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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

point de guerre civile, les citoyens sont trop riches pour se battre

... D'où la Révolution des pauvres de 1789 ?

Ras-le-bol !" : 100 Français nous disent pourquoi ils font grève le 5  décembre

Et en 2021 ?

 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

6è avril 1766 à Ferney

Madame, j’attendais, pour avoir l’honneur d’écrire à Votre Altesse Sérénissime, que je pusse lui envoyer le recueil des bagatelles dont quelques-unes l’ont amusée ; mais les petits troubles de Genève n’ont pu encore me permettre de satisfaire votre curiosité. On me fait espérer que j’aurai ce recueil dans quinze jours. Ces querelles de Genève, qu’on lui a peintes comme quelque chose de fort sérieux, ne sont au fond qu’une querelle de ménage ; il n’y en a jamais eu de si paisible, et les médiateurs sont tout étonnés qu’on ait fait tant de bruit pour si peu de chose. Les esprits sont en mouvement, mais il n’y a pas eu la moindre violence. Un étranger qui passerait par cette ville ne pourrait pas seulement deviner que les habitants ne sont pas d’accord. Ils disputent opiniâtrement sur leurs droits, mais avec une bienséance et une circonspection étonnante, et il n’y a point d’exemple jusqu’ici d’une discorde si paisible. Il semble que les ambassadeurs ne soient venus que pour leur donner à dîner. Les choses ne se passaient point ainsi à Rome du temps de Marius et de Sylla.

Il est vrai, madame, que, depuis environ douze ans, les esprits fermentent un peu dans une partie de l’Europe ; mais, si on excepte les cours de justice appelées en France parlements, cette fermentation est presque toute philosophique.

On se moque également des papes et de Luther, on secoue un respect servile pour des opinions ridicules ; la raison gagne, et l’autorité sacerdotale perd beaucoup 1. Les princes ne peuvent que gagner à cela, car il faut avouer que leurs plus grands ennemis ont toujours été les prêtres. Je suis bien trompé, ou l’on ne se battra plus pour des billevesées théologiques. C’est le plus grand bien que la philosophie pût faire aux hommes.

Quant aux Lettres de la montagne, elles ont un peu éveillé les citoyens de Genève ; mais elles ne causeront point de guerre civile, les citoyens sont trop riches pour se battre.

Je me mets aux pieds de Votre Altesse Sérénissime avec le plus profond respect.

V.

J’apprends dans le moment que la reine de France est assez mal 2, et qu’elle crache du pus. »

1 On lit en marge de ces trois lignes : Dans les affaires d’État.

2 Elle mourra deux ans plus tard . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Leszczynska

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12/07/2021 | Lien permanent

il écrase la partie adverse sous le poids des raisons et sous les traits du ridicule

... On  peut en dire autant des niaiseux déraisonnables du PS , voulant "être calife à la place du calife", ridicules avérés , chefaillons d'une troupe décimée .

Victoires à la Pyrrhus : https://www.laprovence.com/article/politique/159212299151...

 

 

« A Charles Bordes

26è juin 1767

Le mémoire que vous m'avez envoyé 1, mon cher confrère, est un des meilleurs que j'aie encore vus, il écrase la partie adverse sous le poids des raisons et sous les traits du ridicule. L'infâme chicane que vous attaquez n'a point de détours et de replis qui puissent la dérober au bras victorieux qui la poursuit. Je vous réponds que le mémoire sera imprimé; mais il faudra que vous nous aidiez à le distribuer aux juges. Dès qu'on aura fini une nouvelle édition du Bolingbroke 2, on se mettra tout de suite à votre mémoire. Je vous assure que vous rendez un grand service à l'innocence opprimée.

Oserai-je vous prier de vouloir bien revoir l'édition des Scythes, que Périsse devrait avoir finie il y a un mois? Il m'a envoyé les épreuves, qui sont pleines de fautes. Je lui en ai donné une liste de cinquante-trois . Mais j'ai oublié, à la page 13 : onvrons pour ouvrons. A la page 15, il faut un point après ce vers

Ma jeunesse peut-être en fut épouvantée.

