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17/02/2011

le plaisir de la lire est un peu gâté par les souffrances horribles qui me tourmentent

La pudeur de cet homme doit être soulignée ; un plaisir "un peu gâté" par des souffrances horribles !

Il souffrait véritablement le martyre ! et là, il ne s'agit plus de se moquer de lui ,qui , si souvent ,fit état de sa mauvaise santé dans sa correspondance . On ne souligne pas assez le courage physique de cet homme ; il n'était pas un pur esprit, il en a bavé, et a maté ce corps qui le tourmentait , jusqu'à l'extrême . Modèle de volonté , Voltaire .

Volti, j'étais toujours ému, chaque jour , à chaque visite, en voyant une menue gravure te représentant "malade", au mur du salon de réception de ton château de Ferney, et j'avais à coeur de la faire remarquer aux visiteurs .

Esprit brillant, facile, pour certains critiques superficiel (moins qu'eux, en tout cas ! ), dans une enveloppe de chair que peu d'entre nous oseraient prendre .

N'oubliez pas ce Voltaire si humain .

 

 

« A Philippe-Antoine de Claris, marquis de Florian

 

A Paris 16è fév[rier] 1778

 

Je reçois votre lettre, mon cher ami, et le plaisir de la lire est un peu gâté par les souffrances horribles qui me tourmentent . Elles sont un peu l'effet de la fatigue et du tourbillon bruyant où je me trouve 1. Je puis malheureusement en accuser aussi mon grand âge et ma faiblesse . Je vis comme je vivais à Ferney . Mme Denis qui se porte mieux que jamais, fait les honneurs 2; et je me couche à peu près avec le soleil . Je quitterai ce chaos brillant le plus tôt que je pourrai, pour venir auprès de M. et Mme de Florian dans le séjour de la paix 3.

 

V. »

 

1 Ce jour, Mme du Deffand écrit : «  L'affluence a été grande (chez le marquis de Villette qui loge V*) ; l'Académie a fait une députation ... Les Comédiens ont été en corps le visiter ... Tous les acteurs iront chez lui ces jours-ci faire répétition (d'Irène) » . Le 12, elle écrivait qu'il avait vu la veille plus de trois cents personnes.

Cf. lettre 648 page 637 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2063894.r=.langFR.swf

lettre 649 page 638 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2063894/f644.image....

Le médecin Tronchin écrira le 19 février qu'on le « trucide à force d'adorations » Les témoignages abondent sur les cortèges enthousiastes qui se forment dès qu'il sort . Les journaux relatent tous ses faits et gestes.

 

2 A Rieu, Mme Denis écrit le 11 avril : « J'ai commencé en arrivant par être obligée de recevoir toute la cour et toute la ville . Cela commençait à neuf heures du matin et ne finissait qu'à dix heures du soir . Mon oncle entrait plusieurs fois dans la journée dans le salon et se retirait de temps en temps dans sa chambre . » Ceci contraste fort avec son affirmation : « je me couche à peu près avec le soleil » .

D'Argental écrivit à Decroix, le 14 : « Sa maison qui est celle de M. de Villette, ne désemplit pas. Il reçoit tout le monde avec cette grâce, ce charme que vous lui connaissez, et il a l'art de cacher l'importunité que cela doit lui causer. »

V* continue toutefois à travailler : le 12, par exemple « depuis cinq heures du matin déshabille » le quatrième acte d'Irène pour « habiller » le cinquième (lettre de V* à d'Argental).

3 Mme du Deffand écrit ce même jour : « Il prétend s'en retourner ce carême ». Le marquis et son épouse habitent Le Bijou, maison construite par V* pour eux ; de nos jours, elle a disparu suite à un incendie .

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