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24/07/2010

Il vous admire d'avoir su réduire les prêtres à être utiles et dépendants.

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« A Catherine II, impératrice de Russie


24è juillet 1765, près de Genève


Madame,


Je n'ai pas manqué de chercher le neveu de l'abbé Bazin [§] pour lui communiquer la lettre dont Votre Majesté Impériale m'a honoré. C'est un homme retiré et obscur , mais votre gloire est venue jusqu'à lui ; elle lui est chère, il connait l'étendue de votre génie, de votre esprit, de votre courage. Il vous admire d'avoir su réduire les prêtres à être utiles et dépendants. Si je n'étais pas si vieux que je suis, je demanderais à Votre Majesté la permission, d'assister avec lui au premier carrousel qu'on ait vu dans vos climats [§§]. Talestris ne donna jamais de carrousel, elle alla cajoler Alexandre, mais Alexandre serait venu vous faire sa cour.


On n'a point encore incendié le livre de l'abbé Bazin [§§§]. On croit qu'il l'a composé dans vos États, car la vérité vient du Nord, comme les colifichets viennent du Midi.


Au reste, madame, le neveu de Bazin m'a dit qu'il avait été très attaché à Mme la princesse de Zerbst, mère de Votre majesté [§§§§], il dit qu'elle était aussi fort belle et pleine d'esprit ; et que si elle vivait, elle serait prête à mourir de joie en voyant le succès de sa fille.


Il y a un meilleur parti à prendre, c'est celui d'en être longtemps témoin. Que Votre Majesté Impériale me permette de me joindre au petit Bazin pour me mettre à vos pieds.


Je suis avec un profond respect,

Madame

de Votre majesté Impériale

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

 

§Pseudonyme de V* pour l'édition de La philosophie de l'histoire

Catherine écrivit : « L'impératrice de Russie est très obligée au neveu de l'abbé Bazin de ce qu'il lui a bien voulu dédier l'ouvrage de son oncle (La Philosophie de l'histoire ) … Comme le neveu de l'abbé Bazin a gardé un profond silence sur le lieu de sa résidence, on adresse cette réponse à M. de Voltaire si reconnu pour protéger … les jeunes gens …; cet illustre auteur est prié de faire parvenir à sa destination ses (sic) peu de lignes. »


§§ Le 22 août (2 septembre n. s.), Catherine répond : « Je serais bien aise de vous voir tous deux (Bazin et neveu)assister à mon carrousel …, vous en auriez tout le temps, la pluie … m'a obligée de renvoyer cette fête jusqu'au mois de juin de l'année prochaine. »


§§§ Elle a écrit : « … ce livre (La Philosophie de l'histoire) … sera infailliblement purifié par le feu à paris, ce qui lui donnera un lustre de plus . »


§§§§ V* a été en correspondance avec elle, surtout quand il était en Prusse en 1751-1752 ; elle était amie de la comtesse Bentinck [cf; lettre du 17 mai 1753] et elle vécut plusieurs années en France.

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