré 1. Je vous demanderais la permission de venir me mettre à vos pieds, si je pouvais quitter cette nièce infortunée, et j'ose dire respectable, qui m'a suivi dans ma retraite, et qui a tout abandonné pour moi; mais, dans mon obscurité, je n'ai pas perdu un moment de vue Votre Altesse royale et son auguste maison. Votre cœur généreux, madame, est à de rudes épreuves. Ce qui s'est passé en Suède, ce qui arrive en Allemagne, exerce votre sensibilité. Il est à présumer, madame, que l'orage ne s'étendra pas à vos États. Mais votre âme en ressent toutes les secousses, et c'est par le cœur seul que vous pouvez être malheureuse. Puissent de si justes alarmes ne pas altérer votre santé ! C'est sans doute ce que vous représentent mieux que moi ceux qui sont attachés à Votre Altesse royale. Il est bien à souhaiter pour elle, et pour l'Allemagne, et pour l'Europe, qu'une bonne paix fondée sur tous les anciens traités finisse tant de troubles et de malheurs; mais il ne paraît pas que cette paix soit si prochaine.
Dans ces circonstances, madame, me sera-t-il permis de mettre sous votre protection cette lettre que j'ose écrire à Sa Majesté le roi votre frère 2? Votre Altesse royale la lui fera tenir si elle le juge
convenable; elle y verra du moins mes sentiments, et je suis sûr qu'elle les approuvera. Au reste, je ne croirai jamais les choses désespérées tant que le roi aura une armée. Il a souvent vaincu, il peut vaincre encore mais, si le temps et le nombre de ses ennemis ne lui laissent que son courage, ce courage sera respecté de l'Europe. Le roi votre frère sera toujours grand, et, s'il éprouve des malheurs comme tant d'autres princes, il aura une nouvelle sorte de gloire. Je voudrais qu'il fût persuadé de son mérite personnel, il est au point que beaucoup de personnes de tout rang le respectent plus comme homme que comme roi. Qui doit sentir mieux que vous, madame, ce que c'est que d'être supérieure à sa naissance !
Je serais trop long si je disais tout ce que je pense, et tout ce que mon tendre respect m'inspire. Daignez lire dans le cœur de frère Voltaire. »

1 Lettre du 19 aout contenant la lettre/billet de Frédéric II citée dans le lettre du 29 août à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/12/13/il-y-a-des-sots-il-y-a-des-fanatiques-et-des-fripons-mais-je.html

« De Madame la margravine de BAIREUTH.
Le 19 août [1757].
On ne connaît ses amis que dans le malheur. La lettre que vous m'avez écrite fait bien honneur à votre façon de penser. Je ne saurais vous témoigner combien je suis sensible à votre procédé. Le roi l'est autant que moi.
Vous trouverez ci-joint un billet qu'il m'a ordonné de vous remettre. Ce grand homme est toujours le même. Il soutient ses infortunes avec un courage et une fermeté dignes de lui. Il n'a pu transcrire la lettre qu'il vous écrivait. Elle commençait par des vers. Au lieu d'y jeter du sable, il a pris l'encrier, ce qui est cause qu'elle est coupée. Je suis dans un état affreux, et ne survivrai pas à la destruction de ma maison et de ma famille. C'est l'unique consolation qui me reste. Vous aurez de beaux sujets de tragédies à travailler. Ô temps ô mœurs ! Vous ferez peut-être verser des larmes par une représentation illusoire, tandis qu'on contemple d'un œil sec les malheurs de toute une maison contre laquelle, dans le fond, on n'a aucune plainte réelle.
Je ne puis vous en dire davantage; mon âme est si troublée que je ne sais ce que je fais. Mais, quoi qu'il puisse arriver, soyez persuadé que je suis plus que jamais votre amie.
WILHELMINE. »

2 Cette lettre s'est perdue, on ne connait que la réponse de Frédéric du 9 septembre .

 

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14/12/2012 | Lien permanent

je m'intéresserai toujours au succès de la scène française ; mais je m'intéresse bien davantage aux frères et à la destr

... Et un dictateur de plus ! UN !! Erdogan .

Il semblerait bien que nos têtes de turcs aient perdu le sens de la démocratie, si tant est qu'ils l'aient eu un jour , ils semblent adorer être menés comme des moutons à l'abattoir . Enfin , je suis mauvaise langue : seulement un peu plus de la moitié des électeurs en territoire turc ( mais près des deux tiers de ceux qui vivent majoritairement en France et en Allemagne , pourquoi ? ) .

