Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Il paye bien cher sa réputation par l'avidité de ceux qui se servent si souvent de son nom pour tromper le public

 

fontaine je ne boirai pas de ton eau.JPG

Fontaine, je ne boirai pas de ton eau !

 

 

 

« DE MADAME DENIS

A M. LE COMTE D'ARGENSON, MINISTRE DE LA GUERRE. 1
Des Délices, près Genève, 25 mai 1755.

Mon oncle étant trop malade, monseigneur, pour avoir l'honneur de vous écrire, je vous supplie, en son nom et au mien, de vouloir bien employer vos bontés pour nous, votre autorité et votre équité, pour prévenir une chose très-désagréable, sur laquelle je vous ai confié mes craintes depuis si longtemps.
On fait courir dans Paris des morceaux très-informes de ce poème intitulé la Pucelle, fait il y a plus de vingt années. Comme ces fragments sont imparfaits, chacun se donne la liberté de remplir les lacunes à sa fantaisie. On m'en a envoyé des morceaux dont la licence n'est pas tolérable; cela est fait par des gens qui ont aussi peu de décence que de goût. Des libraires cherchent, dit-on, à imprimer ces rapsodies un ordre de votre part, monseigneur, pourrait prévenir ce scandale.
Nous vous supplions, mon oncle et moi, avec la plus vive instance, de rendre ce service aux belles-lettres et au bon goût, dont vous êtes le protecteur, ce sera une nouvelle obligation que nous vous aurons. Il serait bien cruel que mon oncle, à son âge, accablé de maladies dans sa retraite, eût l'affliction de voir paraître sous son nom un ouvrage qui n'a jamais été fait pour être imprimé, et qu'on a rendu si indigne de lui. Il paye bien cher sa réputation par l'avidité de ceux qui se servent si souvent de son nom pour tromper le public. Mais que ne fait-on pas pour de l'argent et pour nuire aux talents qui excitent l'envie? La mienne serait de vous convaincre du profond respect avec lequel j'ai l'honneur d'être, monseigneur, votre très-humble et très-obéissante servante.

DENIS. »

 

 

Lire la suite

24/01/2012 | Lien permanent

Voilà de ces révolutions bien capables de détromper des grandeurs humaines, si quelque chose pouvait désabuser les homme

... Car tout grand homme prétendu tel, sur son trône n'est jamais assis que sur son cul , lequel n'a pas plus fière allure que le mien, et le vôtre .

 Dés -abuser les hommes, oui, j'ai quelques lueurs d'espoir, c'est Noël

 lueurs d espoir 1127.png

 

« A Mme Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

Aux Délices, 22 septembre [1757]

Madame, deux ou trois armées du meilleur des mondes possibles m'ont privé de la consolation de recevoir des lettres de Votre Altesse sérénissime; je n'en ai pas été moins touché de tous les événements qui ont pu regarder vos États. Je me suis intéressé à eux comme à ma patrie, et à votre personne, madame, comme à ma protectrice, à qui j'ai voué un attachement qui durera autant que ma vie.
On a dit, sur les bords du lac de Genève, que Votre Altesse sérénissime y enverrait un des princes ses enfants ; si cela était vrai, madame, que je serais heureux de pouvoir recevoir vos ordres, soit pour Lausanne, soit pour Genève, et de montrer au fils tous les sentiments respectueux qui m'attachent à la mère ! J'adresse cette lettre à M. le maréchal de Richelieu, dans l'espérance qu'il la fera rendre avec sûreté à Votre Altesse sérénissime, je me flatte même qu'elle pourra parvenir dans un temps où toutes les difficultés seront aplanies, et où vos États jouiront de la tranquillité que votre sagesse et celle de monseigneur le duc leur aura procurée.
J'eus l'honneur de recevoir, il y a peu de temps, une lettre du roi de Prusse, dans laquelle il me dit qu'il ne lui reste plus qu'à vendre cher sa vie. Mais sa vie est trop précieuse, trop marquée par de beaux événements, pour qu'il songe à la finir et il est trop philosophe pour ne savoir pas supporter des revers. Qui eût dit, madame, qu'un jour je prendrais la liberté de le consoler? Voilà de ces révolutions bien capables de détromper des grandeurs humaines, si quelque chose pouvait désabuser les hommes.
Puissent ces grands mouvements ne point porter dans vos États les calamités qui les suivent . Puisse votre santé n'être pas plus altérée que votre courage . Que Votre Altesse sérénissime daigne recevoir, avec sa bonté ordinaire, mon profond respect pour sa personne et pour toute son auguste famille, aux pieds de qui je me mets. 