A la page 33 :

Désespéré, soumis, mais surieux encore, etc.

il faut

Désespéré, soumis, mais furieux encore.

Je vous demande bien pardon de ma témérité et de ces détails; mais il faut que les confrères s'aident l'un l'autre, et je vous réponds que j'aurai attention aux points et aux virgules de votre mémoire. Je vous remercie encore une fois de me l'avoir envoyé ; j'espère qu'à la fin la bonne cause triomphera. Je vous en écrirai un jour davantage. Je vous embrasse et vous aime comme un frère. »

1 Peut-être Le Catéchumène dont il sera question un peu plus loin dans la lettre du 1er mars 1768 à d'Argental . Voir : https://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/voltaire-le-cathecumene-traduit-du-chinois.html

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14/01/2023 | Lien permanent

Le pain vaut quatre sous la livre ; il y a des gens de mérite qui n'en ont pas assez pour nourrir leur famille, et on a

... Volaire vise les moines ; de nos jours je viserais plus exactement nos ministres, sénateurs et députés qui n'ont guère de soucis pour alimenter leurs familles .

 

 

« A Jean-François Marmontel

de l'Académie française Chez

madame Geoffrin vis-à-vis les

Capucins, rue Saint-Honoré

1er janvier 1768.

Que voulez-vous que je vous dise, mon cher confrère ? Le pain vaut quatre sous la livre ; il y a des gens de mérite qui n'en ont pas assez pour nourrir leur famille, et on a élevé des palais pour loger et nourrir des fainéants 1 qui ont beaucoup moins de bon sens que Panurge ; qui sont bien loin de valoir frère Jean des Entommeures 2, et qui n'ont d'autre soin, après boire, que de replonger les hommes dans la crasse ignorance qui dota autrefois ces polissons. Tout ce qui m'étonne, c'est qu'on ne se soit pas encore avisé de faire une faculté des petites-maisons. Cette institution aurait été beaucoup plus raisonnable car enfin les petites-maisons n'ont jamais fait de mal à personne, et la sacrée faculté en a fait beaucoup. Cependant, pour la consolation des honnêtes gens, il paraît que la cour fait de ces cuistres fourrés tout le cas qu'ils méritent, et que, si on ne les détruit pas, comme on a détruit les jésuites, on les empêche au moins d'être dangereux. On n'en fait pas encore assez. Il faudrait leur défendre, sous peine d'être mis au carcan avec un bonnet d'âne, de donner des décrets. Un décret est une espèce d'acte de juridiction. Ils peuvent tout au plus dire leur avis comme les autres citoyens, au risque d'être sifflés; mais ils n'ont pas plus droit que Fréron de donner un décret. Les théologiens ne donnent des décrets ni en Angleterre, ni en Prusse, aussi les Anglais et les Prussiens nous ont bien battus. Il faut de bons laboureurs et de bons soldats, de bons manufacturiers, et le moins de théologiens qu'il soit possible . Tous ces petits ergoteurs rendent une nation ridicule et méprisable. Les Romains, nos vainqueurs et nos maîtres, n'ont point eu de sacrée faculté de théologie.

Adieu, mon cher ami; mes respects à Mme de Geoffrin.

Avez-vous reçu un paquet par M. Bouret ? Peut-on vous en faire tenir d'autres petits ? »

1 Allusion aux constructions de Citeaux, dont il est question dans le Pot-pourri et sur lesquelles V* est amené à revenir à l'occasion de L'Homme aux quarante écus . Voir XV page 275 de https://fr.wikisource.org/wiki/Pot-pourri

2 Panurge et Jean des Entommeures sont des personnages du Pantagruel de Rabelais .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pantagruel

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26/07/2023 | Lien permanent

Le roi Stanislas, monsieur, est mort comme Hercule, dont il avait le poignet

...

 

« A Philippe-Charles-François-Joseph de Pavée, marquis de Villevielle 1

10è mars 1766 à Ferney

Le roi Stanislas, monsieur, est mort 2 comme Hercule, dont il avait le poignet. L’un et l’autre ont été brûlés dans leur robe de chambre ; mais la carrière de Stanislas a été plus heureuse et plus longue que celle d’Hercule.

