Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné
quoique j'aie l'air de n’avoir rien à faire
... Je n'en pense pas moins .
« A Élie Bertrand
Aux Délices 7 octobre 1758
Mon cher ami, je suis parfois un paresseux, un négligent . Je comptais vous écrire en vous envoyant les sept tomes encyclopédiques, mais ils sont encore à Dijon . Préparez toujours vos matériaux . Adressez-les au sieur Briasson, libraire à Paris , rue Saint Jaques car je pourrais bien faire encore un petit voyage . Je n’ai encore lu aucun des journaux italiens 1, je n'en ai pas eu le temps quoique j'aie l'air de n’avoir rien à faire . Je les ferai relier quand j'en aurai un certain nombre et alors je les lirai . Je me flatte que l'année prochaine M. de Freydenrick viendra dans nos cantons et que vous serez de la partie . Je regarderai les jours que je passerai avec vous comme les plus agréables de ma vie . Je vous embrasse du meilleur de mon cœur . Aimez-moi tout paresseux que je suis .
V. »
1 Voir lettre du 18 février 1758 à Bertrand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/06/14/q...
15/11/2013 | Lien permanent
Genève me paraît un peu plus gaie que du temps passé ; c'est qu'elle est plus riche et plus éclairée
... Et surtout plus cosmopolite !
« A Jacob Vernes
[octobre – novembre 1758]
Ce mauvais temps me tue, mon cher abbé : je ne peux aller à la comédie, et je suis bien las de la détestable tragédie que je vois qu'on joue sur le théâtre de l'Europe ; c'est contre cette mauvaise pièce que Jean-Jacques devrait écrire […] Voilà donc deux Diogène, Rousseau et Marcet 1. Votre Genève me paraît un peu plus gaie que du temps passé ; c'est qu'elle est plus riche et plus éclairée . Continuez cette Histoire 2 et songez que Genève n'a jamais été plus heureuse qu'aujourd'hui [...] »
1 Isaac Ami Marcet de Mezières avait publié un Diogène à la campagne, comédie dont l'action se passe à Karouge, près d'Athènes . Pour ses relations avec Rousseau voir : http://etat.geneve.ch/dt/archives/page_precedente-66-5637-13288.html et http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2069932.r=Isaac+Ami++Marcet+de+Mezi%C3%A8res.langFR
2 Vernes avec Antoine-Jean Roustan ne publiera jamais son Histoire de Genève . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacob_Vernes
et http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/800-jacob-vernes
29/11/2013 | Lien permanent
Je joue avec la vie . Voilà la seule chose à quoi elle soit bonne et ce qui la rend encore plus agréable ce sont des ami
... Pour me ruiner, le fisc suffit à mon bonheur, c'est un jeu où les dés sont pipés . Heureusement, c'est une activité trop peu ludique pour y consacrer beaucoup de temps .
Le vie réserve heureusement d'agréables rencontres amicales, et Mam'zelle Wagnière est la plus importante de ma vie . Continuons à jouer avec Voltaire !
« A Jean-Robert Tronchin
à Lyon
Aux Délices 27 novembre [1758]
Voici encore , mon cher monsieur,un prêtre 1 qui m'emprunte 50 louis . A la bonne heure ; il faut avoir des amis partout . Je lui donne une lettre de change que Panchaud de Berne tirera sur vous . Cela sera rendu probablement dans le paradis .
J'ai encore besoin d'une de vos bontés . Il me faut de la monnaie d'argent du roi très chrétien et un peu d'or . Si vous avez trois cents louis dont vous ne sachiez que faire, deux cent cinquante en or, et cinquante en pièces de vingt-quatre sous, de douze sous, vous me donneriez grande facilité pour mes états de Ferney où l'on ne connait guère ce vil métal .
Je me ruine, je le sais bien , mais je m'amuse . Je joue avec la vie . Voilà la seule chose à quoi elle soit bonne et ce qui la rend encore plus agréable ce sont des amis comme vous .
V. »
18/12/2013 | Lien permanent
je suis condamné par la nature à planter des choux quand vous allez cueillir des lauriers
... Question de goûts !
Du chou ou du laurier, je choisi le chou (dans lequel tout garçon nait ) naturellement !
« A Louis-François-Armand du Plessis , duc de Richelieu
Si j'étais moins vieux, moins infirme, je n'écrirais point à mon héros, je viendrais en Allemagne, je serais témoin de sa nouvelle gloire . Mais monseigneur , je suis condamné par la nature à planter des choux quand vous allez cueillir des lauriers .
J'aurai du moins des protecteurs auprès de vous, MM. de Châteauvieux 2 qui se chargent de ma lettre ont l'honneur et le plaisir de servir sous vous . Ce sont de braves gentilshommes de nos cantons qui se sont mis à aimer la France de tout leur cœur et qui vont l'aimer bien davantage en combattant sous vos ordres .