V.»

 

Lire la suite

25/12/2012 | Lien permanent

Vos arrangements, dont vous voulez bien me faire part, me paraissent très convenables pour toutes les parties intéressée

... Ce qui n'est sans doute pas l'avis de toute  la base des partis politiques, qu'elle soit de gauche comme de droite . Hamon, Macron, Fillon , Mélenchon, Marine, etc. signent des PACS à tour de bras, sachant bien que le divorce est inévitable, sinon désirable,  à plus ou moins brève échéance . Je tiens le pari .

 

arrangements.png

Les arrangements, qu'ils soient floraux ou politiques, sont périssables, toujours .

 

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine

Ferney 19 mars [1762] 1

Ma chère nièce, je n’ai qu’un moment pour vous dire combien je vous approuve et je vous félicite. Il n’y a rien de si doux ni de si sage que d’épouser son ami intime 2. Vos arrangements, dont vous voulez bien me faire part, me paraissent très convenables pour toutes les parties intéressées . Hornoy y gagnera, votre château s’embellira, la vie y sera plus animée . Tout le mal est dans cette horrible distance de votre château au mien.

Je vous prierai de m’instruire du jour de votre départ : il faut qu’un oncle s’arrange pour un petit présent de noces. Je voudrais bien être de la cérémonie ; et signer au contrat. Je vais annoncer dans l’instant cette nouvelle à madame Denis, qui répète actuellement son rôle de Statira, et qui le jouera bientôt sur un théâtre mieux entendu, mieux orné, mieux éclairé que celui de Paris.

Je suis très fâché de ne vous pas marier dans mon église, en présence du grand Jésus, doré comme un calice, qui a l’air d’un empereur romain, et à qui j’ai ôté sa physionomie niaise. Nous vous donnerions vraiment une belle fête ; car nous sommes en train, et la tête m’en tourne.

Madame Denis arrive ; elle pense comme moi ; nous vous embrassons tendrement, vous et le grand écuyer de Cyrus, devenu mon neveu. »

1 L'original est passé à la vente Edouard Meaume le 15 février 1887 ; l'édition de Kehl place à tort cette lettre en 1764 .

2 Le marquis de Florian .

 

Lire la suite

27/02/2017 | Lien permanent

Je le supplie très instamment de vouloir bien s'en rapporter à moi sur les choses qui m'intéressent

... A bon entendeur , salut !

« A Gabriel Cramer

[vers le 15 janvier 1761]

Je prie instamment monsieur Gabriel Cramer de me renvoyer la petite addition au mémoire de Croze . J'en ferai faire une douzaine de copies à la main, puisque monsieur Cramer n'a pas eu la complaisance de l'imprimer . Je le supplie très instamment de vouloir bien s'en rapporter à moi sur les choses qui m'intéressent .

