08/10/2009
Nous sommes bien éloignés d’oser mettre des conditions à vos bienfaits
Pluie du matin, n'arrête pas le pélerin ! Soit, à condition d'être sous une pélerine...
« A Anne-Robert-Jacques Turgot
Monseigneur,
Nos États, et moi chétif, nous vous réitérons que nous acceptons avec transport les propositions que M. de Trudaine a eu la bonté de nous faire de concert avec vous [le 31 août, lettre à Fabry : « Le bienfait très signalé et très inattendu est que nous soyons débarrassés de cette foule d’employés qui vexe la province, qui remplit les prisons, et qui interdit tout commerce… Nous profiterons … de notre liberté pour faire proposer aux fermiers généraux de nous livrer le sel au même prix qu’à Genève… Ainsi il vous sera très aisé de prendre sur la vente de ce même sel une somme assez considérable pour payer les dettes de la province, pour donner une indemnité à la ferme, pour subvenir à la confection des chemins. La liberté qu’on daigne nous offrir, l’abolissement des corvées sont des bienfaits inestimables… »]. Nous sommes bien éloignés d’oser mettre des conditions à vos bienfaits. Notre province sera trop heureuse en pouvant commercer librement. Toutes les mesures sont déjà prises pour profiter de la grâce que vous daignez nous accorder ; et on vient de faire bâtir des magasins à Ferney pour recevoir toutes les marchandises qui viendront des pays méridionaux par Genève.
On veut nous faire craindre que la ferme générale insiste sur une indemnité annuelle de quarante à cinquante mille livres .Vous savez, Monseigneur, combien notre petit pays est pauvre. Les bureaux multipliés qui achèvent notre ruine ont été très souvent à charge à la ferme générale ; et malgré les vexations les plus continues, elle n’en a jamais tiré plus de sept mille francs, dans les années les plus lucratives. Nous offrons de leur en donner quinze mille. Cette somme sera prise, comme de raison, sur tous les possesseurs des terres ; rien n’est plus juste. Notre petit pays est digne de votre attention, parce qu’il est très malheureux. Il ne le sera plus. M. Laffichard [Joseph Laffichard à qui V* faisait mine d’attribuer son épître en l’honneur de Turgot Le Temps présent ], de plusieurs académies, me mande qu’il viendra danser avec nous dès qu’il apprendra l’effet de vos bontés.
Daignez agréer, Monseigneur, le respect et la reconnaissance du vieux malade de Ferney, aussi vieux que M. Laffichard.
V.
8è octobre 1775, à Ferney. »
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