Ecrasons l'infâme ! est plus que jamais d'actualité, l'infection contre la liberté gagne du terrain , y compris par des élections, faisons en sorte qu'il n'en soit pas de même en France . 

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« A Etienne-Noël Damilaville

28 mai [1762] 1

Mon cher frère, je suis bien languissant ; je serai bien charmé de revoir frère Thieriot avant de mourir, et très fâché de ne vous avoir jamais vu ; mais en vérité je ne vous en aime pas moins .

Nous vous avons adressé en dernier lieu une lettre ouverte pour M. de La Chalotais 2, procureur général du parlement de Bretagne : quand je dis nous, j'entends celui qui tient la plume et moi . Je vous envoie un livre exécrable, mais votre ami veut l'avoir, et j'obéis à ses ordres .

Je voudrais savoir comment réussit la nouvelle édition du Dictionnaire de notre académie . Les étrangers se plaignent qu'il est sec et décharné, et qu’aucun des doutes qui embarrassent tous ceux qui veulent écrire, n'y est éclairci . Il est triste que nous ne puissions parvenir à donner un dictionnaire tel que ceux de la Crusca et de Madrid .

Je suis enchanté que Zelmire 3 réussisse . Je m'intéresse à l'auteur, et je m'intéresserai toujours au succès de la scène française ; mais je m'intéresse bien davantage aux frères et à la destruction de l'infâme qu'il ne faut jamais perdre de vue .

Valete, fratres . »

1 L'édition de Kehl ajoute en post scriptum de la présente lettre le premier paragraphe de la lettre du 4 juin 1762 au même , suivant la copie Beaumarchais, et suivie par toutes les éditions jusqu'à Cayrol .

3 Zelmire, tragédie de Pierre-Laurent Buirette de Belloy, avait été représentée le 6 mai 1762 au Théâtre-Français . Cideville en avait parlé à V* dans une lettre du 11 mai . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Laurent_Buirette_de_Belloy

et : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k74052m

 

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17/04/2017 | Lien permanent

Interim vale, Deum adora, superstitionem fuge, amicos ama, et vive laetus / En attendant porte toi bien, adore Dieu, fui

... Je ne connais pas au monde de souhaits plus sympathiques ! De tout coeur, que ma chère Mam'zelle Wagnière en soit la plus adorable bénéficiaire  .

 

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« A Jacob Vernes

[septembre 1761]

Le manuscrit prêté est de feu M. de La Persillière 1. Il y a un morceau sur Esaia de Justin . Le texte porte tenebrae factae sunt super universam terram 2. Je n'entends pas comment les choses ne se firent pas petit à petit . Je ne sais rien qui ne se soit fait ainsi à commencer par l'Empire romain .

Interim vale, Deum adora, superstitionem fuge, amicos ama, et vive laetus 3. »

1 Sur ce manuscrit, voir lettre de septembre-octobre 1761 et celle du 1er octobre 1761 au même ; il s'agit du fameux manuscrit de l'Ezour Veidam que V* croit très précieux .

2 Les ténèbres se firent sur toute la terre .

3 En attendant porte toi bien, adore Dieu, fuis la superstition , aime tes amis, et vis heureux .

 

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25/08/2016 | Lien permanent

Je n’en peux plus. J’ai bien peur de ne pas achever cette édition, et dire medium solvar et inter opus

... Heureusement, l'ami Voltaire aura encore seize années pour accomplir une oeuvre inégalable, avant de se dissoudre comme nous tous le ferons . J'ai parfois aussi la même crainte concernant ce blogounet, et puis je me requinque en voyant l'ouvrage formidable de Mam'zelle Wagnière, que vous connaissez sous le nom de LoveVoltaire , et qui, contre vents et marées, fait connaître ce génial humain , Voltaire .