Je ne conçois pas pourquoi on a mis une f, au lieu de Fréron, dans le volume qu'on a imprimé ; personne n'entendra ce que veut dire à la page 12 La f. de f. On n'entendra pas mieux ce que veut dire à la même page mon M. Ces abréviations sont d'autant moins soutenables, que le mot de frelon se retrouve tout au long dans la même page . Cependant, je ne veux point fatiguer monsieur Cramer, et lui donner la peine de faire un carton pour cette bagatelle . J’insiste seulement sur la page 385, dans laquelle je le supplie de mettre Chanson d'Agréenier, au lieu de Chanson de l'abbé de l'Atteignant . Il me rendra un vrai service, dont je lui serai très obligé ; je l'embrasse de tout mon cœur, et j'ai la plus grande envie du monde de le voir 1. »

1 Tout ce paragraphe se réfère à la Seconde suite des mélanges de littérature, d'histoire, de philosophie, etc. 1761, Collection complète des œuvres de M. de ….... Tome cinquième . Seconde partie . À la page 12 de ce volume, l'avertissement de L’Écossaise contient ces mots : « Comme il parlait ainsi sur l'escalier, il fut barbouillé de deux baisers par la f... de F... ; Que je vous suis obligée dit-elle, d'avoir puni mon m... ! mais vous ne le corrigerez point » ; pour f. lire « femme » et pour F... « Fréron », pour m. « mari » . En revanche, quoique le folio correspondant aux pages 385-386 soit un carton, le changement demandé par V* dans la Lettre de M. Eratou, placée en tête du Cantique des Cantiques, n'est pas apporté ; on y parle d'une « chanson de l'abbé de l'Atteignant » et le passage ne fut jamais modifié .

 

Lire la suite

15/01/2016 | Lien permanent

Vous avez encore un mérite qui vous distingue bien singulièrement de vos confrères, c'est que vous aimez la vérité

... Journaliste ? Parlementaire ? Ministre ? Président de la République ? Mais qui diable de tous ceux là aime la vérité pure et simple ?

En passant, au hasard, j'ai trouvé ceci : https://www.instagram.com/p/B4pZoPUBCjK/?utm_source=ig_em...

Merci Adibsamoud  .

 

 

« A Paul-Claude Moultou

à Genève

26è septembre 1764

Mon cher philosophe, seriez-vous assez bon , et auriez-vous assez de loisir pour jeter sur le papier quelque chose d'un peu détaillé sur les ophionites ?1 Calmet qui parle de tout avec une ingénuité et une bonne foi imbécile qui enchante, ne dit rien sur cette matière . Je n'ai presque point de Pères de l’Église dans ma bibliothèque, et c'est bien dommage, car ce sont de bons recueils de subtiles bêtises .

Vous travaillez, sans doute, à votre grand ouvrage. Pourquoi n'en apporteriez-vous pas quelques cahiers à Ferney ? Il y a deux choses que j'aime passionnément, c'est tout ce que vous dites, et tout ce que vous écrivez . Vous avez encore un mérite qui vous distingue bien singulièrement de vos confrères, c'est que vous aimez la vérité . Ainsi c'est avec une vérité extrême que je vous suis attaché pour toute ma vie . »

1 Le mot ophionite n'est pas enregistré dans les dictionnaires, la racine grecque du mot signifie serpent, ce qui suggère le sens .

On trouve des insectes de ce nom : https://books.google.fr/books?id=QMd1ecHUVN8C&pg=PA169&lpg=PA169&dq=ophionite&source=bl&ots=att5F3kcxi&sig=ACfU3U1figolKE91x43bJCG8_z5xTVyYZA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj-ka-EuO_lAhVSTBoKHWY5CpsQ6AEwDnoECAYQAQ#v=onepage&q=ophionite&f=false

Lire la suite

16/11/2019 | Lien permanent

les deux partis pourraient bien avoir un peu tort ; [que] la meilleure médiation est de les faire boire ensemble 

... Pourvu que ça ne finisse pas comme dans "Le loup et l'agneau" !