Ils ont levé il y a quelques années des compagnies à leurs dépens . Il sont fils d'un des chefs les plus respectables de la république de Genève . Comme je suis genevois six mois de l'année et que me voilà dans mon semestre, je n'ai pu choisir de meilleurs garants de mon tendre et respectueux attachement pour vous . Je suis extrêmement attaché à toute leur famille et je ne me conduis pas maladroitement avec vous en prenant pour vous faire ma cour les plus sages et les plus braves officiers du monde qui ambitionnent autant que moi de vous plaire.
Recevez avec votre bonté ordinaire le profond et tendre respect du Suisse .
V.»
2 Fils de Michel Lullin, seigneur de Châteauvieux, qui occupa diverses charges publiques à Genève . Antoine et Jea-Louis, officiers du régiment de Diesbach ( Antoine fut tué à Sondershausen en 1758), et Jacques-André qui leva le régiment de Châteauvieux et fut fait marquis par Louis XVI ; d'autres membres de la famille furent aussi au service de la France .
07/12/2012 | Lien permanent
Il y a en France deux nations celle des honnêtes gens, et celle des sauvages. C'est le pays des contrastes
... Choisis ton camp, camarade !
Et que le meilleur gagne !
“A M. le président Germain-Gilles-Richard de RUFFEY 1
à Dijon
A Monrion, près de Lausanne, 6 février [1757].
Il y a quelques jours, monsieur, que j'ai fait partir à votre adresse, par Pontarlier, un paquet de quelques livres qui sont au coche ou à la messagerie, et qui vous seront rendus à votre premier ordre, en cas que quelque méprise dans l'adresse n'ait pas permis qu'on les portât chez vous. Si vous jetez les yeux sur cette histoire, vous n'y trouverez rien de plus fou et de plus atroce que ce qui se passe aujourd'hui dans Paris. Voilà la suite du jansénisme et du molinisme et des querelles des prêtres. Il y a en France deux nations celle des honnêtes gens, et celle des sauvages. C'est le pays des contrastes. J'ai bien fait de choisir le pays de l'uniformité. Si j'avais de la santé, je serais heureux et je vous écrirais de plus longues lettres. Comment va monsieur le premier président de La Marche ? Comptez que personne ne vous est plus attaché que le Suisse V. »
1 Voir entre autres : http://www.archive.org/stream/histoiresecrte00rich#page/n7/mode/2up
29/09/2012 | Lien permanent
L'amiral Byng ne parait pas le plus expéditif des hommes; il ne songe pas que la vie est courte
... Et à tout prendre, je fais en sorte de ne pas y songer non plus . Finirai-je comme l'amiral ? Je préfère ne pas me trouver dans une aussi mauvaise position, ce qui risque peu d'arriver, peut-être par le fait que mes dons de navigateur se limitent à barrer des dériveurs en eau douce et à ramer sur barque, yole à quatre ou skiff . Volti me défendrait-il ? J'ose le croire !
Comme nous sommes en période de vacances d'été ...
http://www.ouest-cornouaille.com/la-mer-par-excellence_po...
« A M. Jean-Robert TRONCHIN, DE LYON
Monrion, 27 mai. [1756]
Nous espérons apprendre la prise du fort Saint-Philippe par le premier ordinaire. L'amiral Byng ne parait pas le plus expéditif des hommes; il ne songe pas que la vie est courte 1, et qu'il faut presser sa besogne. M. de Richelieu est un peu plus alerte. »
1 V* ne croit pas si bien dire, car ce malheureux amiral vaincu par les Français se verra condamnné à mort et sera exécuté malgré sa défense entreprise par V* et le témoignage du maréchal de Richelieu . Ce sera un des épisodes de Candide .
09/07/2012 | Lien permanent
tout le monde veut avoir les pieds chauds pour mieux raisonner
... Et la tête froide ! Ce qui me conduit à conseiller de bonnes chaussettes à nos élus et décideurs lorsqu'ils ont à ramener des affaires sur la moquette le tapis, et ne pas avoir la tête trop près du bonnet .
Don Quichotte lui aussi affirme que Sancho Pança .
Petits pieds d'un raisonneur en couches-culottes
« A Jean-Robert TRONCHIN
à Lyon
A Lausanne 9 septembre [1757]
L'insatiable Mme Denis ne finira-t-elle point d'exercer la bonté et la patience de Monsieur Tronchin et M. Camp ? Elle dit qu'il lui faut des tapis de pied . Elle prétend qu'après tant de bons offices ces messieurs ne seront pas poussés à bout . Elle les supplie de lui faire obtenir deux 1 cents aunes de ces grosses moquettes à fond rouge à carreaux à compartiments dans le goût des tapis de Turquie . Elle dit qu'il y en a partout en France, que tout le monde veut avoir les pieds chauds pour mieux raisonner, que ces tapis coûtent trois livres l'aune, que c'est même une étoffe plus forte que la moquette ordinaire . En un mot elle se recommande à la faveur de Monsieur Tronchin . Prenez donc en gré ma requête mon cher monsieur et pardonnez aux importuns . On dit la paix du parlement faite . Je voudrais bien que celle de l'Europe le fût aussi . Nous retournons aux Délices où nous attendons vos ordres .