 

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Blog = petite muraille de Chine

 

 

« A Charles Pinot Duclos

A Ferney 23 avril 1762

Il faut vous avouer, monsieur, que le théâtre de Ferney a fait un peu de tort à nos commentaires, et que nous avons, pendant quelques jours, abandonné Corneille pour Lekain. Nous avons fait de mademoiselle Corneille une assez bonne actrice, au lieu de travailler à l’édition de son oncle. Le commentateur, les libraires, la nièce  du commentateur, tout cela a joué la comédie. Cela n’a pas pourtant interrompu notre entreprise ; mais il y a eu du relâchement. Une autre raison encore qui a arrêté le cours de mes consultations, c’est que je me suis mis à traduire l’Héraclius espagnol, imprimé à Madrid en 1643, sous ce titre : La famosa comedia  en esta vida, todo es verdad, y todo es mentida , fiesta que se represento à sus Mayestades, en el salon Real del palacio 1. Le savant 2 qui m’a déterré cette édition, prodigieusement rare, prétend que sus Majestades veut dire Philippe et Elisabeth, fille de Henri IV, qui aimait passionnément la comédie, et qui y menait son grave mari. Elle s’en repentit ; car Philippe IV devint amoureux d’une comédienne 3, et en eut don Juan d’Autriche. Il devint dévot, et n’alla plus au spectacle après la mort d’Elisabeth. Or Elisabeth mourut en 1644, et mon savant prétend que la Famosa Comedia, jouée en 1640, fut imprimée en 1643 ; mais comme mon exemplaire est sans date, il faut en croire mon savant sur sa parole 4. Le fait est que cette tragédie est à faire mourir de rire d’un bout à l’autre ; les Mille et une Nuits sont beaucoup moins merveilleuses. Si quelque chose dans le monde a jamais eu l’air original, c’est assurément cette extravagance, dont aucun roman n’approche. Il suffit d’en lire deux pages pour être convaincu que l’auteur a tout pris dans sa tête. Je la ferai imprimer, afin qu’on puisse aisément apercevoir la petite différence qui se trouve entre notre Héraclius et la Comedia famosa.

Je dois vous donner avis que le premier volume, contenant seulement Médée et le Cid, est déjà si énorme, que je serai obligé de rejeter à la fin du dernier tome la vie de l’auteur, et les anecdotes et réflexions que je mettrai dans mon épître dédicatoire  à l’Académie. L’épître ne pourra plus contenir qu’un simple témoignage de ma respectueuse reconnaissance, et une note avertira que la Vie de P. Corneille se trouvera au dernier volume, avec quelques pièces curieuses. Cette vie, rejetée à ce dernier tome, fera au moins ouvrir quelquefois un tome que sans cela on n’ouvrirait jamais ; car qui peut lire la Galerie du Palais et la  Place-Royale ? Ce dernier tome sera uniquement destiné à la comédie, avec un discours sur la comédie espagnole, anglaise, et italienne ; mais il faut se bien porter, et je suis un peu sur le côté.

Je tâcherai de vous envoyer dans peu les remarques sur Rodogune et sur Sertorius.

J’ai repris cette lettre cinq ou six fois . Je n’en peux plus. J’ai bien peur de ne pas achever cette édition, et dire  medium solvar et inter opus 5.”

1 L'illustre comédie ; en cette vie, tout est vérité et tout est mensonge ; fête qui est représentée devant Leurs Majestés dans la salle royale du palais .

2 Mayans y Siscar , dans sa lettre du 14 février 1762 . Voir : https://es.wikipedia.org/wiki/Gregorio_Mayans

3 Maria Calderon, qui aura pour fils Don Juan dont le père est peut-être Philippe IV . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mar%C3%ADa_Calder%C3%B3n

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_IV_(roi_d%27Espagne)

5 Je me dissoudrai au milieu même de mon ouvrage ; Ovide, Amours, II, x, 36 . Chez Ovide, opus désigne spécialement l'acte amoureux .

 

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23/03/2017 | Lien permanent

Pour Dieu laissez-moi mon franc arbitre . Encore faut-il bien que j'aie mon avis . Dieu a permis à ses créatures de dire

... Tais-toi Pape !

 

Mis en ligne le 8/8/2017 pour le 8/10/2015

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grace Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental 1

Ô divins anges, jugez si je suis fidèle à mon culte . Je vais jouer Zopire 2, j'ai deux cents personnes à placer, je fais copier Tancrède, je vous écris . Où avez-vous pêché mes anges que j'avais un peu d'amertume, quand je suis pénétré de vos bontés ?

Je vous enverrais aujourd'hui Tancrède, si j'avais seulement le temps de faire un paquet . Qui, moi, de l'amertume – parce que j'ai pris le parti du 3è acte et que j'ai cru que Lekain me l'avait saboulé 3! Pour Dieu laissez-moi mon franc arbitre . Encore faut-il bien que j'aie mon avis . Dieu a permis à ses créatures de dire ce qu'ils pensent . Mon cher ange mandez-moi je vous prie où l'on en est de ce Tancrède, quel parti on prend .