Citation de James Copley / Electro Deluxe : "Si l'on peut boire ensemble,  on peut vivre ensemble." lors du Saint Emilion Jazz… | Citations d'artiste,  Jazz, Citation

J'aime à honorer nos grands saints

 

 

« A Pierre-Michel Hennin

A Ferney 22è décembre 1765

Eh bien ! je vous disais donc 1, monsieur, que je suis dans mon lit, environné de neige ; que je voudrais de tout mon cœur pouvoir venir vous demander à dîner, et que Mme Denis voudrait pouvoir venir arranger vos meubles ; que je vous crois cent fois plus propre à concilier tout qu’aucun lieutenant général des armées du roi ; que vous êtes très-aimable ; que je persiste dans mes souhaits plutôt que dans mon avis ; que Jean-Jacques Rousseau n’est ni le plus habile ni le plus heureux des hommes ; que les deux partis pourraient bien avoir un peu tort ; que la meilleure médiation est de les faire boire ensemble ; que la paix est rare chez les hommes ; qu’après avoir essayé bien des choses on trouve que la retraite est ce qu’il y a de mieux ; et que dans ma retraite ce qu’il y aura de mieux pour moi, ce sera que vous vouliez bien l’honorer quelquefois de votre présence, quand vos affaires, ou plutôt les affaires d’autrui, vous le permettront ; qu’enfin je suis entièrement à vos ordres tant que je végéterai au pied du mont Jura. »

1 Cette façon de commencer la lettre s'explique par les derniers mots de celle de Hennin du 22 décembre : « C’est pour la dernière fois, monsieur, que je finirai mes billets comme une lettre, et je vous serai très obligé d’en agir de même avec moi. Désormais je commencerai par Je vous disais donc, et vous laisserai suppléer à la fin les expressions de respect et de dévouement avec lesquels, etc .»; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1765/Lettre_6196

Le billet s'oppose à la lettre par l'absence des formules de politesse habituelles .

Lire la suite

15/04/2021 | Lien permanent

Je vous supplie, monsieur, de vouloir bien détromper non seulement vos amis mais les personnes qui ajouteraient quelque

... Petite tentative en ce sens : https://www.francetvinfo.fr/economie/crise/blocus-des-agr...

20240128112045-2y4a894copier.jpg

Pourquoi faut-il en arriver là ?

 

 

« A Dominique-Louis Éthis de Corny 1

A Ferney 13 juin [1768]

Je suis obligé, monsieur, de vous informer que deux ou trois moines défroqués qui sont en Hollande impriment continuellement des livres contre notre sainte religion . Ils ont l'impudence de faire quelquefois vendre sous mon nom ces livres dangereux . Je sais qu'on en a fait passer quelques exemplaires en Franche-Comté . Quoiqu'il soit aussi ridicule qu'injuste d'attribuer ces sottises à un vieillard de soixante et quinze ans, uniquement occupé de faire quelque bien dans  ses terres, cependant mon respect pour l’Église, et tous les motifs d'un bon citoyen me forcent de prévenir cette calomnie toute méprisable qu'elle est . Je ne puis mieux m'adresser qu'à un homme aussi pénétré que vous de tous les devoirs, et qui étant en place est plus à portée que personne de faire taire la calomnie . Je vous supplie, monsieur, de vouloir bien détromper non seulement vos amis mais les personnes qui ajouteraient quelque foi à ces impostures et à qui vous seriez à portée de parler . J'ose même vous prier d'engager M. de Lanoir 2 à me rendre le même service et la même justice . Je me recommande à vos bontés et aux siennes . J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

2 Ethys étant secrétaire de l'intendant de Franche-Comté, Pierre-Etienne Bourgeois de Boynes, on peut se demander si ce n'est pas lui que recouvre le nom de La noir .

Voir : https://data.bnf.fr/fr/14562059/pierre-etienne_bourgeois_...

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_%C3%89tienne_Bourgeo...

Lire la suite

30/01/2024 | Lien permanent

ceux qui ont parlé de cette affaire ont été peu instruits; mais l'est-on jamais bien sur les grandes choses et sur les p

 Grandes ?

Les_grandes_affaires_de_la_Ve_Republique_1.jpg

Petites ?

xavier-lagarde-large.jpg

http://www.bakchich.info/france/2010/10/21/les-petites-af...

 

 Ou inversement, car chacun voit midi à sa fenêtre .

 

 

 

« A M. le maréchal duc de RICHELIEU.