J’ai vu avec un extrême plaisir l’heureuse famille de M. de Marnesia 3. Je vous supplie de vouloir bien lui présenter mes compliments et mes remerciements.

Vous êtes toujours très regretté à Ferney, et surtout de votre très humble, très obéissant et très malade serviteur.

V. »

2 Stanislas est mort le 23 février 1766, âgé de quatre-vingt-neuf ans .

3 Ce personnage se retrouve sous le nom de Marnésiac dans la lettre du 29 novembre 1766 à Christin : « Je suis bien étonné que vous ne demandiez pas de nouveaux exemplaires des livres de jurisprudence que vous avez donnés à M. Guirand , et à M. le marquis de Marnésiac. » Il s'agit de Claude-François-Adrien, marquis de Lezay-Marnesia, écrivain de troisième rang, ainsi que son frère , Claude-Gaspard . Voir : https://data.bnf.fr/fr/12044658/claude-francois-adrien_lezay-marnezia/

et : https://www.idref.fr/028656059

et : https://www.geneanet.org/fonds/bibliotheque/?go=1&lang=fr&nom=lezay+marnesia&page=1&size=50

 

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21/06/2021 | Lien permanent

ils seront fort aises de voir leur créature lécher continuellement son oursin

... Et si la créature était Poutine , et l'oursin sa politique de cinglé assassin ?

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

1er décembre 1766

Je connais mes anges ; ils ne me sauront point mauvais gré de mes corrections ; au contraire, ils seront fort aises de voir leur créature lécher continuellement son oursin 1. Ils sont donc suppliés de faire mettre sur la pièce toutes ces corrections par un brave secrétaire qui ne haïsse pas les vers.

Peut-être le lundi 1er décembre, jour auquel j’écris à mes anges le matin, recevrai-je un mot de leur main bienfaisante ou foudroyante.

Je leur ai déjà mandé que l’exemplaire était parti le 19, adressé à M. le duc de Praslin ; que force corrections avaient suivi de poste en poste ; que j’avais envoyé à M. Jeannel un nouvel exemplaire du Commentaire sur les Délits pour M. le duc de Praslin. Enfin j’ai fait mon devoir à chaque courrier. Hier, je fis lire la pièce au coin de mon feu à Cramer, non pas à Philibert Cramer, le prince, mais à Gabriel Cramer, le marquis ; lequel est très bon acteur, et sent ce qui doit faire effet. Il a pleuré et frémi.

Mais ce qui me fait frémir, moi, c’est que les comédiens de Paris vont jouer Les Suisses 2, et que mes Scythes, venant après, ne paraîtront qu’une copie ; je perds à la fois le piquant de la nouveauté et l’agrément de mon alibi. Voilà probablement bien de la peine inutile.

Au reste, mes anges, vous serez farcis de pièces nouvelles cette année. Vos plaisirs sont assurés ; mais moi misérable, je n’ai d’autre consolation que celle de chercher à mériter votre suffrage.

Enfin donc, nous allons avoir le mémoire pour les Sirven. Je recommande cette véritable tragédie à vos bontés.

Respect et tendresse. 

V.»

1 Le mot oursin vient d'être admis dans le Dictionnaire de l'Académie de 1762 pour désigner l'échinoderme, et non l'ourson . On le trouve cependant employé pour désigner un bonnet à poil, comme un doublet d'ourson . Voir : https://www.bertrand-malvaux.com/fr/p/30075/bonnet-a-poils-de-sous-officier-des-grenadiers-a-pied-de-la-garde-imperiale-modele-1808-1815-premier-empire.html

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03/03/2022 | Lien permanent

Il n’y a certainement pas un instant à perdre

... pour remettre en place les mesures de protection anti-virales , vacances ou pas vacances, ça urge , crême solaire, OK, masque encore plus OK . Déjà trop de morts .