J'ai envoyé un long mémoire à Clairon par Versailles – je vous écris aussi par Versailles . Je ne veux pas ruiner mes anges par mes bavarderies . Nous jouons donc Mahomet aujourd'hui . N'a-t-on pas fait cent critiques de Mahomet ? Cela empêche-t-il qu’elle doive faire un effet terrible, qu'elle ne doive déchirer le cœur ? Ah Gaussin, Gaussin, si vous aviez la centième partie de l'âme de Mme Rilliet ! Si on avait eu un Séide ! Pauvres Parisiens vous n'avez point d'acteurs qui pleurent .

J'ai un petit mot à vous dire mes anges ; c'est que presque toutes vos tragédies sont froides, et vos acteurs aussi excepté la divine Clairon, et quelquefois Lekain . Mes yeux se sont ouverts, mais trop tard . Je mourrai sans avoir fait une pièce selon mon goût .

M. le duc de Choiseul vous a-t-il montré la facétie de ma dédicace 4?

Avez-vous reçu un Pierre ?

Madame Scaliger ne soyez donc pas fâchée contre moi . C'est que je suis à vos pieds c'est que je vous aime et révère au pied de la lettre .

V.

8 octobre [1760] 5

Non par Versailles, mais par M. de Courteilles . »

1 L'édition de Kehl suivie par les autres éditions omet le post-scriptum .

2 Dans Mahomet .

3 Ce mot familier signifiait « arranger mal » et se disait par exemple d'une femme de chambre qui coiffait mal sa maîtresse ; on le trouve dans La Comtesse d'Escarbagnas de Molière .

4 Dédicace de Tancrède à Mme de Pompadour .

5 Date complétée par d'Argental .

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08/10/2015 | Lien permanent

Calfeutrez-vous, chauffez-vous bien, madame ; digérez ; jouissez de la société d'une amie charmante, et de la considérat

...

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« À Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de LUTZELBOURG.
Aux Délices, 16 décembre [1759]
Calfeutrez-vous, chauffez-vous bien, madame ; digérez ; jouissez de la société d'une amie charmante, et de la considération personnelle qui doit rendre votre vie agréable. On abrège ses jours dans le tracas des cours ; on les prolonge et on les rend sereins dans la retraite. Si je suis en vie, j'en ai l'obligation à ma campagne. J'ai acheté deux terres belles et bonnes auprès de mes Délices, par reconnaissance du bien que m'a fait la vie champêtre.
J'ai trois ports contre tous les naufrages : c'est là que je plains les folies barbares de ceux qui s'égorgent pour des rois. J'y ris de la folie ridicule des courtisans, et du changement continuel de scènes dans une très-mauvaise pièce. Les vers que vous m'envoyez ne donnent point envie de rire ; ils disent des vérités bien tristes. Il faut s'attendre à peu de gloire et peu d'argent. Passe pour le premier point. Le duc 1 de Lauraguais renonce à la gloire, et garde son argent; mais la France perd le sien.
Bonsoir, et mille respects.

 

V. »

 

1 Louis de Brancas, né en 1714, duc de Lauraguais, était le père du comte de Lauraguais. http://histoire-bibliophilie.blogspot.fr/2013/07/linfatigable-comte-de-lauraguais.html

 

 

 

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27/12/2014 | Lien permanent

qu'on voie leurs noms imprimés à la tête du programme, et qu'ils encouragent la nation à faire du bien

... Que tous les candidats à des élections (syndicales comprises) suivent quelques principes de base dont celui-ci :

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« A Anne-Robert-Jacques Turgot, 1 Maître

des Requêtes

En son hôtel

à Paris

Au château de Ferney par Genève

26è juin 1761 2

Il me faut tous les Turgot, monsieur, car il s'agit d’une bonne oeuvre . Il est question de montrer aux Anglais que nous savons comme eux honorer les beaux-arts, et le sang des grands hommes . M. d'Alembert vous aura dit peut-être quelle est mon entreprise . Je veux expier mes médiocrités et celles de mon siècle, en donnant une édition de Pierre Corneille avec des notes qui ne seront peut-être pas sans utilité . L'édition sera magnifique, et l'exemplaire ne coûtera que quarante livres ; elle se fait par souscription au profit des seuls descendants de Corneille qui portent son nom, et qui n'ont que ce beau nom pour héritage . Chaque académicien souscrit pour plusieurs exemplaires . Nous nous flattons que le roi, comme protecteur, sera à la tête des souscripteurs . Au reste nous sommes fiers, nous ne demandons point d'argent, on n'en donnera qu'en recevant le livre ; et on le recevra bientôt s'il se trouve beaucoup d'âmes nobles . Si Bernard, fils de Bernard, ne m'avait pas fait une horrible banqueroute, je ne serais pas dans cette peine . Donnez-nous des Turgot, monsieur, vous dis-je , et quelques-uns de leurs amis, qu'on voie leurs noms imprimés à la tête du programme, et qu'ils encouragent la nation à faire du bien .