Aux Délices, 27 septembre [1755]

Vous devez, monseigneur, avoir reçu mes magots, depuis la lettre dont vous m'avez honoré. J'avais adressé le premier exemplaire 1 sortant de la presse, à M. Pallu 2, sous l'enveloppe de M. Rouillé 3. Je ne crois pas qu'il y ait aucune négociation avec la Chine qui ait pu empêcher que le paquet vous ait été rendu. Tout a été fait un peu à la hâte, de ma part, et je vous demande très-sérieusement pardon de vous offrir une pièce que j'aurais pu rendre, avec le temps, moins indigne de vous; mais on ne fait pas toujours tout ce qu'on voudrait. Je ne vous parlerai plus de votre procès, puisque vous l'avez oublié mais vous ne m'empêcherez pas d'être surpris et affligé. Je voudrais que l'injustice opiniâtre des Anglais me donnât un sujet plus ample pour parler de vous selon mon cœur. Vous m'inspirez du goût pour l'historiographerie, depuis que je ne suis plus historiographe. L'Histoire de la guerre de 1741, où vous êtes tout du long, paraîtra un jour; mais c'est un fruit qu'il faut laisser mûrir. Mme Denis jure toujours qu'elle vous remit l'exemplaire que je lui avais envoyé pour vous mais voici ce qui est arrivé. Un libraire de Paris, nommé Prieur, acheta vingt-cinq louis, il y a quelque temps, une partie de ce manuscrit, qui n'allait que jusqu'à la bataille de Fontenoy; et, chose étrange, c'est que ce libraire dit l'avoir acheté de M. de Ximenès. Manger six cent mille francs, et vendre six cents francs un manuscrit dérobé, voilà un singulier exemple de ce que la ruine traîne après elle. M. de Malesherbes eut la faiblesse de permettre cette édition sans me consulter. J'en fus instruit; j'ignorais ce qu'on avait imprimé; je savais seulement qu'une partie de l'Histoire du roi allait paraître sous mon nom, sans mon aveu, sans qu'on m'eût rien communiqué. J'écrivis à Mme de Pompadour et à M. d'Argenson, et j'obtins sur-le-champ qu'on fît saisir l'ouvrage. Une des plus fortes raisons qui m'ont déterminé à prendre ce parti, c'est la crainte qu'on ne m'accusât de flatterie dans cette histoire. J'aurais passé pour l'avoir publiée moi-même, et pour avoir voulu m'attirer quelque grâce par des louanges. Ces louanges ne peuvent jamais être bien reçues que quand elles paraissent entièrement désintéressées. D'ailleurs je n'avais point revu cette histoire, et il y a toute apparence qu'on n'en avait publié que des fragments fort imparfaits.
Mme de Pompadour et M. d'Argenson ont pensé comme moi, et Mme de Pompadour m'a fait l'honneur de m'écrire, aussi bien que M. d'Argenson, qu'elle approuvait ma conduite. Je me flatte que vous daignez lui donner la même approbation. Vous voyez combien ceux qui ont parlé de cette affaire ont été peu instruits; mais l'est-on jamais bien sur les grandes choses et sur les petites?
A propos de petites, vous avez lu, sans doute, Mme de Staal 4. Je m'aperçois que mon bavardage n'est pas petit. Recevez mon tendre respect. »

 

 

 

 

2 Conseiller d'État depuis 1749, beau-frère de Rouillé, alors ministre et secrétaire d'État.

 

3 Antoine-Louis Rouillé, comte de Jouy : http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Louis_Rouill%C3%A9

 

4 La première édition des Mémoires de Mme de Staal venait de paraitre en quatre volumes in-12. (Beuchot.) , soit cinq ans après sa mort : http://en.wikipedia.org/wiki/Marguerite_de_Launay,_baronne_de_Staal

Voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6209220x/f13.image.r=m%C3%A9moires+de+mme+de+staal.langFR

 

 

Lire la suite

04/04/2012 | Lien permanent

le bien d’une nation entière est préférable à un seul homme

... Alors, pas de pitié pour les profiteurs , quels qu'ils soient ! Pas d'acc' Nicolas ? Pas d'acc' Marine ? So long !