 

 

« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont

Avocat en Parlement

à Paris

16è février 1767

Mon cher Cicéron, vous venez de faire pleurer le bonhomme Sirven de tendresse et de reconnaissance. Recevez mes nouveaux remerciements ; ajoutez à toutes vos bontés celle de dire à M. Target 1, votre ami, combien je suis touché de ce qu’il veut élever sa voix en faveur des filles de Sirven. Je vous réponds que ce bon homme ne s’adressera pas à d’autres qu’à vous. Les Calas étaient conduits par cinq ou six protestants du Languedoc, et Sirven n’a d’appui que moi ; il ne peut ni ne doit se conduire que par mes conseils et par vos ordres. Vous savez avec quelle impatience j’attends votre mémoire imprimé. Il n’y a certainement pas un instant à perdre. M. Chardon m’a mandé qu’il serait bientôt prêt, malgré l’affaire de la Cayenne 2, qui lui prend tout son temps ; il est humain, il est philosophe et bon juge ; je compte sur lui comme sur vous. Vous aurez la gloire d’écraser deux fois le fanatisme ; et les protestants, éclairés d’ailleurs par votre excellent mémoire contre M. de La Roque, ne seront plus fâchés contre Mme de Canon 3, à qui je présente mes très tendres respects.

N. B. -- Vous ferez très bien d’avertir, par une note, que ces longs délais ne doivent être imputés ni aux Sirven ni à vous. La note est nécessaire, et je vous en remercie. Je vous suis aussi tendrement attaché que si j’avais vécu avec vous.

V. »

1 Gui Jean-Baptiste Target, avocat, né le 17 décembre 1733, mort le 7 septembre 1807. Il a été membre de l’Assemblée constituante.

2 L'enquête concernant l'échec de l'entreprise en Guyane est toujours en cours . On se souvient que l'initiative de cette opération est de Choiseul, qui en a entretenu V* dans une lettre du 27 novembre 1763

Voltaire reparle de cette affaire dans la lettre du 6 décembre 1763 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/11/29/ce-prince-reste-la-pendant-cinq-actes-comme-un-grand-nigaud-6109034.html

3 La dispute concernant les biens de Mme de Beaumont est relative à la propriété de Canon .

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06/07/2022 | Lien permanent

Ils commencent à n’aimer que les tours de passe-passe et les tours de force

... Ainsi sont les partis d'opposition, confrontés à une majorité relative, avec leurs appels aux manifestations virulentes et leur habitude de cacher leurs propres lâchetés . Vos blocages de roquets apeurés  doivent avoir une fin ; vous allez être gâtés en tour de passe-passe : vous le voyez venir le 49-3 ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

10 Avril 1767 1

Je reçois, mon cher ami, votre lettre du 3è avril . Coqueley a certainement approuvé les infamies de Fréron sur la famille Calas 2. J’en suis certain ; mais, pour ne pas compromettre M. de Beaumont, retranchons ce passage. Je crois que vous pouvez très bien faire imprimer la lettre , par Merlin, avec l’addition que je vous envoie . Cette publication me paraît essentielle. Au reste les Velches sont bien velches ; mais il faut les forcer à goûter le noble et le simple. Ils commencent à n’aimer que les tours de passe-passe et les tours de force. Le goût dégénère en tout genre ; c’est aux Français à ramener les Velches. Je n’ai reçu encore ni le ballot, ni les mémoires pour Sirven, ni aucun envoi de Lyon. Je suis dans la position la plus désagréable et la plus gênante. Pourquoi faut-il que je sois dans un désert, et séparé de vous !

Je ne doute pas que vous n'ayez communiqué le premier chant de la guerre civile à Mme de Florian . J’ai pris la liberté de tirer une petite lettre de change sur vous en faveur de Briasson qui m'envoie des livres beaucoup trop chers par la voie de Dijon, lesquels me parviendront probablement dans six mois . »

1 Copie par Wagnière ; l'édition de Kehl ajoute un paragraphe tiré d'une autre lettre du 21 mars 1767 aux premières lignes du début, que donne seulement la copie Beaumarchais ; Beuchot complète, mais conserve cependant le paragraphe en question au lieu du second paragraphe originel .