Ayez la bonté d'envoyer votre réponse à M. Jannel qui me la fera tenir .

Mille respects.

Le Suisse V. »

2 L'édition Lettres inédites date à tort du 20 juin . Une autre main a noté sur le manuscrit : « Turgot 3/ ch[evalie]r Turgot 1 / abbé de Cacé [ ?] / abbé de Véri auditeur de Bot. à Rome / [ces deux lignes ensuite rayées sur manuscrit] Me Blondel 1 / M. Trud[aine de ] Mon[tigny] 1 / Me Dupré 1 / m[arqu]is de Cl[ermont] d'Amb[oise] 1/9. »

 

 

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01/06/2016 | Lien permanent

Mon avis est qu'on donne la moitié de son bien pour conserver l'autre, et pour mériter l'estime des Anglais

... Mais ces fichus partisans du Brexit qui ont remporté une victoire à la Pyrrhus (selon moi ), méritent-ils que les citoyens français fassent quelque sacrifice financier que ce soit ?

Non ! On se passe fort bien de leur estime . Et je ne donnerai pas la moitié de mon pantalon, et de mon caleçon,  pas plus qu'une manche de veste à l'outre-Manche .

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Adressez vous à St Martin

 

 

 

« A François de Chennevières

A Ferney du 4 novembre 1761

Que je suis honteux, mon cher monsieur, je vous remercie toujours très tard de votre prose aimable et de vos jolis vers 1. On a beau être tout entier aux grands vers alexandrins de Corneille, on doit de l'attention aux vôtres ; quoiqu'ils aient deux pieds de moins . Mais quand en ferez vous sur la paix ? Ce ne sera pas je crois sitôt . J'ai lu le Mémoire historique de M. le duc de Choiseul avec les yeux d'un citoyen . Mon avis est qu'on donne la moitié de son bien pour conserver l'autre, et pour mériter l'estime des Anglais . L'oncle et la nièce vous embrassent . »

1 On n'a pas cette lettre de Chennevières .

 

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05/11/2016 | Lien permanent

on sera bien aise d'apprendre à Genève, ce que c'est qu'un curé de France .

... Espèce en voie de disparition , tant de ce côté-ci de la frontière, qu'au-delà .

 

 

« A Gabriel Cramer

à Genève

[vers le 12 janvier 1761]

Monsieur Cramer est prié instamment de renvoyer l'original de la requête, signé de Croze, laquelle il a eu la bonté d'imprimer ; on sera bien aise d'apprendre à Genève, ce que c'est qu'un curé de France .

Le nommé Ancian, curé et assassin de village, a l'insolence d'intenter à de Croze un procès criminel en réparation d'honneur, et traite sa requête au lieutenant-criminel, de libelle diffamatoire ; il le somme de déclarer dans trois jours si ce libelle diffamatoire est de lui (de Croze ) ou de quelque autre ; tout cela est assez plaisant, pour un curé ajourné personnellement, dont les complices sont décrétés de prise de corps .

Le bon de l'affaire, c'est qu'en cas que de Croze soit assez imbécile pour désavouer sa requête et sa propre signature, il désavoue par cela seul toute sa procédure, et se soumet à payer tous les frais ; il ne sait pas la conséquence de ses fausses démarches ; il est absolument nécessaire que le géant 1 aille lui-même lui mettre un peu de cœur au ventre ; et il faut qu'il aille dans cette affaire à pas de géant .

Gabriel, Philibert, et tout le vieux testament sont trop bons huguenots, pour négliger cette affaire . Il me semble que c'est la cause du genre humain . Voilà ( par parenthèse ) comment toutes les affaires se sont traitées jusqu'à présent dans le pays de Gex .

Je supplie monsieur Gabriel de vouloir bien m'envoyer toutes les feuilles de Tancrède, avec le carton du 2è acte, et ce qui est imprimé de l'épître en postface à mon signore Albergati Capacelli, senatore di Bologna . »

1 François-Pierre Pictet .

 

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12/01/2016 | Lien permanent

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