 

 

 

« A Ivan Ivanovitch Schouvalov

A Ferney par Genève 1er novembre 1761

Monsieur, je reçois par Vienne, votre paquet du 17 Septembre, que M. de Czernishew 1 me fait parvenir. Vos bontés redoublent toujours mon zèle, et j’en attends la continuation. Le mémoire sur le czarovits n’est pas rempli comme le sait votre excellence, d’anecdotes qui jettent un grand jour sur cette triste et mémorable aventure. Vous savez, monsieur, que l’histoire parle à toutes les nations, et qu’il y a plus d’un peuple considérable qui n’approuve pas l’extrême sévérité dont on usa envers ce prince. Plusieurs auteurs anglais très estimés se sont élevés hautement contre le jugement qui le condamna à la mort. On ne trouve point ce qu’on appelle un corps de délit dans le procès criminel : on n’y voit qu’un jeune prince qui voyage dans un pays où son père ne veut pas qu’il aille, qui revient au premier ordre de son souverain, qui n’a point conspiré, qui n’a point formé de faction, qui seulement a dit qu’un jour le peuple pourrait se souvenir de lui. Qu’aurait-on fait de plus s’il avait levé une armée contre son père ? Je n’ai que trop lu, monsieur, le prétendu Nestésuranoi 2(1) et Lamberti 3(2), et je vous avoue mes peines avec la sincérité que vous me pardonnez, et que je regarde même comme un devoir. Ce n’est pas très délicat. Je tâcherai, à l’aide de vos instructions, de m’en tirer d’une manière qui ne puisse blesser en rien la mémoire de Pierre-le-Grand. Si nous avons contre nous les Anglais, nous aurons pour nous les anciens Romains, les Manlius et les Brutus. Il est évident que si le czarovits eût régné, il eût détruit l’ouvrage immense de son père, et que le bien d’une nation entière est préférable à un seul homme.

C’est là, ce me semble, ce qui rend Pierre-le-Grand respectable dans ce malheur ; et on peut, sans altérer la vérité, forcer le lecteur à révérer le monarque qui juge, et à plaindre le père qui condamne son fils.

Enfin, monsieur, j’aurai l’honneur de vous envoyer d’ici à Pâques tous les nouveaux cahiers, avec les anciens, corrigés et augmentés, comme j’ai eu l’honneur de le mander à votre excellence dans mes précédentes lettres. Je vous ai marqué que j’attendais vos ordres pour savoir s’il n’est pas plus convenable de mettre le tout en un seul volume qu’en deux. Je me conformerai à vos intentions sur cette forme comme sur le reste ; mais nous n’en sommes pas encore là, il faut commencer par mettre sous vos yeux l’ouvrage entier, et profiter de vos lumières.

Il est triste que j’ai trouvé si peu de mémoires sur les négociations du baron de Goerts 4(3). C’est un point d’histoire très intéressant ; et c’est à de tels événements que tous les lecteurs s’attachent beaucoup plus qu’à tous les détails militaires qui se ressemblent presque tous, et dont les lecteurs sont aussi fatigués que l’Europe l’est de la guerre présente.

J’ai déjà eu l’honneur de vous remercier, monsieur, au nom de mademoiselle Corneille et au mien, de la souscription pour les Œuvres de Corneille. J’y suis plus sensible que si c’était pour moi-même. Je reconnais bien là votre belle âme . Personne en Europe ne pense plus dignement que vous. Tout augmente ma vénération pour votre personne, et les respectueux sentiments que conservera toute sa vie pour Votre Excellence

son très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 Voir lettre du 30 octobre 1761 à Vorontsov : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/10/30/j...