2 Voir : https://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/191-charles-coqueley-de-chaussepierre

« Coqueley est pris entre les réclamations de Fréron et la colère de Voltaire : « Pourquoi laisse-t-on impuni le censeur de L’Année littéraire qui donne son infâme approbation», demande-t-il ? (D9737). C'est pourquoi C. avait demandé à Voltaire, en pleine affaire Calas, de le dissocier des attaques dont il était l'objet dans le journal de Fréron: «Je vous sais très bon gré», lui répond Voltaire, «d'avoir séparé votre cause de la sienne» (24 avril 1767, D14139). »

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27/09/2022 | Lien permanent

La chose presse ; j’attends tout d’un cœur comme le vôtre

... Appel à chaque dirigeant en Europe et au-delà, tous les démocrates encore actifs . Le coeur parlera sans doute, obligatoirement soutenu par le portefeuille, si on veut bien rester réaliste . Seul le résultat sera pris en compte .

https://images.bfmtv.com/Q-rvnMbgIjaUqabUSPgDwW8Bkro=/0x0:1280x720/1280x0/images/Ne-restez-pas-silencieux-l-appel-de-Volodymyr-Zelensky-aux-Europeens-en-integralite-1362939.jpg

 

 

 

« A Marie-Françoise-Catherine de Beauvau-Craon, marquise de Boufflers-Remiencourt 1

Au château de Ferney, par Genève, 10è décembre [1766]

Madame,

Si mon âge et mes maladies me l’avaient permis, je serais sûrement venu vous faire ma cour, et à M. le prince de Beauvau, quand vous avez passé par Lyon. Vous allez en Languedoc ; votre premier plaisir sera d’y faire du bien. Je vous propose, madame, une action digne de vous, et dont tous les honnêtes gens de France vous auront obligation.

Il y a dans Toulouse un avocat célèbre, nommé M. de Sudre, qui osa seul défendre les Calas 2 contre l’abominable fanatisme qui a fait expirer sur la roue un vieillard innocent. Les Toulousains, ayant enfin ouvert les yeux, ont élu d’une voix unanime M. de Sudre pour premier capitoul ; la ville en présente trois, le roi en choisit un . Les deux autres n’ont point été nommés unanimement comme M. de Sudre. Il a pour lui de longs services, et l’honneur d’avoir seul protégé l’innocence, lorsque tout le monde l’abandonnait et la calomniait.

Je vous conjure, madame, d’obtenir que M. le prince de Beauvau soit le protecteur de ce digne homme auprès de M. le comte de Saint-Florentin . C’est une très grande obligation que je vous aurai à tous deux, et que je partagerai avec quelques millions d’hommes. La chose presse ; j’attends tout d’un cœur comme le vôtre.

Je suis avec un profond respect et un attachement inviolable,

de vous et de M. le prince de Beauvau

madame

le très humble et très obéissant serviteur.

Voltaire. »

2 Voir : Mémoire pour le sieur Jean Calas , négociant de cette ville, dame Anne-Rose Cabibel son épouse & le sieur Jean-Pierre Calas un de leurs enfants : https://tolosana.univ-toulouse.fr/fr/recherche/solr?page=...

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10/03/2022 | Lien permanent

je prends la liberté de vous envoyer pour vos étrennes un petit éloge de l’hypocrisie

... Adressé au premier ministre qui doit se faire bien voir des membres de son gouvernement , lesquels sont aux aguets pour remporter les palmes de bonne conduite .

"Lève les yeux, parle en citoyen libre :

Sois franc, sois simple; et, sans affecter rien,

Essaye un peu d'être un homme de bien."

 

NDLR- Rédigé le 6 mai pour parution le 27 avril 2022 .

 

 

« A Frédéric II, landgrave de Hesse-Cassel

À Ferney, le 13 janvier 1767 1

Monseigneur,

Comme je sais que vous aimez passionnément les hypocrites, je prends la liberté de vous envoyer pour vos étrennes un petit éloge de l’hypocrisie 2, adressé à un digne prédicant de Genève. Si cela peut amuser Votre Altesse sérénissime, l’auteur, quel qu’il soit, sera trop heureux.