V. »
1 Le mot deux a été ajouté au dessus de la ligne manuscrite .200 aunes = 800 pieds soit à peu près 89 mètres, ce qui donne une petite idée de la taille des pièces au Chène .
17/12/2012 | Lien permanent
de quoi ne viendriez-vous pas à bout ?
... Ma chère Mam'zelle Wagnière dont le silence m'inquiète !
Votre silence est le même que celui de votre barrage préféré dont vous connaissez les entrailles et qui laisse passer en ce moment les sédiments relachés par un de ses proches voisins, le barrage de Vert-Bois en Suisse . Monstrueux tas de cochonneries dont une partie va aller jusqu'à la Méditerranée, et l'autre va être déblayée je ne sais où . Travail pharaonique .
Je suis allé le voir samedi .
Un petit peu de la terre de Ferney passera à vos pieds ces jours prochains .
Génissiat amont
« A M. Jean-Robert TRONCHIN,
de LYON
Délices, 10 mars 1756.
Songez que cette berline peut servir à nous mener à Lyon, en cas que le conseil de ville me commande une inscription pour son théâtre, et une tragédie pour la dédicace. Tout serait prêt aux ordres de la ville. Mais il serait impossible de faire la dédicace sans prendre Mlle Clairon pour grande prêtresse. Vous seriez bien homme à arranger tout cela, car de quoi ne viendriez-vous pas à bout ? »
Je vous souhaite toujours aussi bouillonnante que ces flots que j'ai vus avec émotion sachant que vous les avez affrontés sur une modeste coquille de noix il n'y a pas si longtemps que celà .
11/06/2012 | Lien permanent | Commentaires (1)
Vous me ferez grand plaisir de m'apprendre les nouvelles sottises de ce bas monde,
... Sources inépuisables d'articles de journaux de toutes sortes, pâture de gogos, masque à misères .
Dédié à "cette belle âme logée dans un corps droit comme un jonc", aux yeux d'or , et qui aime Volti
« A M. Pierre PICTET
Professeur en droit.
Monrion, 29 janvier [1756]
En vous remerciant, mon cher professeur, très-tendrement de votre souvenir, et très-tristement des nouvelles publiques. Le diable est déchaîné sur terre et sur mer 1. Laissons-le faire, et vivons tranquilles au bord de notre lac. Vous me ferez grand plaisir de m'apprendre les nouvelles sottises de ce bas monde, et encore plus de me mander que vous et votre aimable famille vivez heureux et tranquilles.
Quand je suis à Nyon 2, je voudrais marier à Nyon certains grands yeux noirs, certaine belle âme 3 logée dans un corps droit comme un jonc. Quand je suis à Lausanne, je voudrais la marier à Lausanne et, lorsque je suis aux Délices, je lui souhaite un conjoint de Genève. Madame sa mère est bien regrettée ici. Nous n'avions qu'un chagrin c'était de ne vous point avoir à Monrion.
Je pense que Mme Pictet a eu la bonté de parler de foin et d'avoine , j'en suis honteux je la remercie. Colombier nous offre du foin, je ne m'en soucie guère. Totus humilix servus. »
3 Mlle Lolotte Pictet, à laquelle est adressé le billet de mars 1756 (à Charlotte , fille de Pierre ); voir page 13 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f58.image.r=3185.langFR
12/05/2012 | Lien permanent
pour n'avoir pas imprimé au plus vite le sermon qui désarmera la vengeance divine, et après lequel il n'y aura jamais de
« A MM. les frères CRAMER 1
A Monrion, près de Lausanne, 16 décembre 1755.
Vous êtes, messieurs, trop bons chrétiens, et vous avez malheureusement trop de part à l'aventure de Lisbonne pour n'avoir pas imprimé au plus vite le sermon qui désarmera la vengeance divine, et après lequel il n'y aura jamais de tremblement de terre. Je me flatte que vous aurez eu la bonté d'envoyer les premiers exemplaires au prédicateur; je vous prie de vouloir bien m'en donner avis, afin que je puisse me vanter à lui d'avoir coopéré à cette œuvre pieuse.
S'il vous manque encore quelque chapitre profane pour compléter certains mélanges, vous n'avez qu'à écrire à un profane, à Monrion, et il sera votre manufacturier.
Mes obéissances à Mmes Cramer et à M. de Courbone. J'embrasse tendrement les deux frères 2.
V. »
2 Le cachet de cette lettre est de cire rouge, avec armoiries. La dernière ligne seule semble être de la main de Voltaire.
Frères Cramer : http://www.cavi.univ-paris3.fr/phalese/desslate/dico0314.htm
25/04/2012 | Lien permanent