2 Mémoires du règne de Pierre le Grand, ouvrage de Nestesuranoi [= baron Jean Rousset de Misy ; voir : https://books.google.fr/books?id=yWnX4zkFH7EC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

] dont Voltaire a parlé déjà autrefois en mars 1737 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1737-partie-2-111801183.html

et : http://www.westshore.edu/personal/mwnagle/Wciv/Peter.htm

4 Voir l'Histoire de Charles XII, livre VIII : voir page 315 et suiv. : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k37531x/f322.image

 

Lire la suite

04/11/2016 | Lien permanent

Il me semble que vous êtes un peu fâché contre le genre humain, qui le mérite bien, surtout en ce temps-ci, en y compren

... Comment ne pas être fâché ?

Meurtriers, assassins, voleurs patentés, la race n'en est pas éteinte, l'actualité nous le rappelle brutalement au cas où on aurait pu l'oublier .

Essayons de faire comme dit Voltaire : "regarder le moment présent comme celui où tout commence pour nous, calculer l'avenir et jamais le passé" , ce qui ne veut pas dire devenir amnésiques, mais plutôt bâtir du neuf , nous en avons terriblement besoin .

 DSCF2627 aujourd hui demain.png

 Aujourd'hui et demain , sol y sombra

 

 

« A M. le président de Germain-Gilles de RUFFEY
Du 1er janvier 1760. 1
Vous m'avez écrit, mon cher monsieur, une lettre où vous peignez la plus belle âme du monde avec des couleurs dignes du peintre. Il me semble que vous êtes un peu fâché contre le genre humain, qui le mérite bien, surtout en ce temps-ci, en y comprenant les meurtriers prussiens, les assassins jésuites, et les coupeurs de bourses privilégiés qui nous ruinent. Si c'est seulement la philosophie qui vous fait voir les hommes tels qu'ils sont, je vous en fais mon compliment ; si malheureusement vous aviez à vous plaindre de quelque injustice de la part de ces animaux à deux pieds sans plume, parmi lesquels il y en a de si ingrats et de si méchants, comptez que je m'y intéresse très-vivement, et que je souhaiterais avec passion d'être à portée de vous consoler. Mais je n'imagine pas que, n'ayant jamais fait que du bien, et jouissant d'une fortune tranquille dans le sein des belles-lettres, et surtout dans la société de Mme de Ruffey, vous puissiez être au nombre de ceux qui se plaignent.
Vous me demandez, monsieur, si j'ai achevé mes bâtiments. J'ai été beau train jusqu'au ministère du traducteur de Pope 2. Mais ce diable d'homme, qui avait traduit le Tout est bien, nous a bien vite prouvé que tout est mal. Il m'a fait perdre une partie de mon bien. Je m'imaginai que parce qu'il mariait son neveu à une de mes parentes, je devais avoir confiance en lui ; mais à présent je n'ai d'autre ressource que d'abandonner mes projets.


Pendent opera interrupta, minæque
Murorum ingentes.
3


Ainsi se passe une partie de la vie à se tromper dans ses idées. Il faut prendre son parti. Partir toujours du point où l'on est, regarder le moment présent comme celui où tout commence pour nous, calculer l'avenir et jamais le passé, regarder ce qui s'est fait hier comme s'il était arrivé du temps de Pharamond : c'est, je crois, la meilleure recette. Je ne voudrais pourtant pas oublier le passé quand je songe aux moments où j'ai eu l'honneur de vivre avec vous. Ma santé est bien moins mauvaise que mes affaires; mon cœur est à vous bien véritablement. 

 

V.»

 

1 C'est à partir de la présente date que les comptes domestiques de V* sont conservés ; ils ont été publiés par Besterman sous le titre Voltaire's household accounts, 1968 ; ils éclairent toutes les lettres relatives à des problèmes financiers ou domestiques .

 

2 Silhouette .

 

3 Tous les travaux s'interrompent, restent suspendus, et les énormes menaces des remparts . Virgile, L'EnéIde, IV, 88-89 .

 

Lire la suite

08/01/2015 | Lien permanent

Page : 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74