Votre Altesse sérénissime est informée, sans doute, de la guerre que les troupes invincibles de Sa Majesté très chrétienne font à l’auguste république de Genève. Le quartier général est à ma porte. Il y a déjà eu beaucoup de beurre et de fromage d’enlevé, beaucoup d’œufs cassés, beaucoup de vin bu, et point de sang répandu. La communication étant interdite entre les deux empires, je me trouve bloqué dans ce petit château que Votre Altesse sérénissime a honoré de sa présence. Cette guerre ressemble assez à la Secchia rapita 3; et si j’étais plus jeune, je la chanterais assurément en vers burlesques 4. Les prédicants, les catins, et surtout le vénérable Covelle, y joueraient un beau rôle. Il est vrai que les Genevois ne se connaissent pas en vers ; mais cela pourrait réjouir les princes aimables qui s’y connaissent. La seule chose que j’ambitionne à présent, monseigneur, ce serait de venir au printemps vous renouveler mes sincères hommages.

J’ai l’honneur d’être, etc.

Voltaire.»

1 L'orignal signé est passé en vente chez Charavay à Paris le 18 mars 1899 .

2 Cette pièce en vers a été publiée pour la première fois dans les Honnêtetés littéraires sous le titre « Maître Guignard, ou De l’hypocrisie, diatribe par M. Robert Covelle », parmi les Satires : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome10.djvu/147

4 Par ce passage on voit que V* a commencé à écrire La Guerre civile de Genève : https://books.google.fr/books?id=Gy8HAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

 

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27/04/2022 | Lien permanent

on a fait tout ce qu'on a pu pour profiter de ses observations judicieuses

... Déclaration du Sénat avant délibération avec le Parlement, pour Elisabeth Borne, à propos du projet de loi concernant les retraites . 49-3 ? ou pas ?

 

 

« A Henri-Louis Lekain

17 juillet 1767

Mon cher ami, je reçois votre lettre du 8 de juillet. J'attends tous les jours l'édition des Scythes, faite à Lyon, pour vous l'envoyer, c'est la seule à laquelle on doive se tenir. Elle est faite entièrement selon les vues de M. d'Argental , on a fait tout ce qu'on a pu pour profiter de ses observations judicieuses. Il est vrai que le rôle que vous voulez bien jouer dans cette pièce ne convient pas tout à fait à vos grands talents, et n'a pas ce sublime et cette terreur que vous savez si bien mettre sur la scène. Athamare est un très jeune homme, amoureux, vif, pétulant dans sa tendresse, un jeune petit cheval échappé, et puis c'est tout. Il est fait pour un petit blondin nouvellement entré au service. Mais vous savez vous plier à toute sorte de caractères.

Si vous jouez le Droit du seigneur, comme je l'espère, je donne le rôle d'Acanthe à Mlle Doligny, celui de Colette à Mlle Luzy, celui du fermier Mathurin à M. Montfoulon ; ce sont les dispositions que M. d'Argental a faites lui-même.

A l'égard d'Olympie, je suis persuadé que cette pièce, remise au théâtre, vous vaudra quelque argent mais il est absolument nécessaire de la jouer comme je l'ai faite, et non pas comme Mlle Clairon l'a défigurée, elle a cru devoir sacrifier la pièce à son rôle, supprimer et changer des vers dont la suppression ou le changement ne forme aucun sens. On a surtout dépouillé le cinquième acte de ce qui en faisait toute la terreur et l'intérêt. Une actrice assez bonne, qui a joué Olympie à Genève, ayant restitué tous les endroits supprimés ou altérés par Mlle Clairon, a eu un succès si prodigieux que la pièce a été jouée six jours de suite.

Si vous jouez l'Orphelin de la Chine 1, je vous prie très instamment de la donner aussi telle qu'elle est imprimée dans l'édition des Cramer. Vous devez avoir cette édition et, si vous ne l'avez pas, elle est chez M. d'Argental.

Voici encore un petit mot pour l'Écossaise, que je vous prie de donner à l'assemblée. Nous allons ce soir jouer L'Orphelin de la Chine. M. de Chabanon et M. de La Harpe travaillent pour vous de toutes leurs forces. J'aurai du moins le plaisir de voir mes amis soutenir le théâtre auquel mon grand âge, mes maladies, et peut-être encore plus mes ennemis, me forcent de renoncer. Je vous embrasse de tout mon cœur. 

V.»

 

1 Cette pièce ne fut reprise que le 11 janvier 1769.

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10/02/2023 | Lien permanent

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